lundi 26 novembre 2012

Oser la paix plutôt que s’opposer

Dimanche 25 novembre, deux manifestations ont eu lieu à Bruxelles, réunissant chacune environ 1300 personnes. Place Poelaert, les manifestants voulaient soutenir les villes du centre et du sud d'Israël ciblées par les roquettes du Hamas. Dans le centre de Bruxelles, d’autres manifestants clamaient leur soutien aux Palestiniens de la bande de Gaza et demandaient la levée du blocus de Gaza.

Deux manifestations séparées pour une même guerre. Malheureusement, pas deux manifestions unies pour une même paix.

Dans les deux manifestions, on désignait surtout les coupables. Selon le bord dans lequel on se trouve, les coupables sont la source de tous les maux, sans excuse. Coupables, un point c’est tout.

Sans doute y a-t-il des coupables quelque part. Sont-ils tous du même côté ? C’est peu vraisemblable. Il y a aussi des victimes, plus dans un camp que dans un autre. Mais toute victime est une victime, quel que soit son camp.

On peut disserter longtemps sur les responsabilités des uns et des autres. Mais cela ne fait en rien avancer l’essentiel et l’indispensable : la paix.

Si ces 2600 personnes qui ont manifesté en deux mouvements s’étaient unies pour réclamer la paix avec force et conviction, dans le respect de la spécificité de chacun, cette manifestation n’aurait-elle pas eu beaucoup plus d’impact ? On me dira sans doute que je suis naïf, que ma conscience politique est embryonnaire et que je ferais mieux d’ouvrir les yeux.

Je voudrais les ouvrir sur des peuples qui convergeraient ensemble vers une paix constructive dans laquelle chacun trouverait sa place. Aujourd’hui, c’est tout l’inverse qui se passe, sans que cela ne fasse avancer les choses du moindre millimètre. Au contraire, on ne cesse de reculer, désespérément.

Les hommes, de toutes les couleurs, de toutes les religions, de toutes les histoires, de toutes les souffrances… les hommes oseront-ils un jour la paix ?

dimanche 18 novembre 2012

Et voilà, je me bats

Un nouveau CD de Michel Bühler est toujours un événement en soi, malheureusement trop peu médiatisé ! Son nouvel opus est un petit joyau et je ne résiste pas au plaisir d’en parler. Et surtout de mettre en évidence ce gars qui vieillit – il a 67 ans quand même ! – mais qui le fait avec humour et qui – plus fondamentalement – continue à se battre contre toutes les injustices et les imbécillités.

Musicalement, l’album est dans la veine Bühler avec une guitare acoustique omniprésente, comme je l’aime. D’autres instruments créent un accompagnement tout en douceur et de finesse. Jamais une note de trop, toujours celle qui émeut. C’est d’autant plus admirable que Michel est le seul et unique instrumentiste et preneur de son de cet orchestre subtil fondé sur l’univers midi !

Les textes sont tous admirables, remplis de vérités, qu’ils soient tendres (Petite berceuse, Les Ardéchois), engagés (À la manif, Actualités 2012, Tunis 2011, Le Polonais), humoristiques (Et voilà !, Zoologie), amoureux (Avignon), nostalgico-philisophico-spirituels (Est-ce écrit…).

Parmi toutes ces petites merveilles, une chanson qui me touche particulièrement tant elle éveille en moi de frissons essentiels, d’échos d’une vie, de rêves à construire, de besoins vitaux : Je me bats. Et j’ai bien envie de me battre avec lui, « encore et toujours et sans cesse pour saluer la vie qui palpite et qui bat ». Alors, je ne résiste pas à l’envie de vous partager cette chanson (en espérant que Michel Bühler me le pardonnera) parce que la vie, notre vie, elle est là ! Et voilà !

Je me bats – Michel Bühler


Même si l’heure est parfois à la désespérance
Attendu que la frime gouverne et fait sa loi
Même si les années dans lesquelles on s’avance
Ont la couleur du triste et du chacun pour soi
Même si le bonheur n’est plus une évidence
Mais semble s’éloigner à chacun de nos pas
Même si l’on me dit que c’est perdu d’avance
Que le monde est ainsi et qu’on n’a pas le choix
Je me bats

Même si maintenant c’est être en résistance
C’est risquer d’être seul que d’élever la voix
Pour dire sans relâche l’incroyable arrogance
Des plus riches que tous, des maîtres d’ici-bas
Même si le normal, c’est l’infinie souffrance
Des enfants décharnés aux yeux vidés sans joie
Même si le correct se nomme indifférence
Même s’ils parlent fort ceux qui baissent les bras
Je me bats

Je suis d’un temps d’espoir d’un temps de délivrance
Où l’on osait rêver, et les peuples là-bas
Faisaient tomber leurs chaînes et brisaient le silence
Ô les jolis printemps au parfum de lilas
Devant nous se levaient des matins d’innocence
Plus jamais il n’y aurait d’humiliés, de parias
Plus jamais l’esclavage et plus de violence
N’était-ce pas simplement raison, dites-moi ?
Je me bats

Aujourd’hui les passants sous les néons sinistres
Vont chacun dans leur bulle et pressent un peu le pas
Les voyous brassent l’or, les bornés sont ministres
Et l’on met chapeau bas devant les renégats
L’époque est au commerce, l’époque est aux combines
L’homme n’est plus qu’un objet que la finance broie
Le futile et l’idiot remplissent des vitrines
Cependant qu’au lointain ricane l’argent roi
Je me bats

Avec mes pauvres mots qui sont mes seules armes
Avec les sacrifiés les vaincus d’autrefois
Tous ceux qui n’avaient rien que leur sang et leurs larmes
Les mineurs les canules les pioupious les sans-droit
Avec les femmes usées, petites sœurs de misère
Des bas quartiers de boue où se terrent les rats
Avec tous ceux d’ici qu’habite la colère
Avec les méprisés et ceux qui n’oublient pas
Je me bats

Si longtemps que j’aurai la force, qu’on le sache
De me tenir debout, de chanter, d’être là
Tant qu’il me restera une once de panache
Tant que dans mes veines un sang rouge coulera
Je me battrai encore et toujours et sans cesse
Pour saluer la vie qui palpite et qui bat
Et quand je m’en irai, ce sera sans tristesse
Puisque d’autres viendront qui diront après moi
Je me bats, je me bats

Michel Bühler © 2012

samedi 17 novembre 2012

Au-delà de la barbarie


Nous vivons dans un monde barbare. Rien de neuf sous le soleil : depuis la nuit des temps, les hommes s’entredéchirent et s’exterminent pour des enjeux nourris par la seule soif du pouvoir. Tout se passe comme si certains n’existaient que s’ils tuent leurs semblables.

Toutes ces guerres, tous ces meurtres organisés, toutes ces prises de pouvoir ultime sur l’autre sont souvent liés aux religions. Quel paradoxe fondamental. La plupart de ces religions, voire de ces philosophies, sont clairement orientées vers le respect de l’autre, vers la solidarité, vers l’amour. Malheureusement, elles s’accompagnent aussi d’une illusion de vérité qui devient meurtrière quand elle se transforme en infaillibilité.

Que ceux qui s’engagent dans une religion croient en sa vérité, quoi de plus normal. De là à la transformer en l’unique et absolue Vérité, il y a un pas, trop souvent franchi. Ce n’est même pas le propre des « religions ». Parmi ceux qui se réclament de l’athéisme, combien ne franchissent-ils pas ce même écueil, transformant leurs convictions en seule vérité et balayant du même coup tout ce qui ne s’y rattache pas ?

Pourtant, fondamentalement, l’humanité se caractérise par la diversité. Que celle-ci soit religieuse, mais aussi raciale, linguistique, culturelle, physique, nationale, etc. Chercher à supprimer cette diversité en imposant notre propre pseudo-unicité, c’est nier la réalité même de l’homme, qu’on rattache ou non celle-ci à un quelconque Dieu créateur. Une seule voie s’ouvre vraiment à nous de manière durable et harmonieuse : la coexistence. Tu es toi, je suis moi. Nous sommes riches de nos différences et ce n’est qu’en les laissant interagir que nous connaîtrons une véritable croissance.

En attendant, combien de personnes ont-elles été tuées aujourd’hui de par ces guerres humaines aussi stupides que vaines, de par la violence aussi gratuite qu’inutile ? Quand l’homme se décidera-t-il – pour devenir enfin lui-même – à aller au-delà de la barbarie ?