jeudi 5 mars 2015

Lettre ouverte à Serge Kubla

Monsieur Kubla,

Sachez qu’en tant que citoyen belge, je n’accepte pas que vous disiez ne pas avoir éludé l’impôt. Une telle affirmation est non seulement mensongère, mais elle est aussi inacceptable.

Il est faux de prétendre que vous n’avez pas éludé l’impôt. Si telle n’était pas votre volonté, pourquoi avez-vous créé cette société à Malte pour facturer vos « services » ? Bien sûr, vous n’avez pas enfreint la loi. Dans la situation actuelle, il est légal d’avoir une telle société. Mais avouez que celle-ci n’avait d’autres raisons d’être que celle de payer moins d’impôt. Vous dites avoir payé 5% d’impôt à Malte, ainsi que 25% de précompte mobilier en Belgique. Cela fait un total de 30%. En Belgique, le taux d’imposition d’une personne physique peut monter jusqu'à 50% tandis que le taux d'imposition des sociétés monte au maximum à 33,9%. Cela vous fait toujours au minimum 3,9% de gagnés. Sur un montant de 240 000 EUR, cette petite différence fait quand même 9360 EUR, soit pour beaucoup de personnes environ 6 mois de salaire, même si pour vous cela ne représente sans doute que quelques biscuits.

Il est inacceptable de prétendre que vous n’avez pas éludé l’impôt. Qu’avez-vous fait pour gagner ces 240 000 EUR facturés ? L’avenir nous apprendra s’il s’agit du paiement d’une commission pour services rendus dans le cadre d’une corruption. Même si ce n’était pas le cas, vos « honoraires » sont de toute façon inacceptables. Votre seul travail a consisté à user des contacts que vous avez noués alors que vous étiez Ministre de l’Économie de la Région wallonne. En quelque sorte, ces contacts ne vous appartiennent pas. Vous ne les auriez jamais eus si vous n’aviez pas exercé ce mandat public. Les utiliser pour votre propre profit par la suite relève du vol de biens publics. Le fait que d’autres en font tout autant ne change évidemment strictement rien au caractère délictueux de cette pratique, ne fut-ce que moralement. De plus, comment pouvez-vous justifier 240 000 EUR d’honoraires pour les quelques heures, voire journées, que vous avez consacrées à ce dossier ? Vous dites qu’après avoir retiré tout ce qui doit l’être (impôt, déplacements, hôtels…), il ne reste que le tiers de cette somme, soit 80 000 EUR. Avez-vous une quelconque idée du nombre d’années nécessaires à un citoyen normal pour gagner par son travail quotidien un tel montant ? Même un consultant payé normalement ne gagne pas une telle somme en un an ! Sans compter que pendant que « vous rendiez ces services », vous continuiez à exercer le mandat public de bourgmestre de Waterloo, sans oublier quelques mandats ci et là, bien rémunérés sans doute.

Alors, sachez, Monsieur Kubla, que chercher à vous défendre d’avoir éludé l’impôt ne fait qu’aggraver votre cas. Vous n’êtes malheureusement qu’un parvenu. Je sais que votre parcours professionnel n’a pas été facile, que vous vous êtes battu pour arriver dans les sommets des affaires publiques. Mais, vous êtes aussi alors entré dans le monde des « affaires ». Des mauvaises affaires. Celles qui puent.

Je ne veux pas vous condamner avant que vous ne soyez jugé. Que la justice fasse son travail en toute impartialité. Mais d’ici là, Monsieur Kubla, vous devriez – par décence – vous cacher et vous taire dans toutes les langues, plutôt que d’essayer maladroitement de défendre l’indéfendable.

lundi 2 mars 2015

Caricature, oui, mais jusqu’où ?

La caricature est une forme d’art et d’expression indispensable à toute société libre. J’en suis profondément convaincu. Je crois aussi que tout peut être caricaturé. C’est le propre même de la caricature : détourner l’image de la vérité pour en dire une autre (« image » ou « vérité », vous choisissez). Cela n’a vraiment de sens que si l’auteur a toute la liberté de caricaturer comme il l’entend, ou plutôt comme il le voit. Comme toujours, la question est alors de savoir si cette liberté a une limite.

Comme l’a dit on ne sait plus qui – même si certains attribuent cette sentence à John Stuart Mill – « la liberté des uns s'arrête là où commence celle des autres ». Plus précisément et plus ouvertement, l’article 4 de la Déclaration des droits de l'homme décrète que « la liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui ». Ces déclarations, qu’on y adhère ou non, montrent que la liberté, notamment celle d’expression et donc de caricature, aurait des limites. Celles de ne nuire à personne.

Forts des droits acquis par la Révolution française, de nombreux Français intellectuels – je suppose d’ailleurs que je devrais supprimer le substantif « Français » – s’opposent à cette vision limitative. Par exemple, j’ai eu dernièrement une discussion ouverte et passionnante avec un ami, professeur à la Sorbonne et ancien directeur dans une institution internationale. Il m’a défendu, avec beaucoup de talents, toute l’importance de la caricature, son rôle subversif et inquisiteur. Pour lui, promouvoir la caricature est de toute évidence une nécessité absolue et salutaire pour la défense de la République ! Le plaidoyer était limpide.

Comme ce qui nous réunissait était l’univers de l’éducation – fortement interpellé à la suite des événements « Charlie » –, je me suis permis, après l’avoir écouté, d’émettre cette simple remarque : « D’accord. Mais imagine un instant que dans un lycée, un élève au crayon talentueux produise, avec à-propos, quelques caricatures – pertinentes mais corsées – mettant en scène le proviseur de l’établissement et quelques-uns de ses professeurs bien connus… et diffuse ces quelques bonnes caricatures dans une petite brochure distribuée à qui la veut lors des récréations… ».

Comme seule réponse, je n’eus que le silence. Le sacro-droit à l’expression avait trouvé une de ses limites. Sans commentaire.

Notre dialogue n’était pas un combat, loin de là. Le silence de mon ami était la meilleure réponse qu’il aurait pu me donner. Implicitement, il reconnaissait que – malgré tout son discours – il y avait des situations où la liberté de la caricature rejoignait peut-être celle de l’autre, ici celle de l’institution éducative. Et qu’il était important de pouvoir concilier ces deux libertés. Non pas pour en écraser l’une ou l’autre. Mais pour pouvoir en construire une nouvelle : celle du respect mutuel.

dimanche 1 mars 2015

Le voilà !

FMG©2015
Nous sommes le 1er mars ! C’est le printemps ! Bon, d’accord, ce n’est que le printemps météorologique. Mais enfin, c’est le printemps ! Pourquoi tergiverser sur des détails qualificatifs ? C’est le printemps !

Ce n’est pas une illusion ni une déclaration gratuite. Je vous jure, je l’ai sentie, la chaleur du soleil, à l’abri de tout vent. D’accord, cela n’a duré que quelques minutes. Mais elle était là, je vous le jure. Et ça faisait du bien. Pas sûr que l’hiver ait été plus rigoureux que d’habitude, mais qu’importe ! L’hiver est toujours trop long. Alors, quand le printemps est là, autant en jouir pleinement !

Que dirais-je de plus ? Et d’ailleurs, pourquoi en dire plus ? C’est le printemps, aujourd’hui. J’ai senti sa chaleur, l’espace d’un instant. Tout est dit.