dimanche 30 novembre 2014

Avant, après…

FMG©2014

Avant, après… Va t’en savoir ! Un mois, une minute… Peu importe ! Reste juste la laideur, celle de l’âge, de la fatigue, du sérieux des choses ! En tout cas, la différence entre ces deux photos exécrables ne réside que dans le mois de novembre 2014. Movember !

Je me suis donc laissé pousser la moustache durant ce mois de novembre, pour sensibiliser au cancer de la prostate et des testicules, autres apparats typiquement masculins. Ça a marché en réalité. Plus d’une fois, on m’a dit « Alors, tu te laisses pousser la moustache ? ». Je répondais que non, je n’en ai pas vraiment l’intention, mais que c’était parce que je participais à Movember. L’accueil était poli, gentil, bienveillant. Pas plus. Aucune personne ne m’a interrogé sur ces deux cancers bien cruels !

L’idée de Movember est bien sûr aussi de récolter quelques sous qui permettront de mieux lutter contre ces cancers. J’avoue que là, c’est l’échec total. Pas un de mes interlocuteurs n’a manifesté le moindre intérêt pour un quelconque don. J’en parlais, bien sûr. Mais je voyais bien que, bon, cette moustache était sympathique, mais enfin de là à donner de l’argent pour ça…

Il faut dire que Movember ne simplifie pas la chose : je serais bien en peine de donner un numéro de compte quelconque pour permettre un don ! Juste un numéro de téléphone : 02 808 69 40 (en Belgique). J’espère que leur standard sera écrasé d’appels à la suite de ce billet, mais je n’y crois pas trop.

La problématique du cancer de la prostate ou des testicules est vraiment importante. L’initiative Movember est vraiment dynamique, amusante et positive. Elle manque cependant encore de beaucoup de visibilité et de clarté. Au bout du compte, je suis effectivement mitigé, d’autant plus que – heureusement – je ne suis pas du tout concerné par ces fléaux. Mais bon, avant, après, comme si cela changeait quelque chose…

mercredi 26 novembre 2014

Les errements de Facebook


Depuis hier, je n’arrête pas de signaler à Facebook l’existence et les publications d’un groupe : Mise à terme des demandeurs d'asile & mise à jour de l'expulsion. Ce groupe, de toute évidence, stigmatise la communauté musulmane et publie amalgame sur amalgame.

La réponse reçue de Facebook est toujours la même : « Nous avons examiné la Page que vous avez signalée comme contenant des propos ou des symboles haineux et avons déterminé qu’elle n’allait pas à l’encontre de nos Standards de la communauté. »

Sauf évidemment quand ce groupe nauséabond a eu la mauvaise idée de publier la photo d’une femme dont le voile couvrant la tête était le seul vêtement. J’ai évidemment directement signalé cette image comme étant « de nature pornographique » ! La réponse de Facebook ne s’est pas fait attendre : « Nous avons examiné la photo que vous avez signalée pour nudité. Dans la mesure où elle était contraire à nos Standards de la communauté, nous l’avons supprimée. Merci pour votre signalement. Nous avons informé Mise à terme des demandeurs d'asile & mise à jour de l'expulsion que sa photo avait été supprimée, sans dire de qui venait le signalement.

Je suis scandalisé ! Non pas tant par la nudité exposée sur la photo en question. On trouve bien pire sur Internet avec une facilité débordante. Cette photo était inacceptable, non pas pour la nudité qu’elle montrait – la chose la plus naturelle qui soit – mais par la provocation qu’elle contenait. Photographier et publier une femme nue portant le voile n’a qu’un seul but : ironiser sur les convictions religieuses musulmanes et provoquer cette communauté. En écrivant cela, je ne me prononce en rien sur le bien-fondé du voile qui n’est, malheureusement trop souvent, qu’un symbole d’un mépris de la femme, mais qui est aussi – qu’on le veuille ou non – la seule possibilité laissée à de nombreuses femmes d’affirmer, en toute liberté, leurs convictions religieuses face à une société qui globalement les méprise.

Ce qui est grave et totalement inacceptable, c’est que les « Standards de la communauté » Facebook acceptent sans sourciller qu’on méprise et injurie des personnes sous le seul prétexte de leur (supposée) appartenance religieuse tout en ne tolérant pas le moindre bout de peau dénudée.

Si vous lisez ce billet d’humeur et que vous m’accordez quelque crédit, n’hésitez pas : dénoncez ce groupe malfaisant. Et continuez à le faire pour tous les groupes du même acabit. Ils se présentent comme défenseurs de notre société occidentale, mais ils ne font en réalité que l’enterrer toujours un peu plus en niant les valeurs de solidarité, de liberté, de fraternité, d’égalité, de tolérance, d’humanité !

mardi 25 novembre 2014

Vestiges des temps modernes

FMG©2014

Mes chemins professionnels me menaient ce matin à Forem-Formation, situé depuis plusieurs années sur le site du Val-Benoît, à Liège. Ce site, après avoir été un fleuron universitaire, est aujourd’hui à l’abandon, ou plutôt en réhabilitation. Certains bâtiments sont recyclés, d’autres sont détruits pour faire place à du neuf.

Cela m’a permis de saisir cette étonnante photo : c’est tout ce qu’il restait ce matin de ce bâtiment dans lequel il me semble avoir travaillé au début des années ’90. Ces deux ossatures centrales – anciennes cages d’ascenseur ? – étaient ce soir déjà entièrement séparées. Dans quelques jours, elles n’existeront même plus.

Ces vestiges d’un passé récent disparaissent ainsi. C’est bien sûr des pans entiers d’histoire qui se retrouvent en poussière. On peut se laisser envahir par un brin de nostalgie, c’est le droit de chacun. Personnellement, j’ai plutôt tendance à considérer que ces bâtiments ont fait leur temps, ont rendu les services qu’ils devaient rendre et que les remplacer par de nouveaux ne peut être qu’un pas vers l’avenir. À quoi me servirait-il d’être nostalgique ?

La vie n’est-elle pas toujours ainsi faite ? On construit des choses – des bâtiments, mais aussi des vies, des relations, des rêves – qui remplissent leur office le temps qu’il faut. À un moment, ces choses deviennent obsolètes. Elles gardent sans doute toujours une certaine âme, mais faut-il à tout prix préserver celle-ci. L’âme n’existe-t-elle pas d’ailleurs que dans le souvenir, le sens symbolique, qu’on veut bien lui accorder ? Alors, autant détruire la chose, la faire disparaître pour qu’elle puisse laisser la place à une nouvelle chose – un nouveau bâtiment, une nouvelle vie, une nouvelle relation, un nouveau rêve. Ce n’est pas nier la chose d’origine. C’est la transcender, la conduire là où elle n’aurait même pas pu être en elle-même.

Je ne dis pas qu’il faut détruire toutes les vieilles choses. Tant qu’elles peuvent vivre et être utiles – même si cette utilité est purement symbolique – alors autant les garder. Mais si elles doivent disparaître, je ne serai jamais le premier à verser une larme. L’avenir se construit toujours sur le passé, mais ce n’est jamais celui-ci qui construit l’avenir.

dimanche 23 novembre 2014

Première sculpture

FMG © 2014

Comment savoir si je suis un artiste ? Qu’est-ce qui caractérise celui-ci ? En toute humilité, j’ai écrit de la poésie – publiée pour la première fois en 1974, aux Éditions Saint-Germain-des-Prés –, j’ai composé et chanté plus de 200 chansons, certaines étant gravées sur différents supports, j’ai publié ici-même près de 700 billets qui abordent différentes thématiques mais où le souci du verbe est toujours présent… Bref, j’ai beaucoup créé, mais toujours de manière très intellectuelle. Alors même que mon rêve est d’être sculpteur !

Mais voilà, je ne supporte pas le contact de la terre humide et sale ! Je n’ai aucune idée de ce qu’il faut faire pour modeler quoi que ce soit et – à vrai dire – l’idée de modeler me révulse assez fondamentalement. Bref, ma carrière de sculpteur a peu de chance de réellement démarrer !

Jusqu’à hier. Je venais d’ouvrir une bouteille de vin. Plutôt un vin quelconque qu’un grand cru. C’était peut-être là l’idée de génie ! Soudain, en triturant le tire-bouchon, j’eus un éclair trans-subliminal. Il faut dire que ce tire-bouchon m’avait quand même coûté environ 1,25 EUR dans un magasin vulgaire (c’est-à-dire pour le bas peuple dont je fais partie).

En le tournant dans tous les sens, je sentis soudainement me laisser pousser des ailes et m’envoler : à moi la liberté des oiseaux ! Une poussée ontologique délirante envahit la moindre parcelle de mon corps, de mon être. J’étais oiseau ! Sans pouvoir mettre le moindre mot sur cette sensation de liberté, de liesse, de sublime éternité !

J’ai eu peur de perdre l’émerveillement de cet instant fragile. Heureusement, je sentis dans la poche de mon pantalon la forme délicate de mon GSM, accessoirement aussi appareil photographique de fortune. Je me précipitai sur celui-ci pour immortaliser ma première création sculpturale. De toute évidence, une œuvre plastique de toute première importance ! Immédiatement, je me dis qu’une autre approche de cet envol lumineux permettrait d’en saisir toute la profondeur. Quittant la chaleur froide, j’utilisai la froideur chaude ! Quelle merveille !

Me voici enfin sculpteur, façonneur de la liberté existentielle !

vendredi 14 novembre 2014

100 000

Hier, à 7h55, en arrivant à Mons, ma voiture a passé le cap des 100 000 kilomètres. J’imagine qu’avec raison, ça n’intéresse personne, mais moi, ça m’a ému ! Mine de rien, ce n’est quand même pas n’importe quoi, même si aujourd’hui c’est devenu banal. Ça n’a pas toujours été le cas.

Je me souviens, en 1978, lorsque – pour la première fois – une de mes voitures a passé ce seuil. C’était une Peugeot 204 achetée d’occasion en mauvais état : lorsque j’étais allé la chercher de l’autre côté de Bruxelles, il n’y avait plus d’embrayage et j’ai traversé la ville en utilisant comme seul embrayage que la clef de contact ! Mais quelques mois après, les 100 000 km se profilaient. J’ai invité mon ami Stephen à m’accompagner et lorsque nous sommes arrivés au moment fatidique, je me suis arrêté et j’ai ouvert une petite bouteille de champagne que nous avons dégusté avec émotion !

Aujourd’hui, 36 ans plus tard, ça n’émeut plus personne que moi ! Même ma femme adorée, lorsque je lui ai communiqué l’information, n’a émis qu’un « Ah bon ! » révélateur de l’intérêt qu’elle y apportait.

Pourtant, c’est quand même extraordinaire, non ? On parle toujours de l’obsolescence programmée, et je suis convaincu que celle-ci existe. Mais au niveau des voitures, aujourd’hui, il est tout à fait normal qu’elles atteignent cent mille, voire deux cent mille kilomètres, sans que personne y ait quoi que ce soit à redire.

Ah, c’est votre cas aussi ! Inutile de me jeter en pâture à la vindicte populaire qui s’y connaît pour condamner toute âme qui vive sans même savoir de quoi il en retourne. J’ai compris, je sors…

vendredi 7 novembre 2014

Quand les patrons ignorent la réalité

La Belgique vit des heures difficiles. Un gouvernement de droite prend des décisions de droite. Le peuple trinque et il s’exprime. Avec dignité : une manifestation de plus de 100 000 personnes a pu montrer la volonté des citoyens de résister à cette politique assassine. Certains casseurs en ont malheureusement profité pour casser… C’est un épiphénomène, mais il est évidemment gonflé par les médias. Pourtant, où se trouve la véritable violence ?

Le jour de la manifestation, Jo Libeer, le patron des patrons flamands réunis au sein du Voka, s’est exprimé dans La Libre. Il en a bien le droit, mais ses propos sont stupéfiants !

Les décisions gouvernementales vont entraîner une perte du pouvoir d’achat des citoyens belges, surtout ceux de la base. Cette perte est certainement difficile à chiffrer, mais Libeer semble reconnaître une perte de 350 euros, en ajoutant que « ce n’est même pas une bière par jour » ! Le calcul mathématique est exact, mais il témoigne d’une méconnaissance totale de la réalité de la majorité des citoyens belges. Pour beaucoup, 350 euros correspondent aussi au budget maximal qui peut être consacré pour un mois d’alimentation. Perdre la possibilité de se nourrir pendant un mois sur douze, c’est quand même autre chose que de renoncer à une bière par jour ! Or, c’est ça la vraie vérité ! Libeer est non seulement insultant, mais aussi totalement déconnecté de la réalité.

Ce sinistre personnage ajoute plus loin « qu’il faut que les syndicats comprennent qu’il est nécessaire d’augmenter les profits avant de les redistribuer » ! Comme si des patrons redistribuaient les bénéfices engrangés ! La mise au jour des mécanismes de « fraude fiscale légale » au Grand-Duché de Luxembourg montrent clairement que la seule chose qui intéressent vraiment les patrons est de disposer du bénéfice le plus élevé. Ils ne se soucient en aucune manière de le redistribuer. Bien sûr, ils savent bien qu’ils ont besoin de travailleurs pour produire ce bénéfice, mais ceux-ci ne sont clairement perçus que comme des moyens pour dégager de l’argent dont seuls les patrons profiteront pleinement. Si les politiques en faveur des entreprises permettaient de multiplier le nombre d’emplois, il y a longtemps qu’on le saurait. En réalité – toujours elle -, ces politiques ne servent qu’à augmenter les marges bénéficiaires des patrons. Sans que ceux-ci contribuent réellement au bien-être collectif.

Il est regrettable que la manifestation du 6 novembre se soit terminée par des violences dues à quelques énergumènes. Il est inacceptable que les patrons, avec la complicité active de la gent politique, puissent sans arrêt continuer à exploiter et à mépriser les travailleurs. Où se trouve la véritable violence ?

lundi 3 novembre 2014

Movember symbolique

Pendant ce mois de novembre, je participe à Movember. Cela signifie que durant ce mois, je me laisse pousser la moustache (cela ne fera jamais que quelques poils disparates) pour « changer le visage de la santé masculine », et plus spécifiquement contribuer à récolter des fonds pour lutter contre le cancer de la prostate et des testicules.

Un cousin m’a interpellé parce qu’il ne voyait aucun lien entre une moustache et la prostate ou les testicules. Il a raison évidemment, si ce n’est que - jusqu'à preuve du contraire - il s'agit d'attributs spécifiquement masculins. Mais qu’importe qu’il y ait ou non un lien biologique et objectif. En réalité, le lien est essentiellement « symbolique ». C’est-à-dire qu’il dépend du sens qu’on lui donne. Je sais pourquoi je me laisse pousser cette moustache pendant un mois. C’est pour manifester mon soutien à ceux qui souffrent de ces maladies typiquement masculines. En soi, ma (maigre) moustache n’y changera rien. Mais – et ce billet en est la meilleure preuve – elle permet de discuter, de prendre conscience et peut-être – je l’espère – de motiver certains (peut-être mon cousin) à donner quelques sous en faveur de la recherche autour de ces cancers.

Le lien n’est que symbolique, mais c’est ce qui fait sa force. L’être humain ne l’est vraiment que parce qu’il a accès au symbolique, à savoir qu’il est capable de donner un sens spécifique à quelque chose qui n’en a pas en soi. C’est parce que nous sommes à même de faire cela que nous sommes des êtres humains, et non pas seulement des êtres vivants.

J’ai eu dernièrement une discussion animée avec une amie psychomotricienne. Elle me parlait des « jeux symboliques », c’est-à-dire ces jeux qui – en faisant semblant - permettent à des enfants de donner du sens aux choses et aux relations, à vaincre des angoisses fondamentales, etc. Pour mon amie, c’est par ces jeux que les enfants accédaient au symbolique. Malgré mes efforts, je ne crois pas être parvenu à lui faire accepter qu’en réalité, ces enfants sont déjà dans le symbolique, simplement parce qu’ils ont des angoisses fondamentales. Si celles-ci existent, c’est bien que ces enfants donnent du sens à tous les éléments qui les entourent et/ou qu’ils vivent. Ils sont en plein symbolique, mais leur problème est qu’ils ne donnent pas le « bon sens ». Grâce aux jeux symboliques, ils vont progressivement rectifier leur appréhension du monde et accéder au sens socialement validé.

Ce n’est pas évident, alors même que – par définition – être un humain ne consiste qu’à donner du sens, qu’à vivre dans le symbolique. En soi, le dessin « 4 » n’a aucun sens. Lorsqu’il devient le chiffre « 4 », associé à une compréhension du nombre « 4 », il prend pleinement sens. Il en va de même des lettres qui ne sont jamais que des dessins abstraits. Pour celui qui ne sait pas lire, « maman » ne veut rien dire. Pour celui qui accède à la maîtrise du code graphophonologique, cet ensemble abstrait devient le plus merveilleux des mots.

Une merveille qui l’est d’autant plus pour des enfants adoptés. Leur « maman » n’est même pas biologique. Elle est uniquement symbolique ! Mais quelle force, quel amour, quelle densité dans cette symbolique. Même d’un point de vue juridique, l’adoption est le seul lien qui ne peut pas se contester. Ce lien symbolique est bien plus puissant que le lien biologique, ce qui ne veut pas dire qu’il ne pose jamais de problèmes. Quand on ne parvient plus à lui donner sens, cela peut se révéler catastrophique.

Au bout du compte, tout passe par le symbolique. C’est sans doute ce que Descartes a voulu dire par son célèbre « Je pense, donc je suis ». Je ne suis un être humain que parce que je pense. Penser n’est autre chose que de donner du sens à ce qui en soi n’en a pas. Quand commence-t-on à « symboliser » ? Cela dépend sans doute de chacun, mais c’est en tout cas très tôt. Sans doute dès la naissance, voire avant la naissance. Peu importe finalement. L’important, c’est d’être conscient que la vie n’est que construction de sens, à tout moment. Dans une vie, on ne construit pas que du « bon sens ». Mais on construit toujours du sens. C’est cela être homme… ou femme !