vendredi 25 mars 2016

Western du Nord en direct

Je voulais juste regarder une course cycliste (E3 Harelbeke). Je savais aussi que j’allais pouvoir zapper sur les auditions des ministres qui allaient – sans conviction – essayer de minimiser leur responsabilité dans les errements de la gestion de la crise terroriste. Et voilà que je suis tombé sur les images d’un homme à terre, blessé et arrêté, quasi en direct. Comme dans un mauvais western.

Je me suis senti retomber en enfance. Au temps où nous allions voir en famille les films de John Wayne, au Molière, le cinéma de quartier. Nous n’avions pas la télévision et ces films étaient ce qui nous permettait de voir autre chose, de découvrir qu’il y avait une autre réalité dans le monde que notre petite rue qui était notre terrain de jeu. Nous savions bien que c’était du cinéma, que ça se passait ailleurs et dans un autre temps. Nous savions aussi que c’étaient les bons qui gagneraient. Mais c’était l’action, la vie, l’explosion !

Je n’aurais jamais imaginé que j’aurais pu vivre quelque chose du genre en direct. Pourtant, c’est le cas. Je ne m’en réjouis pas. Les attentats de Zaventem et de Maelbeek, c’est à côté. C’était hier. L’arrestation d’un suspect, c’est encore plus près et en direct. Vivre cela ravive un peu les émotions d’enfance lors de ces westerns improbables. Sauf qu’on n’est plus dans un simple divertissement et qu’on ne sait pas qui gagnera…

Mais je l’avoue, si je voulais regarder la course cycliste (qui était encore bien loin de l’arrivée), je me suis arrêté sur cette actualité sinistre. Voyeurisme déplacé ? Peut-être. Surtout l’envie de savoir comment cela évolue. Nous vivons dans une société où tout doit se vivre en direct. Pourquoi ? Avec quels avantages ? Quelles conséquences ? Quelles ouvertures ? Je n’en sais trop rien.

Je resterai – sans doute encore longtemps – avec mes interrogations. Dans moins d’une heure, je saurai qui aura gagné la course (pleine de suspens). Mais je ne saurai pas quand se finiront ces atrocités terroristes, ni encore moins qui gagnera au bout du compte. Comme j’aimerais que ce ne soit qu’un film qui se termine après une heure et demie par la victoire des bons. La vie est bien plus compliquée que ça. Pourquoi ?

mercredi 23 mars 2016

Garde ton insouciance, malgré tout


Mon petit-fils Alexis, 2 ans et demi, fait sa sieste à 5 mètres de l’endroit où j’écris ce message. Il est paisible, toujours souriant. Pour lui, l’avenir se résume à peu de choses : sa maman viendra le rechercher en fin d’après-midi ; plus loin peut-être sent-il de plus en plus qu’il aura – dans un peu plus d’un mois – une petite sœur. Ce matin, à l’école, il a bricolé autour d’œufs et de lapins. Il s’est aussi marré, lors de son repas de midi, avec son oncle Jérôme. La vie, dans toute sa simplicité, sa beauté, son insouciance.

Hier, plus de trente personnes sont mortes, à quelques kilomètres d’où se trouvait Alexis. Grâce à la qualité de ses éducatrices et de ses parents, je suis sûr que ces attentats sont passés au-dessus de sa tête. Peut-être aura-t-il perçu un frémissement. Mais sa vie insouciante n’aura pas été bouleversée pour autant. Et c’est tant mieux.

Mais demain ? Et après-demain ? Quel monde sommes-nous en train de préparer pour nos enfants et nos petits-enfants ? S’il n’y avait que cette violence absurde et (de moins en moins) ponctuelle, on pourrait ne pas trop s’en inquiéter. Mais il y a tout le reste. Cette manière de gérer notre Terre sans trop s’occuper de tout ce qui la détruit. Cette manière de s’enfermer sur soi-même sans trop s’occuper de tous les autres humains, pareils à nous-mêmes, qui cherchent désespérément un endroit pour vivre sereinement. Cette manière de juger péremptoirement et violemment des communautés qui ne rêvent – comme nous – que de paix constructive, d’amour simple et de respect mutuel. Cette manière de croire qu’on détient la vérité, alors que la seule certitude est qu’on ne sait rien.

Hier matin, lorsque j’ai découvert l’horreur, mon corps fut pris de révulsions, dans tous les sens du terme. J’avais vraiment besoin de me vider de cette barbarie insoutenable. Ce devait être un jour bienheureux, différent des autres. Mon frère Bernard fêtait ses 65 ans, ce n’est pas n’importe quoi. Nous retrouvions le soir nos amis pour assister à une pièce de théâtre plaisante, sans être extraordinaire. De petits bonheurs qui faisaient que ce n’était pas un jour comme les autres. Par la faute de deux ou trois déshumanisés, il fut transformé en vide absolu.

Qu’on ne s’y trompe pas : ces déshumanisés ne se sont pas faits tout seuls. C’est notre fonctionnement sociétal qui les a construits. Nous sommes tous responsables. Croire le contraire serait vain.

Je ne crois pas trop au hasard. Hier, la pièce de théâtre – Belles de nuit – mettait en scène la rencontre entre une prostituée au grand cœur et un clandestin argentin. C’est du moins ce qui est présenté dans les programmes. Mais la pièce parle finalement surtout du souteneur. Dont la vie d’enfant a été bousillée. Lorsqu’il se rend compte, à la fin, que son « objet sexuel et financier » le quitte pour une vraie vie de femme, il prend son téléphone et dit le dernier mot de la pièce : « Papa ? ».

Si tous les terroristes du monde pouvaient dire – avant d’agir, mais avec le même espoir – ce mot « Papa ? », je crois qu’on n’en serait pas là aujourd’hui et qu’on pourrait – ensemble – construire un autre monde pour nos enfants et nos petits-enfants.

Alexis, je t’aime ! Garde ton insouciance, malgré tout.

mardi 15 mars 2016

Trivia Crack

Trivia Crack est un jeu disponible notamment sur Facebook. Inspiré de Trivial Pursuit, il consiste à répondre à des questions réparties en 6 catégories : divertissement, art, sport, histoire, sciences, géographie. Le premier qui remporte un duel dans chacune de ces catégories gagne la partie. J’avoue : j’aime bien ce genre de jeux basé sur les « connaissances générales » et je gagne plus souvent que je ne perds. Mais en plus, j’ai trouvé la faille !

La faille qui permet de gagner à tous les coups, sauf peut-être contre un adversaire qui utiliserait la même technique. J’ai découvert cette faille un peu par hasard. Quand on rate une question, il faut cliquer sur un bouton « Continuer », ce qui permettra au joueur adverse de jouer à son tour.

Un jour, j’ai oublié de cliquer sur ce bouton « Continuer ». Après avoir quitté mon navigateur, je m’en suis rendu compte et je me suis rappelé que mon adversaire ne pourrait rejouer à son tour que si je cliquais sur ce foutu bouton. Bref, j’ai relancé mon navigateur et le jeu. À l’écran, c’était comme si je n’avais pas joué. Donc, j’ai fait comme si. Et le jeu m’a reproposé la même question avec les 4 mêmes propositions, dans le même ordre. Comme j’avais vu la bonne réponse au moment où je m’étais trompé, il me suffisait de cliquer sur celle-ci pour pouvoir continuer la partie. J’ai réessayé plusieurs fois : ça marche à tous les coups. Quand on se trompe, il suffit de ne pas cliquer sur « Continuer », de quitter le navigateur et de le relancer…

Rassurez-vous : je n’utilise pas vraiment cette découverte pour gagner des parties. J’ai d’ailleurs trop peu d’adversaires pour ça et je ne vois pas très bien ce que cela m’apporterait. Oui, j’aime bien gagner. Mais je suis avant tout joueur : en soit, jouer est plus important que gagner !

C’est là que je jouis quelque peu de ma découverte. Trouver une telle faille dans un jeu largement diffusé procure un petit plaisir que je ne renie pas. J’ignore évidemment si cette astuce durera encore longtemps, mais en attendant, ça m’amuse de la partager !

dimanche 13 mars 2016

Du côté de la lumière


FMG©2016

On ne peut pas dire que c’est le printemps. Mais ce n’est plus tout à fait l’hiver. On semble en tout cas être entré du côté de la lumière. Et cela fait un bien fou. Profond. Libératoire.

Est-ce mon nouveau statut de contemplateur, mais cet hiver me semble plus que d’habitude interminable ? Il n’a pas fait spécialement froid, la plupart du temps, mais je n’ai pas arrêté d’avoir froid. Il a plu beaucoup, et je me suis senti humide, incapable de me sécher, ne fut-ce qu’un peu. Il n’y a pas eu beaucoup plus de misère que d’habitude. Quoique. Les mauvaises nouvelles – de quelque ordre que ce soit – m’ont semblé plus nombreuses, sans que je puisse y faire grand-chose. L’impuissance d’agir est parfois plus lourde à porter que les obstacles qu’on peut surmonter en les maîtrisant.

Mais qu’à cela ne tienne. Aujourd’hui, le soleil est là. Il est encore froid, mais il brille. On est entré du côté de la lumière.