lundi 28 janvier 2008

Ce Liban qui n'en finit pas…

FMG © 2006

Un attentat par ci, un attentat par là… Quelques morts au passage. Dans l'indifférence ? Ce serait une erreur de le croire. La mort ne laisse jamais personne indifférent. Les Libanais le savent bien, eux qui la côtoient depuis si longtemps. Alors qu'il y a tant à faire. Mais le monde, lui, s'en fout. Sans doute. Finalement, cela arrangerait bien la Syrie, l'Iran, Israël, les États-Unis et l'Arabie saoudite que le Liban disparaisse, une bonne fois pour toutes rayé de la carte. Les Libanais ? Ils n'ont qu'à aller ailleurs, n'est-ce pas ? Quasiment un an après un autre message, cela donne toujours la nausée !


Avant d'écouter "Liban", arrêtez le lecteur à droite.

D’une guerre à une autre guerre
D’un Liban à un autre Liban
Pourquoi faut-il ces cimetières
Ce retour incessant au néant

Pourquoi ces bombes tombent-elles sans cesse
Sur ces gens qui pourtant ne cherchent qu’à s’amuser
Sur ces femmes qui connaissent les vraies caresses
De la vie, de l’amour et de la liberté
J’ai vu dans ce pays des hommes se reconstruire
En continuant à croire qu’il devait être possible
De partager ensemble une terre et un avenir
Au-delà de ces religions qui ne sèment que la zizanie

Quel est ce droit que se donne un pays
D’inexorablement en détruire un autre
Sous prétexte qu’il y est d’autres partis
Ce pays à détruire pourrait alors être le nôtre
Ces messieurs qui savent où se trouve leur bon droit
Savent-ils où se trouve celui de ces enfants
Dont la vie ne tient qu’à un poker de rois
Sur la table de ceux-là qui se croient si puissants

François-Marie GERARD - FMG © 2006

samedi 26 janvier 2008

La fusée de Tintin : être en projet

Hergé © 1954

Ceux qui me connaissent, surtout professionnellement, savent que la fusée de Tintin a une certaine importance pour moi. Non seulement, mon bureau en affiche deux posters, mais surtout, lorsque je suis en costume – ce n’est pas fréquent, mais cela m’arrive – j’ai en boutonnière ladite fusée.

On m’en parle souvent, évidemment : dans le sérieux des « costards », cela fait tache ! Selon les cas, on me dit « Ah, vous montrez que vous êtes belge » ou bien « Vous aimez la BD ? ». Ces deux raisons sont correctes, mais elles ne sont pas les plus importantes.

La première raison est la beauté de l’objet. Hergé était un génie, mais il l’a été encore plus en dessinant cette fusée. Quelle ligne ! Quelle puissance ! Quelle audace dans les couleurs ! Ceux qui ont dessiné de vraies fusées n’ont pas eu autant d’imagination !

La deuxième raison, certainement la plus importante, est plus symbolique que formelle. Cette fusée représente pour moi le fait d’être en projet. N’est-ce pas là le plus incroyable projet que l’homme ait pu avoir et réaliser ? Le 21 juillet 1969, alors qu’Eddy Merckx gagnait son premier Tour de France, que l’Europe entière chantait « Daydream » de nos petits belges Wallace Collection, un être humain foulait pour la première fois officiellement le sol de la Lune (du moins, si on en croit la version officielle, ce qui est mon cas, mais pas celui de tout le monde). En réalité, 15 ans plus tôt, c’est un autre petit belge qui avait mis les pieds sur notre satellite naturel (Ardan, l’héros de Jules Verne, n’a fait – en 1865 – que voler en orbite autour de la Lune… et si Lucien de Samosate, auteur grec du IIe siècle, relate dans son Histoire véritable le périple de son héros sur la Lune, il semble que c'est plus un conte facétieux sans aucune référence scientifique).

Mais là n’est pas la question. Ce qui est extraordinaire, c’est de concevoir le projet d’aller sur la Lune et de le réaliser. Ce qui a priori est impossible devient réalisable. Nous sommes tous périodiquement confrontés à des rêves qui nous paraissent impossibles, dans quelque domaine que ce soit. Souvent, ils le restent, parce qu’on les laisse à l’état de rêve. Et ce n’est d’ailleurs parfois pas plus mal : le rêve est aussi une merveille à ne pas perdre.

Mais de nombreux rêves, ou plus simplement de nombreuses marches à franchir, peuvent devenir réalité, simplement parce qu’on les transforme en projet. Et qu’on se donne alors les moyens d’atteindre ses objectifs. Ça ne réussit pas toujours, il ne faut pas s’illusionner ! Mais en tout cas, le meilleur moyen de ne pas atteindre un but est de croire que ce n’est pas possible, alors que le meilleur moyen de l’atteindre est de se mettre en projet de l’atteindre.

Alors, la fusée de Tintin est toujours là pour me rappeler cette évidence ! Pouvoir se dire « Et pourquoi pas ? ».

dimanche 20 janvier 2008

Mon illusoire belgitude

Hier soir, nous étions au restaurant. Sans grande originalité, j’avais choisi un pavé de bœuf. Belle pièce, exquise ! Pendant que je la dégustais, j’appréciais aussi à sa juste valeur le chicon braisé qui servait d’accompagnement (en plus des frites, bien entendu). Je pensai soudain que décidément, il n’y avait sans doute qu’en Belgique qu’on puisse servir un steak accompagné d’un chicon (c’est-à-dire, pour mes lecteurs français, une endive). Et sans doute avais-je raison ?

Élargissant ma pensée, en ces temps troublés pour ma Belgique dont on ne sait plus trop quel est son avenir, je me dis qu’on ferait peut-être mieux de rechercher ce qui est commun à tous les Belges plutôt que ce qui différencie flamands et francophones (notez que je n’écris pas « wallons » : pour moi, francophone né à Bruxelles et vivant en Flandre, travaillant en Wallonie ou au bout du monde, j’avoue que le concept « Wallon » n’a pas beaucoup de sens).

D’autres l’ont fait avant moi et ont créé le concept de belgitude, voulant désigner par là ce qui ferait l’identité belge. Personnellement, je suis convaincu que la belgitude existe. Je crois profondément qu’un francophone de Belgique a plus de points communs avec un flamand qu’avec un Français, tout comme un flamand est plus proche d’un francophone de Belgique que d’un Hollandais. Disant cela, il est clair que je définis – comme d’autres – la belgitude par ce qu’elle n’est pas : le Belge ne serait ni un Français, ni un Hollandais, ni un Allemand, ni un Luxembourgeois… C’est bien vrai, mais si on est défini par ce qu’on n’est pas, est-on vraiment ?

On trouvera bien sûr toujours une série de points communs : depuis Jules César (il n’était pas belge, mais a dit des choses très gentilles à leur propos, tout en les envahissant) jusque Jean-Claude Van Damme (lui, il est bien belge, et a dit des choses d’anthologie, dont on n’a peut-être pas à être trop fiers…), en passant bien sûr par Hergé, Brel, Simenon, Merckx, Magritte… Par celui-ci, la Belgique a fini par reconnaître qu’elle était le royaume du surréalisme, ce qui est démontré au quotidien par nos politiciens. Corollaire de ce surréalisme quotidien, nous sommes sans doute les champions de l’autodérision. Enfin, il faut bien dire qu’existe une véritable culture culinaire belge : frites, moules, chicons, bières, chocolats, genièvres… sont là pour en témoigner.

Et après ? Tout cela est-il bien sérieux ? Quand bien même ce le serait, cela changerait-il quelque chose ? La Belgique en serait-elle autre ? Aurait-elle plus d’avenir qu’elle n’en a déjà ? Finalement, le plus important n’est-il pas le plaisir que j’ai eu à manger mon morceau de « bleu blanc belge » accompagné de ce chicon braisé bien belge ?

Pour ceux qui voudraient tester leur belgitude, une seule adresse !

samedi 19 janvier 2008

Christiane Stefanski, ou le bonheur de chanter


FMG © 2008

Voilà plus de 30 ans que Christiane Stefanski est une incontournable de la chanson de paroles belge. Et pourtant, des paroles, elle n’en a écrite aucune (enfin, presque) ! Stefanski est une interprète, au sens le plus noble du terme. Avant de chanter ces chansons des autres, il faut d’abord les choisir… et elle le fait parmi les plus grands : Bernard, Brel, Bialek, Ferré, Gilbert, Kaufer, Lafaille, Nougaro, Perret, Semal, Sylvestre, Vian et bien d’autres encore.

Le seul défaut de Christiane, c’est qu’elle ne sort un disque que tous les 6 ans, en moyenne. Et il faut parfois attendre 10 ans ! Son dernier album – Belle saison pour les volcans – est sorti en 2007, ce qui nous vaut quelques concerts.

À Evere, ce 18 janvier 2008, une bonne centaine de spectateurs ont pris le temps de l’attendre. Mais ça valait la peine. Un peu à l’inverse, quoique, du sens profond de sa sublime première chanson – Je chante, excuse-moi, d’Anne Sylvestre – on sent, dès les premiers élans de la voix, un incroyable bonheur de chanter. Celui-ci anime tout le corps de cette grande dame. Les chansons, parfois connues, prennent une autre dimension, souvent dans les profondeurs du cœur, une fois que Christiane se les est appropriées : Les cœurs tendres de Jacques Brel, Rimes de Claude Nougaro, Les petites filles et Le pays petit de Claude Semal, ou Graine d'ananar de Léo Ferré, reprise ici en vidéo…

L’orchestre n’est pas en reste, et Christiane lui donne une place de choix : Frank Wuyts, un peu effacé, mais au piano pleinement présent, John Valcke, à la contrebasse chaude et droite, Christophe Stefanski, avec sa batterie pleine de finesse, Stéphane Martini, virtuose de la guitare, et enfin cet indispensable Denis Van Hecke, le roi du violoncelle.

Un peu plus d’une heure de concert, ce n’est pas très long. Mais quel bon moment ! À consommer de manière immodérée !

jeudi 17 janvier 2008

Le livre et la torture

FMG © 2007

On peut ne plus vouloir écrire. Même quand on aime ça. Ce n’est pas nécessairement un manque d’inspiration. Comme disait Jack London « On ne peut pas attendre que l’inspiration vienne. Il faut courir après avec une massue. ». Mais on peut se trouver dans un état d’esprit qui fait qu’écrire devient un poids. Dans ces moments-là, ne pas écrire est la seule manière de se protéger de cet autre coup de massue.

Ce peut être tout simplement parce qu’on a trop écrit, voire qu’on a été obligé de trop écrire. Mine de rien, même quand on aime ça, même quand les mots s’enchaînent assez facilement l’un après l’autre, écrire demande toujours une dose d’énergie relativement importante. Avec en plus, chaque fois, cette angoisse d’écrire n’importe quoi.

S’il y a bien un acte qui doit être libre, c’est celui d’écrire. Un droit fondamental de tout individu est d’écrire ou de ne pas écrire. Bien sûr, il y a des professionnels de l’écriture, romanciers, journalistes, essayistes, et autres blogueurs impénitents. Ils devraient aussi avoir le droit – parfois – de ne pas écrire, de se taire. Le droit de se taire est sans doute tout aussi important que celui de s’exprimer. Mais quand on a pris l’habitude de lire quelqu’un, il est quelquefois difficile de comprendre et d’accepter que le plus simplement du monde, il n’écrive plus. Et si l’acte d’écrire était devenu – ne fut-ce que provisoirement – un acte de torture ?

On peut ne plus vouloir écrire. C’est un droit. J’en suis convaincu. A-t-on le droit de ne plus communiquer ? En réalité, j’en doute. La communication n’est-elle pas l’acte fondamental qui nous fait homme ? Peut-on être humain sans communiquer ? Je ne crois pas. Qu’importe qu’on veuille écrire ou non, tant qu’on communique. Je suis sans doute naïf en écrivant cela… encore cette angoisse d’écrire n’importe quoi !

Je n’avais pas envie d’écrire. J’ai écrit. Sans doute n’importe quoi. Y ai-je gagné quelque chose ? Ai-je seulement communiqué de cette manière ? Il est des jours où non seulement on a le droit de se taire, mais où aussi et peut-être surtout on aurait le devoir de se taire.

mardi 15 janvier 2008

Chez Leprest


Lorsque j’ai appris l’existence de ce CD, c’était au début décembre 2007. Une époque où par-ci par-là on me demande des idées de cadeaux susceptibles de couvrir anniversaire, Noël, Nouvel An, et autres joyeusetés de cette période.

En tête de liste, j’ai mis « Chez Leprest ». J’ai mis aussi d’autres babioles, mais ce qui m’importait, c’était ce disque. Les fêtes sont passées, avec un secret espoir… jamais satisfait. Décidément, on avait décidé de m’offrir d’autres choses, dont je suis ravi d’ailleurs ! Mais quand même, l’objet convoité ne venait pas.

Les fêtes terminées, je me suis rendu chez un de mes disquaires préférés, là où je me disais que je pourrais enfin acquérir ce bien précieux. Bernique ! Rien du tout ! Le préposé connaissait bien l’album, mais m’annonçait qu’il n’était pas encore sorti en Belgique et qu’en réalité, il y avait peu de chance que ce soit le cas.

J’avais bien acquis par téléchargement légal « Tout c’qu’est dégueulasse porte un joli nom », chanté sublimement par Olivia Ruiz. N’empêche, ce qui était dégueulasse, c’était l’impossibilité d’avoir ce disque que je voulais avoir.

Mon désespoir n’était pas sans fin… y a plus grave que ça, quand même. Et je m’étais presque fait une raison. Jusqu’au jour où une amie passionnée de chansons – souvent les mêmes chansons que moi – m’annonça fièrement qu’elle avait acheté « Chez Leprest », qu’elle était ravie de son achat, que décidément Leprest, c’était quelqu’un, et qu’il y avait des gens qui le chantaient vachement bien… Elle m’exprimait même son étonnement de découvrir un Hervé Vilard vrai chanteur, émouvant. Bref, le fer tournait et tournait dans la plaie. Pas pu m’empêcher de lui dire !

Et ce matin, merveilleuse surprise, dans la boîte aux lettres… une lettre de France, avec en son sein, ce CD tant convoité !

C’est un petit joyau. Chaque chanson est un miracle de la vérité. Chaque texte est un sommet des mots bien écrits. Chaque interprétation est un moment de plénitude, un vertige de luminosité. Quinze interprètes, quinze artistes !

Vous qui lirez ces lignes, n’hésitez pas à acquérir ce disque… en espérant pour vous que vous ne soyez pas en Belgique (quoique, aujourd’hui, ce n’est plus vraiment un obstacle). Vous aurez droit aussi à ce trésor… les chansons sont faites pour être partagées. Mais ce que vous n’aurez peut-être jamais, c’est le doux ébahissement de recevoir une lettre et d’y découvrir ce qu’on n’attend plus. Ça, c’est le plus grand des bonheurs ! (Enfin, j’exagère… mais c’est quand même un très beau bonheur.)

dimanche 6 janvier 2008

Épiphanie, la fête des petits

L’Épiphanie a toujours été pour moi une fête particulière. D’abord, parce que c’était une fête en mouvement. Dans la maison de mon enfance, il y avait une crèche qu’on plaçait dans le courant du mois de décembre. Le jour de Noël, on y plaçait naturellement le petit Jésus. Et le voyage des rois mages commençait : ils allaient faire tout le tour de la pièce. Chaque jour, ils avançaient un peu. On les plaçait là où on pouvait. Mais inexorablement, leur avancée leur permettait d’arriver à la crèche le 6 janvier. J’aimais ce mouvement.

J’aimais aussi – et sans doute, j’aime encore – le symbole de cette marche. Trois rois, parmi les plus puissants de la terre, se mettaient en route guidés par une improbable étoile. Rien que cela est déjà extraordinaire : accepter de tout laisser et de se mettre en mouvement pour suivre une étoile ! Tenter, sans force et sans armure, d'atteindre l'inaccessible étoile !

Tout ça pour quoi ? Aller se prosterner devant un bébé né dans une vulgaire crèche, déjà rejeté de tous les bourgeois et autres enfarinés. C’est assez incroyable (et je ne sais pas si j’y crois vraiment). Des « grands de ce monde » viennent rendre hommage à un petit bébé, inconnu et ignoré de tous. Belle humilité. Reconnaissance de la vie, des plus petits d’entre nous.

Et pour terminer la belle histoire, un dernier pied de nez aux puissants : alors qu’Hérode attend le retour des rois mages pour aller liquider ce bébé qui menace son trône, ceux-ci ont l’idée malicieuse de s’en aller par un autre chemin, à la sauvette ! Dommage cependant que cela ait fini dans le massacre d’innocents bébés nés à la même époque…

Il nous est surtout resté de cette fête nomade le partage de la galette des rois, à la recherche de la précieuse fève. Avec distribution aléatoire des morceaux grâce au plus petit – c’était souvent moi – placé sous la table et décidant de tout ! Et voilà qu’on devient « roi » ou « reine » d’un jour par pur hasard, sans que personne ne songe à remettre en question cette royauté ! Avec en plus le droit de choisir sa reine (ou son roi) !

Décidément, notre monde n’a-t-il pas beaucoup à apprendre de cette fête ?

vendredi 4 janvier 2008

Main dans la main



À vrai dire, je ne suis pas très fan de toutes ces vidéos qui fleurissent sur Internet. Sans trop de raisons d’ailleurs. Simplement, je n’aime pas trop ça.

Mais celle-ci m’a ému. Quand la vie vous joue des tours et que vous êtes capables d’en faire un tour, ça vaut le détour ! S’il n’y avait que cela, ce ne serait sans doute que sensiblerie. Au-delà de la performance physique et du pied de nez à l’adversité, il y a là un peu d’art… que dis-je, un peu beaucoup !

La beauté du geste, l’harmonie des mouvements, la profondeur du dialogue, tout cela fait de cette rencontre main dans la main un instant de vérité, de vision de l’indicible éternel.

L'art est ce qui rend la vie plus intéressante que l'art. (Robert Filliou)

mardi 1 janvier 2008

Des sourires

Un sourire est un trésor inestimable.
Il peut s’immiscer dans nos vies à n’importe quel moment,
l’illuminer le temps d’une étincelle ou d’un lever de soleil,
nous transporter instantanément dans le monde du bonheur.

Que chaque journée soit l‘occasion d’un sourire.
Partagé ou à partager, reçu ou donné,
Que ce sourire te fasse rire à la vie
Et ensoleille celle de ceux qui t’entourent.