vendredi 20 février 2009

Laïs, un instant d’harmonie

FMG © 2009

Trois filles. Jorunn Bauweraerts, Annelies Brosens, Nathalie Delcroix. Trois voix. Une seule harmonie. Laïs. Un instant magique où les voix convergent, s’assemblent, se répondent, s’harmonisent. Si la vie pouvait être ainsi en permanence !

Ce trio flamand « que le monde nous envie » s’est posé pour un soir à Louvain-la-Neuve, dans cette merveilleuse grange de la Ferme du Biereau (même si les somptueux piliers de bois gâchent parfois la vue).

Au violoncelle, Simon Lenski. Seul instrument, mais qui se multiplie grâce au séquenceur à boucles. Multiplication pas toujours miraculeuse d’ailleurs, et où la saturation parfois extrême déforce le propos. N’empêche, la recherche est originale et la rencontre avec Laïs, toujours exploratoire, renouvelle le genre.

Les chants sont simples. Tout en douceur. En anglais, en flamand, en français, en polonais, en finnois… qu’importe. Le sens des mots devient celui de la musique, de l’harmonie ultime. On se laisse bercer et envoûter. La féerie est permanente et le frisson s’instille dans chaque mouvement. Quand ça se termine, on croit que cela ne venait que commencer. Mais le son se prolonge toute la nuit, comme si l’équilibre ne pouvait plus se perdre.



Deux autres chansons ici et .

mercredi 18 février 2009

Les signaux détournés (8)

(Illustration issue de la gare de Warrington Bank Quay)

Nous étions à l’aube d’une longue séparation. Brigit, mon unique principe divin féminin, à la fois mère, épouse, amante, sœur et fille, allait s’en aller au Northumberland. Il y avait longtemps que nous n’avions plus été séparés aussi longtemps que ce qui nous attendait !

Bref, le vague à l’âme nous envahissait alors que nous nous dirigions vers la gare de Warrington Bank Quay, à Warrington. J’étais concentré cependant sur la route, n’ayant jamais pu me faire, après tant d’années, à la conduite à gauche.

Nous arrivâmes enfin à la gare. Enfin, je ne devrais pas dire enfin, car pour moi, cela signifiait le début du supplice. Mais avant ça, j’allais encore avoir droit à un sublime moment d’extase. Nous allions certainement, une fois de plus, échanger un de ces baisers aussi longs que fougueux, aussi tendres que profonds, aussi sensuels qu’amoureux. J’avoue que j’y avais songé pendant toute la route. Les baisers de Brigit sont, de toute évidence, la plus belle invention du monde.

J’arrivais donc à ce lieu béni des dieux, le « kiss and drive ». Quoi de plus merveilleux que cet endroit prévu pour s’embrasser avec la fougue qui nous sied ! Certains choisissent de s’effleurer à peine les lèvres quand d’autres les font devenir une et une seule. Cela ne dure jamais longtemps : on sait bien que d’autres amoureux font la file derrière pour avoir le droit de s’étreindre une dernière fois avant la séparation du voyage. Tous, heureusement, comprennent qu’un baiser dure parfois plus longtemps qu’on ne l’aurait imaginé.

Je m’apprêtais donc à enlacer ma belle pour lui témoigner tout mon amour quand je sentis peser sur nous le regard peu bienveillant d’un officier de l’ordre se caressant les moustaches. Je le regardai étonné et il me désigna ce signal inconnu mais ô combien signifiant. Quoi ! Je n’allais pas pouvoir embrasser mon aimée ! Non, ce n’était pas possible !

Et pourtant, si ! Le badinage amoureux est courant par ici, mais on ne badine pas avec le respect de l’ordre et de la loi. Le regard concupiscent du policeman ne permettait aucun doute : soit nous allions nous embrasser dans le parking temporaire à côté (mais nous n’en avions plus le temps), soit nous nous quittions ici, sans coup férir ni tirer. Nous n’avions guère le choix et j’ai vu Brigit ouvrir la porte, prendre ses affaires et s’en aller la tête basse vers cette gare maudite.

Et dire que je ne la verrais plus avant ce soir…

vendredi 13 février 2009

Instrument de musique extraordinaire

Il paraît que cet instrument joue vraiment la musique qu’on entend, que tout cela est réalisé sans trucage ! Si c’est vrai, c’est extraordinaire. Et même s’il y avait quelques trucages par-ci par-là, ce serait quand même extraordinaire.

Je n’irais pas jusqu’à dire que la musique est sublime, mais elle se laisse écouter et surtout se laisse voir. Alors, inutile d’attendre plus longtemps : regardez, en n'oubliant pas de mettre en pause le lecteur audio…

jeudi 12 février 2009

Renaître inexorablement

FMG © 2009

Quand on s’en va travailler sous la lumière, et qu’on en revient alors qu’il fait encore clair, on se dit que la vie renaît, que l’hiver est bientôt fini, qu’on va revivre de beaux moments.

Quand on part le matin en se disant qu’on va faire quelque chose de bien précis, et qu’on rentre le soir en étant satisfait de ce qu’on a fait, on se dit que les choses vont bien, qu’il n’y a pas de raison de ne pas être fier de soi, que finalement le travail accompli a du bon.

Quand on lance une bouteille à la mer avec un message précieux et qu’on reçoit une réponse compréhensive de la personne à qui était destiné le message, on se dit qu’on a en réalité beaucoup de chance de pouvoir être entendu et compris alors que cette bouteille aurait pu ne jamais arriver à destination.

Quand on s’endort avec en tête un nœud de soucis et qu’au matin le réveil apporte la lumière et la lucidité, on se dit que la nuit porte conseil et qu’il serait bien bête de s’en priver.

Quand une discussion ouverte permet d’éclaircir le brouillard et que les solutions viennent s’enchaîner avec naturel, on se dit que l’échange des idées est le meilleur moyen de s’enrichir de l’intelligence de l’autre.

Tout cela, inexorablement.

dimanche 8 février 2009

Un combat des chefs où seul le peuple perd

FMG © 2004

Ce qui se passe à Madagascar est dramatique. Deux chefs s’affrontent. Comme d’habitude, ils ont tous les deux à la fois tort et raison. Ils n’ont pas la même vision de la gestion politique d’un pays. Cela leur donne-t-il le droit de créer la violence et de semer la mort, dans un manque de respect évident de toute idée démocratique ?

J’étais à Antananarivo, en décembre 2007, quand Andry Rajoelina, dit TGV, a été élu maire de la capitale. J’avoue que je voyais cette élection avec pas mal de sympathie. Que l’opposition parvienne à élire démocratiquement un des siens à la mairie de la plus grande ville est a priori ce qui peut arriver de mieux à un pays. Cela signifie que l’alternance existe de facto. Or, la réelle démocratie est celle qui permet l’alternance, dans le respect des règles. De plus, l’accession à de hautes responsabilités d’un jeune dynamique ne pouvait être que mobilisant pour ce pays géographiquement si beau et humainement si riche, mais malheureusement si pauvre. Bref, pour moi, le nouveau maire allait pouvoir continuer et améliorer ce qui avait été fait en son temps par Marc Ravalomanana, devenu entre-temps Président de la République.

Mais voilà, les ambitions conjuguées de ces deux meneurs n’ont fini que par faire naître le chaos. Dans l’analyse de la situation, ils ont chacun tort et raison. Dans l’évolution de celle-ci, ils ont tous les deux tort.

J’ignore qui sortira vainqueur de ce combat de coqs. Ça n’a finalement pas tellement d’importance. Le vainqueur aura de toute façon du sang sur ses mains et ne pourra désormais ne plus voir que cette infamie lorsqu’il osera se regarder dans un miroir. Sauf s’il est aveugle bien sûr, ce qui est vraisemblable.

Je sais par contre qui sera perdant. C’est le peuple. Ce sont ces enfants qui ne demandent qu’à apprendre, qu’à grandir pour prendre leur place dans la société. Mais cette société devient de plus en plus invivable, simplement parce que deux personnes soi-disant responsables pètent les plombs.

Il y a tant à faire dans ce pays. Tant à construire. Tant à valoriser. Peut-on espérer que cet inutile combat se termine rapidement – si possible dans le respect mutuel – et que la Grande Île puisse reprendre son chemin vers la liberté et le progrès ?

Tanindrazana Fahafahana Fandrosoana

vendredi 6 février 2009

Déménager… ou ne pas se ménager !

Quand on a 57 ans et qu’on déménage pour la première fois depuis 55 ans, ce n’est quand même pas rien. C’est toute une vie à refaire ailleurs. Ce sont tous des repères, connus sur le bout des ongles, qui disparaissent. C’est ne plus pouvoir réellement regarder derrière soi. Et c’est encore plus que rien, quand on déménage non pas parce qu’on en a envie, mais parce qu’il le faut bien.

Il faudrait empêcher les gens de rester plus de 20 ans dans la même maison. On s’y incruste trop. On s’y identifie trop. On fait partie des meubles. Et quand on retire les meubles, on disparaît soi-même ! Bref, une seule solution réellement valable : déménager au moins tous les 20 ans. Il serait temps que j’y pense !

Cela dit, un déménagement, comme il secoue toujours un peu, est une bonne occasion pour se bousculer, pour ne pas se ménager. Ainsi donc, « je » faisais partie des meubles. « Je » n’étais peut-être plus qu’un meuble parmi d’autres. « Je » n’avais pas cette impression pourtant. Il « me » semblait bien exister. Peut-être n’était-ce pas le cas ? Ou alors, pas tout à fait. « Je » n’étais pas qu’un meuble, mais étais-« je » pour autant pleinement moi-même ?

Qui pourrait avoir les vraies réponses à ces questions ? Y répondre en portant un regard sur le passé n’aurait d’ailleurs pas beaucoup d’importance et n’apporterait aucune solution en soi. Alors, autant essayer d’y répondre en regardant vers l’avant. Une nouvelle vie à construire. Un nouveau lieu pour l’habiter. De nouvelles lumières pour l’éclairer. Sans compter qu’indéniablement, déménager permet de faire le ménage et de se débarrasser de vieilles casseroles qu’on traîne de par derrière soi.

Finalement, ça devrait avoir du bon, non ?