Les aléas de la vie professionnelle m’ont ramené dans ce restaurant « Pinocchio », à Luxembourg, qui m’avait émerveillé en 2009 ! J’y ai mangé deux soirs avec, à peu de choses près, les mêmes menus qu’il y a deux ans. C’était bon, mais sans plus. La magie avait disparu. Je n’étais plus à Beyrouth, mais seulement à Luxembourg.
La vie est ainsi faite. On s’émerveille devant un paysage, face à un événement, en compagnie d’un ami. Puis, on y revient, on le revit ou on le retrouve. Et on déchante. On se rend compte que la réalité n’est pas tout à fait la même que celle qu’on s’était construite.
Ce n’est jamais un moment facile. Sans doute, fait-on alors tout pour garder l’image du fantasme. Mine de rien, ce n’est jamais évident d’accepter que l’on s’est trompé, qu’on a pu voir la beauté là où il n’y avait que la banalité.
Pourtant, la véritable beauté n’est-elle pas dans la banalité ? La magie de Pinocchio n’était plus là. Mais il restait l’artisanat de Geppetto, ce pauvre menuisier italien créateur d’une vie artificielle qui parle tellement de la vraie vie.
Dans l’inconscient collectif d’aujourd’hui, Pinocchio est définitivement associé au mensonge et aux nez qui s’allongent. Ils sont plus fréquents qu’on ne veut bien le croire, ou l’espérer. Les menteurs font partie de la banalité de la vie. Quand ils prennent la forme de ce qu’on a cru un ami, leur nez s’allonge d’autant plus, et cela fait mal.
J’étais ainsi perdu dans mes rêves. Mais j’étais simplement en train de manger une friture de fruits de mer, juste à Luxembourg.
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