vendredi 29 août 2008

Comme une simple mouette

FMG © 2008

À la recherche d’une image qui pourrait témoigner des bons moments passés durant ces vacances qui se terminent, j’ai revu de beaux instants et de belles prises. Je revenais cependant toujours à cette mouette surprise à Jones Beach, Long Island, USA.

Cette mouette est tout à fait banale. Une mouette comme une autre, sans éclat, sans particularité. Ce n’est même pas un oiseau extraordinaire. Les mouettes pullulent. Je m’y retrouve bien, un être humain parmi 6 milliards d’autres, sans éclat ni particularité. Juste un être humain.

Dans sa banalité, cette mouette a cependant pris la liberté de s’arrêter là, sur la plage, au bord de l’océan, sous un soleil lumineux. Un moment de calme et de plénitude. Avant de s’envoler vers d’autres horizons, ou simplement vers un bout de plage voisin. En toute simplicité et en toute liberté. Pour le bonheur évident de se poser, sans questions ni soucis.

N’est-ce pas cela les vacances ? Prendre la liberté de s’arrêter, y compris sur la plage, au bord de l’océan, sous un soleil lumineux. De jouir de ces moments de calme et de plénitude. Avant de rejoindre d’autres horizons, ou simplement un bout de terre voisin. En toute simplicité et en toute liberté. Pour le bonheur évident de se poser, sans questions ni soucis.

J’ai vu de belles choses. J’ai rencontré des personnes intéressantes et accueillantes. J’ai caressé le sens profond des mots amitié et amour. J’ai bravé quelques fois mes propres peurs. J’ai goûté à l’ivresse douce et maîtrisée. J’ai posé mes valises dans des chambres bien plus chaleureuses que celles des hôtels que je côtoie périodiquement. J’ai marché pour le plaisir de marcher et de découvrir au rythme de mes pas. J’ai apaisé quelques angoisses, même si je ne les ai pas fait disparaître. J’ai humé l’air de la nonchalance, apercevant quelque peu celui de la liberté.

Comme cette mouette. Aussi banale qu’une goutte d’eau. Comme le sage Lao She l’a écrit, le courage de la goutte d'eau, c'est qu'elle ose tomber dans le désert.

jeudi 28 août 2008

Pour quelle quête ?

D’aucuns me trouveront sans doute ringard. Et je le suis sans doute. On ne se refait pas. Je me pose cependant un certain nombre de questions sur la manière dont les jeunes d’aujourd’hui envisagent le fait de faire la fête.

Évidemment, je n’ignore pas que Socrate, mort il y a 2400 ans, disait déjà : « Les jeunes d'aujourd'hui aiment le luxe, méprisent l'autorité et bavardent au lieu de travailler. Ils ne se lèvent plus lorsqu'un adulte pénètre dans la pièce où ils se trouvent. Ils contredisent leurs parents, plastronnent en société, se hâtent à table d'engloutir les desserts, croisent les jambes et tyrannisent leurs maîtres. Nos jeunes aiment le luxe, ont de mauvaises manières, se moquent de l'autorité et n'ont aucun respect pour l'âge. À notre époque, les enfants sont des tyrans. ». Depuis lors, il s’est toujours trouvé quelqu’un pour trouver que, décidément, les jeunes n’étaient plus ce qu’ils étaient. Avec le temps, on doit donc être tombé bien bas ! Je n’en crois rien. Je suis convaincu qu’il n’y a pas de dégénérescence permanente de la jeunesse. Ça ne m’empêche pas de me poser des questions.

Faut-il pour faire la fête se gaver d’alcool et autres excitants ? Faut-il pour s’amuser ne penser qu’à soi et ignorer qu’un monde nous entoure ? Faut-il pour trouver un peu de joie semer le désordre autour de soi ? Faut-il pour être bienheureux laisser tomber toutes les barrières de l’éducation ?

Ces questions ne sont pas des généralisations. J’ose croire encore que des jeunes peuvent trouver du plaisir simplement à être ensemble, à discuter de tout et de rien, à rire d’une bonne histoire, à lâcher quelques bonnes vannes… Mais j’ai néanmoins quelques doutes. La société n’a sans doute jamais que la jeunesse qu’elle mérite. Et ce n’est sans doute pas sur cette dernière qu’il faut jeter l’opprobre, mais plutôt sur la première. Si ce n’est que cela ne fait pas nécessairement avancer le schmilblick !

N’empêche, cela reste pour moi un grand mystère. Pour quelle quête les jeunes font-ils la fête de cette manière ? Mais ma question est sans doute elle-même tout à fait vaine, aussi vaine que leur fête.

mardi 26 août 2008

Les coups de la vie

FMG © 2008

Une image de pleine sérénité, dans une période de coups de la vie. Ils pleuvent, et il faut le reconnaître, mais il faut voir aussi le chemin. Celui-ci continue, même si on n’en voit ni l’origine ni l’aboutissement. Aller plus loin…


Avant d'écouter "Les coups de la vie", arrêtez le lecteur à droite.

Le coût de la vie n’a plus beaucoup de sens
Quand les coups de la vie enlèvent toute essence
Au goût de la vie qui en perd tous ses sens
Pour un dégoût de la vie sans aucune innocence

On a beau se dire
Que demain sera mieux
Qu’il y aura du plaisir
Qui fera des envieux
On se sent si petit
Si près du précipice
Qu’on a beau avoir envie
On ne vit que le supplice

Quand la bêtise humaine
Détruit nos illusions
Ne nous laisse que la peine
D’avoir cru aux émotions
Il n’y a plus de force
Les ressorts sont coupés
Ne reste que l’écorce
D’un tronc évidé

Aucune meurtrissure
Ne laisse autant de traces
Que toutes ces blessures
Qui dévastent nos cuirasses
On est bien peu de choses
Juste un souffle qui passe
Sans jouir d’une pause
Pour soigner nos carcasses

François-Marie GERARD - FMG © 2004

vendredi 22 août 2008

MoMA

Photos : FMG © 2008

Le Musée d’Art Moderne de New York – le MoMA – est un détour indispensable. Une journée ne suffirait pas à découvrir toutes les œuvres réunies ici. Nous n’avons fait qu’un tour rapide des peintures et sculptures de Boccioni, Brancusi, Calder, Dali, Ernst, Giacometti, Magritte, Matisse, Miró, Monet, Moore, Newman, Picasso, Pollock, Van Gogh, Warhol (pour n’en citer que quelques-uns). Et c’est un enchantement permanent.

À New York, on prend vite l’habitude de vivre la tête en l’air, tant l’architecture locale est orientée vers le haut ! Alors, entrant dans le MoMA, je n’ai pas changé mes habitudes et ce fut aussi un enchantement. L’architecture est un art que je connais peu. Il me séduit surtout quand la lumière devient un élément structurant l’espace pour créer un univers mouvant et évolutif. À cet égard, l’architecture du Musée, œuvre de l’architecte Yoshio Taniguchi, m’a bouleversé. Ce ne sont que des lignes droites, des ouvertures rectangulaires et de la couleur blanche. Bref, la banalité même. Mais quelle banalité !

L’ombre crée la profondeur. Les personnes qui visitent le musée deviennent eux-mêmes des éléments de l’espace, comme autant de sculptures de vie.

Le ciel est suspendu et tendu de passages d’univers à univers. Ceux-ci s’ouvrent aux autres par l’intermédiaire de vastes baies, fruits défendus.

La lumière vive du soleil pénètre le monde dans un mouvement ascendant, telle une échelle menant au paradis.

Cette lumière constitue un chemin vers la simplicité, vers la pureté du trait. Elle rencontre la lumière artificielle limitée à quelques étoiles brillant ci et là.

Et lorsque la lumière blanche se laisse voir dans l’ouverture du mur, elle rivalise avec l’écran cathodique pour créer à son tour une œuvre dont la beauté n’a rien à envier à la ligne limpide de la modernité si présente dans ce temple de vie.

mercredi 20 août 2008

Il fallait bien…

FMG © 2008

Il fallait bien qu’ils s’installent quelque part. Alors, pourquoi pas dans ces montagnes, près de ces chutes d’eau dont le rythme berce le mouvement de la vie ? C’était il y a très longtemps. Des milliers d’années. Ils venaient d’Inde, lorsque les terres communiquaient encore entre elles. Ils ont vécu des années, des siècles, des millénaires dans ces contrées et y ont fait vivre une culture unique, en lien étroit avec la nature, dans ces terres immenses et riches.

C’était le peuple des Lenni-Lenapes, les « hommes vrais ». Au début du 16e siècle, d’autres immigrants sont arrivés. Venus d’Europe en bateaux, ils ont eux aussi découvert ces terres merveilleuses, cette nature sauvage mais remplie de promesses. À leur tour, ils se sont installés.

Les Lenni-Lenapes et les Européens se sont bien sûr vite rencontrés. Non sans problèmes. Les Lenni-Lenapes se sentaient assez logiquement chez eux et les Européens pensaient que ces nouvelles terres étaient les leurs. Il y eut de nombreux heurts. Sans doute aussi de nombreux massacres. Ce n’est que vers la fin du 17e siècle qu’un premier traité de paix fut signé. Mais son existence ne fut pas très longue. Il y eut de nouveaux massacres.

Aujourd’hui, il ne reste plus grand chose des Lenni-Lenapes. Par ci par là, on trouve des expositions consacrées aux « Native American ». Il y en a une à Bushkill Falls, dans ces montagnes, près de ces chutes d’eau dont le rythme berce le mouvement de la vie. L’exposition n’est bien sûr pas ce qu’il y a de mieux à voir dans ce site assez extraordinaire. Les chutes d’eau et la forêt sont les véritables centres d’intérêt. N’empêche, l’exposition est là pour témoigner qu’ici, il y a très longtemps, il y avait des habitants venus de très loin et qui avaient développé une culture unique, en lien étroit avec la nature.

C’étaient les Lenni-Lenapes, les « hommes vrais ».

Martin & Co • Est. 1833

FMG © 2008

Tout guitariste rêve de jouer un jour sur une Martin. C’est un peu la Rolls de la guitare folk. À Bethlehem, j’avais eu ce plaisir, même si la guitare n’était pas tout à fait bien réglée et si ses cordes étaient un peu usées. Voyant que ça me plaisait, Annie me dit que je devrais aller visiter la fabrique de guitares Martin, à Nazareth, à une petite demi-heure ! Je n’ai évidemment pas hésité longtemps.

Dans ma tête, toujours bien naïve, j’imagine qu’une guitare est construite par un artisan luthier, peaufinant patiemment l’objet tant convoité. Quelle ne fut donc pas ma surprise… à la hauteur de mon émerveillement.

Martin est une véritable usine à guitares. Celles-ci sont construites à la chaîne, en ce sens que chaque ouvrier a sa spécialité dans le processus de construction. Il y a d’ailleurs des parties du processus qui sont entièrement automatisées, avec des machines performantes. Mais c’est aussi un véritable travail d’artisan, comme cette ouvrière qui rase délicatement la bande de plastique pour faire une belle garniture. Un travail d’orfèvre, sans doute inutile pour la qualité musicale de l’instrument, mais indispensable pour sa beauté, sa finition et sa perfection.

Des guitares – ou plutôt des morceaux de guitare – on en voit partout durant la visite de l’usine. Des centaines de morceaux de guitare. C’est merveilleux. Vraiment très intéressant, même si je n’ai pas compris grand chose aux explications de la guide.

Et lorsque la visite (gratuite) se termine, le bonheur parfait se profile : une douzaine de guitares, toutes parfaitement réglées, sont là, à la disposition de ceux qui osent toucher à ces bijoux. Rien qu’à avoir un tel instrument entre les doigts, on se sent gagner quelques talents. Pour savoir jouer un peu convenablement de la guitare, il faut beaucoup travailler, beaucoup souffrir, beaucoup recommencer toujours et toujours les mêmes mouvements. Après des heures de travail, on arrive à faire quelque chose qui ressemble à de la musique. Voilà qu’il suffit de jouer sur une Martin pour que cela semble de la belle musique. Quelle incroyable sensation !

lundi 18 août 2008

Amish, qui es-tu ?

FMG © 2008

Inévitablement, on entre dans un autre monde. Un monde de calme, au rythme des carrioles et autres buggys. Bien sûr, il y a des voitures et des motos un peu partout. Celles des touristes, mais aussi des autres habitants. Ils ne sont pas les seuls à vivre là. Mais quand même, quand on arrive dans la région des amishs, le temps s’immobilise un peu.

On se demande pourquoi d’ailleurs. Ils veulent suivre la Bible au plus près. Très bien. Cela les amène à rejeter certaines choses qu’on nomme généralement progrès. Très bien. Mais ils ne se sont cependant pas arrêtés à l’époque du Christ. Leurs carrioles à suspension témoignent d’un autre présent. D’accord, ils n’utilisent pas de moteur ni d’électricité, mais ils ne vivent quand même pas comme il y a 2000 ans.

Nous avons d’ailleurs rencontré aussi des amishs bien installés dans une jeep au moteur vrombissant. Nous avons aussi vu passer un buggy dont s’échappaient des notes de musique qui semblaient bien actuelles. Y a pas de raison d’ailleurs qu’il en soit autrement. Et c’est très bien ainsi.

N’empêche, on est un peu dans un autre monde. Plus calme. Plus serein. Plus convivial. Ils n’aiment pas trop être photographiés, et on comprend ça. Mais ils disent toujours bonjour à ceux qui les photographient.

Ils sont différents, certes. Ou plutôt non conformistes. Mais ce sont des hommes et des femmes, comme vous et moi. Ils ont trouvé le moyen pour ne pas trop se poser de questions, pour ne pas s’encombrer l’esprit de soucis inutiles. J’en finirais par les envier.

Mais c’est serein que je suis reparti, vers ma vie d’homme du 21e siècle. Finalement, comme le chante Jacques Ivan Duchesne, on vient d’où on vient, on est qui on est, et on va… boire 2 ou 3 bons coups et discuter de tout ça…

dimanche 17 août 2008

Les livres universels

FMG © 2008

« La véritable Université de nos jours, est une collection de livres. ». Lorsque Thomas Carlyle a écrit cela, les ordinateurs n’existaient pas encore. Sans doute, aujourd’hui, serait-il plus correct de penser que la véritable Université de nos jours est une connexion internet !

Les livres restent cependant des trésors inestimables. La bibliothèque de l’Université de Lehigh (Bethlehem, USA), construite en 1887, est là pour nous le rappeler. Je n’étais plus entré depuis longtemps dans une bibliothèque universitaire. Ou du moins pas avec une telle majestuosité. Quand on pénètre dans ce sanctuaire du savoir, on est directement pris par la force des livres. C’est un phénomène exceptionnel. Les livres ont un pouvoir sacré. Rien que par le fait d’exister. Par la réalité de contenir tous ces mots. Ce ne sont que des lettres dessinées et imprimées, mais elles constituent toute la richesse du monde.

Que serions-nous sans les livres ? Quels qu’ils soient. Du roman policier à l’encyclopédie scientifique, du livre de recettes au manuel scolaire, de la bande dessinée au recueil de poésie. Il n’y a pas de livre inutile. Certains sont certes moins passionnants, d’autres moins instructifs. Mais ils ont tous leur raison d’être et donnent à la vie une profondeur inédite.

Il m’est sans doute déjà arrivé de jeter un livre. Il y en a trop. Enfin, c’est une manière de parler (ou plutôt d’écrire). Il n’y aura sans doute jamais assez de livres. Mais on en recueille tellement de gauche à droite qu’on ne sait parfois plus trop qu’en faire. J’ai cependant plutôt tendance à les garder. Même s’ils ne me servent plus à rien.

Enfin bref, je voulais seulement dire que pénétrer dans un temple de lecture est une expérience extraordinaire. Même quand ce sont les marchands qui gèrent le temple (ce qui n’est certainement pas le cas à Lehigh).

Cela dit, n’en déplaise à qui en prendra ombrage, je suis assez d’accord avec Prévert :
J’aime mieux
tes lèvres
que mes livres.

vendredi 15 août 2008

Comment bêtement économiser ses sous…

FMG © 2008

Difficile de se déplacer aux États-Unis sans avoir de voiture. Soucieux d’avoir un minimum d’autonomie dans nos déplacements, nous avons décidé de louer une voiture pour quelques jours. Afin de ne pas être pris au dépourvu, nous nous sommes rendus chez un loueur de voitures pour réserver un véhicule. Nos besoins ne sont pas très ambitieux et nous avons juste demandé une « petite voiture ». Le seul luxe que nous souhaitions était de disposer d’un GPS nous permettant de nous y retrouver dans toutes ces routes qui – pour être très bien signalées – n’en sont pas moins toutes semblables les unes aux autres. J’avais bien souri, lors de cette réservation, quand le préposé nous demanda de sortir pour voir le véhicule qu’on aurait… Il ne voulait rien nous montrer du tout, mais seulement nous dire « en cachette » qu’il nous faisait un prix spécial. Oubliant de nous dire qu’il ne nous faisait en réalité qu’un peu de cinéma commercial : faire croire au client qu’on lui fait une réduction non officielle est toujours bon à prendre, mais un peu grossier quand même.

Enfin, nous avions bien réservé le véhicule et c’est donc en toute confiance que nous sommes retournés trois jours plus tard chez le loueur. Le gars nous avait bien dit de le demander, mais il ne travaillait pas ce jour-là. Comme s’il ne le savait pas trois jours plus tôt ! Enfin, pas de problème, on avait le choix du jeune vendeur bon chic bon genre. Très rapidement, nous avons compris qu’il recommençait toute la démarche à zéro ! Qu’importe après tout. Il nous propose une voiture qui de loin semblait très bien. Nous allons la voir de plus près. Globalement, elle semblait toujours très bien, si ce n’est qu’elle n’avait pas de plaque à l’avant. Ce n’est pas obligatoire dans tous les États américains, mais ce l’est dans celui de New York. La plaque était derrière le pare-brise. Pour moi, pas de problème… mais ma chère sœur voyait les choses d’un autre œil. Enfin bref, elle s’en étonne quand même. Nous apprenons alors qu’il y a bien un GPS chez le loueur, mais… qu’il ne fonctionne pas. En avez-vous vraiment besoin ? Ben oui ! Ah, alors, on va en faire venir un… ça va prendre 10 minutes ! Penses-tu… plus d’une demi-heure plus tard, on attendait encore.

Nous en avions profité pour faire comprendre que décidément, une voiture sans plaque avant, cela ne la faisait pas. « Nous pouvons vous suggérer une autre voiture… mais elle est toute neuve. ». Et plus chic. Nous n’avons pas trop hésité et on a « accepté » la nouvelle.

Tant qu’on y était, ma tendre sœur a – avec raison – continué à exprimer notre mécontentement pour cette attente inexcusable. Le vendeur ne savait plus trop où se mettre. C’était le bon moment pour suggérer que le GPS pouvait peut-être être fourni gratuitement. Après tout, cela semblait la moindre des choses. Le vendeur a sauté sur l’occasion pour se racheter une bonne figure… et nous en avons fait autant pour faire quelque économie !

Bref, nous sommes repartis avec une meilleure voiture et – en cadeau – avec un GPS en excellent état. Tout est bien qui finit bien. Mais on peut quand même s’étonner que cette compagnie n’ait pas trop pris au sérieux notre commande de voiture de location. C’est vrai qu’on aurait pu faire des réservations dans 10 firmes différentes et choisir au bout du compte la moins chère. J’imagine que c’est ce que beaucoup de gens font. Mais ma sœur est une habituée… alors, pourquoi irions-nous ailleurs ? Et même si c’était le cas, n’aurait-il pas été intelligent de la part du loueur de quand même préparer une voiture en bon état avec le GPS commandé ? Qu’avaient-ils à gagner à ne rien faire de notre réservation ? Ils y ont perdu au bout du compte. Qu’importe… pour une fois, c’est nous qui avons économisé quelques sous !

jeudi 14 août 2008

Storm King Art Center : quelle beauté !

Sol Lewitt • Five Modular Units, 1971 • Photo : FMG © 2008

Le Storm King Art Center est un musée en plein air, à une centaine de kilomètres au nord de New York. Il célèbre de manière magistrale le rapport entre la sculpture et la nature. Des pelouses à perte de vue et des bois aménagés en parc fournissent un cadre de rêve pour des sculptures d’art contemporain imaginées par des artistes internationalement renommés. L'espace est défini par le ciel et la terre. Non encombré de murs, il se crée dans un écoulement subtile ponctué par les sculptures modernes. Les œuvres sont entourées par les profils onduleux des montagnes de l’Hudson qui donnent une dimension dramatique à la découverte plastique. Par la lumière éblouissante, les sculptures vivent au-delà du temps.

Un lieu à découvrir, à parcourir et à vivre.

Kenneth Snelson • Free Ride Home, 1974 • Photo : FMG © 2008

Roy Lichtenstein • Mermaid, 1944 • Photo : FMG © 2008

Menashe Kadishman • Suspended, 1977 • Photo : FMG © 2008

Mark Di Suvero • Mon père, mon père, 1973-75 • Photo : FMG © 2008

Alexander Calder • Five Swords, 1976 • Photo : FMG © 2008

mercredi 13 août 2008

Heureuse verdure

FMG © 2008

New York est – c’est le moins qu’on puisse dire – une ville trépidante, gigantesque, démesurée, bruyante, époustouflante. Comme beaucoup d’autres grandes villes (je pense par exemple à Paris ou à Bruxelles), New York connaît son havre de paix : Central Park.

Il faut s’y promener pour comprendre combien ce lieu est important. Situé au cœur de la ville, il lui offre cette douceur indispensable, cette verdure lumineuse, cette vérité onirique. Chacun y trouve ce qu’il cherche : du calme, de la vie, de l’art, du sport, de la musique, du soleil, de l’histoire, de l’eau, de l’amour, sans oublier les hot-dogs et autres bretzels…

Il faut s’y arrêter pour sentir la vie dans toute sa simplicité. Je me souviens de ma première visite à Big Apple, il y a bientôt 30 ans : je n’avais pas été trop surpris par les immeubles après les avoir tant vus en photo, à la télévision ou au cinéma. Mais, en toute naïveté, j’avais été étonné de constater qu’au bas de ces tours vivaient aussi des personnes, que c’étaient même ces personnes qui étaient la véritable attraction de NYC. S’arrêter dans Central Park et observer les personnes qui y prennent du bon temps, c’est se rendre compte que ces personnes sont comme vous et moi. Elles aiment la douceur de vivre, elles profitent de la fraîcheur subtile, elles rient de la pureté furtive, elles soupirent d’aise ou de fatigue, elles rêvent de nuits câlines ou d’aurores sereines, elles transpirent sous l’effort, elles sourient à l’enfant qui s’anime, elles hument la profondeur de l’air, elles caressent la douceur de l’herbe, elles se parlent et se regardent dans la discrétion d’une rencontre singulière ou dans la joyeuseté d’une compagnie plurielle… Comme vous et moi.

Ces moments de quiétude donnent à la vie un goût de plénitude candide et de nitescence diaphane.

lundi 11 août 2008

Baseball : le sport de base

FMG © 2008

J’aurais dû aller à Pékin. Il semble que par là, il y ait actuellement pas mal de sport avec un minimum de suspens. Mais voilà, j’ai été à New York. J’en suis bien content, mais en matière de sport, j’ai été à un match de baseball. Les Mets de New York contre les Marlins de Floride. Les Mets ont lamentablement perdu.

C’était la première fois que j’assistais à un match de baseball. Dans ma jeunesse, j’avais bien joué à la version adaptée par les mouvements de jeunesse, mais voir un match, c’est autre chose. C’est en fait assez ennuyeux. Il ne se passe pas grand chose. Du moins dans le match que j’ai vu, je ne voudrais pas généraliser ! Le lanceur lance la balle, parfois dans la bonne zone. Avec un peu de chance, le batteur parvient à la relancer. Il arrive qu’elle parte alors dans les airs et ne soit pas rattrapée directement. Dans ce cas, celui qui a frappé peut courir un peu et – avec un peu de chance – atteindre l’une ou l’autre base. Bref, rien de bien exaltant. Du moins pour un européen.

En réalité, ce n’est pas là qu’est l’important. C’est justement cette lenteur de base qui fait du baseball un sport de base pour les Américains. S’ils sont des milliers à se réunir 160 fois par an dans ces gigantesques stades, ce n’est pas tant pour le sport que pour le fait d’être là, de se réunir et de passer un bon temps à discuter, à manger, à boire. Parfois, cela s’anime un peu grâce au match, mais même si ça ne s’anime pas, on aura tous fini par passer un bon moment.

Moi aussi. Je n’ai pas eu de chance, parce qu’hier, ce sont les Mets qui ont perdu et qui n’ont rien montré d’extraordinaire, sans doute par la faute du lanceur (si j’ai bien compris, c’est toujours lui qu’on accuse dans ces cas-là). L’ambiance populaire n’était donc pas au zénith. Mais j’avoue avoir passé un bon moment. Il faisait beau, malgré quelques petites gouttes. Les gens étaient heureux et moi aussi. La bière était bonne. Les hot-dogs aussi. Mes compagnons de base aussi. C’était une bonne après-midi. Une après-midi de base.

mardi 5 août 2008

Boules et liens

FMG © 2008

La vie est un ensemble de boules. Elles ont toutes leur spécificité, leur unité, mais aussi leur complexité. Un des enjeux les plus éblouissants est de relier ces boules de vie. C’est là que certaines vies vacillent. Incapables de garder un contact harmonieux entre les différents univers qui les composent.

Ces boules de vie peuvent se situer à différents niveaux. Elles peuvent être les différents espaces où on se meut : la vie familiale, la vie professionnelle, la vie des loisirs, la vie des passions, la vie quotidienne… Elles peuvent être les différentes composantes de notre chemin : les sentiments, l’esprit, le corps… Elles peuvent être les différentes relations qui nous donnent du sens : les amis – virtuels ou réels -, les rencontres occasionnelles, la famille proche, les muses… Elles peuvent être parfois des mondes clos, enfermés sur eux-mêmes : une vie secrète où l’on est un autre, une relation amoureuse cachée, un dédoublement, même fortuit, de personnalité…

Donner du sens à sa vie est sans doute arriver à créer un tout cohérent et à nourrir celui-ci. Ce n’est pas évident. C’est souvent du bricolage ! Mais il suffit de peu de choses pour arriver à une réalité épanouissante. Visitant l’Atomium, ébloui par la prouesse technique, j’ai été impressionné par un petit film retraçant la construction de l’édifice. Voir ces ouvriers de 1958 pousser du pied les pièces pour qu’elles viennent s’emmancher, constater que tous ces boulons furent serrés à la main, observer ce qui aujourd’hui semble relever plutôt de l’amateurisme… et savoir que 50 ans plus tard, l’édifice est toujours là, superbe depuis sa rénovation, véritable défi à l’imagination et à l’apesanteur.

La vie est ainsi faite. On relie les boules. On tisse les liens. Parfois avec beaucoup d’amateurisme. On n’a pas vraiment été formé pour le faire. Mais au bout du compte, on arrive à cette invraisemblable force de vie, à cette incroyable lumière. Quelle merveille !

Ce billet est le deux-centième de ce blog. Celui-ci tourne autour de quatre boules composée chacune désormais de 50 pièces. Finalement, dans tout ça, l’important est sans doute ce qui relie tous ces billets. Ces liens ne sont pas écrits ici. Ils se construisent au jour le jour. Pas toujours facilement, mais patiemment. Ces boules et ces liens me construisent. Ils sont ma vie.

dimanche 3 août 2008

Fontaine de vie

FMG © 2008

Les fontaines m’impressionnent souvent. Leur simplicité est désarmante : juste un petit jet d’eau qui s’écoule ensuite en toute liberté contrôlée.

Le spectacle d’une chute d’eau naturelle, depuis celle d’un petit ruisseau perdu dans les bois jusqu’aux chutes de Niagara ou autre monstre aqueux, est passionnant. C’est une force invisible et continue qui pousse cette eau à jaillir et à tomber inévitablement pour continuer son chemin libidineux.

Une fontaine est un tout autre univers. Un produit de l’esprit. Pensé et construit. Vérifié pour que l’eau s’écoule comme elle le doit, sans s’échapper, en créant le mouvement désiré.

Il est des fontaines très complexes, où le baroque détourne parfois le regard du vrai sens de l’eau. Il en est de plus simples, qui m’émeuvent beaucoup plus. Telle celle-ci, logée sur la Place de Ninove à Bruxelles, apparue au fil d’un circuit pédestre fait de façades à BD.

Rien de spécial, juste un coup de cœur. Une fontaine de vie.