samedi 25 avril 2009

Violence sans fin

On ne parle plus beaucoup de ce qui se passe à Madagascar. Pourtant, hier encore, deux personnes sont mortes autour des manifestations. Celles-ci n’ont jamais cessé depuis la prise de pouvoir par M. Andry Rajoelina et la mise en place de cette Haute Autorité de Transition qui semble plus encline à s’installer qu’à transiter…

La Grande Île est en train de sombrer dans une situation sans issue où la violence des autorités devient monnaie courante. Plus personne ne doute que M. Marc Ravalomanana, le Président élu et déchu, pratiquait parfois une politique aux intérêts bien éloignés de ceux de la population. Tout n’était cependant pas à jeter. Mais il faut bien constater que le nouveau pouvoir en place, sans aucune légitimité même s’il avait au départ un certain soutien populaire, pratique exactement les mêmes méthodes : répression violente de manifestations, confiscation des médias de l’opposition, décisions politiques dont le bien-fondé échappe au sens commun…

Personne ne semble prêt à la moindre concession. C’est toi ou moi. C’est moi ou toi. Pourtant, toute réalité politique est toujours complexe si on accepte d’y donner place aux citoyens. Vouloir à tout prix imposer sa vue des choses ne peut mener qu’à une vue étroite et restreinte de la réalité, et – inévitablement – à gérer la liberté par la violence.

Cette crise devra trouver un jour une solution. Pour le moment, il n’y en a malheureusement pas une seule en vue. Je ne suis qu’un vaza (un étranger) et je ne peux y faire grand chose, si ce n’est peut-être me tenir informé, notamment par l’excellent site Sobika, et en faire état. Ma tristesse est grande…

vendredi 24 avril 2009

Deux qui s'aiment

Je suis entré dans leur chambre, sans faire de bruit. Je le reconnais, mais je ne fais jamais de bruit. Ce n’est pas mon genre.

Je les ai vus tous les deux. Lui était couché sur son lit. Il a regardé vers moi, mais je ne suis pas sûr qu’il m’ait vu. Elle était de dos, pour moi. De face pour lui. Elle s’est levée de sa chaise et a commencé à lui donner de petits baisers. Je croyais que cela allait vite s’arrêter. Mais je me trompais. J’assistais, bien malgré moi, à une torride scène d’amour. Ils n’arrêtaient plus de se bécoter. Pas de baisers langoureux comme au cinéma. Mais de petits baisers, pleins d’amour.

Soudain, je me suis senti de trop. Je n’avais pas à être là. Ils étaient seuls au monde. J’ai détourné mes yeux. J’ai déplacé mon corps. J’ai essayé de ne plus être là, tout en ne pouvant pas vraiment aller ailleurs. Il y avait tant d’amour dans cet échange, tant de tendresse. J’en avais des frissons. Je crois que jamais je n’avais senti autant d’amour.

Elle a fini pas se rasseoir. Et par me voir. Son sourire était radieux. Il ne le resta pas trop longtemps.

Cinq minutes plus tard, je la quittais déjà et je partais avec lui à l’hôpital. Ses baisers prenaient tout leur sens. Ils ne savaient pas quand ils se reverraient. Ils ne savaient pas s’ils se reverraient. Mais ils savaient combien ils s’aiment, comme deux jeunes amoureux qui ne vont plus se voir pendant quelques jours.

Papa a 94 ans. Maman en a 92. Ils s’aiment depuis près de 70 ans…

samedi 18 avril 2009

Et la vie reverdit

FMG © 2009

La nature fait de ces miracles. Elle recommence chaque printemps. L’hiver a été rude. Les températures ont été froides. Les journées courtes. Depuis moins d’un mois maintenant, le printemps est de retour.

Je m’émerveille de voir ce lent mais constant retour à la vie, à la verdure. Chaque jour, on peut voir quelques feuilles supplémentaires, quelques fleurs qui naissent ou qui s’épanouissent. Mai n’est qu’à une dizaine de jours, mais les premières fleurs de muguet se dressent déjà fièrement.

Finalement, ce n’est qu’un cycle qui se renouvelle d’année en année. Mais d’année en année, les vertus de ce cycle sont nombreuses. Il n’y a pas que la nature qui revit. Il y a tous les humains qui renaissent avec la chaleur, avec la lumière, avec la vie.

« Le bonheur est une fleur qu'il ne faut pas cueillir. » [André Maurois]

vendredi 10 avril 2009

La foi scientifique ?

FMG © 2009

À la suite des déclarations du Pape Benoît XVI sur le sida et le préservatif – propos que je ne partage pas et que je ne discuterai pas ici, mais qui ont été transformés et dénaturés –, j’ai lu un peu partout de grandes déclarations tout aussi présomptueuses sur la foi.

Pour faire bref, j’ai lu plusieurs textes qui s’étonnaient qu’on puisse encore croire aujourd’hui aux fariboles chrétiennes alors que la science est là pour montrer que ce ne sont que niaiseries. Comment croire que Marie ait enfanté sans copuler ? Comment croire que Jésus ait ressuscité Lazare alors qu’on sait bien que le cerveau est définitivement mort après 5 minutes ? Comment croire… ?

C’est sans doute parce qu’on est le Vendredi Saint que j’écris ce billet ! Nous célébrons aujourd’hui un des plus grands échecs de l’humanité. Des hommes ont condamné et tué un individu dont le seul tort était de dire « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés ».

Je ne suis pas sûr moi-même de croire à quoi que ce soit dans toute cette histoire. La question n’est pas là selon moi. Je veux dire que la question n’est pas de savoir si je crois ou pas. Cela n’a pas beaucoup d’importance. La question est de savoir si on peut accepter ou non que certains croient.

Il me semble que le sens le plus élémentaire de la liberté est de répondre oui à cette question. Que quelqu’un croie, c’est son problème. Pas celui des autres. S’il y a bien une liberté fondamentale, c’est celle de la religion. Celle de croire ce qu’on a envie de croire. Pourquoi chercher à dissuader qui que ce soit de ce qu’il croit, surtout si cette foi anime sa vie et lui donne sens ?

La science a-t-elle quelque chose à voir là-dedans ? Il ne me semble pas. Quel intérêt y aurait-il à croire en quelque chose scientifiquement prouvé ? Lorsqu’on lâche une pomme, elle tombe. Je n’y crois pas. C’est comme ça, un point c’est tout. Il n’y a rien à croire là-dedans. Mais quand je contemple un paysage grandiose, ce n’est pas le fait de savoir que ce paysage existe vraiment qui me fait croire qu’il est grandiose. C’est le sens que j’y mets. Ce sens n’a rien de scientifique. Cette beauté peut exister pour moi, mais pas pour un autre.

Croire que Marie a enfanté sans copuler ou croire que Lazare a été ressuscité d’entre les morts, ça n’a pas de sens rationnel ni scientifique. Mais y croire, c’est donner une autre dimension à la vie, à l’amour. La foi et la science sont sur deux plans différents. On peut être très scientifique et croire. L’un n’empêche pas l’autre.

Dimanche, on fêtera la résurrection du Christ lui-même. Est-ce que j’y crois ? Pas vraiment, non. Mais je crois qu’y croire est la plus belle des espérances et qu’elle est bien loin de ne plus avoir de sens dans notre monde qui, lui, n’en a plus beaucoup.

samedi 4 avril 2009

Le sport, source d'espoir

FMG © 2009

Et si l’espoir d’un peuple se trouvait dans le sport ? Pendant que les politiciens malgaches continuent au nom de leur vérité à se disputer comme dans une cour de maternelle, des jeunes d’ici et là font du sport, ensemble, pour le plaisir de bouger, de jouer, d’utiliser l’espace.

À vrai dire, ceux-ci – devrais-je dire, celles-ci ? – sont là dans le cadre de leur formation scolaire. Et l’équipement d’un rouge et blanc étincelant semble indiquer que ce ne sont pas les enfants les plus dépourvus. N’empêche, ils bougent, ils jouent, ils utilisent l’espace.

Parfois même, le sport devient un véritable moyen de se dépasser, dans la bonne humeur et de s’éduquer. Durant ce séjour un peu spécial, j’ai pu découvrir l’association Educasport. C’est une petite association, mais aux grandes ambitions.

L’idée est de créer une équipe de handball. Seize jeunes sont alors identifiés et réunis dans une première classe. Ils s’entraînent à jouer au handball et participent au championnat national de ce beau sport. Plutôt bien : en mai 2008, leur équipe devient championne de Madagascar !

Ça ne s’arrête pas là : ce n’est pas parce qu’on fait du sport qu’il faut délaisser sa formation scolaire ! Bien au contraire. L’association aide et soutient les jeunes dans leur engagement scolaire… et là aussi, ça se passe plutôt bien. Le niveau scolaire des élèves est plus qu’acceptable, parfois même excellent.

Tant qu’on y est, l’association s’occupe aussi de la santé de ses jeunes, spécialement de leur santé dentaire. Un jeune a ainsi pu retrouver un vrai sourire. Je suis bien placé pour savoir combien c’est précieux ! Et comme pour faire du sport, il faut aussi se nourrir, l’association contribue également à fournir une alimentation saine et équilibrée aux 16 jeunes.

La saison sportive va recommencer. L’association rêve de pouvoir créer une deuxième classe. Tout ça demande de l’argent… si l’envie vous en dit, n’hésitez pas !

Quoi qu’il en soit, ce sont de petites associations comme ça qui font de grandes choses ! Nourrir, soigner, éduquer, entraîner… Quel programme extraordinaire !

mercredi 1 avril 2009

Chaises musicales

Les Malgaches adorent la musique, c’est bien connu. Alors, périodiquement, ils organisent un grand jeu de chaises musicales. On est en pleine partie.

Ils parlent de transition… mais on ne voit nulle trace de transition. Et, à mon humble avis, on n’est pas près d’en voir !

Le but du jeu actuellement est de prendre la place de l’autre. Des autres. Tous ceux qui ont commis l’erreur de faire convenablement leur boulot avec le précédent. On n’a rien à leur reprocher. Sauf qu’ils étaient avec l’autre. Ils ont essayé de développer leur pays, au sens noble du terme. Ça ne veut pas dire qu’ils n’ont pas commis d’erreur. Mais enfin, ils ont fait ce qu’ils ont pu.

Aujourd’hui, c’est encore un autre qui préside. Qui croit savoir ce qu’il faut faire. Il ne fait rien, mais il croit savoir. La seule chose qui se fait, c’est faire sauter les fusibles et les remplacer.

Une directrice générale par ci, un directeur par là. Ils arrivent le matin à leur bureau, pour faire leur travail, et ils apprennent que désormais ils sont remplacés. En dépit de toute légalité, mais est-ce seulement encore un argument ici ?

La seule question que les remplaçants réussissent à leur poser est de savoir s’ils ont bien rendu la voiture qui allait avec leur fonction…

C’est écœurant, non ? (Et ce n’est malheureusement pas un poisson d’avril…)