jeudi 29 décembre 2011

Le ciel, la mer et la plage

FMG © 2011

Le ciel, la mer et la plage sont faits pour s’entendre. Ils peuvent s’étendre à l’infini et créer une harmonie sans cesse renouvelée. C’est beau !

Parfois cependant, les éléments se déchaînent sans plus aucun contrôle. Quels sont les événements déclencheurs ? Bien malin qui pourrait le dire. Il est d’ailleurs sans doute impossible de recréer la genèse des fils tortueux de la souffrance, de la perte d’identité, du dérèglement des sens.

Lorsque la tempête est là, une seule évidence : il faut la gérer pour qu’elle ne cause pas trop de dégâts. La nécessité est évidente. Pas la gestion. Chacun fait alors comme il le peut en essayant de garder le fragile esquif au milieu des vagues dans l’attente d’une éclaircie. On a alors beau savoir qu’elle viendra, on n’y croit plus trop. Et chaque bourrasque de pluie creuse des sillons de doute et de révolte.

Pourtant, le ciel, la mer et la plage sont faits pour s’entendre. Ils peuvent s’étendre à l’infini et créer une harmonie sans cesse renouvelée. C’est beau !

samedi 24 décembre 2011

La lumière revit

FMG © 2009

Comme chaque année, à pareille époque, la lumière revit. Inéluctablement. Le monde a beau se porter vaille que vaille, les astres s’arrangent entre eux pour respecter l’ordre des choses et faire revivre la lumière. Qu’il leur soit rendu hommage.

À cette date, on n’en sent pas encore vraiment les effets. Les hommes sont encore trop tournés sur eux-mêmes et sur leurs biens matériels : à 11h42, aujourd’hui, pour la petite Belgique, 11 072 paiements électroniques ont été effectués en une minute ! Admettons une moyenne de 50 euros par transaction, cela fait 553 600 euros en une minute. 33 216 000 euros à l’heure ! Comment voulez-vous voir la lumière dans ces conditions ?

Faut dire que les changements ne sont pas encore très visibles. Entre hier et aujourd’hui, c’est à peine si on a gagné une minute d’ensoleillement. Et ce n’était même pas cette minute à 553 600 euros. Celle qu’on a gagné se situait plutôt vers 16h58 ! Pas vraiment visible d’ailleurs : pour la plupart d’entre nous, il faisait déjà noir. Mais il faut y croire : les éphémérides ne se trompent jamais !

Le solstice d’hiver est donc là pour nous ramener vers la chaleur. Quoique ! On sait d’ores et déjà que cette année belge 2011, avec ses 11,6 °C de moyenne, sera la plus chaude depuis qu’on fait des relevés de température. Peut-on faire mieux encore ? Sans doute, mais cela ne ferait qu’amplifier encore la crise !

La crise ? Quelle crise ? Pas celle de la lumière en tout cas. Celle-ci renaît inexorablement chaque année à la même période. Là, rien de changé. Pas de crise. Juste de la beauté, de la vie, de l’émerveillement, de l’espoir, du rêve ! Puissions-nous en jouir pleinement !

dimanche 18 décembre 2011

Chansons oubliées : Nine, par Jean-Claude Rémy (1977)

Jean-Claude Rémy fait partie de ces chanteurs géniaux, mais intégres ! Dans les années 1970, il se mit à écrire des chansons, sans pour autant délaisser son boulot de professeur de sciences naturelles. Il était lui-même un de ces produits de la science : un soldat français perdu au Vietnam avait rencontré une belle – on le suppose – vietnamienne et lui avait fait un enfant qu’il ramena avec lui lorsque la guerre fut finie. Bref, Rémy était en train d’enseigner à Tanger les sciences naturelles tout en jouissant des choses de la vie et en écrivant quelques chansons.

Il se décida un jour à se rendre à Paris pour présenter celles-ci et – contre toute attente – elles reçurent un accueil plutôt enthousiaste. Ce fut finalement Pierre Perret qui rafla la mise : un contrat signé sous son label « Adèle ». Il sort deux 33 tours consécutifs « À la pariade » puis « Les corniauds », dont est extraite l’adorable chanson « Nine » que je reprends ici. Le succès est immédiat, sans pour autant devenir une star médiatique.

Mais alors que le succès lui semble promis, il abandonne tout ! Sans doute surtout par amour… et puis par l’appel des Comores et de Madagascar ! C’est quelque chose que je peux parfaitement comprendre !

Bref, son passage dans la chanson française ne fut qu’un souffle de vent ! Mais quel souffle ! Chaque fois que j’entends Jean-Claude Rémy, je frémis. Il y a là de l’humour, de l’impertinence, de la chaleur, de l’authenticité… qu’on ne retrouve nulle part ailleurs ! Sa voix est unique, chaleureuse, vraie, érotique !

Je croyais qu’il était définitivement perdu pour la chanson – ne sachant pas trop pourquoi -, mais l’envie de parler de ses chansons me fit redécouvrir sa trace. Il passe apparemment du bon temps à Madagascar, à pêcher et cuire du bon poisson à l’Île aux Nattes. Faudra que j’aille lui rendre visite un jour.

Il a même un site internet sur lequel on peu non seulement télécharger ses deux 33 tours de la belle époque, mais aussi télécharger un CD inédit « Où vont les baleines ? » qui est loin d’être inintéressant même si la prise de son artisanale mériterait un travail de professionnel.

Décidément, ce gars mérite le détour, et sa chanson « Nine » ose caresser des zones de morale qui, dans ces années-là, étaient encore bien audacieuses (et le restent sans doute) ! Quelle merveille, dont l’orchestration révèle toute l’onctuosité réaliste !


Avant d'écouter "Nine", arrêtez le lecteur à droite (s'il fonctionne).

Nine Nine Nine
La mal aimée
La mal mariée
Nine Nine Nine
Bien élevée

Regarde s’assoupir le corps
De son beau gros mari qui dort
D’un pesant sommeil viscéral
Sans problème ni Gardénal
Dans le tiède lit conjugal

Ouvre le col de sa chemise
Que l’air du soir les rafraîchisse
Les gentils nénés triomphants
Les jolis doudounes assoiffants
Les petits doudounes encombrants

Trop timide pour découcher
Autrement qu’en rêves éveillés
Ce jour de discrète luxure
Les doigts volant sur la couture
De sa secrète commissure

S’emballe au bord du camélia
Se dore au soleil de ses doigts
Soleil torride et délicat
Elle frissonne là en bas
Et ses orteils griffent le drap

Pousse un soupir insatisfait
Remonte le drap sur son nez
Et s’enroulant dans son mystère
De voyageuse en solitaire
S’endort en bonne ménagère

vendredi 2 décembre 2011

Le long chemin de la démocratie

Ainsi donc, lundi prochain, près de 540 jours après les élections, la Belgique devrait disposer d’un nouveau gouvernement, issu de ces élections qui semblent bien loin.

La dernière fois que j’en avais parlé, il y a bien longtemps, c’était effectivement pour déplorer la lenteur des négociations tout en reconnaissant la complexité de la situation. S’il a fallu tant de temps, c’est que ce n’était pas simple. La question communautaire – sans doute bien futile – a encore été compliquée par la situation socio-économique.

Les accords qui doivent encore être validés par les partis et par le parlement ne sont pas les meilleurs qui soient. Il y avait certainement moyen de faire mieux encore, mais ce « mieux » dépend des options politiques que l’on défend. Personnellement, mon cœur penche plutôt du côté des soixante à quatre-vingt mille personnes qui ont défilé en ce jour, mais il faut bien se dire que les accords sont des accords… et qu’ils sont donc le fruit de compromis. Difficile d’avoir le beurre, l’argent du beurre et – pour se laisser aller à un peu de trivialité – le cul de la fermière en même temps !

Le délai qui fut nécessaire pour arriver à ces accords n’est certainement pas « normal ». Mais en soi, il est néanmoins exemplaire ! Le régime représentatif belge, fondé sur le système proportionnel, nécessite inévitablement de déboucher sur des accords où chacun lâche un peu de lest et accepte de ne pas imposer son unique solution. C’est le fameux « compromis à la belge ». Il a fallu cette fois beaucoup de temps pour y parvenir. Mais la société belge a globalement accepté de jouer le jeu. Le gouvernement en affaires courantes a géré celles-ci, parfois même un peu plus. C’est que les embûches ne manquaient pas. Il fallait les surmonter et ce gouvernement qui n’avait plus de légitimité démocratique en a trouvé cependant une de facto. La Belgique s’en est bien sortie.

Pendant tout ce temps, les négociations ont continué… avec – il faut bien l’avouer – plusieurs périodes de sur-place, quand ce n’était pas des périodes de recul. Mais tout cela s’est fait dans le respect des règles démocratiques. Personne n’a imposé par la force sa volonté aux autres. Bien sûr, les déclarations dans un sens ou dans un autre n’ont pas manqué. Bien sûr, le plus grand parti de Flandres a fini par s’isoler lui-même, incapable de se mouiller dans le jeu démocratique, mais acceptant de ne plus en être quand l’évidence fut enfin acceptée par les autres partis flamands. Les négociations ont ensuite encore duré, piétiné, patiné… Rien n’était simple et il y eut quelques moments de théâtralisation sans doute inutiles (quoique).

Mais au bout du compte, des accords et seulement des négociations qui ont duré. Pas de violence. L’année 2011 fut riche en combats pour la démocratie un peu partout dans le monde. Souvent, malheureusement, avec des victimes. Pas de ça en Belgique, ce qui ne veut pas dire pour autant que la démocratie belge soit un exemple. Il y a aussi eu des dérapages policiers lorsque certains ont voulu s’exprimer de manière alternative. Et c’est déplorable. Il n’empêche, le chemin fut long pour y arriver, mais il fut démocratique.

Que nous réserve l’avenir ? Sans doute encore des moments difficiles. La vigilance reste de mise. Mais alors que l’hiver climatique ne vient encore que commencer, on sent quand même quelques bourgeons de printemps se profiler…

samedi 26 novembre 2011

Juste à Luxembourg

FMG © 2011

Les aléas de la vie professionnelle m’ont ramené dans ce restaurant « Pinocchio », à Luxembourg, qui m’avait émerveillé en 2009 ! J’y ai mangé deux soirs avec, à peu de choses près, les mêmes menus qu’il y a deux ans. C’était bon, mais sans plus. La magie avait disparu. Je n’étais plus à Beyrouth, mais seulement à Luxembourg.

La vie est ainsi faite. On s’émerveille devant un paysage, face à un événement, en compagnie d’un ami. Puis, on y revient, on le revit ou on le retrouve. Et on déchante. On se rend compte que la réalité n’est pas tout à fait la même que celle qu’on s’était construite.

Ce n’est jamais un moment facile. Sans doute, fait-on alors tout pour garder l’image du fantasme. Mine de rien, ce n’est jamais évident d’accepter que l’on s’est trompé, qu’on a pu voir la beauté là où il n’y avait que la banalité.

Pourtant, la véritable beauté n’est-elle pas dans la banalité ? La magie de Pinocchio n’était plus là. Mais il restait l’artisanat de Geppetto, ce pauvre menuisier italien créateur d’une vie artificielle qui parle tellement de la vraie vie.

Dans l’inconscient collectif d’aujourd’hui, Pinocchio est définitivement associé au mensonge et aux nez qui s’allongent. Ils sont plus fréquents qu’on ne veut bien le croire, ou l’espérer. Les menteurs font partie de la banalité de la vie. Quand ils prennent la forme de ce qu’on a cru un ami, leur nez s’allonge d’autant plus, et cela fait mal.

J’étais ainsi perdu dans mes rêves. Mais j’étais simplement en train de manger une friture de fruits de mer, juste à Luxembourg.

vendredi 18 novembre 2011

Intouchables, mais touché

Comme tous ceux qui l’ont vu – et ils sont de plus en plus nombreux – j’ai pris beaucoup de plaisir à regarder le film « Intouchables ». C’est plein d’humour et de justesse.

L’histoire est belle et les acteurs l’interprètent avec une grande qualité. Derrière l’apparente simplicité, il y a même de vraies questions qui sont posées et développées dans le respect de leur complexité. Quelle relation avoir avec l’handicap, qu’il soit physique ou social ? Quelle place pour les handicapés dans notre société ? Comment rebondir lorsqu’on se retrouve en situation d’handicap ? Peut-on s’aliéner à un autre pour l’aider à rebondir ? Des univers différents, liés à des référents culturels fondamentalement opposés, peuvent-ils se rencontrer pour sortir de l’impasse ? Peut-on sortir de l’assistanat pour se prendre pleinement en charge ? …

J’avoue que je n’ai pas été obsédé par ces questions importantes lors de la découverte du film. J’ai surtout ri, pris par le plaisir de voir ces deux handicapés à leur manière devenir intouchables par la construction d’un univers propre fondé sur la bonne humeur et le détachement de soi. Le film est vraiment bien construit. C’est du très bon cinéma… et c’est à ce niveau que je le situais.

Seulement voilà, pour moi, quelque part, ce n’était pas tout à fait du cinéma. Mon frère a passé plus de la moitié de sa vie dans sa chaise roulante de tétraplégique. Alors, quand à la fin du film, sont apparus à l’écran les vrais personnages, ceux dont l’histoire a inspiré cette comédie, l’émotion m’a submergé. Ce n’était plus du cinéma, mais la vraie réalité du handicap, du frein brutal de la vie « normale ».

Les larmes m’ont alors envahi. Et j’ai revécu ces moments où nous avons ensemble essayé de faire comme si la vie n’était pas changée. Partir en vacances en montagne, dans un chalet dont le seul accès par un escalier étroit et raide ne permettait pas d’utiliser la chaise roulante… et sur lequel j’ai trébuché un jour en portant mon frère. Partir aussi en vacances aux USA voir notre sœur en évacuant tous les petits problèmes que cela allait nous poser pour ne vivre que le plaisir du défi que cela représentait. Puis, tous ces autres petits moments quotidiens, moins spectaculaires, où nous essayions ensemble, toute la famille et tous les amis, de faire comme si… comme si – bien que fondamentalement touchés – on était effectivement intouchables !

vendredi 11 novembre 2011

Se remettre en question

Il m’arrive de former des demandeurs d’emploi. Une bonne partie de ceux-ci – souvent des ingénieurs – ont une carrière professionnelle plus ou moins longue derrière eux, parfois à des postes de responsabilité ou comme chefs de projet. Ils ont néanmoins perdu leur travail et viennent suivre des formations pour se recycler et espérer trouver un nouvel emploi dans un secteur émergent et technique.

N’intervenant dans leur processus de formation qu’à raison de 4 journées, autour de la gestion de projets, il ne m’est pas possible de connaître dans les détails la vie de chacun et les raisons qui l’ont amené à se retrouver demandeur d’emploi. La conjoncture socioéconomique explique sans doute certains licenciements, si pas la plupart d’entre eux. Néanmoins, certains ingénieurs travaillaient dans une entreprise qui n’était pas en situation critique et il est permis de penser que s’ils ont été licenciés, c’est parce qu’ils ne correspondaient pas parfaitement à ce que leur société attendait d’eux.

Un bon chef de projet est quelqu’un qui a des compétences techniques dans le domaine concerné par le projet, mais aussi des compétences en matière de gestion et de planification ainsi que des compétences relationnelles. Paradoxalement, ce sont sans doute les compétences techniques qui sont les moins importantes pour être un bon chef de projet. À l’opposé, les compétences relationnelles sont fondamentales : le chef de projet doit être leader, négociateur, psychologue, vendeur… Il faut bien l’avouer : les ingénieurs ne sont pas vraiment formés à ces compétences. Et certains ne les ont que très peu développées !

Ce qui me frappe, c’est la difficulté de certains à accepter qu’on peut faire autrement que ce qu’ils ont toujours fait ! Leur discours est clair : « ce que vous proposez ne correspond pas à la réalité où ça se passe comme ça… ». Ils ont sans doute raison : c’est « comme ça » qu’ils ont toujours agi… et c’est peut-être pour ça qu’ils ont été remerciés !

Qu’on me comprenne bien : j’admire fondamentalement ces personnes qui, dans une phase difficile de leur vie professionnelle, viennent se recycler alors qu’elles ont près de 50 ans, voire même 60 ans pour certains. Elles sont vraiment en projet, bien loin de l’idée qu’on se fait parfois des « chômeurs ». Mais je suis quand même toujours étonné par la difficulté qu’ont certaines d’entre elles à se remettre en question, à se dire qu’on peut agir autrement que de la manière dont elles ont toujours agi, à modifier des démarches qui ne se situent pas sur le plan strictement technique…

samedi 5 novembre 2011

Paul et Mick

Dans une série d’échanges électroniques, Monsieur A. – que quasiment personne ne connaît, et c’est très bien comme ça – m’avait traité de « polémiste », me signifiant ainsi que je n’étais que quelqu’un qui cherchait la polémique et donc la petite bête qu’on peut titiller pour le simple plaisir de le faire !

J’avoue que je n’accordais pas beaucoup de crédit aux impressions bellicistes de Monsieur A. (et je ne l’accorde toujours pas), mais j’avais quand même été interpellé. C’est assez normal : quand on vous traite de quelque chose d’inattendu, vous pouvez bien sûr laisser cela glisser sur la carapace de votre indifférence, mais vous pouvez aussi vous demander s’il n’y a pas quelque chose de vrai dans ces assertions gratuites. Je relève plutôt de cette seconde option.

J’y reviens parce que – plus d’une fois – je suis amené à réagir à certains statuts ou partages dans le cadre de cet extraordinaire outil social qu’est Facebook. Il y a à boire et à manger dans cet outil, des choses à défendre et d’autres à critiquer. En attendant, il y a des gens – des « amis » - proches ou non qui publient des informations. Celles-ci m’intéressent toujours, me plaisent souvent, m’interpellent parfois et ne me laissent jamais indifférent (sinon, ce ne seraient pas des « amis »). Lorsqu’elles m’interpellent – pour de multiples raisons – j’ai du mal à résister et je réagis plus souvent qu’à mon tour. Je polémique. Ça me plaît bien, je dois l’avouer. Mais j’ai toujours des doutes néanmoins : ai-je raison de polémiquer ? Ai-je seulement raison dans les arguments que j’avance ? Comment mon « ami(e) » va-t-il (elle) ressentir cet avis critique ou contraire ? Cela vaut-il vraiment la peine ?

En réalité, je ne cherche pas à avoir raison. J’exprime simplement mon avis face à une idée qui a été exprimée. Je reconnais avoir un certain plaisir à débattre ainsi, non pas pour l’ivresse de la bataille, mais pour la plénitude de la recherche d’une vérité à construire. J’aime donc polémiquer, c’est un fait. Mais cela ne signifie nullement que je pinaille sur des détails. En réalité, cela ne me semble qu’une quête d’une vérité commune, sans concession ni compromission. Pas sûr, pourtant, que cela apparaisse comme tel à mes interlocuteurs.

Faut-il se taire ou dire ce que l’on a à dire ?

mercredi 2 novembre 2011

Pas de quoi en faire un plat

FMG © 2011

Voyez la Mer du Nord. Elle s'est enfuie de Bruges. Il y en a d’autres qui s’y rendent. À vélo qui plus est. Faut dire qu’entre Sluis et Bruges, c’est tout plat et quasiment tout droit. Mais il y a quand même du vent, contraire à l’aller… et quasiment contraire au retour. Pas de chance.

La route était belle, le soleil généreux, les amis gentils et agréables, le temps sans aucune obligation. Que demander de plus ? Rien. Le bonheur presque parfait. Sauf que moi, il y avait longtemps que je n’avais plus vraiment roulé à vélo. La dernière fois, c’était pour faire le tour du Lac de Vransko Jezero, en Croatie, en juillet 2010. Et ça avait été bien dur. Tout en étant un très beau souvenir.

Ce sera la même chose pour cette fois-ci. Une belle balade ensoleillée dans un air pur et avec des paysages magnifiques. Un peu de dépassement de soi. Un peu seulement : 3 heures de vélo pour faire 50 kilomètres aussi plats que le plat pays qui est le mien. Bref, pas de quoi en faire un plat !

Alors, juste la satisfaction de l’avoir fait et… c’est très bien ainsi !

dimanche 30 octobre 2011

Chansons oubliées : Je voudrais aimer, par Le Double Cinq (1963)

Ce billet inaugure une nouvelle rubrique sur mon blog, consacrée aux chansons oubliées, du moins par la plupart des gens. Il y a ainsi des tas de chansons qui ont totalement disparu des écoutes publiques et privées. J’aimerais en faire renaître certaines, même si j’ai parfaitement conscience que la plupart d’entre elles sont complètement ringardes. Il en va ainsi de cette chanson « Je voudrais aimer » qui figure sur un 45 tours publié en 1963 par « Le Double Cinq ».

Elles étaient dix (et belges) : Annie, Yvette, Jacqueline, Rita, Martine, Michelle, Christiane, Agnès, Nicole, Marie-Claire. Elles ont créé leur groupe en 1961, sous la direction de Francine Mony qui était également l’auteur-compositeur de la majorité de leurs chansons. En 1963 – j’avais 10 ans ! – elles sortent ce 45 tours qui à l’époque eut pas mal de succès, surtout avec les trois autres chansons : Ces mains, Viens mon petit gars et C'est si beau.

D’inspiration clairement catholique (sauf celle que je reprends ici, du moins pas de manière explicite), ces chansons avaient de toute façon une fraîcheur inégalée. Dix voix féminines, accompagnées par une ou deux guitares, c’est quelque chose d’impensable aujourd’hui. À l’époque, ça tenait la route.

Elles ont encore sorti apparemment au moins 3 autres 45 tours, dont j’ignore tout mais qui sont présentés sur l’excellent site Encyclopédisque.

Ces chansons sont ringardes, c’est évident. Mais à l’époque, elles m’ont profondément touché. C’était pour moi la découverte d’une autre chanson. À côté de Johnny qui chantait « Souvenirs, souvenirs », il pouvait y avoir des chansons qui parlaient vraiment de quelque chose, qui avaient un texte. Il faut cependant reconnaître que j’étais sans doute plus ému par l’harmonie des voix que par le contenu textuel. Il est fort probable d’ailleurs que la principale qualité de ce disque était d’être arrivé jusqu’à notre Teppaz familial, le bel ancêtre de l’iPod !

Voilà donc cette chanson qui m’émeut encore près de 50 ans plus tard ! J’ai pu recopier le texte à partir d’un site qui reprend toutes les paroles du Double Cinq.

Pour pouvoir écouter la chanson, cliquez d'abord sur ce lien qui relancera la page et fera apparaître le lecteur.

Je voudrais aimer

J'ai besoin de vérité
J'ai besoin de ton amour
J'ai le désir d'y trouver
La force d'aimer qui m'entoure
J'ai besoin, je voudrais

Je n'ai pas la force d'aimer
Tous les hommes, tous mes frères
Je ne peux pas me forcer
D'aimer tous ceux de la Terre
Mais bien sûr, je dois aimer
Me donner bien malgré moi
Je dois surtout oublier
Qu'avant je ne t'aimais pas

Pourrais-tu, je t'en supplie
Pourrais-tu m'aider aussi
Dans l'amour où je ne puis ?
Je voudrais reprendre vie
Je dois pouvoir me briser
Je dois fuir cette énergie
Car j'ai le désir d'aimer
C'est le seul but de ma vie

Mais je garde en moi l'espoir
D'un jour qui sera merveilleux
Je voudrais, je veux y croire
Je désire t'aimer un peu
C'est en toi, celui que j'aime
Que j'ai préféré ce choix
C'est pour cela que je peine
Et tout cela c'est ma joie

samedi 22 octobre 2011

Un banal coupe-ongles

FMG © 2011

Ce banal coupe-ongles m’accompagne depuis des années dans mes nombreuses pérégrinations autour du monde. Je n’ai d’ailleurs jamais très bien compris pourquoi les contrôles de sécurité ne me l’ont jamais confisqué, eux qui parviennent à considérer comme armes dangereuses un rouleau de papier collant de peintre ou encore une allonge multi-prises !

Bref, ce banal coupe-ongles me sert périodiquement à… couper mes ongles, ce qui n’est pas totalement banal quand on essaie de garder à ces ongles la capacité de jouer de la guitare.

Mais ce banal coupe-ongles fait bien plus que ça. Rien que durant ma dernière mission qui vient de s’achever, il m’a permis de resserrer une vis afin de maintenir le pommeau de la douche dans une position permettant d’asperger mon corps viril plutôt que le mur me faisant face ! Je l’ai aussi utilisé pour déboucher une bouteille de vin que je me serais contenté de regarder s’il n’avait pas été là, au lieu de profiter du divin breuvage !

Comme quoi, un banal coupe-ongles peut changer… les choses de la vie ! J’allais écrire « changer la vie », mais il ne faut pas exagérer quand même. Il suffit en tout cas de peu de choses pour en faire beaucoup ! Constat banal, mais qui vaut la peine de garder en mémoire !

jeudi 20 octobre 2011

Informatisation… ou formatisation ?

Je suis actuellement en mission professionnelle dans un pays « émergent » d’Afrique. C’est vrai qu’on ne s’y sent pas vraiment en « Afrique », du moins selon certains clichés. Pour moi, l’Afrique est un continent d’avenir (même s’il est confronté à d’immenses difficultés et défis) et tous les pays d’Afrique sont donc émergents. Mais c’est sans doute une autre question.

Ce pays s’est lancé résolument dans la société de l’information. Aujourd’hui encore, j’ai pu découvrir des bases de données très sophistiquées, censées faciliter le travail de tout un chacun. Notamment, j’ai vu une base de données destinées aux écoles de l’enseignement secondaire. Dans cette base de données, tous les élèves devraient (à terme) être répertoriés et bénéficier d’un suivi précis. Ainsi, dès qu’un élève s’absenterait, le système en serait informé (et pourrait, comme cela se fait dans d’autres pays, informer les parents en temps réel par un sms). Le système est aussi construit de telle sorte que les enseignants peuvent – doivent ? – encoder les résultats de chaque élève aux évaluations sommatives qu’ils réalisent. Au bout du compte, on pourrait imaginer ainsi que ce soit la base de données elle-même qui décide, à la fin de l’année, si l’élève a réussi ou non. C’est du moins le bénéfice escompté que devraient en tirer les enseignants…

Si ce système, comparable à ce qui se fait dans d’autres pays, y compris la France autour du « socle commun des connaissances et des compétences », est un petit bijou d’un point de vue technologique, il m’interpelle cependant à plus d’un titre.

D’abord, sur sa dimension purement technique. Même si les choses peuvent changer rapidement, nous sommes dans un pays où il y a de nombreuses et longues coupures d’électricité et où les connexions internet sont relativement lentes et hasardeuses. Comment dans ces conditions implémenter réellement un tel système dans les écoles qui parfois même n’ont tout simplement pas d’électricité ?

De plus, tout le système repose sur l’investissement des enseignants qui sont invités à encoder en temps réel absences et notes. En ont-ils non seulement les compétences (on peut certainement les développer), mais en ont-ils surtout l’envie ? Qu’y gagneront-ils, si ce n’est des heures d’encodage ? Or, si les enseignants ne font pas convenablement leur part de travail, tout le système s’effondre.

Enfin, il y a de nombreuses questions éthiques et déontologiques. Pour moi, ce sont les questions fondamentales. Si on commence à assurer le suivi centralisé des absences et des notes des élèves, on continuera par encoder le nombre de fois qu’ils posent une question impertinente, qu’ils vont aux toilettes sans raison apparente, qu’ils regardent de trop près une personne de sexe opposé (ou semblable), qu’ils énoncent une idée contraire à la pensée politiquement correcte, qu’ils votent pour un parti différent de celui qui est au pouvoir… Bref, à force de vouloir tout savoir sur tout le monde, on est en train de construire une société où chacun n’existera – n’aura de valeur – qu’en fonction des informations qui le concernera dans les nombreuses bases de données… que dis-je : dans la base de données unique des citoyens de ce nouveau monde complètement informatisé. Et dans « informatisé », il y a non seulement « informations », mais surtout « formatisé » !

Les concepteurs qui m’ont présenté leur système d’informations ne pensent – c’est une évidence – qu’au développement de leur pays et à son insertion dans le 21e siècle, avec les meilleures intentions du monde. N’empêche, ça fait frémir !

samedi 15 octobre 2011

Faudrait jamais

Thierry Boccon-Gibod © 2011

Le dernier album de Nicolas Peyrac « Monterey » (mais qui se commercialise plutôt en un double album « Du Golden Gate à Monterey » qui contient également un album de reprises « Di(x)version » ainsi qu’une interview sur DVD) nous propose une chanson magnifique et pourtant bien triste : « Faudrait jamais ».

Cette chanson parle de nos enfants qui, inexorablement, nous quittent un jour pour voler de leurs propres ailes, pour faire leur vie et construire le monde. C’est leur destin… et pourtant, quel vide laissent-ils quand ils s’en vont ainsi. On sait bien qu’ils doivent partir, mais n’empêche « faudrait jamais ».

Au moment où le plus jeune de mes enfants s’envole à son tour pour poursuivre ses études à la capitale, cette chanson me touche particulièrement… et je ne suis pas le seul. On a beau se dire que c’est ça qui est nécessaire, que c’est pour leur bien, que c’est même pour ça qu’on les a faits, ça laisse quand même un vide intense, même si l’amour ne s'en trouve pas diminué.

La chanson peut sans doute être interprétée de différentes manières, y compris par exemple quand on perd de vue des amis sans qu’on sache trop bien pourquoi. Là aussi, faudrait jamais !

Ce n’est pas une chanson triste pourtant, car au bout du compte, il reste l’amour ou l’amitié.

À cet égard, j’adore la photo de couverture de ce CD. On y voit un Peyrac – touché par toutes les exactions du monde – qui continue sa route. Mais il y a son ombre. Et quand celle-ci se projette sur le mur, elle crée un autre être humain, accroupi, goûtant la sagesse de la vie. Cette photo est un chef d’œuvre parce qu’elle montre si fortement le prolongement de la vie dans une jeune sagesse qui nous est toujours supérieure.

Même si, faudrait jamais…


Avant d'écouter "Faudrait jamais", arrêtez le lecteur à droite (s'il fonctionne).

Faudrait jamais

On les regarde on les retient
Au fond de nos yeux à jamais
On fait de son mieux pour que rien
Ne vienne troubler le trajet
De leur vie
Tout pour éviter les naufrages
Et sûr qu’on ne dort que d’un œil
Quand ils tremblent ou qu’ils se réveillent

Faudrait jamais qu’ils s’en aillent
Qu’ils nous laissent
Le cœur chaviré, perdus
Si seuls dans nos maisons trop grandes
Sans eux
Faudrait jamais qu’ils nous disent
J’ai besoin d’air même si j’vous aime

On se fait la gueule on se fâche
Pour quelques broutilles presque rien
On se perd de vue on se cache
Avant de se tendre la main
D’oublier
Le pourquoi de tous ces non dits
Et même si chemins de traverse
On ne casse jamais le fil


On voudrait les suivre à la trace
Pour mettre balises garde-fous
Tout oublier du temps qui passe
Tout faire pour qu’ils restent avec nous

Nicolas Peyrac © 2011


mardi 11 octobre 2011

Le compromis à la belge existe encore

Quatre cent quatre-vingt-cinq jours après les élections, un compromis institutionnel a été annoncé aujourd’hui officiellement, dessinant une nouvelle Belgique, où chaque Communauté et chaque Région sont censées s’y retrouver. Cela ne nous donne pas encore un gouvernement, car après avoir discuté pendant tout ce temps de problèmes périphériques, il faut maintenant que les négociateurs abordent les vraies questions, celles qui auront un impact direct sur la vie des gens : le budget, les orientations socio-économiques, les mesures d’austérité ou de solidarité face à la « crise », les pensions, etc. Ce n’est pas encore gagné, mais on retombe dans des négociations normales et j’imagine qu’on devrait pouvoir déboucher plus ou moins rapidement sur un nouveau gouvernement.

Un nouveau gouvernement ne signifie pas, comme certains l’ont trop souvent répété, que la Belgique n’avait pas avant celui-ci de gouvernement. Il y a un gouvernement central « d’affaires courantes »… qui durant tout ce temps a dû gérer pas mal de situations, y compris « non courantes ». Il l’a bien fait et aujourd’hui, globalement, la Belgique s’en sort bien dans le contexte de la crise mondiale. C’est peut-être dû aux 5 autres gouvernements (Région-Communauté flamande, Région de Bruxelles-Capitale, Région wallonne, Communauté française de Belgique, Communauté germanophone), de plein exercice quant à eux.

Le compromis qui a été officialisé aujourd’hui est ce qu’il est… Je ne me prononcerai pas sur le fond, mais il me semble a priori un compromis « équilibré » comme les négociateurs l’ont souvent mis en avant : chacun y gagne un peu, chacun y perd un peu… et au total tout le monde est content (sauf les extrémistes évidemment).

Au-delà du résultat, qui s’est fait attendre, il faut bien le dire, il y a un processus qui me semble exceptionnel. Il est trop tôt sans doute encore pour écrire l’histoire, mais nous avons pu assister – durant ces 485 jours – à une véritable mise en œuvre de la démocratie, c’est-à-dire où un peuple décide ensemble quel est son destin. Le peuple, lui, bien sûr, s’est depuis longtemps détaché de la réflexion : il faut bien avouer que la plupart des gens, au Nord comme au Sud, se foutent complètement de ce qu’il adviendra de BHV… Ils s’en foutent, mais ils font aussi confiance à ceux que ça préoccupe : le peuple, dans sa grande majorité, pense que les politiciens finiront bien par s’entendre et que cela ne sert à rien de s’énerver. Les faits leur donnent raison. Quelle leçon de démocratie quand on y pense !

Dans d’autres pays – et prenons la France pour ne pas chercher trop loin – un tel cheminement aurait été absolument impossible. En France, la démocratie se résume aux décisions de la majorité contre les récriminations de l’opposition. Les dernières déclarations de M. Sarkozy sont révélatrices à cet égard : il conteste la légitimité des élections primaires du Parti socialiste, car celles-ci ne seraient pas dans l’esprit de la Ve République « Une élection en deux tours » ! Pour moi, Belge (et pour de nombreux démocrates français aussi), on est là dans des déclarations absurdes qui nient toute démarche démocratique. En soi, plus on donne la parole aux gens, plus on devrait être dans une démarche républicaine, non ?

Le paradoxe belge est un peu là. Nous vivons sous un régime monarchique, ce qui a priori n’est pas le régime le plus démocratique. Mais notre Roi se réjouit des accords qui ont été conclus dans le cadre du jeu démocratique ! Notre pays a été confronté à des difficultés institutionnelles qui en d’autres lieux auraient pu déboucher sur des guerres civiles. Ici, nous en sommes restés aux discussions, même avec les partis nationalistes. Ces discussions ont pu déboucher sur des accords – sans les partis nationalistes – et en soi, il s’agit d’un véritable miracle auquel, je l’avoue, je ne croyais plus vraiment !

Je ne sais pas trop ce que nous réservera l’avenir. Ce ne sera de toute façon pas facile. Et je n’ai aucune illusion : les récriminations institutionnelles resurgiront bien rapidement. Mais en attendant, comme le formateur Elio di Rupo l’a déclaré ce soir au journal télévisé de la Première, « le compromis à la belge existe encore ». Et rien que pour ça, ce soir, je suis fier d’être belge (même si j’aurais préféré que la Belgique se qualifie pour la phase finale de l’Euro !).

lundi 10 octobre 2011

Fin d’un épisode

FMG © 2007

Quatre paraphes, deux petites signatures au bas d’un bout de papier, 60 secondes chrono, et voilà une longue histoire qui se termine. Celle-ci ne fut pas un long fleuve tranquille et j’avoue y avoir perdu quelques heures de sommeil, ainsi sans doute que quelques touffes de cheveux.

Mais voilà, on y est… et c’est très bien ainsi. Cette histoire – peu importe ce sur quoi elle porte exactement – est avant tout une histoire de confiance. Confiance dans l’autre, confiance dans l’avenir, confiance dans les autres, confiance dans la solidité des liens. Mine de rien, la confiance, ce n’est pas rien ! Et rien que pour ça, l’histoire valait la peine d’être vécue !

Le bout de papier signé est un aboutissement et la fin d’un épisode. L’histoire n’est pas réellement terminée, mais elle se présente sous les meilleurs auspices.

L’objectif atteint aujourd’hui est poursuivi par de nombreuses personnes, avec raison. Le chemin que j’aurai parcouru pour y arriver est simplement un peu plus long que la normale et certainement plus original (ce qui n’est pas pour me déplaire).

Cet objectif atteint, je me pose inévitablement la question de savoir à quoi servait-il de l’atteindre. Bien sûr, il y a des raisons très matérielles, très concrètes, très prosaïques. Elles ont leur importance. Mais eu égard au temps – à l’infinie complexité du temps – le moment présent n’a-t-il pas seulement et surtout sa force d’être ?

Ce soir, je suis heureux et apaisé. Pourtant, je ne sais trop que la labilité de ces petits riens n’a d’égale que l’incertitude des visées prémonitoires.

Alors, prenons le temps comme il vient et réjouissons-nous de ces deux signatures. D’ailleurs, elles nous ont valu champagne et festin – court, simple, mais exquis ! Que rêver de mieux ?

jeudi 6 octobre 2011

Respect, M. Jobs !

En 1984, il y a 27 ans, je découvrais pour la première fois un ordinateur Apple : l’Apple IIe ! C’est avec lui que je pus réaliser l’expérimentation nécessaire pour la réalisation de mon mémoire universitaire dans le cadre de mes études tardives. Je n’avais pas conscience qu’avec cet appareil, ma vie allait changer !

Depuis lors, je ne compte plus les machines Apple qui m’ont accompagné dans mes tâches professionnelles, mais aussi dans mes loisirs : AppleIIC, SE-30, 630, 5300, Classic, LCII, LCIII, 4400, PB 100, PB 140, Duo 190, PB 1400, iMac, PB G3, PB G4, MacBook Pro… Toutes ces machines (et j’en oublie certainement) m’ont toujours ébloui par leur facilité d’utilisation, leur puissance de travail, leur convivialité, la diversité de leurs applications, leur part de rêve !

Je suis bien sûr aussi utilisateur de PC, mais même si ceux-ci font parfois des choses qu’un Mac ne fait pas – quoi, en fait ? – je n’ai jamais eu avec un PC le même plaisir qu’avec un Mac, sans compter tout ce qu’on fait avec un Mac et qu’on ne peut pas faire avec un PC. Mais la question n’est pas là aujourd’hui.

L’événement du jour, c’est bien sûr le départ de Steve Jobs. Un véritable visionnaire. Un de ces personnes qui doivent connaître le sens du mot « génie » pour tout simplement le vivre au quotidien.

C’est sous son instigation qu’il y eut aussi l’arrivée de l’iPod. Celui-ci bouleversa ma relation – essentielle – à la musique. Je ne suis pas (encore) passé à l’iPhone ni à l’iPad, tout en reconnaissant que ce sont de petits bijoux.

Cela dit, tout n'est pas joli dans cette histoire ! Le personnage n'était apparemment pas toujours d'une grande convivialité, surtout vis-à-vis de ses subordonnés. Et bien sûr, les usines de construction des petits bijoux en question ne sont pas spécialement des usines à fabriquer des droits de l'homme ! Enfin, si Jobs était un génie, c'était sans doute avant tout en matière de marketing, avec l'obsession première de faire de l'argent. Tout cela est vrai, et j'en ai bien conscience. N'empêche, toutes ces petites machines ont changé ma vie, plus en bien qu'en mal !

Alors, M. Jobs, simplement, merci…

Respect !

dimanche 2 octobre 2011

Ça, c'est fait !

Toute photo : FMG © 2011

Ce deux octobre deux mille onze, j’ai nagé dans notre petite piscine. Et c’était bien agréable ! Cela fait des années que je dis que nager après le 15 août relève de l’exploit climatique. Voilà qu’un mois et demi après cette date fatidique, j’ai pris plaisir à plonger dans cette eau limpide et à y rester quelque temps ! Y a plus de saison !

Cependant, faudrait pas croire. Le climat des journées que nous vivons ces derniers jours est vraiment exceptionnel et nous n’y voyons – avec raison – que le bon côté. Comment pourrions-nous nous plaindre de cette lumière et de cette chaleur que nous offre cet été indien (qui n’en est pas vraiment un) ? N’empêche, nous ne voyons sans doute là que le versant positif d’un changement climatique qui globalement est plutôt inquiétant.

Le soleil de ces derniers jours est évidemment bien plaisant (et je me répète, on aurait bien tort de s’en plaindre). Il est cependant bien bas, ce soleil. Il a beau brillé de ses mille feux, nos panneaux photovoltaïques n’en profitent malheureusement que fort peu. L’ombre des arbres l’empêche de donner toute son énergie. Même notre herbe a beau en profiter une bonne partie de la journée, elle ne parvient pas à sécher. Quoi qu’on en pense, nous sommes bien en automne.

Pendant ce temps-là, Hugo reste à l’ombre et se morfond. Il se dit que le monde a définitivement perdu la boule. Sa boule. Depuis quelques années, Hugo contemplait une belle boule en Terre. Pendant l’été, des jeunes sont passés par là. Ils se sont demandé – mais se sont-ils seulement posé la question ? – ce qui se passerait si le monde tombait sur la tête d’Hugo. Ils ont essayé en prenant la première Terre qu’ils ont trouvée. Cette Terre n’a pas résisté au choc des générations. Elle a définitivement cassé. Hugo n’a plus qu’un vulgaire ballon de basket à contempler, complètement pourri.

Mais c’est le monde qui est pourri. Ce monde où le vandalisme – public ou privé - devient une denrée tout à fait banale, une simple monnaie quotidienne.

Je me demandais comment je finirais par en parler. Cette Terre cassée n’a pas beaucoup d’importance. Ce n’était qu’une boule. Mais sa rupture témoigne peut-être de la bassesse dans laquelle nous vivons désormais. Ce n’est pas ce soleil chaleureux qui y changera quelque chose : nous sommes bien en automne. Pas seulement au niveau des saisons. Mais dans la vie. Automne du respect. Automne de l’amitié. Automne de la confiance. Il fallait le dire. Ça, c’est fait !

samedi 24 septembre 2011

Quand le cap est vert

FMG © 2011

Certains disent qu’il n’y a pas de coïncidence. Je ne sais trop ce qu’il faut en penser, mais c’est assez extraordinaire que la Diva aux pieds nus, Cesária Évora, ait décidé de mettre un terme (provisoire ?) à sa carrière alors même que pour la première fois de ma vie, je découvrais le Cap-Vert ! Il m’étonnerait bien qu’il faille y voir le moindre passage de témoin ! Le lien avec le décès – au même moment – du premier Président du Cap-Vert (1975-1991), Aristides Pereira, est sans doute plus vraisemblable, quoique peu probable !

Ces hypothèses gratuites n’ont pas grande importance. Ce qui importe, c’est que ce pays continue à se dresser fièrement en plein Océan Atlantique en cherchant à maximiser son développement. C’est un de ces pays émergents, et il le mérite bien.

En ce qui me concerne, m’y rendre fut pour moi une belle leçon d’humilité, en toute simplicité. J’y arrivais avec un statut d’« expert », mais j’ai souvent pu me rendre compte que l’expertise n’était sans doute pas du côté qu’on penserait a priori. C’est toujours une belle découverte, qui incite à progresser, même si sur le moment cela met quelque peu mal à l’aise.

L’histoire n’est pas finie… et j’y reviendrai certainement. Pour le moment, je retiens la fierté du phare situé à l’entrée du port de Praia. J’ai toujours été subjugué par les phares, par cette manière altière de se dresser face aux vents et à la mer, pour servir de signal de ralliement ou de rempart contre l’échec. Un phare nous apprend toujours tant de choses sur nous-mêmes, sur la nature, sur les hommes. Il ne faut pas qu’ils soient immenses : il leur suffit d’ériger leur humble superbe pour qu’on perde tout dédain ou toute arrogance. La vérité du phare est d’éclairer !

mercredi 21 septembre 2011

Les rêves du ciel

FMG © 2011

Survoler les nuages a quelque chose d’apaisant. C’est une sensation étrange où l’on se sent littéralement hors du monde, planant en (semi-)liberté ! S’il n’y avait pas ce bruit constant des moteurs et la promiscuité des sièges, on se dirait que réaliser un vol en avion, c’est découvrir un instant de paradis.

Il faut aimer ça évidemment. C’est mon cas. J’ai découvert l’avion assez tard et je n’aurais jamais cru l’utiliser autant. Je n’ai pas tenu de statistiques précises, mais j’évalue à plus de 500 vols réalisés durant ces 20 dernières années. C’est loin d’être un record, mais ce n’est pas non plus le bas du classement, ni même le niveau moyen.

À chaque décollage, j’éprouve toujours le même plaisir, la même fascination. Je n’ai jamais eu peur en avion (si ce n’est celle de ne pas retrouver mes valises à mon arrivée, ce qui m’est malheureusement survenu quelques fois). J’ai bien sûr eu parfois des questions qui surgissent brusquement dans mon esprit : « Et si… ». Mais ce ne furent que des flashs et – jusqu’à présent – ce ne resta jamais qu’un doute passager, sans le moindre début d’opérationnalisation. Tant mieux !

Alors, je reste avec mes rêves. Ces rêves du ciel qui nous font voir les contingences terrestres avec un autre regard en se disant que finalement tout est possible. Si même « voler » est devenu une réalité d’une banalité étourdissante, on peut croire que les miracles humains peuvent exister. Si ce n’était ce bruit constant de l’hypocrisie et la promiscuité de la bêtise. Rien n’est parfait !

Un jour, peut-être… ces rêves du ciel !

jeudi 15 septembre 2011

L’imbécillité des ingénieurs

Un ami se plaint souvent des ingénieurs qui – selon lui – n’arrêtent pas d’inventer des trucs compliqués et inutiles, en dehors de tout bon sens. La plupart du temps, je ne suis pas d’accord avec lui (ce qui ne nous empêche pas de rester amis), mais j’avoue que cette fois, ces « ingénieurs » ont fait fort !

La sortie 5 – Bierges, Rixensart – de l’autoroute E411 est devenue un lieu stratégique depuis que le zoning de Wavre-Nord s’est développé, spécialement avec l’extension sans fin de la firme pharmaceutique GSK. Bref, alors qu’il n’y avait que peu de problèmes à cette sortie, l’augmentation du trafic a fini par créer parfois des situations difficiles.

Une solution avait déjà été trouvée pour les automobilistes venant de Bruxelles (c’est-à-dire de la gauche sur la photo) et devant se rendre vers GSK (c’est-à-dire vers le Nord, par la Chaussée des Collines). Une nouvelle sortie a été créée, allongeant le chemin, mais leur permettant de déboucher sur le pont au-dessus de l’autoroute sans devoir traverser la N257. Très bien.

Restait le problème des automobilistes venant de Wavre ou de Namur (c’est-à-dire du coin inférieur droit) et voulant se rendre vers Rixensart (c’est-à-dire vers le Sud). Ceux-là doivent couper la N257, non sans danger.

Depuis des mois, de nouveaux aménagements ont eu lieu qui – intrinsèquement – ont clarifié les flux de circulation et éliminé pas mal de petits dangers. Pour régler le problème ci-dessus, les ingénieurs (enfin, je suppose que c’en sont) ont décidé de placer des feux lumineux pour réguler la circulation. Comme la situation est un peu complexe, ils ont installé plus d’une vingtaine de feux lumineux. Ceux-ci ont été mis en service pour la première fois lundi en fin de journée. Mardi matin, c’était la foutoir total : il y avait partout des voitures bloquées, spécialement sur l’autoroute, qu’elles viennent de Bruxelles ou de Namur ! Les policiers ont été appelés d’urgence pour réguler la circulation, passant outre les feux lumineux. Ceux-ci ont été désactivés le jour-même et depuis lors des bandes pour mesurer les flux de voitures ont été disposées un peu partout.

Honnêtement, je suis convaincu que quel que soit le rythme qui sera donné aux feux, ceux-ci ne feront que créer des embouteillages stupides et inutiles. D’autant plus stupides et inutiles qu’ils auraient facilement – et à moindre frais – pu être évités tout en réduisant le danger. Il aurait suffi de créer un rond-point à hauteur de la Carosserie de Bierges. Celui-ci aurait permis une circulation libre. Les voitures venant de Namur et souhaitant aller vers Rixensart aurait eu un petit détour à faire, mais en toute sécurité.

Cette solution était sans doute trop simple. C’est vrai qu’on est en Belgique et qu’il y est rare d’adopter des solutions faciles ! On aime la complexité ! Mais cette fois, vraiment, il y a de quoi se poser des questions ! (Se les poser à ce niveau évite de devoir s’en poser d’autres à d’autres niveaux…)

vendredi 26 août 2011

Les plaisirs cachés

FMG © 2011

Je viens de vivre ce qui sera peut-être ma dernière soirée dans ce pays merveilleux qu’est Madagascar. J’y travaille – par intermittence – depuis 2004 et j’ai appris à apprécier ce peuple et ce pays. J’y termine mon 24e séjour, sans avoir aucune certitude d’en vivre d’autres.

À Madagascar, le vendredi soir, c’est le « vendredi magnifique ». Dans les rues, il y a une animation particulière. Les étals de brochettes de bœuf et de poulet éclosent un peu partout. Plus discrètement, les vendeurs de bière font leurs affaires. Un pays comme un autre finalement.

À l’hôtel Palissandre qui m’accueille depuis mon premier séjour, le vendredi est consacré à une soirée malgache. Brochettes et punch offerts à l’apéritif. Nourriture malgache au menu du jour, préparée avec autant de qualité qu’elle ne l’est les autres jours. Et pendant tout ce temps, musique malgache. Ce soir, ils n’étaient que deux, mais la qualité de leur musique traditionnelle était à la mesure de celle du service que cet hôtel offre en permanence.

Il y avait dans la salle de restaurant une bonne vingtaine de convives qui – il faut bien l’avouer – ne semblaient pas trop s’intéresser à cette musique malgache interprétée par de bons musiciens. Du moins, c’est l’apparence que les convives donnaient. Peut-être en fait étaient-ils en train de planer. C’est difficile de montrer sa satisfaction musicale ou culturelle quand on est en train de se remplir la panse.

N’empêche, ne passe-t-on pas trop souvent à côté d’un petit bonheur qui en annonce un grand ? Il est ainsi des tas de moments où quelque chose d’extraordinaire se passe sans qu’on le perçoive, tout simplement parce que notre esprit ou notre corps est occupé par d’autres rêves tout aussi exaltants, mais qui servent d’écran aux autres plaisirs.

Cette soirée aurait pu être banale… une fin de mission de plus. Mais soudain, j’ai entendu les cordes de la valiha, j’ai entendu la voix mélodieuse de cette belle chanteuse, j’ai entendu les volutes mystérieuses de cet autre monde… Je m’y suis laissé bercer, me demandant pourquoi chaque jour n’était pas pareil et pourquoi tant de zigotos passaient à côté des réalités simples de la vie. Pourquoi laisser les plaisirs cachés ?

samedi 20 août 2011

La force de la conviction

FMG © 2011

Une grande dame s’en est allée. La dernière fois que je l’ai vue – il n’y a pas longtemps –, elle était toute petite, ravagée par la maladie. Derrière cette fragilité, il restait sa luminosité. C’est celle-ci que je garderai toujours en mémoire.

Ce n’est pas quelqu’un que j’ai très bien connu. Pour moi, c’était surtout, durant mon adolescence, la Maman d’ami(s) précieux. Je me suis retrouvé chez eux plus souvent qu’à mon tour. Elle m’a toujours accueilli, en toute simplicité. Confusément, je sentais bien que cette femme était différente des autres.

Ce n’est que bien plus tard que j’appris des éléments de son histoire : « L’exil des enfants de la guerre d’Espagne (1936-1939) ». Si elle était en Belgique, c’est parce que, enfant, elle avait dû fuir l’Espagne, sa guerre civile et sa folie. Ayant tout perdu, elle a eu tout à reconstruire. En restant fidèle à l’idéal de sa famille, de son peuple, de sa vie. Elle, apparemment si menue, se dévoua pour garder la mémoire de ces jours, pour réunir ceux qui les avaient fuis, pour donner sens à la vie qui s’était reconstruite.

Emilia laisse aujourd'hui derrière elle un homme, son mari qui en a été bleu toute sa vie. Il y avait de quoi. Elle laisse aussi trois enfants… bien grands maintenant. Ils sont tous les trois différents, mais ils ont en commun une fierté d’être et de vivre qui illumine ceux qui les approchent. Par eux, elle continue pleinement à vivre sa force de la conviction. Toujours aussi grande !

lundi 8 août 2011

Pierres pairées

En vacances chez nos amis français, nous avons passé d’excellents moments à jouer une adaptation libre du « Mot de passe ». En trois mots, il faut faire découvrir à son comparse un autre mot choisi par la paire adverse !

Ce soir-là, l’équipe des filles devait (faire) découvrir le mot « colonie ». Assez simple, non ? Mais quel ne fût pas notre étonnement d’entendre notre amie française proposer en premier mot-indice « pairée » ! Mais que voulait-elle bien dire ? Heureusement, elle proposa deux autres mots qui permirent à Brigitte de prononcer le mot magique « colonie », ce qui n’avait rien de prodigieux, il faut bien l’avouer.

On discuta donc, pour essayer de comprendre, ce « pairée » mystérieux. Il ne fallut pas longtemps pour éclairer notre lanterne. Nath avait simplement dit « Perret ». Pierre Perret !

Nous n’en revenions pas, nous les petits Belges ! Il faut savoir – je m’inspire de l’excellent livre Dictionnaire des belgicismes, de Michel Francard et al., paru en 2010 chez De Boeck-Duculot - que « le français de Belgique présente un certain nombre de traits généraux de prononciation qui le caractérisent en propre ». Parmi les plus répandus, on peut retenir « le maintien de l’opposition /ε/ - /e/ en finale absolue, ce qui permet (notamment) de distinguer la première personne du singulier du futur simple (je mettrai [-e]) de la première personne du singulier du conditionnel présent (je mettrais [-ε]). »

C’est quand même dingue de se dire que des peuples qui parlent la même langue, dont certains souhaiteraient annexer – rien que ça – les autres, alors même qu’ils craignent d’être envahis par ailleurs, ne parviennent même pas à prononcer les mots de la même manière ! Notez que ce sont d’ailleurs les Belges qui « maintiennent » l’opposition entre les deux sons, alors même que les Français (enfin, certains d’entre eux du moins) ont perdu cette différenciation phonologique fondamentale sur le plan sémantique !

Arrivé au terme de ce billet, vous vous demandez peut-être quel est le sens de la photo qui l’illustre. Ce n’est pourtant pas difficile : « la chondrite carbonée NWA 2224 possède des chondres polychromes très jolis. Elle pourrait être pairée avec la NWA 3118 », comme le signale judicieusement l’excellent site de l’Association des géologues amateurs de Belgique ! Ce sont donc des pierres pairées !


lundi 1 août 2011

Silence de Taizé

BH © 2011

Quel que soit l’état d’esprit dans lequel on s’y trouve, il faut reconnaître qu’assister à une veillée de prière dans l’église de Taizé est un moment intense.

Voir plus de 2000 jeunes, issus du monde entier, se réunir en silence pour vivre un moment de méditation est déjà une expérience en soi. Ici, point de discours moralisateur ou prosélytiste. Juste le silence. Le silence et les chants. Ceux-ci sont basiques et répétitifs. Ils créent une harmonie douce, envoûtante. On s’y laisse embarquer. La polyphonie est simple, mais elle s’exprime en tant de langues qu’on se laisse bercer pour un tour de monde fraternel.

Il y a bientôt 40 ans, j’avais vécu la découverte de cette ambiance comme un véritable révélateur – pour ne pas parler de « révélation » - qui anima le chemin de ma jeunesse d’une force irrésistible.

Y revenant – en touriste, il faut bien le dire – quelques décennies plus tard, j’avoue ne pas m’être envolé. Bien sûr, l’ambiance n’est pas celle qu’on rencontre à tout coin de rue. Tout est fait pour entrer en soi-même et trouver les chemins qui permettent d’en sortir. Il y a là une certaine magie intense et profonde. Mais la magie n’a pas pris cette fois. C’est vrai que pour cela il aurait sans doute fallu y croire.

N’empêche, lorsqu’on quitte ces lieux, on se sent un peu différent. Comme s’il s’était quand même passé quelque chose. Allez savoir !

mardi 26 juillet 2011

Raretés communes

FMG © 2011

Un des grands petits bonheurs d’être en France est de pouvoir y trouver des produits – basiques pour la plupart – qu’on ne trouve pas ou plus en Belgique. Mine de rien, c’est un plaisir de déambuler dans les allées d’une grande surface quelconque pour y dénicher ces petites choses qu’on ne voit pas par chez nous (ou alors très rarement).

Rien d’extraordinaire là-dedans. Il faut parfois savoir prendre son plaisir là où on le trouve, même si ce qui provoque celui-ci n’a rien de glorieux ni de transcendant.

Vive la France ! D’autant plus qu’à côté de ces petits bonheurs sans importance, il y a la joie d’être ensemble, de vivre de bons moments qui eux ont leur importance.

Pour reconnaître les choses comme elles sont, il faut aussi admettre que la Belgique offre quelques plaisirs aussi inédits que banals : des Mignonnettes, du fromage de Maredsous, des bières à ne savoir choisir (Duvel, Brigand, Orval, Brugge…), etc.

Au bout du compte, tout le monde y trouve son compte ! Vive l’Europe, vive l’amitié et vive les vacances !

jeudi 21 juillet 2011

Wallonie traquée

Alors même qu’en ce jour de Fête nationale des Belges, on peut entrevoir quelques éclaircies dans le ciel politique de la Belgique (on est encore loin de l'embellie cependant), il a suffi que cette sotte de Marine Le Pen « imagine un rattachement de la Wallonie à la France » pour que le compteur de statistiques de mon blog explose ! La journée n’est pas encore finie, et nous en sommes déjà à 168 visites pour le billet « Vers la Wallonie française ? », alors que Réverbères tourne normalement avec un peu plus de cinquante visites par jour.

Quand je dis que le compteur de statistiques du blog explose, ce n’est qu’à moitié vrai : le service que j’utilise – Block Tracker – rencontre en effet quelques problèmes depuis quelques temps… et ce qui sera sans doute mon jour le plus visité ne sera pas repris apparemment dans les statistiques globales de mon compte. J’avoue que cela ne m’empêchera pas de dormir (ce qui n'est pas rien par les temps qui courent), même si ce n’est pas sans importance pour moi.

Ce qui est amusant – euphémisme ? – c’est que l’immense majorité de ces visiteurs d’un jour ont des adresses IP situées en France ! Comme j’ai déjà pu le constater à plus d’une reprise, ce sont surtout les Français qui se préoccupent de cette éventuelle annexion de la Wallonie par la France. Les Belges, il faut bien le reconnaître, ne s’y intéressent pas trop (avec raison d’ailleurs).

Pour la petite histoire, toutes ces personnes arrivent sur mon blog parce qu’elles tapent « wallonie » dans le moteur de recherche Google et que celui-ci leur propose en troisième image la carte de France augmentée de la Wallonie. J’avais moi-même emprunté à l’époque cette carte à un site quelconque, mais c’est le mien que Google a retenu !

Justement, que retenir de tout ça ? D’abord, que j’aime les Français et la France. Je m’y trouve actuellement, chez de précieux amis sans qui la vie ne serait pas tout à fait la même. Puis, que Marine Le Pen est quelqu’un qui dit vraiment n’importe quoi, tant que cela peut lui attirer des clients supplémentaires. Ensuite, qu’elle ne doit pas vraiment espérer gagner ceux-ci du côté de la Belgique, et certainement pas du côté des Wallons. Enfin, que cela m’a permis d’écrire un billet en fin d’une journée qui a été, une fois de plus, un peu pluvieuse… Normalement, nous aurions dû la passer dans des festivités villageoises en l’honneur de la Fête nationale belge. Mais voilà : après avoir essuyé quelques averses, les organisateurs ont préféré annuler leur fête ! Quel hommage aux Belges et à leur drache nationale !

lundi 18 juillet 2011

La Dordogne dort

FMG © 2011

La Dordogne dort. Par les temps qui courent, elle n’a pas grand chose à faire d’autre. Alors, elle dort, la Dordogne. Elle en a bien de la chance !

Ne pas s’endormir. Ne pas arriver à s’endormir. Plus on y pense, moins on dort, moins on s’endort. C’est inéluctable. Et ça n’a rien de drôle.

Il faut faire avec, comme on dit. Ça fait passer le temps. Car le temps est long quand on ne dort pas. Alors, on prend son mal en patience. Il en faut de la patience. Ça ne sert à rien de s’énerver. Plus on s’énerve, moins on dort, moins on s’endort. Alors, mieux vaut rester calme, patient, décontracté. Simple à dire.

Au bout du compte, je ne m’inquiète pas. Je sais que c’est passager. Même si je ne sais pas trop ce que c’est, une « bonne » nuit, normalement, je dors quand même, globalement. Simplement, parfois, je ne dors pas. Je ne parviens pas à m’endormir. Il n’y a alors, malheureusement, aucune recette. Du moins, je n’ai aucune recette. Je pourrais utiliser des artifices, mais cela ne ferait que déplacer le problème. Et celui-ci n’est pas assez grave pour le détourner.

La Dordogne, elle, dort et se détourne au fil de ses lacets. Parfois, elle dort moins. Mais c’est pour mieux dormir quelques centaines de mètres plus loin. Elle vit ça en toute quiétude. Elle a bien raison. Pourquoi, d’ailleurs, en serait-il autrement ?

La Dordogne dort. Par les temps qui courent, elle n’a pas grand chose à faire d’autre. Alors, elle dort, la Dordogne. Elle en a bien de la chance !

dimanche 17 juillet 2011

Soleil paisible

FMG © 2011

Il est des moments où il convient de sentir le présent, de s’y laisser aller, de ne pas s’inquiéter de la pluie ou du beau temps, de croire que tout est possible.

Ce n’est pas de la naïveté innocente. C’est la force du monde. La conviction de l’ouverture profonde. La foi du soleil paisible.

Pourquoi d’ailleurs faudrait-il se compliquer la vie avec ses aléas et ses ritournelles ? Ne peut-on parfois simplement goûter les plaisirs de l’instant ? Le bonheur n’est-il pas simplement l’interaction entre de nombreux petits bonheurs, sans doute entrecoupés de lignes plus obscures qui ne sont peut-être là que pour se transformer en rayons de lumière ?

D’ailleurs, les doutes ne sont-ils pas que des certitudes questionnées et les certitudes des doutes éclairés ? Croire à la lumière !

dimanche 10 juillet 2011

Vox populi

Il a suffi que quelques scouts en hike poursuivent un renard passant par là pour se retrouver devant une belle maison. À la recherche d’un gîte pour la nuit, ils ont sonné en se disant qu’il serait sympathique de loger dans cette belle bâtisse. Ils furent accueillis poliment, mais rapidement reconduits chez eux… par la police. Sans le savoir, ils avaient sonné à la porte du Château de Ciergnon, demeure royale !

L’épisode fait sourire. M’y intéressant pour la bonne et simple raison que mon fils est un des animateurs de cette troupe scoute, j’ai été surpris – quoique – de lire les commentaires fleurissant sur les forums de certains journaux en ligne, ici et . Quelle désinformation !

Il y a d’abord ceux qui accusent nos souverains de ne pas même avoir pu accueillir ces braves scouts innocents, y voyant la preuve de leur arrogance vers le petit peuple ! C’est vrai qu’il eût été sympathique que ces scouts soient accueillis plus chaleureusement, ne fut-ce qu’avec un verre d’eau à défaut d’un couchage quelconque. Encore eût-il fallu pour cela que les propriétaires du lieu soient informés de cette visite inhabituelle ! Le personnel n’a sans doute fait que suivre les règles élémentaires de sécurité, sans trop se poser de questions. Était-il nécessaire d’appeler la police (ou plutôt un membre de la sécurité présent sur place) ? Sans doute que non, mais ce n’est peut-être que la procédure. Bref, de là à interpréter ce renvoi poli comme une attitude méprisante d’exclusion, il y a un pas qui ne me semble pas pouvoir être franchi.

Un autre groupe de commentaires s’offusque de lire que de jeunes scouts devaient chercher un lieu pour loger ! S’ils sont en camp, n’ont-ils pas des tentes à leur disposition ? En réalité, ces scouts étaient en train de vivre un moment très important de leur camp : le hike. Pendant trois jours, ils se retrouvent en patrouille en devant parcourir un itinéraire et se débrouiller notamment pour trouver un logement. Ils ne sont pas « abandonnés » à leur triste sort, mais sont confrontés à un moment d’autonomie et de débrouillardise. Cela fait des dizaines d’années que cette activité existe dans de nombreuses troupes et elle constitue certainement pour les jeunes un des sommets de leur camp. C’est évidemment aussi un moment où certaines bétises sont commises, la plupart du temps sans lendemain. Ne sont-ce pas elles qui donnent un peu de piment à la jeunesse ? Bref, rien d’anormal dans cette aventure.

Ces réactions, parfois virulentes, interpellent. Il est frappant de constater que des personnes déversent leur hargne sans beaucoup de discernement, sans être réellement informées de la réalité. Au-delà de l’anecdote qui les a suscitées, elles posent la question de la confiance qu’on peut accorder à la voix du peuple. Pour sortir des problèmes dans lesquels la Belgique se trouve engluée, la solution du referendum paraît une bonne piste et je la soutiens personnellement. Mais je m’interroge néanmoins sur la validité des conclusions qui en sortiraient. Décidément, les êtres humains sont d’une grande complexité…

mardi 28 juin 2011

Légèreté de l'été

Il faut dire les choses comme elles sont : l’avantage de journées ensoleillées comme aujourd’hui, c’est non seulement de profiter de la chaleur et d’une certaine légèreté de vie, mais c’est aussi de profiter de la beauté et d’une certaine légèreté vestimentaire des filles !

Traversant la ville durant l’heure de midi, j’ai pu m’émerveiller devant tant de grâce. Cela ne durait jamais qu’un instant, juste le temps de croiser de charmantes demoiselles, pour aussitôt les oublier et en regarder d’autres. « Juste pour le plaisir des yeux » comme dirait l’autre.

Ces regards croisés ne font pas de moi un pervers. Enfin, je n’en ai pas l’impression. Ce n’est en réalité qu’un souffle de fraîcheur qui partage son apesanteur. Simplement des petits bonheurs.

Ce n’est pas nouveau. J’en ai fait en son temps une chanson - encore une valse -, sans aucune prétention ni malice : Les jupettes. La voici !

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J’ai vu des jupettes
Qui m’ont fait blêmir
De belles gambettes
Dont je ne saurais dire
Si c’est la forme douce
Qui nourrissait mes fantasmes
Ou la longue pousse
Qui allumait ma flamme
Mais ce que je sais
C’est qu’un peu de chair fraîche
A pu décocher
Dans mon cœur quelques flèches
Et qu’un bout de tissu
Formé de quelques plis
À ce point m’a ému
Que j’en suis tout épris

Une petite robe noire
Sur des jambes dénudées
Qui me ferait croire
Que je les ai possédées
De fines bretelles
Aux épaules arrondies
D’une demoiselle
Encore bien plus jolie
Et mon rêve est atteint
Le bonheur est entier
Je suis comme un gamin
Aux yeux émerveillés
Rien qu’un bout de tissu
Formé de quelques plis
Fait d’une cuisse aperçue
Un bien beau paradis

François-Marie GERARD - FMG © 2004

samedi 25 juin 2011

De petits cailloux sur la plage

FMG © 2011

Les lecteurs fidèles de ce blog auront remarqué que les nouveaux messages s’y font plus rares. Selon toute vraisemblance, cela ne devrait pas changer.

Difficile d’en cerner, et a fortiori d’en expliquer, toutes les raisons. Il y a de la lassitude. Il y a la peur de tourner en rond, de répéter ce qui a déjà été écrit. Il y a l’émergence de nouveaux moyens de communication, dont les réseaux sociaux même si ceux-ci ne remplacent en rien ce que peut apporter un blog. Il y a ce questionnement permanent, autant envoûtant que fatigant, « mais de quoi vais-je bien pouvoir parler ? ».

Il y a sans doute aussi le fait que je n’ai jamais réussi à faire naître un véritable dialogue avec des lecteurs. Depuis toujours, les commentaires sont relativement rares sur ce blog et sont le plus souvent issus de quelques personnes amies. Moi, ce qui me plairait bien, c’est d’avoir des débats, des échanges d’idées. Rien de tout cela. Les messages qui pour moi sont les plus importants, ceux où je dis vraiment quelque chose, sont aussi la plupart du temps ceux qui ne provoquent aucun commentaire. En ai-je trop dit ? Mes positions sont-elles trop tranchées, l’air d’avoir tout dit sur la question sans possibilité de dialogue ? Abordé-je des problématiques qui n’intéressent personne ? Je n’en sais rien et avoir les réponses à ces questions ne changerait rien : l’évidence est que je ne suis pas arrivé à créer les réactions.

Le blog Réverbères reçoit quotidiennement une série de visites. Actuellement, il en reçoit environ 80 par jour, ce qui n’est pas mal ! Il faut pourtant reconnaître que la majorité de ces visites ne sont que fortuites. Le message le plus visité pour le moment – et de tout temps d’ailleurs – est sans conteste le billet « Merci ». Un titre : merci ! Une image : merci ! Un message : merci ! Et quelques commentaires. Si ce message est le plus lu, c’est tout simplement parce que pas mal de personnes cherchent à dire merci. Alors, elles vont dans Google et tapent « merci ». La quatrième image qui leur est proposée (la plus belle) vient de chez Réverbères ! Idem si vous tapez « cirque » : cette fois, c’est même la première image (mais il y a moins de gens qui cherchent une image de cirque). En soi, cela me plaît bien que le message « Merci » soit le plus visité. C’est celui où j’ai sans doute le mieux réussi à dire ce que j’avais à dire ! Mais enfin, on ne peut pas dire pour autant que tous ces visiteurs s’intéressent vraiment à ce que raconte Réverbères !

Le blog est également lisible à partir du site Paperblog.fr. C’est une reconnaissance de qualité puisque c’est à la demande de ce portail que mes articles y sont également publiés. Cela accroît nettement le nombre de lecteurs, du moins si on en croit leurs statistiques. Par exemple, selon eux, le billet « Quand un prof devient élève… » aurait été lu 9 fois sur Réverbères pendant qu’il aurait bénéficié de 187 lectures sur Paperblog.fr !

Enfin bref, je sais que ce blog n’est pas nul ! C’est bien pourquoi je n’ai aucune intention de l’arrêter complètement et encore moins de le supprimer. Simplement, je n’en fais plus une nécessité, comme cela a pu être le cas en certaines périodes.

De toute façon, pour moi, l’expérience a été – est – plus qu’enrichissante. J’ai pu exprimer ici des tas de choses qui n’auraient pas été possibles autrement. Je l’ai toujours fait avec une certaine exigence de qualité d’écriture… et j’estime que j’ai écrit de belles lignes parfois. J’ai pu développer un certain style et, même s’il ne suscite guère de commentaires, je sais que celui-ci a pu être apprécié par plus d’un lecteur. Bref, au bout du compte, le bilan est plus que positif. Simplement, j’ai besoin de laisser couler un peu les choses…

Tiens, juste avant de publier, je constate que ce billet est le 500e depuis l’existence de Réverbères ! Ça fait quand même quelque chose ! Belle occasion de marquer le coup ! Comme de petits cailloux sur la plage…