mercredi 31 décembre 2014

Chaleur et lumière

FMG©2014

L’année 2014 se termine comme elle a été : chaude et lumineuse. Il semblerait qu’elle soit l’année la plus chaude depuis 1900, avec une moyenne supérieure à 1,2°C par rapport à la normale (période de référence 1981-2010). Les températures ont été nettement supérieures aux normales sur la plupart des mois de l'année, exceptions faites de mai et juillet qui ont connu des valeurs proches des normales et d'août qui a été particulièrement frais. Ces chaleurs s’accompagnent de lumière, évidemment. La production de mes panneaux photovoltaïques est de son côté supérieure de 4% à la moyenne des années précédentes, près de 6% de plus qu’en 2013.

Doit-on s’en réjouir ? Oui, bien sûr : il est très agréable d’avoir un peu plus de chaleur et un peu plus de lumière. On ne peut que s’en sentir mieux… et il serait bien stupide de ruminer contre ces petits plaisirs !

Néanmoins, cette année 2014 n’est pas vraiment une exception, mais s’inscrit dans une tendance constante observée cette dernière décennie : exception faite de 1989, les dix années les plus chaudes observées à ce jour en Europe depuis le début du XXe siècle sont toutes postérieures à 2000. À terme, ces quelques degrés supplémentaires bien agréables ponctuellement peuvent se révéler catastrophiques pour la planète.

Les soubresauts climatiques sont ce qu’ils sont. Qu’en est-il des soubresauts vitaux, ceux qui font que les années se suivent, sans jamais vraiment se ressembler tout à fait ? De mon côté, il y eut de beaux moments de chaleur et de lumière. Ce sont eux que je veux garder en mémoire. Ce sont eux que j’ai envie de revivre, non pas semblables, mais dans la lignée. Il y eut évidemment aussi de moins beaux moments, plus froids et plus sombres. Ils font aussi partie de la vie et en constituent le sel indispensable. Même si je m’en passerais volontiers.

Je vois autour de moi que beaucoup craignent 2015 dont les perspectives seraient plus sombres que lumineuses. Il faut reconnaître que ça ne s’annonce pas sous les meilleurs auspices, à de nombreux égards. J’ai appris cependant à ne pas tirer des plans sur la comète, que ce soit dans un sens ou dans un autre. Vivre pleinement le moment présent.

Dans la chaleur et la lumière, comme aujourd’hui !

dimanche 28 décembre 2014

L’immuable changement

FMG©2014

Voilà plus de 20 ans que je viens chaque année en changer dans cette petite partie méridionale et occidentale des Pays-Bas, là où le Zwin étale sa sérénité suave et vivifiante. Les paysages sont toujours aussi splendides et profonds, surtout quand le soleil froid est de la partie.

Cette année, plus encore que les autres, la première chose qui m’a frappé en entrant dans la zone de promenade – outre cette beauté intrinsèque – consiste dans tous les changements qui sont apparus depuis l’année dernière. En réalité, de nombreux travaux sont réalisés pour améliorer le mouvement des marées et, par là, désensabler le Zwin. Même en dehors de ces travaux cependant, j’ai pris conscience combien ce paysage majestueux change chaque année, chaque saison, chaque jour, tout en restant fondamentalement lui-même.

N’en est-il pas ainsi de toute chose, de toute personne, de toute relation ? Tout en restant foncièrement elles-mêmes, elles changent chaque année, chaque saison, chaque jour. On peut ne pas apercevoir ces changements et croire qu’on a toujours en face de soi la même personne engagée dans la même relation. Lorsqu’un événement quelconque fait apparaître distinctement les modifications qui se sont accumulées petit à petit, le réveil peut-être difficile. À force de croire que rien ne changeait, on finit pas vraiment découvrir, brutalement, une nouvelle personne ! On peut aussi apercevoir ces changements et vouloir les refuser. Mais peut-on empêcher l’eau de creuser le lit qu’elle veut dans le sable de la plage ?

Au-delà des ces attitudes d’aveuglement ou de rejet, il existe heureusement de nombreux autres chemins. Accueillir le changement permanent comme un élément de la beauté du paysage, de la personne, de la relation est sans doute la meilleure voie pour l’accompagner et découvrir au passage des recoins de lumière, de tendresse et de vérité qui renouvellent la vie.

jeudi 25 décembre 2014

Malade

Voilà quatre jours que ça dure : je suis malade. Rien de bien grave évidemment. Juste une « crève » comme on dit dans le langage populaire. Sans doute pas la grippe. Mais une bonne dizaine de symptômes – dont je vous passerai l’inventaire – qui font que je me sens mal, pas bon à grand chose.

Il y a des tas de personnes qui passent également par là. Il y a surtout des tas de personnes qui souffrent de maladies bien plus graves que ce refroidissement passager. N’empêche, dans ce genre de circonstances, on se sent bien peu de choses. Pis : je fais partie de ces hommes – ne sont-ils pas tous comme ça ? – qui dès qu’ils sont malades se sentent proches de la mort !

Ce qui est frustrant, c’est que cette semaine est pour moi une semaine de congé, après quelques mois de travail bien remplis. C’est frustrant, mais sans doute logique. Tant qu’on est dans l’action, on ne laisse pas beaucoup de place pour que la maladie s’infiltre. Mais il suffit de relâcher un peu la pression pour qu’elle trouve un terrain propice. Je n’irai pas jusqu’à dire qu’on est malade uniquement parce qu’on le veut bien, mais il y a un peu de ça quand même.

Certains penseront que c’est aussi frustrant parce que cela tombe dans une semaine de fête. À vrai dire, je n’ai jamais trop aimé cette période de fin d’année avec toutes ces fêtes qui se succèdent. Ce n’est donc pas essentiel pour moi, mais je reconnais qu’hier soir, lors d’un petit réveillon entre amis, j’avais plutôt l’impression de plomber l’ambiance et je n’aimais pas trop ça. Même si physiquement ce fut une soirée pénible, c’était quand même bien sympathique.

Ce billet est évidemment un peu sinistre – sans compter sa vacuité sémantique – mais en ce jour, je le terminerai néanmoins, sans trop de conviction, par un « Joyeux Noël ! ».

samedi 20 décembre 2014

L'amant


Y a le cœur de l’amant
Qui donne le plaisir
De ne pas se suffire
Pour vivre pleinement

Parmi tous les plaisirs de la vie, y en a-t-il de plus sublime que celui de la chair ? Je ne parle pas du sexe pour le sexe, sans aucune recherche du plaisir de l’autre. Je parle de l’échange des corps dont le seul but est d’offrir le plaisir, de donner son cœur – même si ce n’est que pour un instant – pour dire à l’autre qu’il existe pleinement, qu’il peut être au centre de la vie, qu’il est et vit !

Le mystère de la vie est immense. On existe, sans trop savoir pourquoi. Souvent, on se dit que tout cela ne sert à rien. Qu’on pourrait finalement tout aussi bien s’en priver.

Mais lorsqu’on est amant ! Lorsqu’on sent son corps vibrer avec celui qui donne le plaisir ! Lorsqu’on s’abandonne pleinement à cette délivrance ! Lorsqu’on se suffit entièrement de la jouissance offerte par l’autre ! Lorsqu’on sait, parce qu’on le vit par tous les pores du corps, que la vie n’a de sens que par la rencontre de l’autre ! Alors, on vit pleinement, en toute liberté ! Même – et surtout – si cette liberté s’exprime dans des liens durables et féconds !

Qu’est-ce qui fait vivre la vie

Qui nous porte au-delà de nous
Qu’est-ce qui nous rend fou
Qui nous donne autant d’envie

Y a le cœur de l’amant
Qui donne le plaisir
De ne pas se suffire
Pour vivre pleinement

vendredi 19 décembre 2014

Complicité

©Martin Lavoie

J’ai la chance d’avoir plusieurs ami(e)s qui sont de vrais complices. À ma manière évidemment : je ne suis pas quelqu’un de démonstratif, je n’ai pas besoin de me retrouver en permanence avec eux pour faire la fête ou simplement être ensemble. À vrai dire, ces ami(e)s, je les vois assez rarement. Mais ce sont mes ami(e)s, avec quelle complicité !

Quand nous nous retrouvons, que ce soit réellement ou virtuellement, le maître-mot est la confiance. Nous savons que nous pouvons parler de tout et de rien – plus souvent de tout d’ailleurs – sans que l’autre ne prenne la mouche ou émette le moindre jugement. Cela ne veut pas dire que la réaction critique n’est pas présente, bien au contraire. C’est justement parce que l’autre réagit, sans avoir peur de blesser, que nous pouvons ensemble aller au fond des choses et mieux les comprendre. C’est une introspection commune qui mène vers plus de lucidité et de liberté. À aucun moment, l’un ne cherche à imposer quoi que ce soit à l’autre. C’est à chacun de faire son chemin, mais celui-ci s’éclaircit toujours grâce aux lumières bienveillantes tout autant qu’exigeantes de l’ami.

À côté de ce mouvement de fond, il y a bien sûr aussi le simple plaisir d’être ensemble, de partager un repas, de boire un (ou deux) verre(s), d’écouter une chanson, de prendre des nouvelles de nos familles respectives, d’être amis tout simplement.

Savoir qu’on est de toute façon unique pour quelqu’un. Savoir qui – pour nous – est unique et sera là le jour où il faudra que ce soit le cas. Vivre chaque fois des découvertes permanentes merveilleuses. Se sentir complice, non pas d’un crime, mais d’une libération mutuelle !

Je parle de « plusieurs » ami(e)s… mais il ne faut quand même pas rêver. Ils ne sont pas légion. Ce n’est d’ailleurs pas la quantité qui compte à cet égard, mais évidemment la qualité. Et la complicité. J’avoue qu’à ce niveau, j’ai vraiment beaucoup de chance… et je les remercie !

lundi 8 décembre 2014

Du pareil au même

La lutte sociale continue en ce jour de grève tournante. Mais contre qui ou contre quoi luttent tous ces grévistes ? Entre le « libéralisme social » et le « socialisme néolibéral », il n’y a guère de différences. Juste des accents, et encore. Sur un plan socio-économique, le gouvernement de Charles Michel ne fait que continuer l’action du gouvernement précédent de Di Rupo.

Ce n’est pas propre à la Belgique. C’est la même chose partout : quelles différences y a-t-il entre les options politiques du socialiste François Hollande, de la chrétienne-démocrate Angela Merkel, du conservateur David Cameron, du démocrate Barack Obama… ? Au bout du compte, la religion suprême de tous ces politiciens est l’austérité au détriment des travailleurs afin de servir les intérêts des investisseurs et du capital.

Sans doute, la marge de manœuvre est étroite. Elle l’est même encore plus qu’on ne le croit : on voit bien que toutes ces politiques ne débouchent sur rien de vraiment réjouissant, si ce n’est l’enrichissement des riches. Il faudrait tester d’autres politiques, plus solidaires, plus innovantes (au sens où elles prendraient vraiment en compte la réalité du monde tel qu’il est aujourd’hui), plus ouvertes au bien commun. Je ne suis pas politicien et je n’ai pas de solutions toutes faites à proposer. Mais je suis convaincu que les stratégies actuelles – toutes les mêmes – ne mènent nulle part.

En attendant, le peuple ronronne, relevant parfois la tête, se redressant plus rarement encore. Il y a pour le moment en Belgique quelques soubresauts. Mais il ne faut pas se leurrer : même si le mouvement social parvenait à modifier certaines orientations, celles-ci n’entraîneraient pas de changements radicaux. Finalement, ce serait du pareil au même.

dimanche 30 novembre 2014

Avant, après…

FMG©2014

Avant, après… Va t’en savoir ! Un mois, une minute… Peu importe ! Reste juste la laideur, celle de l’âge, de la fatigue, du sérieux des choses ! En tout cas, la différence entre ces deux photos exécrables ne réside que dans le mois de novembre 2014. Movember !

Je me suis donc laissé pousser la moustache durant ce mois de novembre, pour sensibiliser au cancer de la prostate et des testicules, autres apparats typiquement masculins. Ça a marché en réalité. Plus d’une fois, on m’a dit « Alors, tu te laisses pousser la moustache ? ». Je répondais que non, je n’en ai pas vraiment l’intention, mais que c’était parce que je participais à Movember. L’accueil était poli, gentil, bienveillant. Pas plus. Aucune personne ne m’a interrogé sur ces deux cancers bien cruels !

L’idée de Movember est bien sûr aussi de récolter quelques sous qui permettront de mieux lutter contre ces cancers. J’avoue que là, c’est l’échec total. Pas un de mes interlocuteurs n’a manifesté le moindre intérêt pour un quelconque don. J’en parlais, bien sûr. Mais je voyais bien que, bon, cette moustache était sympathique, mais enfin de là à donner de l’argent pour ça…

Il faut dire que Movember ne simplifie pas la chose : je serais bien en peine de donner un numéro de compte quelconque pour permettre un don ! Juste un numéro de téléphone : 02 808 69 40 (en Belgique). J’espère que leur standard sera écrasé d’appels à la suite de ce billet, mais je n’y crois pas trop.

La problématique du cancer de la prostate ou des testicules est vraiment importante. L’initiative Movember est vraiment dynamique, amusante et positive. Elle manque cependant encore de beaucoup de visibilité et de clarté. Au bout du compte, je suis effectivement mitigé, d’autant plus que – heureusement – je ne suis pas du tout concerné par ces fléaux. Mais bon, avant, après, comme si cela changeait quelque chose…

mercredi 26 novembre 2014

Les errements de Facebook


Depuis hier, je n’arrête pas de signaler à Facebook l’existence et les publications d’un groupe : Mise à terme des demandeurs d'asile & mise à jour de l'expulsion. Ce groupe, de toute évidence, stigmatise la communauté musulmane et publie amalgame sur amalgame.

La réponse reçue de Facebook est toujours la même : « Nous avons examiné la Page que vous avez signalée comme contenant des propos ou des symboles haineux et avons déterminé qu’elle n’allait pas à l’encontre de nos Standards de la communauté. »

Sauf évidemment quand ce groupe nauséabond a eu la mauvaise idée de publier la photo d’une femme dont le voile couvrant la tête était le seul vêtement. J’ai évidemment directement signalé cette image comme étant « de nature pornographique » ! La réponse de Facebook ne s’est pas fait attendre : « Nous avons examiné la photo que vous avez signalée pour nudité. Dans la mesure où elle était contraire à nos Standards de la communauté, nous l’avons supprimée. Merci pour votre signalement. Nous avons informé Mise à terme des demandeurs d'asile & mise à jour de l'expulsion que sa photo avait été supprimée, sans dire de qui venait le signalement.

Je suis scandalisé ! Non pas tant par la nudité exposée sur la photo en question. On trouve bien pire sur Internet avec une facilité débordante. Cette photo était inacceptable, non pas pour la nudité qu’elle montrait – la chose la plus naturelle qui soit – mais par la provocation qu’elle contenait. Photographier et publier une femme nue portant le voile n’a qu’un seul but : ironiser sur les convictions religieuses musulmanes et provoquer cette communauté. En écrivant cela, je ne me prononce en rien sur le bien-fondé du voile qui n’est, malheureusement trop souvent, qu’un symbole d’un mépris de la femme, mais qui est aussi – qu’on le veuille ou non – la seule possibilité laissée à de nombreuses femmes d’affirmer, en toute liberté, leurs convictions religieuses face à une société qui globalement les méprise.

Ce qui est grave et totalement inacceptable, c’est que les « Standards de la communauté » Facebook acceptent sans sourciller qu’on méprise et injurie des personnes sous le seul prétexte de leur (supposée) appartenance religieuse tout en ne tolérant pas le moindre bout de peau dénudée.

Si vous lisez ce billet d’humeur et que vous m’accordez quelque crédit, n’hésitez pas : dénoncez ce groupe malfaisant. Et continuez à le faire pour tous les groupes du même acabit. Ils se présentent comme défenseurs de notre société occidentale, mais ils ne font en réalité que l’enterrer toujours un peu plus en niant les valeurs de solidarité, de liberté, de fraternité, d’égalité, de tolérance, d’humanité !

mardi 25 novembre 2014

Vestiges des temps modernes

FMG©2014

Mes chemins professionnels me menaient ce matin à Forem-Formation, situé depuis plusieurs années sur le site du Val-Benoît, à Liège. Ce site, après avoir été un fleuron universitaire, est aujourd’hui à l’abandon, ou plutôt en réhabilitation. Certains bâtiments sont recyclés, d’autres sont détruits pour faire place à du neuf.

Cela m’a permis de saisir cette étonnante photo : c’est tout ce qu’il restait ce matin de ce bâtiment dans lequel il me semble avoir travaillé au début des années ’90. Ces deux ossatures centrales – anciennes cages d’ascenseur ? – étaient ce soir déjà entièrement séparées. Dans quelques jours, elles n’existeront même plus.

Ces vestiges d’un passé récent disparaissent ainsi. C’est bien sûr des pans entiers d’histoire qui se retrouvent en poussière. On peut se laisser envahir par un brin de nostalgie, c’est le droit de chacun. Personnellement, j’ai plutôt tendance à considérer que ces bâtiments ont fait leur temps, ont rendu les services qu’ils devaient rendre et que les remplacer par de nouveaux ne peut être qu’un pas vers l’avenir. À quoi me servirait-il d’être nostalgique ?

La vie n’est-elle pas toujours ainsi faite ? On construit des choses – des bâtiments, mais aussi des vies, des relations, des rêves – qui remplissent leur office le temps qu’il faut. À un moment, ces choses deviennent obsolètes. Elles gardent sans doute toujours une certaine âme, mais faut-il à tout prix préserver celle-ci. L’âme n’existe-t-elle pas d’ailleurs que dans le souvenir, le sens symbolique, qu’on veut bien lui accorder ? Alors, autant détruire la chose, la faire disparaître pour qu’elle puisse laisser la place à une nouvelle chose – un nouveau bâtiment, une nouvelle vie, une nouvelle relation, un nouveau rêve. Ce n’est pas nier la chose d’origine. C’est la transcender, la conduire là où elle n’aurait même pas pu être en elle-même.

Je ne dis pas qu’il faut détruire toutes les vieilles choses. Tant qu’elles peuvent vivre et être utiles – même si cette utilité est purement symbolique – alors autant les garder. Mais si elles doivent disparaître, je ne serai jamais le premier à verser une larme. L’avenir se construit toujours sur le passé, mais ce n’est jamais celui-ci qui construit l’avenir.

dimanche 23 novembre 2014

Première sculpture

FMG © 2014

Comment savoir si je suis un artiste ? Qu’est-ce qui caractérise celui-ci ? En toute humilité, j’ai écrit de la poésie – publiée pour la première fois en 1974, aux Éditions Saint-Germain-des-Prés –, j’ai composé et chanté plus de 200 chansons, certaines étant gravées sur différents supports, j’ai publié ici-même près de 700 billets qui abordent différentes thématiques mais où le souci du verbe est toujours présent… Bref, j’ai beaucoup créé, mais toujours de manière très intellectuelle. Alors même que mon rêve est d’être sculpteur !

Mais voilà, je ne supporte pas le contact de la terre humide et sale ! Je n’ai aucune idée de ce qu’il faut faire pour modeler quoi que ce soit et – à vrai dire – l’idée de modeler me révulse assez fondamentalement. Bref, ma carrière de sculpteur a peu de chance de réellement démarrer !

Jusqu’à hier. Je venais d’ouvrir une bouteille de vin. Plutôt un vin quelconque qu’un grand cru. C’était peut-être là l’idée de génie ! Soudain, en triturant le tire-bouchon, j’eus un éclair trans-subliminal. Il faut dire que ce tire-bouchon m’avait quand même coûté environ 1,25 EUR dans un magasin vulgaire (c’est-à-dire pour le bas peuple dont je fais partie).

En le tournant dans tous les sens, je sentis soudainement me laisser pousser des ailes et m’envoler : à moi la liberté des oiseaux ! Une poussée ontologique délirante envahit la moindre parcelle de mon corps, de mon être. J’étais oiseau ! Sans pouvoir mettre le moindre mot sur cette sensation de liberté, de liesse, de sublime éternité !

J’ai eu peur de perdre l’émerveillement de cet instant fragile. Heureusement, je sentis dans la poche de mon pantalon la forme délicate de mon GSM, accessoirement aussi appareil photographique de fortune. Je me précipitai sur celui-ci pour immortaliser ma première création sculpturale. De toute évidence, une œuvre plastique de toute première importance ! Immédiatement, je me dis qu’une autre approche de cet envol lumineux permettrait d’en saisir toute la profondeur. Quittant la chaleur froide, j’utilisai la froideur chaude ! Quelle merveille !

Me voici enfin sculpteur, façonneur de la liberté existentielle !

vendredi 14 novembre 2014

100 000

Hier, à 7h55, en arrivant à Mons, ma voiture a passé le cap des 100 000 kilomètres. J’imagine qu’avec raison, ça n’intéresse personne, mais moi, ça m’a ému ! Mine de rien, ce n’est quand même pas n’importe quoi, même si aujourd’hui c’est devenu banal. Ça n’a pas toujours été le cas.

Je me souviens, en 1978, lorsque – pour la première fois – une de mes voitures a passé ce seuil. C’était une Peugeot 204 achetée d’occasion en mauvais état : lorsque j’étais allé la chercher de l’autre côté de Bruxelles, il n’y avait plus d’embrayage et j’ai traversé la ville en utilisant comme seul embrayage que la clef de contact ! Mais quelques mois après, les 100 000 km se profilaient. J’ai invité mon ami Stephen à m’accompagner et lorsque nous sommes arrivés au moment fatidique, je me suis arrêté et j’ai ouvert une petite bouteille de champagne que nous avons dégusté avec émotion !

Aujourd’hui, 36 ans plus tard, ça n’émeut plus personne que moi ! Même ma femme adorée, lorsque je lui ai communiqué l’information, n’a émis qu’un « Ah bon ! » révélateur de l’intérêt qu’elle y apportait.

Pourtant, c’est quand même extraordinaire, non ? On parle toujours de l’obsolescence programmée, et je suis convaincu que celle-ci existe. Mais au niveau des voitures, aujourd’hui, il est tout à fait normal qu’elles atteignent cent mille, voire deux cent mille kilomètres, sans que personne y ait quoi que ce soit à redire.

Ah, c’est votre cas aussi ! Inutile de me jeter en pâture à la vindicte populaire qui s’y connaît pour condamner toute âme qui vive sans même savoir de quoi il en retourne. J’ai compris, je sors…

vendredi 7 novembre 2014

Quand les patrons ignorent la réalité

La Belgique vit des heures difficiles. Un gouvernement de droite prend des décisions de droite. Le peuple trinque et il s’exprime. Avec dignité : une manifestation de plus de 100 000 personnes a pu montrer la volonté des citoyens de résister à cette politique assassine. Certains casseurs en ont malheureusement profité pour casser… C’est un épiphénomène, mais il est évidemment gonflé par les médias. Pourtant, où se trouve la véritable violence ?

Le jour de la manifestation, Jo Libeer, le patron des patrons flamands réunis au sein du Voka, s’est exprimé dans La Libre. Il en a bien le droit, mais ses propos sont stupéfiants !

Les décisions gouvernementales vont entraîner une perte du pouvoir d’achat des citoyens belges, surtout ceux de la base. Cette perte est certainement difficile à chiffrer, mais Libeer semble reconnaître une perte de 350 euros, en ajoutant que « ce n’est même pas une bière par jour » ! Le calcul mathématique est exact, mais il témoigne d’une méconnaissance totale de la réalité de la majorité des citoyens belges. Pour beaucoup, 350 euros correspondent aussi au budget maximal qui peut être consacré pour un mois d’alimentation. Perdre la possibilité de se nourrir pendant un mois sur douze, c’est quand même autre chose que de renoncer à une bière par jour ! Or, c’est ça la vraie vérité ! Libeer est non seulement insultant, mais aussi totalement déconnecté de la réalité.

Ce sinistre personnage ajoute plus loin « qu’il faut que les syndicats comprennent qu’il est nécessaire d’augmenter les profits avant de les redistribuer » ! Comme si des patrons redistribuaient les bénéfices engrangés ! La mise au jour des mécanismes de « fraude fiscale légale » au Grand-Duché de Luxembourg montrent clairement que la seule chose qui intéressent vraiment les patrons est de disposer du bénéfice le plus élevé. Ils ne se soucient en aucune manière de le redistribuer. Bien sûr, ils savent bien qu’ils ont besoin de travailleurs pour produire ce bénéfice, mais ceux-ci ne sont clairement perçus que comme des moyens pour dégager de l’argent dont seuls les patrons profiteront pleinement. Si les politiques en faveur des entreprises permettaient de multiplier le nombre d’emplois, il y a longtemps qu’on le saurait. En réalité – toujours elle -, ces politiques ne servent qu’à augmenter les marges bénéficiaires des patrons. Sans que ceux-ci contribuent réellement au bien-être collectif.

Il est regrettable que la manifestation du 6 novembre se soit terminée par des violences dues à quelques énergumènes. Il est inacceptable que les patrons, avec la complicité active de la gent politique, puissent sans arrêt continuer à exploiter et à mépriser les travailleurs. Où se trouve la véritable violence ?

lundi 3 novembre 2014

Movember symbolique

Pendant ce mois de novembre, je participe à Movember. Cela signifie que durant ce mois, je me laisse pousser la moustache (cela ne fera jamais que quelques poils disparates) pour « changer le visage de la santé masculine », et plus spécifiquement contribuer à récolter des fonds pour lutter contre le cancer de la prostate et des testicules.

Un cousin m’a interpellé parce qu’il ne voyait aucun lien entre une moustache et la prostate ou les testicules. Il a raison évidemment, si ce n’est que - jusqu'à preuve du contraire - il s'agit d'attributs spécifiquement masculins. Mais qu’importe qu’il y ait ou non un lien biologique et objectif. En réalité, le lien est essentiellement « symbolique ». C’est-à-dire qu’il dépend du sens qu’on lui donne. Je sais pourquoi je me laisse pousser cette moustache pendant un mois. C’est pour manifester mon soutien à ceux qui souffrent de ces maladies typiquement masculines. En soi, ma (maigre) moustache n’y changera rien. Mais – et ce billet en est la meilleure preuve – elle permet de discuter, de prendre conscience et peut-être – je l’espère – de motiver certains (peut-être mon cousin) à donner quelques sous en faveur de la recherche autour de ces cancers.

Le lien n’est que symbolique, mais c’est ce qui fait sa force. L’être humain ne l’est vraiment que parce qu’il a accès au symbolique, à savoir qu’il est capable de donner un sens spécifique à quelque chose qui n’en a pas en soi. C’est parce que nous sommes à même de faire cela que nous sommes des êtres humains, et non pas seulement des êtres vivants.

J’ai eu dernièrement une discussion animée avec une amie psychomotricienne. Elle me parlait des « jeux symboliques », c’est-à-dire ces jeux qui – en faisant semblant - permettent à des enfants de donner du sens aux choses et aux relations, à vaincre des angoisses fondamentales, etc. Pour mon amie, c’est par ces jeux que les enfants accédaient au symbolique. Malgré mes efforts, je ne crois pas être parvenu à lui faire accepter qu’en réalité, ces enfants sont déjà dans le symbolique, simplement parce qu’ils ont des angoisses fondamentales. Si celles-ci existent, c’est bien que ces enfants donnent du sens à tous les éléments qui les entourent et/ou qu’ils vivent. Ils sont en plein symbolique, mais leur problème est qu’ils ne donnent pas le « bon sens ». Grâce aux jeux symboliques, ils vont progressivement rectifier leur appréhension du monde et accéder au sens socialement validé.

Ce n’est pas évident, alors même que – par définition – être un humain ne consiste qu’à donner du sens, qu’à vivre dans le symbolique. En soi, le dessin « 4 » n’a aucun sens. Lorsqu’il devient le chiffre « 4 », associé à une compréhension du nombre « 4 », il prend pleinement sens. Il en va de même des lettres qui ne sont jamais que des dessins abstraits. Pour celui qui ne sait pas lire, « maman » ne veut rien dire. Pour celui qui accède à la maîtrise du code graphophonologique, cet ensemble abstrait devient le plus merveilleux des mots.

Une merveille qui l’est d’autant plus pour des enfants adoptés. Leur « maman » n’est même pas biologique. Elle est uniquement symbolique ! Mais quelle force, quel amour, quelle densité dans cette symbolique. Même d’un point de vue juridique, l’adoption est le seul lien qui ne peut pas se contester. Ce lien symbolique est bien plus puissant que le lien biologique, ce qui ne veut pas dire qu’il ne pose jamais de problèmes. Quand on ne parvient plus à lui donner sens, cela peut se révéler catastrophique.

Au bout du compte, tout passe par le symbolique. C’est sans doute ce que Descartes a voulu dire par son célèbre « Je pense, donc je suis ». Je ne suis un être humain que parce que je pense. Penser n’est autre chose que de donner du sens à ce qui en soi n’en a pas. Quand commence-t-on à « symboliser » ? Cela dépend sans doute de chacun, mais c’est en tout cas très tôt. Sans doute dès la naissance, voire avant la naissance. Peu importe finalement. L’important, c’est d’être conscient que la vie n’est que construction de sens, à tout moment. Dans une vie, on ne construit pas que du « bon sens ». Mais on construit toujours du sens. C’est cela être homme… ou femme !

samedi 18 octobre 2014

Été sans fin


L’été n’en finit pas de se terminer. Il faut l’avouer, ce n’est pas désagréable. Pourtant, inexorablement, il disparaît. Ses plus beaux atours se fanent de manière inéluctable, sans qu’on puisse s’y opposer d’une quelconque façon. On peut juste contempler la beauté passée qui sait se rappeler à nos cœurs enchevêtrés.

La vie est ainsi faite. On vit des moments extraordinaires. Ils restent à tout jamais gravés dans nos mémoires, dans notre chair. Il est impossible de les éliminer, de faire comme s’ils n’avaient jamais existé. Tout le monde n’a pas la même mémoire des choses. Personnellement, la mémoire des événements est une des plus vivaces. Je peux revivre comme si j’y étais encore des moments vécus il y a plus de quarante ans, avec les mêmes émotions et les mêmes frissons. Les saisons ont beau se succéder, rien n’enlève la vérité et l’intensité du moment qui compte. C’est une belle mémoire.

Il y a bien sûr certains événements, certaines relations, certaines expériences qu’on aimerait oublier. On fait comme si, d’ailleurs. Mais ils finissent toujours par ressortir, par reprendre leur place dans l’univers des instants qui nous ont construits. Finalement, c’est très bien ainsi. À quoi servirait-il d’ignorer ce qui a fait que nous sommes ce que nous sommes ?

J’aimerais bien, pourtant, pouvoir le faire. Les moments de lumière sont tellement intenses que lorsqu’ils se transforment en ombre, on souhaiterait pouvoir les y laisser. Mais il est vain de lutter contre le mouvement inexorable des vagues. Mieux vaut, au bout du compte, se laisser porter.

L’été n’en finit pas de se terminer. Ses merveilles disparaissent petit à petit. Seul le soleil reste, obstinément. Et les châtaignes étalent leur tapis sauvage, mais serein.

samedi 11 octobre 2014

Pouvoir au-delà des personnes

Ainsi donc, la Belgique a un nouveau gouvernement depuis ce 11 octobre 2014. Un gouvernement de droite, clairement. Le néo-libéralisme – sauce école de Chicago – va y trouver sa concrétisation avec cette illusion de croire que c’est en offrant aux entreprises la liberté de faire du bénéfice qu’on participera au développement de tous, du moins de tous ceux qui veulent s’épanouir dans une société tournée vers elle-même. À vrai dire, tout aussi clairement, ce gouvernement n’est pas celui que je soutiendrais !

C’est clair, mais je m’étonne quand même de nombreuses réactions de certains de mes « amis » facebookiens. Certains se taisent d’abord : ceux qui ont crié au scandale lorsque les majorités régionales wallonnes et bruxelloises, ainsi qu’à la Communauté française de Belgique, se sont constituées ! Quoi, on osait exclure le Mouvement réformateur, alors même qu’on ne faisait que réunir des partis qui représentaient la majorité des voix ! Ceux qui ont hurlé au scandale trouvent normal, apparemment, qu’un gouvernement fédéral se constitue aujourd'hui quand bien même il ne représente qu’une minorité très minime des électeurs francophones. Bien sûr, il y a une majorité parlementaire, mais celle-ci n’est que flamande. Cela ne semble pas représenter un quelconque problème pour les tenants du libéralisme. Soit.

Je suis aussi étonné de voir la réaction de mes « amis » de gauche qui semblent découvrir qu’un gouvernement de droite a été instauré. Ça ne date quand même pas d’aujourd’hui. Et en soi, c’est le fondement même de la démocratie : celle-ci n’existe vraiment que s’il y a alternance. Sur le plan théorique et conceptuel, le fait d’avoir un gouvernement clairement de droite, excluant les socialistes, est une preuve de la réalité démocratique de notre pays. Là où cela devient comique – du moins si j’ose utiliser ce terme – c’est que mes « amis » FB dénoncent non seulement ce gouvernement odieux de droite, mais aussi le PS et le CdH jugés responsables de cette dérive droitière du fait de leur mauvaise gestion des dimensions sociales et économiques dans le gouvernement précédent. Bref, à les entendre, seul un gouvernement excluant la NV-A, le CD&V, l’Open-VLD, le sp.a, le MR, le PS et le CdH aurait pu bénéficier de leur soutien par les temps qui courent. Un tel gouvernement ne pourrait donc réunir que le Vlaams Belang (?), Groen, Ecolo, PVDA+/PTB-Go et le Parti Populaire (?). Soit 18% des suffrages exprimés. Il y a là une logique qui m’échappe, mais soit.

La démocratie, avec toutes ses imperfections, est un univers délicat, plein de paradoxes. Loin d’être parfait en tout cas. À défaut de mieux, je pense qu’il faut en saisir les chances et les malchances. Je ne suis pas heureux du nouveau gouvernement belge. Je pense qu’il faudra à tout moment dans les années qui viennent être attentif et dénoncer les options prises en défaveur de la population. Je pense aussi qu’il ne sera jamais assez tôt pour le faire. Je soutiens donc toutes les dénonciations qui sont faites dès maintenant. Mais j’estime qu’il faut critiquer les propositions, les idées, les orientations. Pas les personnes. Et là, j’avoue avoir quelques doutes.

samedi 4 octobre 2014

La tonte

FMG©2014

Quelle jouissance de pouvoir tondre un 4 octobre, sous le soleil et sous le regard admiratif de mon petit-fils Alexis supposé faire la sieste, mais se jouant des rideaux pour profiter pleinement du spectacle ! (Il finira quand même par les refermer pour rejoindre les bras de Morphée.)

J’aime tondre. C’est un des rares moments où je parviens – plus ou moins – à déconnecter mon cerveau de tout ce qui le fait carburer en d’autres temps. Les opérations mentales pour tondre ne sont pas d’un haut niveau cognitif – même si le danger est en réalité permanent et qu’il faut y être attentif. Mais finalement, seule compte la ligne. Pour faire en sorte qu’elle soit la plus droite possible. Elle ne l’est jamais totalement. C’est peut-être ça qui suscite la fantaisie de la tâche.

Cela ne vaudrait pas la peine d’en parler en temps normal, mais là, un 4 octobre, ça le fait quand même. (Quoique !). À cette date, il fait théoriquement un peu froid et très humide. Aujourd’hui, il fait chaud et sec. Bien sûr, l’herbe était humide ! Il ne faut pas rêver : dans notre cuvette, l’herbe est humide chaque matin, même en pleine sécheresse estivale. Alors, anticyclone ou non, la fraîcheur nocturne automnale humidifie en profondeur l’herbe de notre prairie. Je n’ose pas dire « pelouse » : elle est trop sauvage pour ça !

Tout ça, simplement pour dire mon plaisir. On ne le dit jamais assez. Ce billet n’a aucune autre ambition. Partager ce plaisir simple. Peut-être en induira-t-il aussi chez quelque hypothétique lecteur !

jeudi 2 octobre 2014

Vive le « dopage »

Un des athlètes les plus prometteurs du sport belge, Thomas Van der Plaetsen, un décathlonien – la discipline ultime – vient donc d’être testé positif à l’hormone HCG (Human Chorionic Gonadotropine) lors d’un contrôle hors compétition.

Il a tout de suite – comme tous les sportifs dans ce cas-là – dit qu’il n’avait rien pris et demandé une nouvelle analyse de l’échantillon B. Ça, c’est pour le sport…

Il est aussi allé consulter son médecin. Une des explications possibles de la présence de cette hormone – outre l’éventuelle volonté d’un effet boostant au niveau de la production de testotérone après une cure d’anabolisants, totalement condamnable – serait l’annonce d’un cancer en formation. C’est apparemment le cas : le décathlonien a expliqué aujourd’hui être atteint d’une tumeur aux testicules ! Il a décidé d’agir rapidement en enlevant la tumeur. Il sera opéré demain, vendredi.

On peut supposer que son dossier médical parviendra à exclure toute velléité de dopage et qu’il pourra reprendre sa carrière dans les plus brefs délais.

Mais finalement, l’important n’est pas là. Ce jeune de 23 ans, sportif accompli, a pu – grâce à ce dépistage d’éventuel dopage – détecter sa tumeur et réagir rapidement. Il est évidemment impossible de savoir ce que serait devenu sa vie sans cet événement. Grâce à lui, les mesures essentielles de santé ont été prises. Bravo !

On peut juste espérer – et on a toutes les raisons de le croire – qu’il ne suivra pas le même chemin qu’un certain Lance Armstrong, lui aussi en son temps victime d’un cancer des testicules !

On n’en est pas là… et on espère surtout revoir rapidement cette rage de se surpasser qui caractérise ce magnifique athlète !

jeudi 25 septembre 2014

Sans façon


Les relations humaines ne sont décidément pas faciles. Pour la deuxième fois de ma vie, je me suis fait « jeter » dernièrement tout simplement parce que je n’avais pas eu l’attitude et/ou le comportement attendus par la personne qui déclarait me faire confiance. Il est possible, dans les deux cas, que je n’aie pas été à la hauteur de la situation et que je me sois comporté comme un goujat. Je n’exclus pas cette possibilité, même si je n’y crois pas trop. Finalement, j’ai simplement été moi-même.

De manière très explicite, dans les deux cas, le seul vrai reproche qui m’était fait était de ne pas avoir été celui qui était espéré. En d’autres mots, on ne me reprochait pas vraiment d’être ce que je suis, mais surtout de ne pas être ce que je ne suis pas. Et qu’on voudrait que je sois ! Il y a là une logique que j’avoue ne pas trop comprendre. Pourquoi devrais-je correspondre à l’image idyllique que l’autre estime bonne pour moi ? Comment peut-on me reprocher de ne pas être le modèle attendu, façonné par l’autre ?

Lorsque je me suis marié, le célébrant qui me connaissait bien a dit à celle qui allait devenir ma femme : « Surtout, n’essaie pas de le changer tel que tu le voudrais. D’autres s’y sont essayé, sans succès ». Plus de trente ans plus tard, je n’ai jamais senti le moindre essai de la part de ma femme de me transformer pour que je corresponde à une image virtuelle qu’elle se serait faite de moi. Elle m’a simplement accepté tel que je suis, tout comme je l’ai acceptée telle qu’elle est. Nous sommes toujours ensemble, heureux de l’être et sans doute plus amoureux aujourd’hui que nous ne l’étions lorsque nous avons décidé ensemble d’aller plus loin. N’est-ce pas là la recette miracle de l’amour qui perdure ?

Bien sûr, il est logique qu’on se détache d’un ami avec lequel on n’aurait plus rien à partager. Ni l’amitié ni l’amour ne sont éternels. Et quand il n’y a plus de partage possible, les liens s’estompent. Si en matière d’amour, cela passe sans doute par des ruptures, est-ce également le cas en ce qui concerne l’amitié ? Est-il nécessaire – comme dans un bac à sable – de dire « Tu n’es plus mon ami ! » ? Ne peut-on pas laisser la relation se déliter par elle-même ? En ne fermant pas toutes les portes à venir. Mais en s’effaçant progressivement, peut-être parce que simplement on ne détient pas nécessairement la vraie vérité de la relation.

À vrai dire, je n’ai pas la réponse à ces questions. Toute relation est complexe. Et la complexité ne peut pas se modéliser dans une apparence artificielle de simplicité. Il n’empêche que je suis convaincu que vouloir que l’autre corresponde exactement à l’image que l’on s’en fait est une démarche aberrante et fondamentalement égocentrique. Si je prends un peu de recul, je me dis que n’avoir été confronté qu’à deux situations de ce style est finalement une chance : il est fort possible que la plupart d’entre nous rencontre bien plus souvent ce type de conception de l’amitié ! Et en subisse les conséquences. Car si celui ou celle qui « jette » l’autre parce qu’il n’est pas le rêve espéré doit certainement en souffrir, imagine-t-il/elle une seule seconde la souffrance de celui qui se fait jeter simplement parce qu’il est ce qu’il est, un être humain, en toute sincérité ?

Si seulement nous pouvions nous accepter, tous et toutes, tels que nous sommes, sans vouloir façonner l’autre à notre image…

mercredi 24 septembre 2014

Pour une poignée de connards

Une nouvelle fois, la planète entière semble entrer en guerre. Il faut tuer, anéantir, montrer qu’on est les plus forts. L’État islamique – Daesh – n’a qu’à bien se tenir : la puissance internationale – sous le leadership des USA ? – a décidé d’exterminer ces djihadistes décérébrés, avec la bénédiction de l’ONU.

Je hais les guerres. Je hais la violence. Comme Salvor Hardin l’a dit, sous la plume d’Isaac Asimov, « La violence est le dernier refuge de l’incompétence ». Utiliser la violence n’est jamais que l’aveu de sa propre faiblesse, de son incapacité d’avoir pu trouver d’autres solutions.

Mais en attendant, que faire ? Que faire d’autre ? Face à ce groupement terroriste qui – tout le monde s’accorde sur ce point – n’est ni un État ni islamique, quelle réponse peut-on vraiment apporter, autre que cette guerre détestable ?

Même la Belgique s’y engage, avec la quasi unanimité politique. Alors que tous les citoyens vont devoir serrer encore un peu plus fort leur ceinture, notre pays – comme d’autres – ne va pas hésiter à dépenser quelques millions d’euros pour faire voler ses F16 et faire éclater quelques bombes laserées de haute technologie. Sans état d’âme. Boum !

Tout ça pourquoi ? Parce qu’une poignée de connards se sentent investis d’une mission pseudo-salvatrice au nom d’un dieu qui n’en demande sans doute pas autant. D’où viennent-ils ? Qu’est-ce qui fait qu’ils émergent comme ça, avec toute leur barbarie ? Il ne fait pas de doute que ceux qui vont essayer de les anéantir – nous – y sont pour quelque chose. Mais ce n’est pas nous qui décidons de leur folie, de leur connerie. Ils doivent l’assumer.

J’ai vraiment envie de vomir. Mais je ne sais plus ce qui me dégoûte le plus. Je déteste la violence hégémonique du monde entier qui écrase tout ce qui ne va pas en son sens. Je déteste sans doute encore plus cette violence aveugle créée par quelques personnes – ils sont quand même quelques milliers – qui décident que pour construire le monde la seule solution est de le détruire.

Tout ça, oui, pour une poignée de connards…

dimanche 7 septembre 2014

Un noyer sauvé par les eaux

FMG©2014

Depuis des années, un noyer occupe une petite place de notre espace. Il ne paie pas de mine ayant dû se développer à l’ombre d’un chêne majestueux, aujourd’hui disparu, et ayant dû affronter depuis quelques temps la poussée intempestive d’épicéas plantés là par un voisin qui apparemment voulait surtout nous boucher la vue.

Depuis que nous sommes ici, je guette chaque année la période des noix, car j’adore les noix fraîches, non seulement pour leur goût mais aussi pour l’impression formelle (et illusoire) de nourrir un peu mon cerveau tout en étant d’une valeur nutritive assez exceptionnelle. Ce ne fut jamais la gloire : les bonnes années, nous avions droit tout au plus à une dizaine de noix annuelles. Pas de quoi s’esbaudir !

Cette année, je ramasse une bonne douzaine de noix… quotidiennes ! Une véritable abondance. Elles sont de plus bien plus grosses que les années précédentes et particulièrement délicieuses. Est-ce dû aux pluies abondantes de ce mois d’août ? Ou à quelque autre phénomène impossible à isoler ? Ou simplement à un cycle qui fait que l’arbre se sent bien cette année pour produire de nombreux fruits ? Allez savoir.

À vrai dire, je ne cherche d’ailleurs pas vraiment à savoir ! Je me contente de ramasser les noix quotidiennes – en étant conscient que je dois en rater plus d’une – et de déguster ce fruit délicieux.

Néanmoins, je m’émerveille de cette productivité quelque peu miraculeuse. Il est peu probable que j’y sois pour quoi que ce soit, mais je ne peux quand même m’empêcher de penser que pendant des années, j’ai continué à y croire. À chaque mois de septembre – en sachant que la saison des noix s’étale de septembre à novembre – je suis allé observer ce que l’arbre produisait. Pour constater la plupart du temps que le récolte était « à la noix », sans aucune valeur ! Mais j’y revenais, chaque année, me disant qu’une saison n’est pas une autre et qu’on peut toujours espérer.

Comme quoi, il suffit parfois dans la vie d’y croire et d’être patient !

jeudi 4 septembre 2014

Le négativisme

Il est troublant de constater – dans la planète internet – combien règne le négativisme. Parmi les millions d’avis qui sont émis ici et là chaque jour, de nombreux sont clairement négatifs, cherchant plus le problème que la solution. On ne devrait sans doute pas s’en étonner dans les nombreux « forums » où chaque quidam peut énoncer sans crainte toute sa frustration. Il est plus étonnant que ce soit aussi – souvent, pas toujours – le cas pour les « faiseurs d’opinion ».

Je ne prendrai qu’un exemple : ce fameux « Ice buckett challenge » qui a marqué cet été 2014. En soi, il faut bien reconnaître que s’il est assez sain de se verser un seau d’eau glacée sur la tête quand il fait chaud (ce qui est théoriquement le cas en été), il est assez futile de le faire même s’il ne fait pas chaud et dans l’unique but de le partager sur Internet en réponse à un quelconque défi. C’est clair que ce n’est pas le sommet de l’intelligence, mais il faut bien avouer que c’est amusant, non seulement pour celui qui accepte de se mouiller – je l’ai fait ! – mais aussi pour ceux qui regardent les dites vidéos dont certaines – pas la mienne – sont vraiment désopilantes. Futile, oui, mais amusant !

Cela n’empêche pas certains de maugréer dans leur petit espace virtuel. Leur premier reproche serait que bien peu de gens contribuent réellement à financer d’une manière ou d’une autre les associations qui s’occupent de la Maladie de Charcot, d’autant plus qu’on aurait soi-disant le choix entre se mouiller ou donner. Personnellement, j’ai toujours entendu qu’on pouvait aussi faire les deux, mais de toute façon, l’important n’est pas là. L’important est que ce défi a de toute façon permis de sensibiliser des millions de personnes ne fut-ce qu’à l’existence de cette maladie particulièrement invasive. Que beaucoup de personnes volontairement aspergées n’aient pas donné le moindre sou pour les associations, c’est vraisemblable. Et alors ? En attendant, la Ligue SLA Belgique a récolté entre le 12 et le 31 août – soit en trois semaines – la somme de 123 000 EUR, alors qu’elle bénéficie d’habitude d’environ 8000 EUR annuels. Faites vos comptes…

Cela n’empêche pas certains de voir le mal là où il n’y a que bien. Il y aurait ainsi une indécence fondamentale à « gaspiller de l’eau » alors qu’il y a certaines régions du monde qui en manquent cruellement. C’est vrai que l’eau est un enjeu essentiel du 21e siècle. Il suffit d’analyser les guerres pour s’en rendre compte. Mais en quoi est-il indécent de se déverser un seau d’eau sur la tête dans une région qui ne manque pas d’eau ? Ce malheureux seau d’eau aurait-il dû être transféré par avion dans un petit sac pour – peut-être – arriver dans des régions souffrant atrocement d’un déficit aquatique ? Finalement, l’indécence ne consiste-t-elle pas à voir de l’indécence là où il n’y en a pas ?

La critique ultime est que ce geste humide ne témoignerait que de la volonté de s’afficher sur Facebook ou autres réseaux virtuels. C’est possible. Mais en quoi cela dénigre-t-il à la fois l’aspect ludique du challenge et son côté social ? On vit dans un monde où l’image – surtout celle qui n’est que virtuelle – occupe une place importante. C’est une réalité, et on peut effectivement regretter cette réalité. Elle est dangereuse et absconde quand des terroristes se mettent en scène pour décapiter d’innocentes victimes. Elle est juste une petite crise d’ego quand de parfaits anonymes ont ainsi l’impression non seulement d’exister, mais aussi d’être utiles.

Quoi qu’on puisse en penser, mon propos ne porte pas tant sur le Ice bucket challenge que sur le besoin apparemment irrépressible qu’ont certains à voir avant tout ce qui ne va pas dans le moindre événement, comme si penser correctement aujourd’hui était surtout d’être négativiste plutôt que créateur de lumière. On me dira – non sans raison – que c’est ce que je suis en train de faire… Il est temps de me taire ! Promis, mon prochain billet sera plus lumineux !

vendredi 29 août 2014

Procréé et plus…


Semaine de reprise professionnelle pour nous. Semaine de vacances pour notre fille. Semaine d’accueil de notre petit-fils, un peu plus d’un an au compteur. Il faut s’organiser, mais au bout du compte : que du bonheur. Pas de chance, il est malade ! Forte fièvre, avec tout ce qui va avec, comme on dit chez nous.

Ce matin, j’étais seul avec lui. Lui qui est un « bébé Duracell », les piles étaient bien plates. Alors qu’il est plein d’énergie en temps normal, là, il avait surtout besoin de calme, de tendresse, de douceur, d’affection.

Quand il s’est blotti contre moi, en montrant clairement que c’était cela qu’il voulait, je l’ai serré avec toute l’affection que je pouvais. Il n’a plus bougé pendant 45 minutes. Je sentais sa chaleur abandonnée, pleinement confiante dans cette tendresse que je lui prodiguais. Quelque part, il était pleinement en moi. J’avoue que je ne savais pas trop quoi faire, mais que d’un autre côté ce moment magique me transcendait au-delà de ce qu’on peut imaginer.

Il est loin le temps où mes enfants se blottissaient contre moi, mais je ne sais pas si j’ai réellement oublié. En tout cas, ce matin, c’était une osmose totale, au-delà ce qu’on peut réellement imaginer.

Sentir un être de vie vous confier pleinement la sienne, en toute connivence, malgré la maladie, c’est un bonheur incommensurable. Comme si on commençait soi-même à exister ! Ce n’est bien sûr qu’une illusion : j’ai déjà vécu tout ça, avec quelle émotion, à travers mes enfants. La chanson Procréés que je publie ci-dessous leur rend hommage ! Mais il faut le reconnaître : la confiance de mon petit-fils m’émeut plus que ce que je ne m’y attendais !

Si le lecteur de musique n'apparaît pas,  cliquez d'abord sur ce lien : la page sera rechargée et le lecteur sera là !
 

Je vous ai procréés

C’est vous qui vous créez

Je vous ai éduqués

C’est vous qui m’indiquez

Le chemin de la vie

Qui fait naître l’envie

D’aller toujours plus loin

Là où tout se rejoint

Toi ma lumière joyeuse

Ma fille mystérieuse

Tu vas là où tu veux

Sans te prendre au sérieux

Derrière ton silence

Ta vie est une danse

Où l’organisation

Côtoie les émotions

Toi mon feu chaleureux

Mon volcan impétueux

Tu ne peux nous cacher

Ta sensibilité

Tous ceux qui te connaissent

Apprécient ta richesse

Même s’il faut la chercher

Dans ton coeur écorché

Toi mon soleil paisible

Mon joueur impassible

Tu décides du temps

Autant que tu l’entends

À chercher ton chemin

Tu le trouveras demain

Sans que soit affectée

Ta serviabilité

François-Marie GERARD - FMG © 2004

vendredi 22 août 2014

Les décisions de notre enfance

Il n’est jamais facile de prendre une décision importante. Tant de facteurs entrent en ligne de compte. Se marier, se démarier, ou entrer en relation – stable ou momentanée – avec l’une ou l’autre. Opter pour tel ou tel métier. Se réorienter professionnellement ou émotionnellement, à l’encontre de ce que les autres, proches, pensent.  Se lancer dans une aventure, professionnelle, sentimentale, sportive. Déménager, au sens propre comme figuré. Décider de ce que sera notre vie.

Mais est-ce bien nous qui décidons ? Et sommes-nous à même de prendre en toute autonomie les décisions que nous sommes supposés prendre ? Une décision n’est-elle pas jamais que la résultante d’une série de facteurs, tant internes qu’externes, qui nous conditionnent ? Sommes-nous véritablement maîtres de nous-mêmes ?

J’entends souvent cette phrase : « Il n’y a pas de hasard ! ». Il n’ y aurait ainsi jamais que des chemins qui se croisent, toujours pour des raisons beaucoup plus importantes et construites qu’on ne le suppose. Chaque chose, chaque rencontre, chaque décision aurait une raison d’être, là-même où elle se trouve, et son existence serait en quelque sorte forcée par on ne sait quel destin, quel mouvement transcendant, quelle inévitabilité.

Ce déterminisme, heureux ou malheureux, est sans doute – dans la plupart des cas – bien présent. La question est dès lors de savoir quelle est sa source. À quel moment les choses se déterminent-elles ? Et se déterminent-elles par elles-mêmes ou ne résultent-elles pas elles-mêmes d’autres choix, d’autres orientations, d’autres visions ?

Ma réponse pourrait paraître surprenante. Cependant, elle me semble éminemment logique. Oui, nos décisions d’adultes sont clairement déterminées. Elles le sont par les décisions que nous avons prises préalablement, au moment où nous ne pouvions être influencés parce que nous jouissions d’une liberté totale. Ce moment, c’est l’enfance. Nos décisions d’adultes ne sont jamais que la résultante des décisions que nous avons prises lorsque nous étions enfants.

C’est enfant que l’on décide d’être ou non quelqu’un qui va suivre les autres, d’être ou non quelqu’un qui va se conformer à ce qu’on attend strictement de lui, de tester ou non des voies nouvelles non conseillées ni recommandées par l’environnement… Toutes ces décisions, l’enfant les fait en connaissance de cause. Il sait très bien – très tôt – que s’il prend une voie non reconnue par son entourage, cela va se retourner contre lui. Mais, si c’est son choix, il va assumer cette décision en voyant bien où cela le mène. Et en en acceptant les conséquences. Quand l’enfant fait une « bêtise », il le sait et il accepte l’éventuelle sanction.

C’est à travers ces différentes micro-décisions que l’enfant se construit et devient petit à petit lui-même, avec son identité propre. Celle-ci sera la sienne jusqu’à la fin de sa vie. La plupart des décisions qu’il prendra par la suite, y compris dans sa vie adulte, ne seront jamais que la résultante des décisions qu’il aura prises quand il était enfant, en absolue liberté, parce qu’à ce moment il prenait la décision qui lui semblait bonne pour lui, sans la filtrer dans une analyse rigoureuse, critique, envahissante et annihilante.

En d’autres mots, nous ne sommes jamais que le produit de ce que nous avons décidé lorsque nous étions enfants. Loin d’être un « être en devenir », juste capable de réaliser ce que les adultes décident pour lui, l’enfant est un « être qui se fait pour la vie », en totale liberté et sous son entière responsabilité. C’est enivrant, non ?

samedi 9 août 2014

Plénitude usurpée


FMG©2014

Le ciel est, par-dessus la mer, si doux, si calme. Un rayon, par-dessus la mer, berce sa lame. Dans cette douceur vespérale, si douce, si prude, un profond sentiment s’installe : la plénitude.

Elle vous prend au fond de votre être. On ne peut rien faire contre elle. La beauté du monde est telle qu’elle s’infiltre dans la moindre parcelle de votre corps, de votre cœur, de votre âme.

Et pourtant ! Comment peut-on se laisser aller à cette zénitude, alors que notre monde vit de guerres un peu partout. Ukraine, Irak, Syrie, Libye, Soudan, Nigéria, Gaza… ? Et d’autres encore. Il faudrait plus que trois petits points !

Qu’est-ce qui justifie ces guerres ? Certains diront « les religions ». Mais celles-ci ne sont-elles pas qu’un prétexte, un moyen – puissant s’il en est – de mobiliser les foules ? En réalité, toutes les guerres – et singulièrement celles de 2014 – ne sont-elles pas économiques ? On est là dans une complexité extrême, dans laquelle il est vain de faire ressortir la vérité parce que, par définition, celle-ci ne peut être que cachée. On peut faire des hypothèses, toujours invérifiables, mais qui toujours aussi deviennent pour beaucoup des convictions profondes.

De ces guerres, c’est un des dégâts collatéraux des plus dévastateurs. Chacun se sent quasi obligé de choisir son camp. Et la haine commence à naître. Dans notre univers virtuel, elle se transforme en guerre des mots, sans beaucoup de retenue. Mais cette haine virtuelle enfante aussi des relents de racisme ou d’ostracisme qui non seulement attisent des feux incendiaires, mais de plus ferment la porte à tout dialogue. Et chacun, sans même le vouloir, finit par être ennemi à détruire, sans état d’âme.

La vie continue au-delà de ces guerres. Heureusement. Mais elle a comme un goût amer, qu’on voudrait pouvoir oublier, mais qu’on ne peut pas. Même si…

Le ciel est, par-dessus la mer, si doux, si calme. Un rayon, par-dessus la mer, berce sa lame. Dans cette douceur vespérale, si douce, si prude, un profond sentiment s’installe : la plénitude.

mardi 5 août 2014

Papyllon

FMG©2014

Mine de rien, être grand-père, ce n’est pas n’importe quoi.

Biologiquement parlant, c’est un peu avoir accompli son rôle de perpétuation de l’espèce. On n’a pas seulement participé à la génération suivante, mais voilà qu’on contribue à une vision plus lointaine, susceptible de participer pleinement au prolongement biologique. En quelque sorte, on a fait ce qu’on devait faire. D’un strict point de vue biologique. (Ce qui ne veut pas dire d’ailleurs que celui qui ne se retrouve pas grand-père n’a pas fait ce qu’il devait faire ! Ne me faites pas dire ce que je ne dis pas !).

Affectivement parlant, c’est plus mystérieux et plus fantastique. La relation avec le petit se construit sur une toute autre base que celle créée entre père et fils/fille. Il y a une liberté en plus, tout en ayant un recul plus important. La responsabilité est de toute évidence différente, même si elle existe tout autant. La différence rejoint la dimension biologique : les grands-parents ne sont pas là pour « nourrir » leur petit-enfant. Ils n’ont justement plus de responsabilité biologique. Leur seule responsabilité est désormais affective : participer, en deuxième ligne, au développement de cette vie en quête d’autonomie. L’enfant ne s’y trompe pas : il découvre dans cette relation une distance bienveillante qui l’aide à progresser.

Je suppose que tout grand-père trouve son petit-fils extraordinaire. C’est mon cas. J’ai rarement vu un enfant aussi souriant, aussi enthousiaste de retrouver quelqu’un qui l’aime, aussi attentif à tout ce qui se passe autour de lui, aussi fin dans les gestes, aussi volontaire quand il s’agit d’obtenir ce qu’il sait qui lui sera donné, aussi confiant dans le vol d’un papyllon. Sans doute suis-je un peu subjectif ! Mais que c’est bon !

jeudi 31 juillet 2014

En berne

Je n’aime pas parler de ce que je ne connais pas. C’est pourquoi jusqu’à présent, je me suis tu, laissant mon cœur pleurer en silence. Mais à un certain moment, sans doute, faut-il arrêter de se taire. Devant l’ignominie de dirigeants israéliens qui détruisent, quasiment avec le sourire, un peuple palestinien qui n’en peut plus.

Le conflit actuel est – officiellement – justifié par l’assassinat de trois jeunes israéliens par le Hamas. On sait aujourd’hui que – plus que vraisemblablement – le Hamas n’est pour rien dans cette triste disparition. On sait aussi que – toujours plus que vraisemblablement – Netanyahu et ses sbires étaient parfaitement au courant de cet élément lorsqu’ils ont commencé à mobiliser l’opinion publique israélienne en faveur d’une nouvelle guerre. Ce n’était de toute évidence qu’un prétexte.

Mais on ne refait pas l’histoire. A fortiori, je ne referai pas l’histoire. Le Hamas est un mouvement qui prône la destruction de l'État d'Israël et l'instauration d'un État islamique palestinien sur toute la terre de l'ancienne Palestine mandataire. Ce ne sont pas des anges, loin de là ! Il faut cependant s’interroger pourquoi un tel mouvement a pu remporter, en 2006, les élections législatives palestiniennes face au Fatah. En soi, cette victoire est déjà l’expression de la souffrance du peuple.

En soi, aussi, les Israéliens se sentent menacés par le Hamas et ont sans doute raison. Mais la solution choisie – exterminer – n’en est pas une. Quand bien même Gaza serait rasée, la coexistence des deux peuples ne serait pas pour autant évidente. La seule voie ne peut être que dans la recherche commune de la paix.

En attendant, qu’on le veuille ou non, ce qui se passe actuellement est un massacre. Il n’y a pas d’autres mots. Ou alors génocide. Ce n’est pas mieux. Un massacre ou un génocide qui ne se justifie d’aucune manière sérieuse. Seule la folie des hommes peut – malheureusement – l'expliquer.

Et aujourd’hui, je ne suis pas fier d’être homme. Tout mon être est en berne.

jeudi 17 juillet 2014

L'écluse


FMG©2014

Naviguer sans écluse serait bien morne. Voguer sur le canal dans une nature luxuriante est bien sûr rempli de charme. Mais à une vitesse d'environ 8 km/h, ce n'est pas vraiment grisant. Arriver à une nouvelle écluse assure l'animation de la journée, surtout quand on en franchit une dizaine par jour. 

Inutile de raconter ici comment cela se passe. C'est à la fois simple et compliqué. Surtout, cela nécessite une bonne coordination des gestes, de l'analyse de la situation. Et une bonne complicité entre le pilote du bateau - le capitaine - et son équipière. On a parfois tâtonné au début, mais maintenant tout fonctionne à merveille.

Au-delà de l'action nécessitée, à chaque écluse, j'admire le concept ! Là aussi, c'est quelque chose de tout simple, mais il fallait y penser. Ce n'est que la stricte application des vases communicants. Mais quelle application magistrale. Et quel travail pour aménager tout un réseau qui permet une navigation fluviale fluide.

Tout à l'heure, nous avons terminé la journée par une double écluse permettant de gérer une différence de niveaux de 4,20 mètres ! Impressionnant !

Et tout ça, la plupart du temps, avec le sourire et la bienveillance de l'éclusier. Il y a bien sûr des éclusiers plus affables que d'autres, tout comme il y a des éclusières plus jolies que d'autres ! Quand on a affaire à une éclusière d'une gentillesse extrême et d'une beauté subjuguante, cela devient un réel plaisir... d'autant plus quand cette éclusière gère à elle seule deux écluses. Quel bonheur de pouvoir lui dire : "A tout de suite !".

mercredi 16 juillet 2014

L'eau

FMG©2014

Rien n'est plus souple au monde et plus faible que l'eau
Mais pour entamer dur et fort rien ne la passe
Rien ne saurait prendre sa place
Que faiblesse prime force
Et faiblesse dureté.

Lao-tseu, VIe-Ve siècles ACN, La voie et sa vertu, chapitre 78

L'eau. Rien de plus banal. Rien de plus insipide. Rien de plus vain. L'eau n'a aucune tenue, aucun goût, aucun sens. Elle va où on la mène, se laisse emporter au gré des reliefs ou des souffles venteux, se laisse même disparaître sous la seule action du soleil. L'eau n'est rien. Rien qu'un fluide passager.

Et pourtant, quelle force. Quelle vivacité. Quelle énergie. Quelle profondeur.

D'abord, l'eau réfléchit. Comme un miroir. Mais le miroir, sauf s'il est déformant, renvoie toujours l'image exacte. L'eau réfléchit, mais en transformant toujours la réalité. Non seulement en fonction du moment, mais surtout en fonction de son humeur. Elle réfléchit toujours, mais on n'est jamais sûr d'y voir la réalité. Plus qu'un photographe, l'eau est avant tout peintre. 

Ensuite, l'eau porte. Depuis des siècles. Elle porte des masses immenses. Des flottes de bois, transbahutées d'une région à une autre. Des flottes de bateaux éparpillés dans le monde, mais qui savent toujours - souvent serait plus correct - où ils vont. Y a-t-il un seul autre élément qui serait à même de porter tant de masses, sans perdre une once de sa réflexion ?

Puis, l'eau construit. Elle trace ses cours là où bien sûr on l'emmène, mais surtout là où elle le veut. Ce serait orgueil de croire que c'est l'homme qui décide. Il le fait parfois quand il creuse un canal et que l'eau accepte de s'y engouffrer. Plus souvent, c'est l'eau qui décide et l'homme qui s'adapte aux volutes aquatiques. L'homme y gagne d'ailleurs. L'eau lui apporte la vie.

L'eau dévaste aussi. Elle n'est pas toujours bienveillante. Elle envahit parfois le monde, montrant inexorablement sa force, imposant sans foi sa volonté, ignorant superbement l'existence de ceux qui s'y frottent. L'eau, si on n'y prend garde, est le plus grand des démons.

Mais l'eau apaise. Elle suit son cours inexorable. Elle défile toujours dans la même direction. Elle regarde le temps passer, sans s'en laisser défier. Elle participe fondamentalement à la vie. Elle rythme la vie. Elle est en permanence la vie.

Billet écrit à Auxerre, les 14 et 15 juillet 2014.
Publié le 16 juillet à Clamecy

lundi 14 juillet 2014

Il pleut

FMG©2014

Il pleut. Et je suis sur un bateau. Quelle absurdité ! Pourquoi faut-il qu'il pleuve alors que je suis déjà entouré d'eau ? Comme si toute cette flotte n'était déjà suffisante en soi, voire même parfois oppressante. Enfin, c'est un grand mot. Mais l'eau est quand même omniprésente quand on est sur un bateau. 

Notez que je ne vais pas me plaindre. Être sur un bateau, je l'ai voulu. Et je ne le regrette pas. Voguer au fil de l'eau, au rythme des écluses. Ne pas devoir (trop) réfléchir pour avancer. Regarder les magnifiques paysages qu'on ne peut voir que depuis la rivière. Profiter du calme, de la lenteur, de la verdure. Tout en n'ayant pas le temps de s'ennuyer : il y a tant à faire, tant à voir, tant à déguster. Simplement le rythme est plus lent et aucune tension ne vient gâter le plaisir. Vraiment, il n'y aurait aucune raison de se plaindre.

Mais voilà, il pleut. Pas tout le temps. En fait même, il pleut moins qu'il ne pleut pas ! Mais quand il pleut, il pleut ! C'est la réflexion philosophique du jour ! J'avoue que j'ai déjà fait mieux. Quoique. J'ai fait pire aussi, mais je ne sais pas si c'est rassurant.

Si vous êtes arrivé(e) à la fin de ce billet, c'est que vous êtes vraiment bienveillant(e) envers moi. Tout comme la pluie. Finalement, si la pluie n'existait pas, je ne pourrais pas en ce moment être sur un bateau ! Et ça, ce serait bien dommage.

Il pleut. Et c'est la vie ! N'empêche, j'espère bien qu'il y aura un peu de soleil dans les jours qui viennent !

Billet écrit le dimanche 13 juillet 2014, à Auxerre (ce qui me permet de terminer par un pénible double jeu de mots : l'eau sert à quoi ? )
Mis en ligne le 14 juillet, toujours à Auxerre, mais sous le soleil

vendredi 4 juillet 2014

Cherchez l'intrus

FMG © 2014

Ces trois panneaux de direction ont été photographiés l’un à la suite de l’autre, sur une distance de 2 km. Ils sont tous les trois situés en Région wallonne, mais ils se rapprochent de plus en plus de la Région flamande où se trouve en réalité le village qu’ils indiquent. Pourtant, parmi eux, il y a un intrus et un seul !

Certains diront que c’est le dernier : comment pourrait-on – selon eux – accepter qu’un panneau écrit en néerlandais soit situé en région francophone du pays ? Personnellement, j’estime que tous les panneaux, partout dans le monde, devraient être écrits dans la langue utilisée officiellement sur le lieu concerné. Il serait ainsi écrit « Paris » partout où on l’indique, « London », « Antwerpen », « Liège »… et donc « Ottenburg ». Cela simplifierait beaucoup de choses pour les touristes et autres voyageurs, sans créer d’inutiles conflits linguistiques.

En attendant, comme ce n’est pas la règle universelle, on a l’habitude – spécialement en Belgique – de traduire le nom d’un lieu dans la langue où se trouve le panneau. Ainsi, « Mons » devient « Bergen » et « Geraardsbergen » devient « Grammont ». « Ottenburg » devient donc « Ottenbourg » ou « Ottembourg ».

Cette dernière orthographe est incorrecte. Elle respecte bien sûr les règles du français : devant un « b », on met un « m ». Mais d’une part, cette règle n’est pas absolue : on écrit bien un « bonbon », parce qu’il est doublement bon ! Et il faudrait écrire « Ottenbourg », parce que c’est le bourg d’Otten. Je ne connais pas celui-ci, mais il a certainement existé. Une recherche sur Google donne 2 150 000 résultats pour « Otten » alors qu’elle n’en donne que 200 000 pour « Ottem ».

Que retenir de tout cela ? D’abord, que cela n’a pas vraiment d’importance : ces trois panneaux permettent d’arriver au bon endroit sans hésitation !

Au-delà de ce constat de bon sens, on peut se dire qu’à trop vouloir bien faire, on ne fait pas trop bien. L’application stricte des règles – du français dans ce cas – conduit à commettre des erreurs. Ce qui compte, c’est la nature des choses, pas l’application des règles. L’esprit plutôt que la lettre.

C’est plus important qu’on ne peut le penser : une personne compétente est – la plupart du temps – une personne qui sait transgresser la règle quand il le faut. Un seul exemple, mais il y en a des tas d’autres : roulant en moto sur la bande de droite d’une autoroute à trois voies, je souhaitais dépasser non seulement la voiture qui était devant moi, mais aussi celle qui était sur la bande centrale. J’enclenche mon clignoteur (mot utilisé en Belgique pour désigner un clignotant) et je commence – non sans regarder dans mon rétroviseur – à me déporter vers la bande de gauche. Sur celle-ci, il y avait une automobile dont je contrôlais le mouvement, sauf que le chauffeur – chauffard – a brusquement ralenti pour se rabattre sur la bande centrale, me coupant la route. La seule solution pour moi fut d’inverser brutalement mon mouvement et de me rabattre sur la bande de droite alors que mon clignoteur indiquait que j’allais vers la gauche et que je n’ai pas eu le temps de regarder ce qu’il y avait dans mon rétroviseur droit. Tout s’est bien terminé, mais de toute évidence, j’ai fait une manœuvre interdite par la loi : aller brusquement vers la droite alors que mon clignoteur indique la gauche ! Si je n’avais pas enfreint la loi, je ne serais sans doute plus là pour vous écrire ce billet ! Ma compétence a été de voir ce qu’il fallait faire de manière impérative, même si c’était interdit.

Au bout du compte, l’important est d’arriver là où on veut où là où on doit. Cela nécessite parfois de prendre quelques libertés avec la loi, avec les règles. Tout le monde peut s’accorder là-dessus, mais la véritable question est de savoir quand on peut le faire. Être compétent, ce n’est pas enfreindre la loi à tout bout de champ. Mais c’est pouvoir identifier les situations dans lesquelles il est préférable, dans l’intérêt collectif, de prendre quelques libertés avec les règles ou la loi.

Pas sûr que Sarkozy ait réellement eu cette compétence, mais ça, c’est une autre histoire !