Ainsi donc, lundi prochain, près de 540 jours après les élections, la Belgique devrait disposer d’un nouveau gouvernement, issu de ces élections qui semblent bien loin.
La dernière fois que j’en avais parlé, il y a bien longtemps, c’était effectivement pour déplorer la lenteur des négociations tout en reconnaissant la complexité de la situation. S’il a fallu tant de temps, c’est que ce n’était pas simple. La question communautaire – sans doute bien futile – a encore été compliquée par la situation socio-économique.
Les accords qui doivent encore être validés par les partis et par le parlement ne sont pas les meilleurs qui soient. Il y avait certainement moyen de faire mieux encore, mais ce « mieux » dépend des options politiques que l’on défend. Personnellement, mon cœur penche plutôt du côté des soixante à quatre-vingt mille personnes qui ont défilé en ce jour, mais il faut bien se dire que les accords sont des accords… et qu’ils sont donc le fruit de compromis. Difficile d’avoir le beurre, l’argent du beurre et – pour se laisser aller à un peu de trivialité – le cul de la fermière en même temps !
Le délai qui fut nécessaire pour arriver à ces accords n’est certainement pas « normal ». Mais en soi, il est néanmoins exemplaire ! Le régime représentatif belge, fondé sur le système proportionnel, nécessite inévitablement de déboucher sur des accords où chacun lâche un peu de lest et accepte de ne pas imposer son unique solution. C’est le fameux « compromis à la belge ». Il a fallu cette fois beaucoup de temps pour y parvenir. Mais la société belge a globalement accepté de jouer le jeu. Le gouvernement en affaires courantes a géré celles-ci, parfois même un peu plus. C’est que les embûches ne manquaient pas. Il fallait les surmonter et ce gouvernement qui n’avait plus de légitimité démocratique en a trouvé cependant une de facto. La Belgique s’en est bien sortie.
Pendant tout ce temps, les négociations ont continué… avec – il faut bien l’avouer – plusieurs périodes de sur-place, quand ce n’était pas des périodes de recul. Mais tout cela s’est fait dans le respect des règles démocratiques. Personne n’a imposé par la force sa volonté aux autres. Bien sûr, les déclarations dans un sens ou dans un autre n’ont pas manqué. Bien sûr, le plus grand parti de Flandres a fini par s’isoler lui-même, incapable de se mouiller dans le jeu démocratique, mais acceptant de ne plus en être quand l’évidence fut enfin acceptée par les autres partis flamands. Les négociations ont ensuite encore duré, piétiné, patiné… Rien n’était simple et il y eut quelques moments de théâtralisation sans doute inutiles (quoique).
Mais au bout du compte, des accords et seulement des négociations qui ont duré. Pas de violence. L’année 2011 fut riche en combats pour la démocratie un peu partout dans le monde. Souvent, malheureusement, avec des victimes. Pas de ça en Belgique, ce qui ne veut pas dire pour autant que la démocratie belge soit un exemple. Il y a aussi eu des dérapages policiers lorsque certains ont voulu s’exprimer de manière alternative. Et c’est déplorable. Il n’empêche, le chemin fut long pour y arriver, mais il fut démocratique.
Que nous réserve l’avenir ? Sans doute encore des moments difficiles. La vigilance reste de mise. Mais alors que l’hiver climatique ne vient encore que commencer, on sent quand même quelques bourgeons de printemps se profiler…
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