Il m’arrive de former des demandeurs d’emploi. Une bonne partie de ceux-ci – souvent des ingénieurs – ont une carrière professionnelle plus ou moins longue derrière eux, parfois à des postes de responsabilité ou comme chefs de projet. Ils ont néanmoins perdu leur travail et viennent suivre des formations pour se recycler et espérer trouver un nouvel emploi dans un secteur émergent et technique.
N’intervenant dans leur processus de formation qu’à raison de 4 journées, autour de la gestion de projets, il ne m’est pas possible de connaître dans les détails la vie de chacun et les raisons qui l’ont amené à se retrouver demandeur d’emploi. La conjoncture socioéconomique explique sans doute certains licenciements, si pas la plupart d’entre eux. Néanmoins, certains ingénieurs travaillaient dans une entreprise qui n’était pas en situation critique et il est permis de penser que s’ils ont été licenciés, c’est parce qu’ils ne correspondaient pas parfaitement à ce que leur société attendait d’eux.
Un bon chef de projet est quelqu’un qui a des compétences techniques dans le domaine concerné par le projet, mais aussi des compétences en matière de gestion et de planification ainsi que des compétences relationnelles. Paradoxalement, ce sont sans doute les compétences techniques qui sont les moins importantes pour être un bon chef de projet. À l’opposé, les compétences relationnelles sont fondamentales : le chef de projet doit être leader, négociateur, psychologue, vendeur… Il faut bien l’avouer : les ingénieurs ne sont pas vraiment formés à ces compétences. Et certains ne les ont que très peu développées !
Ce qui me frappe, c’est la difficulté de certains à accepter qu’on peut faire autrement que ce qu’ils ont toujours fait ! Leur discours est clair : « ce que vous proposez ne correspond pas à la réalité où ça se passe comme ça… ». Ils ont sans doute raison : c’est « comme ça » qu’ils ont toujours agi… et c’est peut-être pour ça qu’ils ont été remerciés !
Qu’on me comprenne bien : j’admire fondamentalement ces personnes qui, dans une phase difficile de leur vie professionnelle, viennent se recycler alors qu’elles ont près de 50 ans, voire même 60 ans pour certains. Elles sont vraiment en projet, bien loin de l’idée qu’on se fait parfois des « chômeurs ». Mais je suis quand même toujours étonné par la difficulté qu’ont certaines d’entre elles à se remettre en question, à se dire qu’on peut agir autrement que de la manière dont elles ont toujours agi, à modifier des démarches qui ne se situent pas sur le plan strictement technique…
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