lundi 26 avril 2010

Le célibat comme (fausse) porte de sortie…

L’heure n’est pas aux réjouissances avec une Belgique laminée par des égocentrismes lamentables, au Nord comme au Sud ou au centre. Mais, puisque j’ai fait mine de ne rien y comprendre (sans être sûr d’avoir été compris dans ma démarche ironique), je ne tiens pas à approfondir ce déchirement bien fâcheux.

La Belgique, comme d’autres pays, est confrontée à d’autres problèmes, peut-être encore plus navrants. Je veux parler de la pédophilie dans le clergé catholique.

Le numéro deux du Vatican, le cardinal Tarcisio Bertone, qui avait créé la polémique début avril en liant les crimes de pédophilie à l’homosexualité, a remis ça. Il a affirmé dimanche que la multiplication des scandales de pédophilie parmi les religieux catholiques était sans lien « direct » avec le célibat imposé aux prêtres.

« Il n’y a pas de relation directe entre le célibat et la conduite déviante de certains prêtres. Au contraire, c’est précisément le non-respect du célibat qui produit une dégradation progressive de la vie du prêtre qui cesse d’être un exemple, un don, un guide spirituel pour les autres. »

En soi, il a raison : le célibat des prêtres peut contribuer à les rendre disponibles tant à leur propre spiritualité qu’aux « fidèles » dont ils ont la charge. On peut donc très bien être célibataire sans être nécessairement pédophile, que l’on soit prêtre ou non d’ailleurs.

Mais les déclarations du cardinal Bertone semblent montrer que l’Église ne s’interroge pas réellement sur les raisons du phénomène. Ce n’est sans doute pas le célibat qui crée la pédophilie, mais c’est peut-être la pédophilie qui crée le célibat. Comme je l’ai lu dernièrement dans un commentaire sur Facebook, sous la plume du journaliste André François, « si on est pédophile, c’est… qu’on est pédophile ». Pour des raisons que j’ignore, et vraisemblablement liées à l’histoire de chacun, certains sont – malheureusement – attirés par les enfants. Quand un jeune à l’aube de sa carrière ressent cette pulsion, cela doit lui poser de nombreux problèmes. Quelle issue ? L’une d’elles est peut-être le célibat ecclésiastique. Ne pouvant avoir de relations sexuelles « normales », ils peuvent se dire, tant qu’à faire, que le mieux est de ne pas en avoir du tout. Le célibat des prêtres, bien réglementé, leur offre alors une porte de sortie.

Une porte de sortie, peut-être. Mais pas une solution. Au contraire, les pulsions ne doivent être que plus vives et la seule solution qui s’offre à eux est alors de transgresser l’interdit et de s’attaquer aux faibles victimes qu’ils convoitent.

En d’autres termes, je pense que le célibat des prêtres n’est pas la cause de la pédophilie – et que la majorité des prêtres ne sont pas pédophiles -, mais qu’il n’aide certainement pas à déplacer les pulsions négatives sur des objets de désir plus sains.

En écrivant ceci, je ne cherche pas à influencer d’une quelconque manière l’Église catholique. Mais tant qu’elle n’acceptera pas de regarder en face sa propre réalité, elle ne pourra pas progresser. À ce stade de ma réflexion, c’est comme pour la Belgique : j’ai quelques doutes…

vendredi 23 avril 2010

Bell(g)e Histoire Vraie

Ainsi donc, la Belgique est au bord de la crise de régime. Le surréalisme devient vraiment la caractéristique essentielle de ce brave peuple belge !

Et si tout cela n’était qu’une histoire familiale ? Depuis longtemps, les frères Van Rompuy jouent un rôle important dans la vie politique belge. L’aîné, Herman, a un profil plutôt consensuel. Cela lui a valu dernièrement de devenir le premier Président européen (non élu) de l’histoire ! Pas mal… mais il faut reconnaître qu’il peine un peu à s’installer dans la fonction. L’autre, Eric, est un trublion. Il peut dire tout et n’importe quoi, tant qu’on parle de lui. Bon flamand, il est depuis longtemps un de ceux qui participent activement au lent processus de destruction de la Belgique, étant activement impliqué dans la proposition de loi relative à la scission du désormais célèbre arrondissement BHV (Bruxelles-Halle-Vilvoorde).

Enfin bref, ce qui se passe aujourd’hui est peut-être un bon coup entre frères. Même si Eric est beaucoup plus calme depuis qu’Herman occupe de hautes fonctions, il n’est pas douteux qu’il continue à agir.

Le premier juillet prochain, la Belgique prendra la présidence tournante de l’Europe. Ce système de présidence tournante, assurée actuellement par l’Espagne, n’est pas simple à gérer pour notre ami Herman. Comment être Président quand un autre (élu) est lui-même Président pour 6 mois et tient à paraître l’homme de la situation ?

Grâce aux nouveaux soubresauts de l’histoire BHV, la Belgique risque bien de se retrouver sans véritable gouvernement lors de la prise de présidence en juillet. Ne serait-ce pas providentiel pour Herman qui – pendant 6 mois – aurait les coudées franches pour se révéler un véritable Président, homme de la situation, en absence de véritable concurrent ?

Voilà donc la belle explication de ce nième épisode de la politique belge : nous sommes prêts à paraître stupides devant le monde entier, simplement pour laisser l’un des nôtres créer et pérenniser sa fonction de Président européen.

C’est beau, quand même, non ? Je n’ai rien compris ? Ah bon !

dimanche 18 avril 2010

Le petit caillou – Henri Dès

Les idées claires © Magritte, 1958

Henri Dès est surtout connu comme chanteur pour enfants. Dans le monde francophone, il est sans doute le plus bel exemple de cette démarche indispensable. Pour beaucoup, il a été la porte d’entrée à la chanson. Dans le genre, il a fait de l’excellent travail, même si cela ne vole pas toujours très haut. Si en entendant « Toc, toc, toc, qui est là ? », de milliers d’enfants et d’adultes répondront « C’est la p’tite Charlotte… », il faut avouer que cela ne bouleverse pas le cours du monde. Pourquoi le bouleverserait-il d’ailleurs ?

Avant sa carrière de chanteur pour enfants, Henri Dès a chanté pour les adultes. C’était dans les années 70. Il a ainsi sorti une bonne dizaine de 45 tours et au moins un 33 tours, en enregistrement public dont est issue la chanson « Le petit caillou ». Je n’ai de cette chanson qu’une version numérisée à partir d’une copie sur cassette du disque que j’ai emprunté il y a très longtemps à la médiathèque. Mon iPod a sorti dernièrement cette chanson et – comme à chaque fois – elle m’a ému. C’est une chanson tout simple. Pas un trésor littéraire. Mais sa simplicité n’a d’égale que sa profondeur. Il suffit de se dire que le caillou pourrait être un être humain en pleine croissance pour éclairer quelques drames sociaux actuels. Ne méprisez pas les petits !


Avant d'écouter "Le petit caillou", arrêtez le lecteur à droite (s'il fonctionne).


Je vais vous chanter l’histoire d’un caillou
Tout rond tout poli un gentil caillou
Qui passait sa vie le long des chemins
Avec sa famille et ses p’tits cousins

Quand il fut en âge de travailler
Il se présenta dessus le marché
J’ai roulé ma bille, ne suis pas bien gros
Mais j’ai d’la famille avec des marmots

Y avait rien à faire on n’en voulait pas
L’était bien trop p’tit pour qu’on l’employa
Pas une cathédrale pas une mairie
Pas la moindre dalle pour gagner sa vie

Il s’en retourna la gorge nouée
Quand il rencontra un fusil rouillé
Je veux bien de toi, lui dit le mousquet
Ne suis pas de bois et tu me manquais

Ne méprisez pas les petits cailloux
Tout ronds tout polis les gentils cailloux
Ceux que l’on piétine ceux que l’on oublie
Seront chevrotine ou pierre à fusil

samedi 17 avril 2010

Eyjafjöll, l’éruption folle

Il suffit donc d’une éruption soudaine d’un volcan oublié plaquant les avions au sol pour faire le bonheur des uns et le malheur des autres.

Commençons par le bonheur ! Un WE sans bruit d’avions avec de plus un ciel bleu merveilleux, on comprend combien certains doivent en jouir pleinement. Ce n’est pas trop mauvais pour la planète non plus : plus de 17 000 vols supprimés, cela fait pas mal de kérozène non consommé et donc une sacrée dose de pollution évitée, d’autant plus que ce nuage de cendres ne semble lui-même pas très polluant ni dangereux (sauf pour les moteurs des avions). Le poids du travail étant ce qu’il est, cet arrêt forcé des avions en réjouit plus d’un : tous ceux qui ne doivent pas aller travailler dans les aéroports et qui profitent d’un WE ensoleillé et calme ! Sans oublier ceux qui se retrouvent forcés de prolonger leurs vacances, ne pouvant revenir sur le lieu de leur travail ou de leur école. J’en connais qui sont certainement plus malheureux qu’eux.

Quoique. Pour des centaines de milliers de personnes, cet arrêt forcé n’est pas sans poser de problèmes. Toute une organisation du temps s’effondre, ce qui peut provoquer des circonstances délicates. Des enfants doivent se retrouver seuls avec des parents bloqués on ne sait où. Des personnes doivent voir avec angoisse leur quantité de médicaments diminuer, sans savoir s’ils pourront en trouver d’autres ni comment s’y prendre. Sans compter l’aspect économique d’une telle situation. Ceux qui ne peuvent pas aller travailler dans les aéroports se réjouissent, mais souhaiteront sans doute être payés pour ces journées chômées. Avec quel argent seront-ils payés puisqu’il n’y a pas eu production ? Des centaines de réunions ou de rendez-vous importants n’ont pas pu avoir lieu… et on ne sait pas très bien quand ils pourront avoir lieu, ni même s’ils pourront avoir lieu. Ce genre de problèmes peut avoir des répercussions très importantes, difficiles à soupçonner.

Bref, on n’a sans doute jamais vu ça. Peut-on penser que le bonheur des uns fait le malheur des autres ? Je n’irais pas jusque là, car il n’y a pas de relation de cause à effet entre les deux. On se trouve simplement devant une situation inédite : une véritable catastrophe naturelle qui en réjouit – avec raison – plus d’un. Je ne suis pas sûr néanmoins que ce soit une bonne chose.

samedi 10 avril 2010

Le pluralisme éthique

Pour différentes raisons, la problématique de l’avortement (ou de l’interruption volontaire de grossesse) est revenue dans l’actualité belge. Pourtant, la Belgique fut un des pays pionniers en matière de légalisation de cette pratique, puisque c’est le 3 avril 1990 – vingt ans déjà ! – que la loi fut promulguée. Avec un épisode bien belge, puisque le Roi Baudouin fut déclaré en incapacité de régner pendant quelques heures, juste le temps que la loi fut signée sans qu’il ne doive le faire lui-même.

Si le débat revient sur la table, c’est notamment du fait de l’Église catholique et de son nouveau « chef » belge, Mgr André Léonard. On sent bien que quelque part, l’Église voudrait imposer sa vue des choses, la considérant comme seule vérité en la matière. En cela, je crois qu’elle a tort.

Personnellement, l’avortement me semble non seulement toujours un échec, mais aussi un acte volontaire de disparition d’une vie. Le tout est de savoir si la disparition de cette vie est répréhensible ou non. Il est certain que cette vie aurait pu devenir une personne humaine. L’était-elle déjà au moment où on la fait disparaître ? C’est la seule et vraie question.

Chacun y apportera la réponse qui lui semble la plus pertinente, la plus juste. Cette réponse est liée à l’éthique personnelle, nourrie des valeurs que l’on a. En 1990, l’intelligence des politiciens belges a été de prendre conscience et d’accepter qu’il n’y avait plus en Belgique une seule éthique, issue du catholicisme. Le vote de cette loi n’était pas un rejet ou une négation de cette éthique-là, mais il permettait de prendre en compte une pluralité d’éthiques.

C’est cette dimension qui m’intéresse. Nous vivons dans un monde où il n’est plus possible de se référer à une seule éthique. Chacun peut avoir la sienne, bien sûr. Il est même important qu’il l’ait et qu’il l’affirme. Mais on ne peut pas regarder les choses de la vie et du monde en se disant qu’on a le seul et unique regard possible.

J’avais déjà abordé cette question dans le billet Neutralité ou pluralité ? D’autres l’abordent encore bien mieux que moi, notamment Bernard Feltz, professeur à l’UCL, dans deux interviews parus récemment dans La Libre. Deux belles réflexions, à méditer !

mercredi 7 avril 2010

L’impulsion durable

EPA © 2010

Mine de rien, cette heure et demie de vol de Solar Impulse, c’est un événement extraordinaire. Seule l’énergie solaire a permis à cet avion de décoller, de voguer jusqu’à plus de mille mètres de hauteur et puis d’atterrir dans une douceur de mouvement inégalable.

Ce n’est qu’une étape dans la conquête des énergies renouvelables. Mais quelle étape pour quelle conquête ! Au-delà de la prouesse technologique – à laquelle la Belgique est associée, bien entendu – il y a pour moi la valeur symbolique de ces travaux.

Comme je l’ai déjà écrit, à moins que ce ne soit que « dit », voire « pensé », le véritable défi du XXIe siècle est celui de la durabilité. Les innovations qui auront réellement un poids important pour l’humanité seront celles qui permettent d’inscrire les actions humaines dans le durable. C’est vrai pour les développements technologiques, dont Solar Impulse est un des plus beaux exemples, mais aussi pour les questions sociales, pédagogiques, économiques, politiques.

Le XXe siècle a été une période extraordinaire pour l’humanité. De « terrien » n’ayant jamais quitté le plancher des vaches sauf par un saut de quelques secondes, l’homme s’envole pour la première fois en octobre 1890, seulement. En juillet 1969, il mettait le pied sur la Lune. Aujourd’hui, l’IATA (International Air Transport Association) estime que le nombre de passagers aériens atteindra 2,75 milliards en 2011, soit 7,5 millions par jour ! C’est bien beau… mais ça détruit la Terre. Il faudra trouver des solutions durables. Solar Impulse va dans ce sens et annonce d’autres recherches dans d’autres domaines qui essaient simplement de permettre à l’Homme une nécessité absolue : continuer à exister !

lundi 5 avril 2010

4 x 100

4 x 100 ! N’est-ce pas là la plus belle des courses ? Quatre individualités unies en une seule équipe. L’effort individuel est tout aussi important que le passage du témoin. C’est d’ailleurs à ce moment précis que l’équipe gagnante se révèle vraiment.

Mais mon propos n’est pas là. 4 x 100, c’est le passage du jour de ce blog. 4 x 100 messages. 100 billets de coups de cœur, 100 billets de coups de blues, 100 billets d’interrogations et – aujourd’hui – 100 billets de lumières !

Bon moment pour revenir un peu en arrière. En réalité, pour moi, c’est 4 x 100 billets de bonheur. Même s’il y a des messages plus durs que d’autres, même si tous n’ont pas toujours la même qualité, c’est chaque fois un véritable plaisir de partager ces quelques mots, de les figer pour une certaine éternité.

Réverbères reçoit actuellement un peu plus de cinquante visiteurs par jour. Je ne parlerai cependant pas de cet aspect quantitatif, car je dois bien reconnaître que les pages les plus visitées ne sont pas nécessairement celles que je souhaite mettre en avant.

J'ai pris le temps (rapide) de passer en revue tous les messages, en décidant d'en mettre 5% en évidence… le seuil significatif en statistiques ! (???)

Cinq lumières, bien sûr : Pas à pas, ou la force de toujours avancer. Le calme de la vie, ou le bonheur d'être ensemble après la tourmente. L'unique, ou l'importance d'être tout simplement soi. La fée Mirabelle, ou l'histoire d'une femme merveilleuse trop tôt disparue, mais toujours présente dans le cœur d'un ami virtuel. Éloge de la désobéissance, ou l'histoire vraie d'un homme dont le courage fut de désobéir.

Cinq coups de blues : (Dé)marre, ou comment râler quand tout va bien. Être dans la lune, ou le rôle du rêve face à la réalité. Il fallait bien…, où les Indiens des jeux de mon enfance reviennent à la surface réelle. Porter la croix de la croissance, une réflexion sur ce qui semble animer - en vain - nos sociétés. J'ajoute dans ces coups de blues la série sur Les signaux détournés qui sont souvent bien désolants ! (Pour lire toute la série, taper entre guillemets "Les signaux détournés" dans la fenêtre de recherche en haut à gauche.)

Cinq interrogations : Rives et dérives, la première et la plus fondamentale… Ombre et lumière, ou la question de la place qu'on prend. Plénitude, ou le repos de la mer. Incertitudes, celles de ne rien savoir. Ne jamais oublier, toujours pardonner, peut-être la seule certitude que j'ai.

Cinq coups de cœur : On verra, ou le besoin de laisser venir. S'inonder de lumière, ou la liberté du mouvement aquatique. Hugo, l'enfant de l'étang, bien sûr, indispensable présence. Menus plaisirs, où les petites choses sont louées. Et enfin Force, vie de la mer !

J'aurais pu en retenir d'autres… Et vous, qu'avez-vous retenu de ces 4 x 100 instants de lucidité peut-être, de rêve sans doute, de partage certainement ?