vendredi 11 août 2017

Laurent, prince maudit ou maudit prince ?

Disons-le d’emblée : le « sujet » de ce billet n’a aucune espèce d’importance. Il serait beaucoup plus pertinent de parler des tensions nord-coréennes vs nord-américaines, des œufs qui nous pourrissent la vie, du terrorisme qui entraîne des mesures tueuses de liberté et de démocratie, de la négation de plus en plus forte des droits de ceux qui n’ont pas eu la chance de bénéficier d’un travail décent et stable… ou encore des risques illusoires pris par tous ces migrants à la recherche d’une vie de qualité minimale ou enfin de la famine insupportable en Soudan du Sud, en Somalie, au Nigéria, au Yémen… Mais bon, voilà, parfois, il faut aussi pouvoir aborder des sujets légers (quoique, dans ce cas, je serais curieux de connaître son poids).

Notre Laurent de Belgique s’est donc fait remarquer, une fois de plus. Et le moins qu’on puisse dire est qu’il déchaîne les passions ! C’est pour ou contre ! Est-il un prince maudit, auquel les autorités chercheraient noise, à tort et déraison ? Ou est-il un maudit prince, qui ne cherche qu’à s’attirer les foudres officielles en multipliant les provocations et autres jérémiades ? Sans doute un peu des deux : la vérité est rarement noire ou blanche, elle s’épanouit le plus souvent dans les tons gris, ceux sur lesquels on a le moins de prise.

Un des éléments qui revient souvent dans les commentaires qui s’enchaînent et se déchaînent est une comparaison avec son frère aîné. Celui-ci serait d’une nullité sans nom et féodée au gouvernement fédéral inique par définition, alors que le rebelle Laurent, lui au moins, aurait une existence propre, vertueuse de par sa proximité au peuple et – surtout – sa défense des animaux ! Les comparaisons de quotient intellectuel abondent, toutes sans aucun fondement scientifique ! Une analyse des réalités royales et princières, montre qu’en réalité, Philippe, 7e roi des Belges, a simplement bien intégré les règles liées à son statut et se contente de faire ce que ses conseillers en communication – et/ou le gouvernement – lui  disent de faire. Il est payé pour ça, et il fait le job ! Laurent, lui, n’a pas de job véritable. Il n’existe pas vraiment et n’a jamais vraiment eu un véritable statut. Alors, il essaie – tant bien que mal – d’exister ! Comme il estime ne pas avoir les moyens de se payer un conseiller en communication, il fait ce que bon lui semble. Bref, il n’en fait qu’à sa tête. Comme celle-ci n’est pas un cadeau, il symbolise bien ce qu’on appelle des « frasques ».

Comme il est quand même Prince de Belgique – maudit ou maudit –, notre pays a prévu un système pour subvenir à ses besoins : une dotation. Pour le moment, il a droit à 308 000 EUR par an, répartis en 88 000 EUR de salaire en tant que fonctionnaire (montant soumis à l'impôt des personnes physiques) et 220 000 EUR pour couvrir ses frais de fonctionnement et personnel. Cette dotation – qui en soi ne me dérange aucunement – est financée par l’État belge, c’est-à-dire par les contribuables. Ils sont 6 700 000 en Belgique, ce qui veut dire qu’en moyenne, chaque contribuable paie un peu moins de 5 centimes par an pour financer notre bon prince ! J’ajoute que cette « dotation » n’a rien à voir avec la « donation » royale. Celle-ci est liée au fait que lorsqu’il est devenu le 1er Roi des Belges, en 1830, Léopold 1er a cédé à la Belgique certains biens immobiliers avec charge pour la Belgique de les gérer au mieux. La « donation royale » ne fait donc que gérer des biens immobiliers et ne contribue en rien à financer les différentes dotations.

La question principale me semble être liée à la dotation. On lit souvent que Laurent n’a pas demandé à être Prince ! C’est vrai et personnellement, je préfère ne pas l’être, même si on me proposait en échange cette foutue dotation. Prince de Belgique, il le restera, qu’il le veuille ou non. Il ne peut pas se révoquer. C’est bien dommage – tant pour lui que pour nous –, mais c’est comme ça ! Par contre, le principe de la dotation permet d’entrevoir une solution aux difficultés actuelles !

En échange de cette dotation, les membres de la famille royale qui en bénéficient (Philippe, le roi, puis Astrid et Laurent) ont certaines obligations ou contraintes. Notamment, ils ne peuvent pas avoir de contacts avec des responsables étrangers sans en avoir préalablement reçu l’autorisation du Ministre des Affaires étrangères. C’est normal : la Belgique est une monarchie constitutionnelle fédérale à régime parlementaire. Cela signifie que la responsabilité finale est toujours du ressort du Parlement fédéral. Celui-ci accorde – pour les fonctions exécutives – sa confiance au gouvernement fédéral qui assume donc la responsabilité de tout ce qui concerne l’État. Le Roi ne peut jamais rien faire sans l’aval du gouvernement. Il en est de même pour les autres membres de la famille royale. Bref, Laurent reçoit une « petite » dotation et en échange, il est soumis à certaines règles, dont informer le gouvernement de ses contacts internationaux. Il ne l’a pas fait : que ce soit avec des Chinois n’a aucune espèce d’importance. Simplement, il n’a pas respecté les règles minimales auxquelles il est soumis. Il est donc normal qu’il soit sanctionné.

Il pourrait ne pas l’être. Il suffirait pour cela qu’il renonce à sa dotation. Cela, il peut le faire. Plus de dotation, donc plus d’obligations (quoique) ! Il pourrait alors rencontrer qui il veut, pavoiser là où il le souhaite (mais sans doute pas en uniforme), déclarer tout ce qui paraît bon à son cerveau de première classe, etc. Il pourrait même se présenter (quoique) aux élections et – on peut rêver – devenir premier ministre et « diriger » de la sorte son frère aîné. Si j’étais Laurent, c’est ce que je ferais. Non pas me présenter à des élections et tout ce qui s’en suit, mais renoncer à ma dotation. C’est un peu ce que j’ai fait lorsque j’ai annoncé à mes parents que j’abandonnais mes études universitaires après 4 années pour me lancer dans ce que j’avais vraiment envie de faire : pendant mes nouvelles études, ils ne m’ont plus refilé que les allocations familiales qu’ils percevaient. Pour le reste, je me suis débrouillé. Ce ne fut pas facile, mais j’étais cohérent avec moi-même.

Laurent ferait bien d’en faire autant. C’est mon avis et je le partage. Sans aucune illusion, ni sur l’éventuelle concrétisation d’une telle piste, ni sur l’intérêt ou la pertinence de mon partage : ce serait donner beaucoup trop d’importance à un « sujet » qui n’en a aucune !

vendredi 4 août 2017

Migrant ou pas, on reste un être humain

Je suis outré. Révolté. Dégoûté. Ce vendredi matin, une vingtaine de migrants dormant dans le parc Maximilien ont été emmenés par la police. Mais ce n’est pas tout : lisez la suite !

Le parc Maximilien se trouve près de l’Office des étrangers. Il a souvent été occupé par de nombreux migrants depuis « leur crise ». Ils ont toujours fini par être éjectés. Dans ces deux dernières phrases, il y a déjà plusieurs raisons de se révolter : pourquoi parler de « crise des migrants » ? Pourquoi ceux-ci n’ont-ils d’autres solutions que de se retrouver dans un parc pour y faire du camping sauvage ? L’Office des étrangers ne peut-il pas proposer d’autres solutions pour accueillir ces êtres humains en quête d’un monde meilleur ? Pourquoi la seule solution trouvée par notre Belgique florissante est-elle d’éjecter ?

Depuis quelques temps, les tentes sont revenues dans le parc. Ainsi que leurs occupants. La police passe toujours par là, pour « vérifier »… Depuis quelques jours, plusieurs migrants ont signalé que ces contrôles débouchaient sur des bizarreries. Leurs sacs étaient aussi « contrôlés » et il semble qu’après ce « contrôle policier », leurs seuls trésors avaient disparu : GSM, argent…

Comme par hasard, en fin de cette nuit, tous les occupants du parc ont été éjectés, sans ménagement. La porte-parole de la zone de police de Bruxelles-Ixelles, Ilse Van de Keere, a beau déclarer que ce type d’action est « planifié à l’avance » (sic), on peut quand même se poser des questions. (Ce que n’a d’ailleurs pas manqué de faire la RTBF dans le premier sujet du JT de ce soir. Merci à elle.)

Mais ce n’est pas tout. Lors de l’évacuation, les sacs des migrants ont été saisis pour disparaître au bout du compte ! On les a retrouvés : dans une décharge, avec toutes les poubelles ! Et – comme par hasard – tout ce qui était précieux avait disparu des sacs. À nouveau.

Comment ne pas être outré, révolté, dégoûté ? Non seulement la Belgique est incapable d’apporter des solutions décentes d’accueil même temporaire, mais notre système accepte que ces migrants – qui n’ont plus rien, si ce n’est l’espoir d’une vie meilleure – soient rackettés par la police de ce maigre « rien » !

En Belgique, le bourgmestre d’une commune est responsable des actions menées par la police de sa zone. La commune de Bruxelles vient de changer de bourgmestre à la suite des déviations véreuses du précédent. Le nouveau, Philippe Close, se dit pur, véritablement de gauche, etc. On peut en douter, et j’en doute. Mais enfin, il le dit. S’il le montrait, ce serait mieux ! Les jours qui viennent seront essentiels à cet égard.

En attendant, les migrants continuent à n’être considérés – spécialement par nos « pouvoirs publics » - que comme du bétail, des méchants dont l’objectif serait de ruiner nos pays, la peste de ce début de siècle… L’arrivée massive des migrants est un problème. Pas une crise, mais un problème. Auquel il faut trouver une solution. Acceptable pour tous et toutes, et surtout décente. Les migrants ne sont pas du bétail, des méchants, la peste… Ce sont juste des êtres humains. En détresse de surcroit. Ils devraient être considérés comme tels. En Belgique, à Bruxelles notamment, ils ne le sont pas. C’est inacceptable.