vendredi 30 août 2013

Notre Terre poubelle

FMG © 2013

Notre Terre est-elle une poubelle ? C’est en tout cas le message de cette œuvre toute récente – Globe – créée  par Maarteen Vanden Eynde dans le cadre de l’Espace rural d’art contemporain Vent des forêts, en Meuse du Sud, à quelques kilomètres de Bar-le-Duc. Depuis 1997, des artistes du monde entier viennent y créer chaque année des œuvres réalisées en collaboration avec les habitants et les artisans locaux. Un véritable musée à ciel ouvert, dynamique, naturel et profondément humain. À voir !

L’œuvre de Vanden Eynde est installée sur le site de l’ancienne décharge de Rupt-devant-Saint-Mihiel, réhabilitée en juillet 2013. « Une petite pelote s’est mise à rouler. Elle a grossi en emportant avec elle une collection d’objets, détritus du quotidien ou évocation d’un temps passé, avant de se stopper sur le site de l’ancien dépotoir du village. À travers elle, l’histoire locale se dessine, teintée d’une multitude de vies et de métiers, tous entremêlés en un ensemble de souvenirs. »

Il y a là une réelle majestitude à transformer en grandiose une des réalités les plus sinistres de notre monde. Cela n’enlève rien au drame que nous sommes en train de vivre. Car même si la gestion des déchets s’est fortement améliorée ces dernières années, on ne peut que constater partout et toujours qu’il en reste ici et là et qu’ils font partie du paysage. On peut s’enfermer dans cette sinistrose universelle. On peut aussi la transcender, comme le fait cette œuvre.

Elle est perdue sur un bas-côté d’une petite route départementale. Elle ne sera sans doute jamais une des grandes œuvres d’art mondiales. Mais elle porte notre monde au-delà de sa triste réalité. Elle réussit à faire du beau là où il n’y a que le laid. N’est-ce pas là un des messages fondamentaux que peut nous apporter l’art ? Et quand il est un art rural, profondément ancré dans l’art contemporain, mais fondé sur la réalité, n’atteint-il pas la vérité ultime, celle de la vie ?

vendredi 23 août 2013

Hockey, OK

Avec effroi, je constate que je suis un père indigne ! Voilà 20 ans que mon fils joue au hockey, véritablement passionné par ce sport. Sauf erreur, je n’ai assisté durant tout ce temps qu’à un seul match, auquel je n’avais rien compris ! Et voilà que depuis le début de la semaine, je regarde un match par jour, devant la télévision, et que je prends plaisir à vibrer aux exploits des belges dans ce championnat d’Europe.

Si nos compatriotes n’étaient pas aussi brillants, il est vraisemblable que je ne suivrais pas cette compétition. Mais au-delà de cette fibre patriotique, je dois bien avouer que je découvre un sport plaisant, avec plusieurs qualités.

D’abord, la rapidité. Non seulement la balle roule à grande vitesse, fuse littéralement, mais il y a vraiment de superbes accélérations, avec des courses exceptionnelles des joueurs.

Allant de pair avec cette rapidité, il y a la correction, voire le fair-play, des joueurs. On ne discute pas beaucoup. Une faute est sifflée et elle est directement jouée par l’autre équipe. Pas de perte de temps, pas de palabres inutiles. On joue. Même quand un joueur reçoit une carte qui l’oblige à se retirer du jeu pendant 2 ou 5 minutes, il n’y a pas de réaction stérile. Le joueur se retire et revient quand il le peut. De plus, une mi-temps dure 35 minutes, ni plus, ni moins. Le temps se décompte petit à petit, (normalement) sans s’arrêter. On sait exactement quand la partie se termine, ce qui permet une belle gestion du temps, sans devoir passer par des « arrêts de jeu ».

Les rotations entre joueurs contribuent à ce mouvement rapide. C’est à peine si on se rend compte que des joueurs sortent et sont remplacés par d’autres. À nouveau, pas de perte de temps démonstrative, comme cela se passe au football.

Les règles semblent être assez contraignantes, mais elles font partie du jeu. La balle ne peut pas toucher un pied, surtout dans le cercle. On n’hésite donc pas à envoyer une balle vers un pied adverse pour obtenir un penalty-corner. Cela fait partie de la stratégie. Règle aussi dans le maniement du stick : notamment, seul le côté plat peut toucher la balle. Pour débouler tout au long du terrain, il faut donc une grande technicité permettant une maîtrise parfaite.

Enfin – et ce n’est pas la moindre des qualités – c’est un sport tant masculin que féminin. C’est vrai qu’aujourd’hui, c’est le cas de quasiment tous les sports. Mais ce n’est quand même pas fréquent d’avoir dans le même championnat, au même moment et au même endroit, un tournoi masculin et un tournoi féminin.

Bref, beaucoup de plaisir dans cette découverte ! Et dire qu’il y a près de 20 ans que ce sport est entré chez moi ! Bon, fiston, quand il y a un chouette match à voir, préviens-moi. Je te promets de venir voir ça !

samedi 17 août 2013

Nombre d'or

FMG © 2013

Du fait d’un livre, nous sommes actuellement assez branchés sur le nombre d’or et la suite de Fibonacci, en nous émerveillant sur leur réalité mathématique et leurs (supposés ou non) prolongements qu’on en trouve dans la nature, l’architecture, la vie quotidienne…

Pour faire court, le nombre d’or est une proportion qui définit le rapport entre deux segments : a et b, a étant le plus grand. Si (a+b)/a = a/b, alors a/b est le nombre d’or. Vous n’avez rien compris, cela n’est pas grave ! Ce nombre d’or est égal approximativement à 1,618 033 988 7 pour s’arrêter à dix décimales, mais ça continue en réalité indéfiniment. Ce nombre se retrouve dans la nature (dans les capitules du tournesol), dans l’architecture (Le Corbusier) ou dans la vie quotidienne (le rapport entre la longueur et la largeur de nos cartes de banque)… Certains y voient une clé explicative du monde, mais ça, c’est une autre histoire.

Le nombre d’or est fortement lié à la suite de Fibonacci dans laquelle chaque terme est la somme des deux termes qui le précèdent : 0, 1, 1, 2, 3, 5, 8, 13, 21, 34, etc. Plus on avance dans la suite, plus le rapport entre deux nombres qui se suivent est proche du nombre d’or. La suite a elle-même des tas de propriétés intéressantes et permet notamment de dessiner des spirales d’or, comme le montre le monument photographié ci-dessus, situé à La Panne.

Dans les discussions que nous avons eues à partir de tout cela, une bête question a surgi, mais qui paraissait une bonne question au départ : y a-t-il dans la suite de Fibonacci plus de nombres pairs que de nombres impairs ? Sur la base du début de la suite repris ci-dessus, il y a 4 nombres pairs (0, 2, 8, 34) pour 5 nombres impairs (1, 3, 5, 13, 21). Si on prend le nombre suivant (55), on aura 4 nombres pairs pour 6 nombres impairs. Et ainsi de suite. Il y aurait donc toujours plus de nombres impairs. En apparence du moins.

En effet, il est évident que la suite de Fibonacci est infinie : on peut toujours additionner les deux derniers termes pour en obtenir un plus grand. Ce qui fait qu’au bout du compte, il y a aussi une infinité de nombres pairs dans la suite tout comme il y a une infinité de nombres impairs. En d’autres termes, il y a dans la suite autant de nombres pairs que de nombres impairs, à savoir l’infini. Plus intéressant encore, il y a autant de nombres pairs dans la suite que de nombres « tout court ». Une partie du tout est donc égale au tout ! Selon Richard Dedekind, ce paradoxe définit d’ailleurs l’infini : un ensemble infini se caractérise par l'équivalence entre le dit ensemble infini et une de ses parties propres de ce point de vue.

N’est-ce pas merveilleux ? Confucius a dit une sentence importante : « Le tout est plus grand que la somme des parties ». Cette affirmation est lourde de sens, notamment en pédagogie dans le cadre de ce qu’on appelle l’approche par compétences. La compétence est en effet plus grande que la somme de tous les savoirs et/ou savoir-faire qui sont nécessaires pour la concrétiser. Voici que je découvre (enfin, je ne fais que l’apprendre… d’autres l’ont découvert avant moi) qu’à l’infini, chacune des parties est égale au tout ! Il y a de quoi s’y perdre !

mercredi 7 août 2013

Noces de granit

Il y a des billets qu’on hésite à écrire. Certains ne sont jamais publiés, ni même écrits. Pour toutes sortes de raisons. Depuis ce matin, j’hésite. Parfois, j’ai pensé qu’il valait mieux me taire, garder cela pour moi. Et puis, voilà, en fin de journée, j’écris. Il y a 68 ans exactement, mes parents se mariaient, juste à la sortie de la guerre. Depuis lors, ils ont toujours fêté ensemble cet anniversaire. Sauf cette année. Parce qu’ils ne sont plus là.

En moins d’un an, ils sont tous les deux partis pour le dernier voyage. Quoi de plus normal quand on a 96 ou 98 ans et une vie bien remplie ? Quoi de mieux pour le survivant des deux de ne pas s’être trop attardé dans sa solitude ? Quoi de plus symbolique d’être parti avant de célébrer seul un anniversaire de mariage qui ne l’aurait plus été tout à fait ?

Néanmoins, mine de rien, cette journée fut difficile. Pour la première fois depuis ma naissance – tout comme mes frères et sœur plus âgés que moi – nous n’avons pas pu célébrer ces noces de granit. Peut-être est-ce aujourd’hui que j’ai vraiment pris conscience que c’était fini. Qu’il n’y avait plus personne au-dessus de moi dans l’arbre généalogique. Plus personne de vivant. Seules des lignes, des dates, des photos, voire des peintures.

Heureusement, aujourd’hui, pour la première fois, j’ai pu tenir dans mes bras mon premier petit-fils. Il a déjà 15 jours, mais les choses de la vie se font petit à petit, sans se presser. La chaleur, la douceur et l’abandon de ce corps tout menu m’ont envahi dans ce geste simple et naturel. Lorsque j’ai senti cette vie se blottir contre moi, j’ai inévitablement pensé à l’amour de mes parents. Ni l’un ni l’autre n’auront connu cet enfant – leur cinquième arrière-petit-enfant – mais la boucle était définitivement bouclée aujourd’hui.

La vie et l’amour continuent !

lundi 5 août 2013

De la viande artificielle ?

Donc, aujourd’hui, deux volontaires ont goûté un hamburger dont la viande a été fabriquée à partir de cellules-souches de vache, à grand renfort de publicité. Une bonne idée ? En soi, oui. Nous consommons trop de viande et la production de celle-ci nécessite une débauche d’énergie. Comme la population humaine continuera à augmenter, il faut trouver d’autres sources d’alimentation, au risque de ne pas s’en sortir du tout !

Cette viande in vitro - dont le développement a été financé par Serguey Brin, co-fondateur de Google - est-elle la solution ultime ? Certainement pas. D’ailleurs, pour concurrencer cette dégustation animale, une autre dégustation devait avoir lieu immédiatement après, mais cette fois avec des hamburgers d’origine végétarienne, avec un goût de vraie viande, alors qu’il semble que le goût des premiers laissent encore à désirer.

Des solutions, il y en a donc plusieurs en développement, avec des pistes intéressantes, car elles permettent d’utiliser des éléments qui aujourd’hui filent la plupart du temps aux déchets. L’objectif est de développer de nouvelles applications industrielles aux cultures de blé, de maïs, de colza, de pois, de pommes de terres ou encore de lupins, en exploitant au mieux les protéines contenues dans celles-ci.

Les enjeux sont énormes. Non seulement sur un plan humain – parvenir à nourrir toute la population humaine – mais aussi bien sûr sur un plan économique. C’est là qu’il faut rester critique. On risque fort de voir des produits se développer assez rapidement et être commercialisés d’une manière ou d’une autre sans nécessairement avoir assez de recul sur les effets de ces nouveaux modes d’alimentation. Les réalités en matière de légumes transgéniques sont là pour éveiller notre vigilance, en sachant que les lobbies alimentaires n’ont pas pour préoccupation première la santé des consommateurs, mais la santé économique de leurs entreprises.

Alors, aujourd’hui, on peut se réjouir du fait que de nouveaux produits sont en développement, avec certaines promesses stimulantes. Mais il faut sans doute rester éveillé et prudent pour ne pas se laisser « bouffer » par les ogres financiers qui ne pensent qu’à leur porte-monnaie.