Une amie me rappelait dernièrement la phrase de Sweeney Todd : « Ne jamais oublier, ne jamais pardonner... ». Quelle horreur ! Aussi horrible que le personnage !
Pas question d’oublier, évidemment. Tout ce qui marque notre vie y laisse une trace indélébile. On peut toujours bien sûr en faire un déni. Mais n’est-ce pas alors toujours une fuite ? Les blessures les plus graves – celles qui sont faites à notre confiance – ne peuvent être que reconnues, admises comme telles. Les oublier ne servirait à rien. Au contraire, c’est sans doute en les admettant et en les intégrant qu’on peut se construire petit à petit et devenir ce qu’on est vraiment, en interaction avec les autres, y compris ceux qui nous font mal. Connaître ses blessures, c’est pouvoir les transcender. Les ignorer, c’est passer à côté de sa réalité.
Pour autant, il ne sert à rien – me semble-t-il – de ne pas pardonner. Garder rancœur, c’est se faire souffrir soi-même. Pardonner, c’est ouvrir la voie à de nouveaux chemins, c’est donner sa chance à la vie, c’est se donner la possibilité de reconstruire.
J’imagine qu’il n’est pas donné à tout le monde de pardonner facilement. Les souffrances sont parfois si profondes et si obscures. Mais n’est-ce pas pourtant la seule issue ? Vivre avec de la haine au fond du cœur ne peut que conduire à la folie, non ?
Des trahisons, j’en ai connu. Elles m’ont fait mal. Très mal. Je ne les ai pas oubliées. Aucune. Mais, fondamentalement, j’ai pardonné. Même à celui et à celle qui m’ont fait le plus souffrir, eux qui auraient pu m’amener de l’autre côté du miroir. Aujourd’hui, je suis toujours là. Bien là. Enrichi de ces blessures. Fort d’avoir pu les surmonter. De les avoir transformées en champ d’amour.
Ce ne sont pas que des mots : ne jamais oublier, toujours pardonner…
Mouais... Je ne dois pas être fait du même bois que toi. Ne pas pardonner me permet surtout de "zapper" certaines personnes (ou d'en avoir l'impression ou l'espoir) et de chercher à continuer de vivre sans elles. Sans me sentir fou pour autant... Et peut-être bien plus vivant.
RépondreSupprimerAprès, on n'a rien sans rien... Alors la souffrance...
Franck
(Pénible la validation de tes commentaires... elle ne reconnait pas mon compte Google)
Heureusement qu'on pardonne, oui. C'est le seul chemin pour avancer. Car ceux qui nous font le plus de mal, parfois involontairement, sont souvent ceux qu'on aime le plus au monde...
RépondreSupprimerEnfin, je ne dois pas être très douée pour la haine. Au pire, je "zappe", comme dit Franck !
"Ne retourne pas dans le passé mais essaie... de ne pas l'oublier"
RépondreSupprimerchantait Graeme Allwright ("Garde toujours le souvenir").
Pardonner, c'est aussi être capable de comprendre, donc de se remettre en question, et de progresser. Garder une haine au coeur, c'est se priver de liberté, et se punir de ce que l'on reproche à l'autre !
Pour finir sur une note plus légère, un personnage de Sempé disait, en s'adressant à Dieu :
"J'ai toujours pardonné à ceux qui m'ont offensé... mais j'ai la liste !"
Joyeux Noël
Polyphrène