dimanche 28 avril 2013

Dès que le printemps revient

Photos © FMG 2013

Il m’étonnerait fort que je trouve quelqu’un qui dise de moi : « Ça au moins, c’est un gars qui aime la nature… ! ». J’avoue, je suis plus intéressé par la technique que par la nature, par ce que l’homme construit que par ce que la Terre lui offre comme ressources… Mais enfin, je ne suis pas aveugle non plus. Et quand je vois que la Nature se réveille parce que quelques rayons de soleil daignent enfin nous éclairer, à défaut d’encore nous réchauffer, je ne reste pas vraiment indifférent. Et je jouis de l’instant présent !

Ça fait du bien, non ?

Un peu de vert pour illuminer la terre…

Un peu de bleu pour oublier le gris…

Un peu de blanc pour rafraîchir…

Un peu d’arc-en-ciel synthétique pour accueillir la lumière…

Et derrière les grilles, un peu de liberté pour construire la vie !

mercredi 24 avril 2013

Vanité Femen peut-être, mais ne fait pas femme

Ainsi donc, hier soir, André-Mutien Léonard, archevêque de Belgique, a fait l’objet d’une manifestation musclée du groupe Femen belge. Le moins qu’on puisse dire est que cette intervention intempestive pose beaucoup de questions et que les réactions qu’on voit fuser sont souvent peu raisonnées et très affectives.

Ce Léonard, personnellement, je ne l’encaisse pas, comme je l’ai déjà écrit ici-même. Je ne l’encaisse pas, mais je lui reconnais une certaine cohérence. Par exemple, quand il apprend que le Pape François a été élu, il montre clairement que cela ne l’enchante pas ! Il a aussi un discours sur l’homosexualité fidèle à ce qu’il pense être la doctrine de l’Église. Il a récemment conseillé aux homosexuels l’abstinence et le célibat, en précisant que c’est ce qu’il dit quand il s’adresse à des chrétiens. On peut ne pas être d’accord avec lui, mais son discours est cohérent et – qu’on le veuille ou non – n’est nullement méprisant vis-à-vis des homosexuels, chrétiens ou non.

Bref, ce mardi soir, il avait accepté une invitation de l’Université libre de Bruxelles, pour participer à une conférence-débat intitulée : « Blasphème : offense ou liberté de s'exprimer », organisée par la Ligue pour l'abolition des lois réprimant le blasphème et le droit de s'exprimer librement (LABEL). On ne peut pas dire qu’il allait là en terrain conquis, bien au contraire. À nouveau, il était assez cohérent avec lui-même : c’est un intellectuel qui connaît les vertus du débat et acceptant donc celui-ci. Imaginait-il convaincre qui que ce soit dans cette assemblée où le libre-examen règne en maître ? J’en doute fort. Mais il était là pour partager et discuter.

Puis, les FEMEN sont arrivées. On voit sur la photo toute leur haine et leur violence. Léonard, tout aspergé d’eau, s’est réfugié dans ce qui semble être une prière. Quand on le voit comme ça, il me semble méchamment mettre en œuvre ce qu’a proposé ce doux révolutionnaire que fut Jésus : « Si on te frappe sur la joue droite, tends la joue gauche ! ». Une cohérence de plus ?

Du côté des Femen, rien que de la violence, de l’intolérance, du mépris. En quoi ont-elles fait avancer de quelques millimètres que ce soit la cause du féminisme, celle de la liberté de parole et de pensée, celle de la non-violence, celle du respect de la différence ? Elles ont voulu montrer qu’« en Belgique aussi, nous avons du panache », mais elles n’ont en réalité que démontrer le contraire : de l’esbroufe !

Je n’ai toujours pas plus de sympathie pour ce Léonard qui me semble déconnecté du monde d’aujourd’hui. Mais dans cet événement, il me semble quand même le plus cohérent… et aussi le plus efficace. La vanité de nos Femen belges les a fourvoyées dans une voie sans issue qui les laisse sans voix.

samedi 20 avril 2013

Chansons oubliées : Prends ton courage et continue, par Angélique et Photis Ionatos (1975)

Les amateurs de musique « world » connaissent Angélique Ionatos et sa voix grave envoûtante. Depuis 1977, elle parcourt les scènes du monde distillant des chansons qui puisent leur inspiration au cœur de la culture traditionnelle grecque, tout en faisant des incursions en langues française, anglaise, espagnole… C’est du bon travail, même si ce n’est pas tout à fait ma tasse de thé.

Par contre, le 33 tours qu’elle a sorti en 1975 avec son frère Photis reste un de ces disques que je prends toujours plaisir à réécouter, tant il y a là de fraîcheur, de force, de musicalité, de spontanéité !

Photis mène lui aussi une carrière musicale, surtout en Belgique et de manière très confidentielle, ce qui n’enlève rien à la qualité de son travail.

Toutes les chansons de ce 33 tours mériteraient d’être mises en avant, mais j’ai choisi « Prends ton courage et continue ». Composée par le duo, chantée par les deux, en français mais avec un peu de grec, c’est une chanson qui m’a permis – à moi comme à d’autres – de garder la tête haute, de poursuivre le chemin en sachant que la lumière est au bout du tunnel, de vivre.


Pour celui qui ne verra plus le grand miracle de la vie,
Pour celui qui n'entendra plus parler d'amour, parler d'oubli,
Pour celui qui ne pourra plus sentir la chaleur de l'enfant,
Pour celui qui ne pourra plus goûter la saveur du printemps,
 
Fais un vœu, en attendant que le cœur du monde fleurisse d'amour !
 
Pour celui dont le cœur est triste et qui sanglote dans le silence,
Et pour celui dont la souffrance est devenue pain quotidien,
Pour celui qui s'invente un monde pour protéger son ignorance,
Et pour celui qui prend conscience de l'importance d'une vie,
 
Fais un vœu, en attendant que le cœur du monde s'incline devant la douleur et la solitude !
 
Mais pour le soleil qui se lève, pour ce bourgeon qui vient d'éclore,
Et pour la haine qui s'endort, dans le cœur même de la nuit,
Pour ce sourire qui vient se mettre au plus profond coin de ton être,
Et pour l'enfant qui vient de naître,
 
Prends ton courage et continue !

vendredi 12 avril 2013

Sois belle et tais-toi

Depuis longtemps, on sait que globalement les filles réussissent mieux à l’école que les garçons. On sait aussi intuitivement que cette différence est liée aux stéréotypes véhiculés sur le rôle respectif des filles et des garçons. En caricaturant, on dit à la fille « Sois belle et tais-toi » et au garçon « Sois un homme, mon fils » ! La fille va donc s’adapter à ce qu’on attend d’elle – et donc être une bonne élève – alors que le garçon va s’affirmer dans sa fierté conquérante – et donc ne pas trop répondre aux attentes scolaires.

Certains cherchent quand même à vérifier ces explications intuitives. C’est le cas de Bonny L. Hartley et Robbie M. Sutton, chercheurs au département de psychologie de l’Université du Kent. Dans un article paru dans la revue Child Development, ils relatent trois études :
  • la première, portant sur 238 enfants, a montré que les filles de plus de 4 ans et les garçons à partir de 7 ans pensent que les adultes croient que les garçons sont moins bons à l'école que les filles ;
  • dans la deuxième, les chercheurs ont dit à un groupe de 162 enfants âgés de 7 à 8 ans que les garçons étaient plus mauvais à l'école que les filles. Résultats : les garçons ont diminué leurs notes en écriture, en lecture et en maths, mais rien de changé du côté des filles ;
  • dans la troisième étude, les chercheurs ont dit à 184 enfants âgés de 6 à 9 ans que les garçons et les filles obtiennent les mêmes résultats à l'école. Résultat: les performances scolaires des garçons s'en sont trouvées améliorées... même si leurs résultats étaient toujours moins bons que ceux des filles. Quant aux performances des filles, elles sont restées inchangées.

Pas sûr que ces études apportent des éléments vraiment nouveaux. On pourrait croire que les filles se laissent moins influencer par les stéréotypes qu’on leur transmet, mais en réalité elles sont sans doute influencées par le message qui leur est transmis – inconsciemment – depuis leur naissance : « Sois belle et tais-toi ». Après, on peut leur dire ce qu’on veut, elles savent bien ce qu’elles ont à faire : s’adapter aux règles de la société et donc aux attentes scolaires.

Les garçons sont apparemment plus influençables, ce qui peut se comprendre : en fonction de l’image que leur entourage donne au concept « être un homme », ils s’y adapteront.

Ce qui est étonnant dans les trois expériences des chercheurs anglais, c’est qu’ils n’ont – sur la base des informations en ma possession – jamais essayé de transmettre les stéréotypes totalement opposés, c’est-à-dire de voir ce qui se passe si on dit aux enfants que les garçons sont les meilleurs à l'école et donc que les filles sont plus mauvaises. J’ignore totalement ce que donnerait comme résultats une telle expérience, mais il est symptomatique qu’elle n’ait même pas été réalisée (apparemment) par les chercheurs. Comme s’il était scientifiquement inconvenant d’aller à l’encontre des stéréotypes fondamentaux.

Interpellant, non ?

vendredi 5 avril 2013

Les voleurs de vélo

Il y a longtemps, je travaillais comme instituteur et je me rendais à vélo à l’école. C’était non seulement un plaisir, mais en plus j’avais l’impression de participer d’une manière ou d’une autre au bien public. Et ça me plaisait bien. Puis, un jour, j’ai voulu rentrer chez moi, mais il n’y avait plus de vélo. Juste un morceau de cadenas cisaillé. Je me souviens qu’après le premier moment de stupéfaction, je me suis dit : « J’espère au moins qu’il en avait plus besoin que moi ».

Cette pensée positive m’avait aidé à faire passer la pilule. J’avais toujours cette idée (naïve) en tête : si quelqu’un m’avait volé mon vélo, c’est qu’il n’avait pas les moyens de s’en offrir un ! En quelque sorte, en étant volé, j’avais continué à faire œuvre utile.

Aujourd’hui, j’ai un peu vieilli et je suis moins naïf (quoique). Mais je suis outré, fâché, offensé. Il y a donc sur Terre des milliers de voleurs qui font tout pour avoir le maximum d’argent… alors qu’ils en ont déjà un fameux paquet.

Je parle de tous ces « gens normaux » identifiés dans les fichiers de l’OffshoreLeaks. Je parle de ce monsieur Cahuzac qui a pêché là où il dénonçait. Je parle de tous ces riches – style Gérard Depardieu – qui fuient leur pays simplement pour payer moins d’impôt. Je parle de ces patrons qui n’hésitent pas à fermer une entreprise et à envoyer des centaines de travailleurs au chômage pour simplement augmenter leurs dividendes déjà bien plantureux. Je parle…

N’ayant jamais été adepte des théories du grand complot, je ne vais pas commencer à me lancer dans des grands discours sur la perversité des systèmes politiques, qui seraient minés de A à Z par la soif de pouvoir et l’incompétence notoire des responsables dès qu’ils deviennent ministres. Ces discours généralistes ne me semblent jamais crédibles et nuisent plus qu’autre chose au message qui les soutient.

Mais comment ne pas être écœuré par ce qui se passe ? Comment accepter qu’un riche fasse tout ce qu’il lui est possible pour être plus riche encore, même et surtout si ce possible est aussi interdit ? Comment tolérer cet égoïsme fondamental qui conduit à ignorer le bien public ?

Car c’est cela qui est le plus inacceptable. Il est possible que de nombreuses personnes impliquées dans l’OffshoreLeaks n’aient rien fait d’illégal. Mais ils ont utilisé toutes les failles du système pour gagner plus d’argent, et donc pour en donner moins à la collectivité.

Cet argent détourné est pourtant celui dont nos sociétés ont besoin pour payer de manière convenable ceux qui n’ont pas la chance d’avoir du travail, pour financer un enseignement exsangue, pour appuyer des projets artistiques non rentables par définition, pour mettre en place des politiques environnementales dignes de ce nom…

Qui vole un vélo, vole crescendo ! Pas sûr que celui qui a volé le mien il y a plus de 30 ans fasse partie de ces voleurs de haut vol et de biens publics. N’empêche, je prends conscience aujourd’hui de la folie humaine, celle qui pousse certains à devenir de plus en plus riches, à n’importe quel prix, en ignorant superbement les besoins sociaux et sociétaux. Le plus dur, c’est que notre société n’a sans doute que les « voleurs de vélo » qu’elle mérite. J’ai envie de vomir.