vendredi 31 décembre 2010

Sluis, juist om jaar te sluiten*

FMG © 2010

Une fois de plus, nous voici à Retranchement, tout près de Sluis, la ville de l’Ouest, pour terminer l’année et en commencer une autre. Au-delà de la permanence géographique, il y a la permanence humaine… bien plus importante.

Ce sera la dix-septième fois à Retranchement, mais il y a eu aussi deux fois à Brizon, cinq fois à Westende et une fois à Dormillouse. Au total, cela fait 25 entrées dans l’année nouvelle avec les mêmes personnes. Des amis évidemment !

Mine de rien, c’est rassurant ! Même si le passage d’une année à une autre n’est finalement qu’une histoire de comptage bien peu significatif, le fait de le fêter témoigne d’un rite de passage, avec toute la dimension sociale du changement s’inscrivant dans des « étapes précises qui permettent une perception apaisante de l'individu par rapport à sa temporalité et à sa mortalité ».

Alors, pouvoir vivre cela avec les mêmes amis depuis tant de temps, ça a un côté apaisant. Ce n’est évidemment pas cela le plus important. L’essentiel, c’est l’amitié. Celle qui dure et nourrit la lumière. Celle qui délivre et cultive le bien-être. Celle qui épanouit et multiplie les rires.

Rien que pour ça, ce sera une belle nuit !

* Pas sûr que ce titre soit très correct d’un point de vue linguistique néerlandais, ni que cela se dise ! Mais ça sonne bien. Pour ceux qui ne connaissent rien au néerlandais (ça existe ?), ce titre devrait signifier « Sluis, juste pour fermer l’année ». Ça pourrait se prononcer « Sleuille-ss, ieuille-st homme iâre te sleuill-teune » !

mercredi 29 décembre 2010

Un gouvernement… pour quand… ou pour quoi ?

La Belgique est donc en train de battre tous les records (belges) en matière d’absence de gouvernement. Les élections ont eu lieu le 13 juin et depuis lors… RIEN ! Enfin oui : des palabres, des intimidations, des prétentions, des refoulements, des indigestions, des déclarations… bref, de l’animation, il y en a eu. Mais de gouvernement, non. Il ne faut d’ailleurs pas être un politologue éminent pour deviner qu’on n’est pas près – ou prêt ? – d’en avoir un !

Est-ce que cela change quelque chose ? La Belgique continue à vivre son petit bonhomme de chemin. Bien sûr, c’est la crise. Comme partout. Et quand je regarde autour de moi, je ne la vois pas vraiment, la crise ! Il y a aussi la neige. Elle, on ne peut pas ne pas la voir. Je crois qu’elle préoccupe beaucoup plus les Belges que la crise… ou l’absence de gouvernement.

La Belgique va d’ailleurs détenir un autre record : elle est le premier État à avoir présidé l’Union européenne pendant 6 mois sans avoir de gouvernement ! Personne ne s’en est d’ailleurs vraiment aperçu. Je précise : tous les pays européens se sont évidemment bien aperçus que c’était la Belgique qui présidait l’Union – avec certains succès, il faut le reconnaître – mais personne (ou peu de monde) n’a réalisé que ces succès n’étaient dus qu’à un gouvernement « en affaires courantes » (soit un non-gouvernement).

Ne me faites pas dire ce que je n’écris pas : je suis convaincu que la Belgique a besoin – le plus rapidement possible – d’un gouvernement qui pourra prendre les décisions nécessaires pour continuer sa prospérité (celle du gouvernement ou de la Belgique ?). Il est néanmoins pertinent de se demander pourquoi un pays – comme la Belgique, mais il y a aussi d’autres exemples dont notamment Madagascar – peut-il vivre sans gouvernement légitime. Avec au bout du compte une question perfide : un gouvernement est-il réellement nécessaire ?

La question vaut la peine d’être posée et réfléchie. Ce n’est sans doute ici pas le lieu pour aller au fond des choses. De plus, je n’en ai de toute évidence pas les compétences. N’empêche, la question, je me la pose.

Des orientations politiques sont indispensables, pour tout pays ! Elles sont d’ailleurs en ce moment particulièrement importantes pour la Belgique. Finalement, il ne s’agit plus actuellement de « gérer la Belgique », mais de décider ce qu’elle sera, avec quelles structures, quelles limites, quelles finalités… Ce sont des décisions essentielles (même si – sans doute – elles ne changeront pas fondamentalement la vie des gens). Il faut donc que nos politiciens arrivent à un accord. Celui-ci – inévitablement – ne satisfera pas tout le monde. Il ne sera qu’un compromis. Le tout est que chacun s’y retrouve un peu…

Cela prendra encore du temps, plus que vraisemblablement. J’avoue ne pas éliminer l’hypothèse d’un échec des négociations actuelles. Ce serait lamentable, mais pas étonnant. Et après ? Nul ne le sait. Seule certitude : je continuerai à devoir payer mes impôts et j’en suis fier. Bref, la Belgique – enfin du moins la prospérité belge – survivra…

mardi 28 décembre 2010

Juana… et les autres

AS © 2010

Il y a bien longtemps – en 1981 – j’étais instituteur. Un métier formidable. Pour moi, l’objectif était bien sûr de favoriser l’apprentissage des matières scolaires chez chacun de mes élèves. Mais c’était aussi de semer un peu de vie. Pour cela, chanter était le moyen privilégié, mais il était tout aussi important de parler de la vie de chacun, de la respecter, de lui laisser une place inédite.

Un beau jour, ma directrice vint m’annoncer que j’allais avoir une nouvelle élève. Seul problème : elle ne parlait pas un mot de français. Juste l’espagnol et l’anglais. Moi qui n’ai jamais été doué pour les langues, ça commençait fort !

Juana est arrivée dans la classe. Elle a tout de suite été accueillie par tous et toutes. Elle ne parlait pas français, mais son sourire parlait pour elle. Elle dégageait une force tranquille extraordinaire. Par chance, il y avait dans la classe Chiara. Elle parlait espagnol et s’est très rapidement transformée en interprète.

Petit à petit, Juana a appris le français. Très rapidement en réalité. Et très bien. Ayant vécu deux années avec cette classe, Juana était au bout du compte parmi les élèves qui maîtrisaient le mieux le français. Retournée depuis dans son Argentine natale, elle en fit d’ailleurs sa profession : traductrice expert français-espagnol !

Depuis lors, beaucoup d’eau a coulé le long des berges de la Senne ou du Río de la Plata. Pour de nombreuses personnes, un outil comme Facebook a permis de belles retrouvailles, la plupart du temps virtuelles. Juana a retrouvé mon chemin, comme pas mal d’autres anciens élèves d’ailleurs.

Le destin a fait que Juana a obtenu une bourse pour se perfectionner à Paris. Elle a fini par venir faire un saut en Belgique. Et c’est là que cela devient pour moi extraordinaire. Juana aurait pu souhaiter revoir des tas d’ami(e)s de l’époque et elle l’a souhaité. Mais elle voulait aussi revoir « Monsieur Gerard » !

Nous nous sommes revus lors d’une belle soirée, grâce à Ann et avec la complicité de Sophie et de Vanessa. Ce fut un de ces moments bénis, mais au fond de moi, l’essentiel n’était pas là. Près de 30 ans après n’avoir fait que mon métier d’instituteur, je ressentais combien celui-ci a un côté magique. Il permet de faire naître des lumières, de faire briller les étoiles, au-delà du temps et de l’espace.

Allumeur de réverbères
Qu’y a-t-il de plus beau sur terre
Que de faire naître la lumière
Là où c’est nécessaire ?

Merci Juana. Merci Sophie, Chiara, Nathalie, Francesca, Marie, Geneviève, Fabienne, Olivier, Pierre, Mohamed, Bernadette, Yves, Benoît, Cyran, Thierry, Grégoire, Marina, Jean-Christophe, Marie, Ronald, Christophe, Fabienne, Hassan, Louisa, Miguel, Fatima, Alexis, Séverine, Isabelle, Anne-Pascale, Pauline, Anne, Véronique, David, Reza, Benjamin, Karim, Arnaud, Pascale, Michael, Laurence, Louise, Sarita, Anne-Sophie, Sandrine, Myriam, Violeta, Alain, Benoît, Jonathan, Stéphanie, Julie, Quentin, Edoardo, Dany, Thomas, César, Nicolas, Frédéric, Anthony, Aude, Khalid, Matthieu, Vandy, Caroline, Zosia, Camille, Louis, Vinciane, Belinda, Catherine, Emmanuelle, Florence, Ginette, John… et tous les autres !

lundi 27 décembre 2010

Le bonheur est en haut du chemin

FMG © 2010

Saleté de neige ! Il y en a trop. Saleté de mazout ! Il n’y en a plus assez. Alors, il faut dégager, arriver en haut du chemin. Il fait une centaine de mètres. En travaillant depuis deux jours, on avance centimètre par centimètre. Pour le moment, environ 40 mètres sont nettoyés. Du moins de la couche de neige, car en dessous, il y a une couche de glace. « C’est pas gagné ! »

En réalité, ce « chemin » est une route communale. Il serait donc normal que la commune vienne dégager elle-même cette voie publique. Celle-ci ne dessert cependant que trois maisons et il y a bien sûr bien d’autres rues plus prioritaires à déneiger. Tout au plus peut-on espérer que la commune vienne jeter un peu de sel une fois que la neige sera partie. Ce devrait être le cas demain. Si tout va bien.

Qui dit « trois maisons » dit « trois familles ». Pour le moment, il n’y en a qu’une seule qui travaille. Les autres se terrent dans leur maison. Finalement, c’est assez logique. À la limite, elles doivent se demander pourquoi nous consacrons tant d’énergie à dégager le chemin alors que la fonte des neiges arrivera inévitablement un jour (si tout va bien). N’empêche, on se sent bien seuls devant tant de neige.

Les voitures des trois familles dorment en haut du chemin, le long de la route depuis longtemps maintenant. Nous avons tous perdu l’habitude de descendre et monter le chemin en voiture. Il suffirait donc d’être un peu patient, non ?

S’il n’y avait ce niveau de mazout qui descend inexorablement. J’en fais un billet, plus par plaisir de l’écrire que pour me plaindre. Nous ne sommes pas à plaindre. Du mazout, il y en a encore (un peu). Nous avons un poêle à bois qui peut chauffer les pièces de vie. Nous avons du bois à ne savoir qu’en faire. Alors, pourquoi faudrait-il se plaindre ? Non, c’est juste un désagrément. Qui meuble un peu mes nuits, mais ça c’est dans ma nature et « il faut faire avec ».

Alors, autant vivre d’espoir : le bonheur est en haut du chemin !

vendredi 24 décembre 2010

Le cirque

L’autre soir, je zappais. Ça ne m’arrive quasiment jamais, mais je zappais sans l’envie de faire quoi que ce soit d’autre. C’est ainsi que je suis tombé sur la retransmission du Festival international du Cirque de Monte-Carlo ! Je l’avoue : ça m’a accroché et j’ai arrêté de zapper ! Je ne suis pourtant pas vraiment amateur de cirque, mais c’était un beau spectacle pour un soir de laisser-aller !

Tout en regardant ce spectacle, je me suis remémoré quelques articles que j’avais lu ou parcouru ces derniers temps. Ceux-ci étaient unanimes : le cirque est une très mauvaise chose et il faudrait l’interdire !

La plupart de ces articles concernaient les animaux. C’est vrai que la vie d’un animal de cirque ne doit pas être des plus agréables lorsqu’il passe la plus grande partie de son temps dans une cage ! Est-ce pour autant un sort peu enviable ? Bien sûr, ce n’est pas le destin pour lequel il était prévu (quoique) ! Mais entre « devoir braver la nature chaque jour pour trouver de quoi manger et échapper aux prédateurs » et « passer une journée à l’aise dans une cage et manger ce qu’on vous apporte », qu’est-ce qui est préférable ? La liberté ! Sans doute. Combien d’humains n’ont-ils pas un sort aussi peu enviable, voire moins encore ? De plus, ces animaux de cirque connaissent aussi l’ivresse des applaudissements et des rires ! Pourquoi n’y seraient-ils pas aussi sensibles que les humains ?

D’autres articles dénonçaient même les numéros humains, du moins ceux de haute voltige. Ceux-ci consisteraient à prendre des risques inutiles, simplement pour le bonheur des yeux ! Inacceptable ! Heureusement qu’il y a des artistes qui acceptent, non pas de prendre des risques inutiles, mais de dépasser les limites apparentes pour proposer des divertissements qui font rêver ! Sans doute y a-t-il parfois un accident de trop. Un accident est toujours de trop. Où qu’il se passe. Les risques que prennent les trapézistes, les équilibristes et autres acrobates ne me semblent pas des risques inutiles, mais au contraire des risques calculés et contrôlés. Ce qui n’empêche pas, malheureusement, cet accident de trop.

Plongé dans ces réflexions, je me disais que le spectacle offert était vraiment bien joli. Voir les regards émerveillés des spectateurs était un réel ravissement. Il me rappelait l’enchantement qui était le mien lorsque, enfant, je me rendais au cirque. À l’époque, la TV était loin d’être omni-présente et aller au cirque était un moment béni. Sentir l’odeur des animaux, du foin, du sable, de la transpiration… écouter ces orchestres improbables… et surtout se laisser prendre par la féerie des numéros proposés… c’était merveilleux.

Aussi merveilleux peut-être que cette fête de Noël qui réunit les gens pour vivre un moment de partage, de fraternité, de rêve. Noël n’est peut-être plus aujourd’hui qu’un cirque ! Heureusement que le cirque existe !

mardi 21 décembre 2010

Dent pour dent

FMG © 2010

Cette denture est loin d’être parfaite et ne rivalise en rien avec celle des stars. Pourtant, c’est la mienne… et j’en suis fier ! C’est même la première fois de ma vie que j’ose la montrer !

La nature ne m’a pas gâté à ce niveau-là : dents de travers, écornées, grises… sans compter les nombreuses caries qu’elles ont connues. Quand j’étais jeune, l’orthodontie n’était pas encore généralisée et n’avait pas les mêmes performances qu’aujourd’hui. De plus, la dentiste familiale osa déclarer à ma maman « On ne va quand même pas mettre un appareil à un si mignon petit garçon » ! Je lui en ai voulu durant les longues années pendant lesquelles j’ai appris à sourire sans qu’on voie mes dents !

Puis voilà, de problème en problème, de soin en soin, j’en suis arrivé à cette denture. Elle n’est pas tout à fait « vraie », mais pas tout à fait fausse non plus. Elle est en tout cas présentable, et cela, pour moi, relève du miracle !

Qu’importe cependant mes dents ! L’importance sociale de la beauté de la denture est plus interpellant. Il suffit d’observer, par exemple, les participants à une émission comme Koh Lanta. Ce sont des êtres théoriquement comme vous et moi, mais ils ont la plupart du temps une denture resplendissante qui le reste d’ailleurs pendant 40 jours alors même qu’ils sont censés ne pas disposer de brosse à dents ni de dentifrice ! À coup sûr, la qualité de la denture fait partie des critères de sélection de ces aventuriers télévisuels.

Pour être quelqu’un de bien, aujourd’hui, il faut avoir une denture irréprochable. Ce n’est une question ni d’hygiène ni de santé. C’est juste une question d’apparence. Il y a bien sûr d’autres éléments – tout aussi superficiels – qui font qu’on est jugé a priori positivement fréquentable ou non. Tant qu’on s’arrête à ces éléments d’apparence, n’est-on cependant pas en pleine vacuité ?

Sans doute. N’empêche, ça me fait bien plaisir d’avoir aujourd’hui une gueule un peu plus présentable !

dimanche 19 décembre 2010

Dire que dans « solstice », il y a « soleil »

FMG © 2010

Hugo semble bien malheureux au milieu de toute cette neige. Et dire que nous ne sommes que le 19 décembre. L’hiver ne commencera que le 21, à 23h38, lorsque la position apparente du Soleil vu de la Terre daignera atteindre son extrême septentrional, entraînant de la sorte un nouveau solstice d’hiver !

À vrai dire, je n’aime pas trop m’étendre sur le temps qu’il fait. Je préfère en réalité celui qui passe, car il est encore moins (com-)préhensible. Mais enfin, cette année, il semble qu’on soit bien servi. Sans qu’on puisse penser que cela finira vraiment à s’améliorer, que ce soit à court, à moyen ou à long termes. Si vous voulez mon avis (mais ce n’est qu’un avis) : on est mal barré !

Il y a les petits désagréments qui nous touchent tous, bien sûr. Principalement les difficultés de circulation. Il y a deux jours, une amie a glissé… sinistre total au bout du compte. Rien que des dégâts matériels, mais – quoi qu’il en soit – rien de drôle ! De notre côté, notre provision de mazout de chauffage diminue drastiquement. Impossible pour le moment au moindre camion d’arriver jusqu’à notre cuve. Enfin, disons plutôt qu’il pourrait vraisemblablement arriver… mais pas repartir. Nous guettons un improbable dégel alors que la neige n’en finit pas de tomber.

Dans tout cela, ni notre amie ni nous ne sommes les plus malheureux. Elle avait une garantie « omnium » (comme on dit en Belgique) et – en dehors de la peur et des désagréments – s’en sortira à bon compte. Nous-mêmes, s’il n’y avait plus de mazout, avons encore une quantité de bois qui nous permettra de chauffer les pièces principales de la maison durant au moins un mois ! Pas de quoi s’alarmer inutilement.

Mais que penser de ceux qui – pour une raison ou une autre – se retrouvent dans la rue sans autre réel refuge ou avenir ? Que penser de ceux qui sont coincés sur une route, professionnelle ou autre, terrestre ou aérienne, sans espoir d’avancer vers une arrivée qui n’en finit plus de ne pas arriver ? Que penser de ceux qui n’ont même pas un peu de mazout ou de bois pour envisager de se réchauffer quelque peu ? Que penser de ceux qui voient toute leur activité professionnelle bloquée par ces blancs flocons ? Que penser… ?

La probabilité d’avoir un Noël blanc s’agrandit d’heure en heure ! La belle affaire ! Moi, ça me fait plutôt broyer du noir !

vendredi 17 décembre 2010

Pourquoi tant de beauté ?

Toutes photos FMG © 2010

Du plus loin que je m’en souvienne, je n’ai jamais aimé la neige. C’est sans doute lié à deux événements : tout jeune, il y eut un doigt écrasé par une luge à la lame d’acier acérée. En réalité, je ne sais plus si c’était mon doigt ou celui de mon frère, mais en attendant, j’eus du mal à comprendre que les plaisirs d’hiver pouvaient être associés à la souffrance. Quelques années plus tard, il y eut une grande bataille de boules-de-neige en début de soirée. L’une d’elles arriva sur mon visage, en plein dans mes lunettes. Ce ne fut que plus tard que je remarquai que le verre de celles-ci était resté dans la boule ! Aussi incroyable que ce soit, je retrouvai le lendemain matin, mon verre de lunettes ! Mais j’étais définitivement dégoûté. Étant ensuite devenu conducteur, tant de véhicules à 4 ou à 2 roues, je découvris les inconvénients – pour utiliser un terme neutre – des chutes de neige intempestives.

Bref, je n’aime pas ça. Mais alors, pourquoi est-ce si beau ? Résultats de ballade autour et aux environs de la maison… C’est décourageant, non ?

samedi 4 décembre 2010

Éloge de la diversité

La boîte représentée sur la figure a quatre compartiments de même dimension et un périmètre de 112 cm. Quelle est son aire en cm2 ?

C’est le problème – extrait notamment du livre Les pratiques du problème ouvert, de Gilbert Arsac et Michel Mante (CRDP de Lyon, 2007) – qui nous a été posé en famille dernièrement, par mon épouse adorée. Nous étions trois à chercher et nous sommes partis tous les trois dans des directions différentes. L’un a essayé de mettre tout cela en équation, l’autre a émis des hypothèses hasardeuses. Personnellement, j’ai trouvé cela assez simple et je présente ici la solution rapide que j’ai trouvée.

En soi, peu importe la solution apportée à ce problème. Ce qui est intéressant est de constater que – face au même problème – chaque personne a pris un chemin différent (et il en est d’autres encore). Aucun de ces chemins n’était fondamentalement mauvais. Certains étaient sans doute plus simples que d’autres, mais ils menaient tous à la solution.

Ce constat s’applique quasi toujours lorsque ce problème est présenté à un public, mathématicien ou non. Au-delà de ce problème mathématique, on peut penser qu’il en est exactement de même face à n’importe quel autre « problème »… problème familial, problème social, problème professionnel, problème de santé, problème de vie !

Il est d’abord enrichissant de prendre conscience que face à un tel problème, il y a plusieurs voies de solution possibles. Selon notre personnalité, nous choisirons l’une ou l’autre, mais cela ne signifie pas que nous ayons la « bonne » voie. Il en est d’autres qui aboutissent également à résoudre la situation. Certaines sont plus complexes que d’autres, mais le niveau de complexité ne dépend-il pas du degré de perception de celui qui met la solution en pratique ? En d’autres termes, une piste peut me sembler très complexe, mais être en fait très simple pour celui qui la développe.

Ces pistes différentes, ces manières différentes d’aborder la solution créent souvent des malentendus préjudiciables s’ils ne sont pas relativisés. Prenons par exemple n’importe quelle problématique éthique ou morale. Ce n’est pas parce que l’autre a un angle d’approche différent du mien qu’il a nécessairement tort. Si déjà, face à un problème mathématique simple, il y a différentes portes d’entrée possibles, que faut-il penser de problèmes éthiques ou moraux qui sont à la fois complexes et à la fois ouverts, en ce sens qu’il n’y a pas une seule « réponse » possible ?

Lorsqu’on m’a posé ce problème mathématique, j’étais très content d’avoir trouvé rapidement et facilement une solution simple. En voyant mes proches chercher, non sans difficulté, d’autres solutions intéressantes en soi, j’ai vraiment été interpellé : n’avons-nous pas trop souvent tendance à considérer que les réponses aux questions complexes sont simples quand on les voit de notre point de vue, alors qu’en réalité, elles varient en fonction de la personnalité de chacun d’entre nous ?

La vérité n’est que rarement universelle. Elle se construit à travers ce que chacun perçoit de la réalité. Loin d’être une limite à l’intelligence humaine, cette variété d’approches est ce qui en fait toute la richesse.

jeudi 2 décembre 2010

Neige piège

FMG © 2010

Et il faudrait s’émerveiller ! Rendre hommage à cette neige immaculée, aussi blanche que la pureté virginale ! S’extasier devant la douceur des flocons purs et légers ! Bénir le ciel de nous prodiguer une telle manne de beauté !

Mais comment faire quand on est obligé de supporter les frimas de cet automne glacial ? Ce n’est pas une simple question d’embarras routiers. Ceux-ci sont détestables et je les déteste. Mais enfin, il suffit de s’armer de patience, voire même de décider de ne pas sortir, quand on le peut.

Mais que dire de tous ceux qui – pour une raison ou une autre – se retrouvent dans la nature en se demandant quand finira ce froid et cette humidité blanche ? L’indifférence des autres n’est sans doute jamais simple à supporter. Mais quand elle se double des affronts climatiques, elle doit être fondamentalement insupportable.

Comment accepter que le ciel se révolte aussi tôt ? Sans doute faut-il y voir un signe du destin. La nature se rappelle à nos bons souvenirs au moment où une nouvelle improbable conférence se déroule à Cancun. On y parle encore de réchauffement climatique alors que l’évidence est là : c’est de déréglement climatique que notre quotidien est désormais fait. Peut-on encore y faire quelque chose ? À vrai dire, j’en doute, mais si on peut le faire, il faut le faire !

Le piège risque fort de se refermer, inexorablement, sur chacun d’entre nous, si on n’y prend pas garde. Le football, c’est bien joli. Mais qu’importe où se déroulera la Coupe du Monde en 2018 si en 2018 le piège se sera déjà refermé !

Quoi, déjà si tôt ? Comme cette neige précoce ?

dimanche 28 novembre 2010

Bye Bye Banques

Ce brave Éric Cantona commence à rivaliser avec Jean-Claude Van Damme : il se met à penser ! Sa dernière idée, relayée en Belgique par Géraldine Feuillien, est d’inciter tout un chacun à retirer tout son argent de sa banque afin de créer le chaos bancaire. Connerie !

Que les choses soient claires, cependant. Personnellement, il y a longtemps que j’ai quitté la grande banque belge dans laquelle j’avais placé mes maigres économies. Je l’ai fait pour deux raisons : d’une part, cette banque me coûtait de l’argent alors que je lui prêtais le mien ! Faut quand même pas pousser, alors qu’il y a sur la place des tas de banques qui ne coûtent rien et qui se contentent de faire fructifier l’argent qu’on leur prête.

D’autre part, et sans doute plus fondamentalement, j’en avais marre de prêter de l’argent à une banque qui soutenait l’apartheid en Afrique du Sud (vous voyez, ça fait longtemps). Cela dit, aujourd’hui, la même banque soutient l’occupation israélienne de la Palestine et c’est tout autant dramatique.

Bref, les grandes banques belges – et la nationalité ne doit pas changer grand chose à cet égard – ne sont certainement pas des anges et je ne peux que soutenir ceux et celles qui pensent qu’il serait bon de les quitter !

Que tout le monde le fasse le même jour – le 7 décembre en l’occurrence – me semble un acte de terrorisme aussi condamnable que n’importe quelle bombe qui explose pour le simple plaisir de créer le chaos.

Il faut changer le système bancaire et y remettre un peu (beaucoup) d’éthique ! Mais ce n’est pas en faisant sauter la banque qu’on y arrivera. Que gagnerait-on à se retrouver avec des institutions bancaires exsangues, incapables de gérer les flux financiers, alors même que – l’Irlande est là pour nous le rappeler – la situation financière internationale est plus que fragile ? Le chaos bancaire ne pourrait qu’entraîner la déroute sociale, avec des tas de personnes qui perdraient leur travail, des tas de petits épargnants qui perdraient leurs petits bas de laine. Est-ce vraiment cela que veulent ces chasseurs de moulins ?

Notre monde est à réformer. Il y a des tas de choses à changer, de toute évidence. Mais ce changement ne devrait pas, selon moi, se faire n’importe comment, pour le simple plaisir de foutre la pagaille. Il faut bouger pour faire évoluer les choses, non pas pour ruer bêtement dans les brancards. La violence, quelle qu’elle soit, d’où qu’elle vienne, est toujours le dernier recours de l’incompétence.

Je rêve d’un monde où chacun serait compétent (y compris les banquiers !)…

samedi 27 novembre 2010

Choisir

Le plus difficile quand on blogue n’est pas d’écrire, mais de savoir à quel propos on va écrire, surtout quand on tient un blog généraliste. Le tout est de trouver un sujet qui à la fois va intéresser les autres et parler un peu de soi, ou du moins partager quelques fragments de ce qu’on est.

Ce n’est pas évident. On peut suivre l’actualité et y trouver l’inspiration recherchée. Il y aurait bien sûr l’imbroglio belge qui continue à nager en plein surréalisme. Que pourrait-on en dire de plus ? La Belgique ne sait pas très bien où elle va. Elle risque donc de mettre du temps pour y arriver, mais elle y arrivera sans doute. En attendant, il vaut sans doute mieux se taire. En parler, ce serait risquer de dire plus de bêtises qu’autre chose. Alors, je me tais.

Il y a d’autres sujets qui m’ont paru un moment intéressants à traiter. Par exemple, ce vieux mais toujours actuel débat – en France notamment – sur l’intérêt de donner ou non des « notes » dans le cadre scolaire. De plus, je suis censé être un spécialiste de cette question. Mais est-ce que cela intéresse vraiment les gens ?

Il y a aussi ce jugement – toujours en France – où une mère d’une handicapée a réussi à obtenir une indemnisation parce que les médecins ont réanimé à sa naissance cette enfant qui aurait dû mourir et qui depuis ne fait que végéter. Quelle problématique compliquée, sur laquelle on ne peut avoir de réponse définitive ! Dans le doute, il m’a semblé plus sage de m’abstenir.

Il y en a d’autres… On peut trouver des nouvelles, bonnes ou mauvaises, étonnantes ou quelconques, stimulant plus ou moins la réflexion. Ce n’est pas ça qui manque.

Ces derniers temps, je ne me suis jamais résolu à en épingler une et à en faire un billet. C’est qu’au-delà du fait ou de la question, il faut encore pouvoir s’y retrouver soi-même et en dire quelque chose qui apporterait – ne fut-ce qu’un tout petit peu – des éléments nouveaux, personnels. Étant, pour différentes raisons, dans une période caractérisée par un certain doute, je ne m’y suis pas lancé.

Finalement, ce n’est pas si simple que ça de bloguer quand il faut choisir !

jeudi 18 novembre 2010

De défi en défi

FMG © 2005

Il y en a – j’en connais – qui ne doutent jamais de rien. Tout leur semble possible et ils se lancent avec un enthousiasme évident dans toute aventure audacieuse qui se présente à eux. Ce n’est pas mon cas. Non pas que je ne m’aventure jamais dans des terrains inconnus ou hasardeux. Mais ces défis que je relève ne se font pas sans doute, sans angoisse, sans frémissement !

Il me faut toujours me secouer un peu. Je regrette rarement par la suite de l’avoir fait. Au contraire, je sais que j’ai pu vaincre cette part de moi qui voudrait rester au calme, ne pas se mettre en danger. Ainsi, de défi en défi, j’avance. Rien d’extraordinaire. Il s’agit parfois de petits défis. Mais la crainte de le relever n’est pas toujours proportionnelle à la taille du défi.

Le goût du risque est une notion ambiguë. Certains systèmes éducatifs, comme celui de Madagascar, en font une finalité, une valeur à promouvoir auprès des élèves. Travaillant dernièrement avec certains acteurs du système éducatif malgache, l’un d’entre eux s’est soudain positionné en clamant bien haut que pour lui il ne fallait pas développer le goût du risque ! Au contraire, il estimait qu’il fallait apprendre aux jeunes à ne se lancer que dans des entreprises dont on pouvait estimer avec certitude la possibilité d’atteindre leurs objectifs. Je me suis alors entendu lui répondre que si je n’avais pas un minimum de goût du risque, je ne serais pas là en train de lui parler… Les enjeux et les modalités de notre travail étaient en effet complexes, surtout dans un pays caractérisé par une instabilité politique. Nous avons tous bien ri… et le « goût du risque » est devenu un slogan au sein du groupe !

Ce goût du risque est donc présent en moi et je suis à son écoute. Il ne correspond cependant pas à ma nature. C’est du moins l’impression que j’en ai. À moins d’être un peu masochiste, ce qui ne me semble pas être mon cas.

De défi en défi, j’avance. De défi en défi, l’humanité avance. Ce n’est pas toujours facile, mais seul oser faire le pas permet de le franchir !

dimanche 14 novembre 2010

Il pleut

FMG © 2010

Il pleut. Inexorablement. La pluie tombe et inonde la terre. Elle laisse derrière elle des gens désappointés, retrouvant leurs lieux de vie envahis par cette eau sournoise, sans pitié. La pluie s’immisce partout, frigorifiante, décourageante, salissante.

Bien sûr, la pluie a ses vertus. Bien sûr aussi, après la pluie vient le beau temps. En attendant, elle se concentre surtout sur ses ravages. L’homme, lui, ne fait que constater. Il cherche à se prémunir, mais que faire quand la pluie se décide à tomber ?

Le plan catastrophe communal a été décrété ce matin à Wavre. L’hôpital de Tubize doit être évacué. Les pompiers n’arrêtent pas d’intervenir un peu partout pour pomper, dégager, secourir… et évacuer : les habitants d’une cinquantaine de maisons de Grammont ont dû s’en aller. Il ne serait pas difficile de continuer la liste noire.

Et encore, la Belgique s’en tire à bon compte, vraisemblablement. Il suffit de penser au Pakistan où après les inondations dévastatrices de juillet et d’août, sept millions de personnes sont encore sans abri et vont devoir lutter pour survivre à l'hiver, devant la quasi-indifférence de la communauté internationale.

La pluie est la même pour tout le monde – quoique ! – mais ses conséquences ne sont pas identiques. On peut même parler d’une inégalité certaine devant la pluie. Dans le domaine, j’appartiens aux privilégiés : si la pluie faisait réellement des dégâts chez moi, cela signifierait qu’une véritable catastrophe humaine existerait en Belgique, avec des milliers de personnes non seulement inondées, mais indubitablement noyées ! On n’en est pas là et on n’y sera sans doute jamais.

Privilégié, cela ne m’empêche pas d’être sensible à tous ceux qui ce matin se demandent comment ils vont faire pour s’en sortir, qui ne comprennent pas pourquoi ils doivent une fois de plus faire face à ces intempéries incontrôlables, qui n’ont même plus trop de place au fond d’eux-mêmes pour oser croire encore qu’il fera beau demain.

Et inexorablement, la pluie continue à tomber…

samedi 13 novembre 2010

Libre (2)

Libre. Aung San Suu Kyi est libre. Après plus de sept années consécutives de résidence surveillée et après avoir passé plus de 15 des 21 dernières années privée de liberté, l’opposante politique la plus célèbre – Prix Nobel de la Paix en 1991 – est enfin libre. On l’attendait, sans trop y croire. Et pourtant, aujourd’hui, les faits sont là : Aung San Suu Kyi est apparue libre.

On peut bien sûr s’interroger sur son avenir. Avec une question lancinante : combien de temps faudra-t-il pour que la junte militaire birmane décide de la priver à nouveau de liberté ? La pression internationale sera forte, bien sûr. Mais la pression nationale risque elle aussi d’être forte, dans l’autre sens. Si Aung San Suu Kyi retrouve son aura politique (qu’elle n’a sans doute pas perdue, au contraire), si elle reprend son combat pacifique, si elle redevient une adversaire dangereuse de l’anti-démocratie, ces chers militaires trouveront rapidement une nouvelle raison de l’enfermer. Cela fait malheureusement partie du jeu… et cela ne change rien à cette vérité simple : Aung San Suu Kyi est libre.

Avec elle, aujourd’hui, ce sont un peu tous les opposants politiques emprisonnés un peu partout dans le monde qui sont un peu plus libres. La libération est possible. Le combat n’est pas perdu.

Je reprends ce que j’écrivais il y a déjà un peu plus de deux ans, lorsqu'Ingrid Betancourt avait elle aussi été libérée : un jour, tous les hommes et toutes les femmes seront inéluctablement libres. Il le faut. Il faut y croire.

« Ceux qui aperçoivent la lumière avant les autres sont condamnés à la poursuivre en dépit des autres. » Christophe Colomb

vendredi 12 novembre 2010

Un cheveu trop tard

Claude Jones n’était pas un ange. Il avait même été condamné à la prison à vie pour le meurtre d’un co-détenu. En décembre 2000, il a été exécuté en application de la décision d’une cour de justice texane, pour un autre meurtre. L’élément clé de la condamnation était un cheveu qui prouvait sa présence sur le lieu du crime commis en 1990. En 2010, des analyses ADN viennent de montrer que ce cheveu n’appartenait pas à Claude Jones, mais sans doute à la victime. Entre-temps, Claude Jones est mort !

Les analyses ADN n’innocentent pas automatiquement Claude Jones. Mais elles permettent quand même de se poser pas mal de questions. Une fois de plus, un individu a été déclaré coupable sur la base d’un indice qui se révèle obsolète quelques années plus tard. Claude Jones a eu beau clamer sans arrêt son innocence, rien n’y fit. La veille de son exécution, il avait encore déposé une requête pour que des tests ADN soient pratiqués sur ce cheveu. Le gouverneur du Texas de l'époque, un certain George W. Bush, avait refusé. Et Claude Jones est mort.

Le travail de la justice n’est jamais facile et ce serait trop simple de dire qu’une fois de plus elle a fait n’importe quoi. N’empêche, il faut se poser des questions. La plus évidente me semble celle de la peine de mort. Comment des êtres humains peuvent-ils décider légalement d’en tuer un autre ? Que cet autre soit coupable du pire des crimes ne change rien. Comme l’a si bien chanté en 1980 Julien Clerc, sur des paroles de Jean-Loup Dabadie, « Lorsque le couteau est tombé, le crime a changé de côté ! Ci-gît ce soir dans ma mémoire un assassin assassiné… ». En Europe, la peine de mort a été abolie ou n’est plus appliquée. Comment peut-on accepter que de grands États la considèrent encore comme un moyen de rendre justice ? Et Claude Jones est mort.

La société doit se protéger des criminels, c’est l’évidence même. Elle doit rendre aussi justice au nom des victimes. Souvent, la condamnation du coupable est un événement essentiel de l’indispensable résilience de la victime ou de ses proches. N’empêche, comme l’ont montré deux procès récents en Belgique, toute condamnation qui ne se fonde que sur des indices et non sur des preuves pose question. Les condamnés de ces deux procès font appel en Cassation. Au bout du processus juridique, il est possible qu’une autre vérité judiciaire émerge ! En attendant, Claude Jones est mort.

jeudi 11 novembre 2010

La tendresse

© Anne Rygaloff

vertu du monde ignorée

elle court dessous les combles

à la recherche de la lumière

elle connaît l'attente du calme

que peu connaissent mieux qu'elle

et elle jouit lorsque le vent se tait

elle brûle le vin de la terreur

pourquoi ne le chanterait-elle pas

ce sang qui ruisselle d'allégresse

elle vivra sans doute encore longtemps

mais qu'importe... puisqu'elle vit

et grignote le cœur : la tendresse

François-Marie Gerard © 1978

samedi 6 novembre 2010

La mer bleue

FMG © 2010

Normalement, la Mer du Nord est verte, sale, terne et – c’est peut-être exagéré – glauque ! Cela ne l’empêche pas d’avoir du charme de toute façon. Il lui arrive aussi d’être bleue, claire, brillante et – ce n’est que lui rendre hommage – resplendissante !

Ce n’est sans doute qu’une question de lumière. Ou d’angle de vue. Ou d’interprétation. Ou de conviction.

Qui sait comment sont réellement les choses ? On peut se croire dans le pire des mondes, mais – pour le même prix – estimer qu’on vit des choses extraordinaires. On peut être atteint par la douleur intolérable, mais découvrir – en même temps – la joie d’être soutenu. On peut s’enfermer dans des tensions inexpiables, mais se libérer soudain – sans que rien n’ait changé – et vivre des moments étonnants.

Finalement, est-ce que tout cela ne dépend pas des nuages qui se forment ou se déforment ? Il y aurait là une sorte de justice immanente. Selon les risques que l’on prendrait, on découvrirait l’aridité fondamentale ou l’exubérance vitale. Ces risques ne seraient eux-mêmes qu’une manière de voir les choses : un nuage peut sembler menaçant à un instant pour se transformer en volutes libérées.

Quoi qu’il en soit, ce matin, la Mer du Nord, du côté du Zwin, était bien bleue !

mardi 2 novembre 2010

Travailler en congé…

Quelques jours de congé pendant cette semaine de Toussaint. Ce ne sont pas vraiment des congés d’ailleurs, mais des jours de « récupération ». Cela signifie que j’ai travaillé des jours où je ne devais normalement pas le faire et que j’essaie de régulariser la situation.

« Congés » ? Ce n’est pas vraiment le cas. Je n’arrête pas pour le moment de gérer quelques projets qui ne peuvent attendre. C’est le revers de la médaille avec Internet : mon courrier électronique professionnel aboutit sur mon ordinateur professionnel, mais c’est un portable et c’est aussi lui que j’utilise dans le cadre de ma vie privée. Je pourrais bien sûr empêcher l’arrivée de ces courriels intempestifs, mais il se fait qu’effectivement, certains projets ne peuvent pas vraiment attendre.

Le travail est une réalité bien complexe. Il est de bon ton de se plaindre de son travail et de ne rêver qu’à une seule chose : ne plus travailler. À cet égard, je suis, comme les autres, « socialement correct » !

Le travail est aussi un contexte dans lequel on peut s’épanouir, participer à des projets extraordinaires, rencontrer des gens… et surtout ne pas s’enfermer sur soi-même. Une vie sans projet professionnel doit être bien morne. Quelque part, c’est là qu’on se réalise.

Le tout est de trouver le juste équilibre entre une vie professionnelle accaparante et une vie privée qui se laisse accaparer. Cet équilibre n’est pas facile à construire. Il évolue au fil du temps aussi, pas nécessairement au bon moment d’ailleurs. Aujourd’hui, j’aspire et je me sens plus à même à laisser dans ma vie une place importante à ma vie privée, au détriment de ma vie professionnelle. Plus qu’il y a une quinzaine d’années en tout cas. Alors que c’est peut-être à ce moment-là que mes enfants auraient eu le plus besoin de ma présence et de ma disponibilité. Travail et enfants sont difficiles à concilier.

Je veux aujourd’hui être plus disponible… mais le suis-je plus pour autant ? Les projets n’attendent pas. Il faut rebondir au bon moment. Bien sûr, personne n’est irremplaçable et je ne le suis certainement pas. Mais si je ne fais pas ce que je fais, qui le fera ?

mercredi 27 octobre 2010

Sans preuve

Deux procès importants viennent de se terminer en Belgique. Le premier concernait l’assassinat d’une parachutiste lors d’un saut avec un parachute saboté. Le jury de la Cour d’assises a déclaré coupable une jeune institutrice, membre du même club parachutiste et accessoirement maîtresse du même amant que la victime. Le deuxième, plus sinistre, impliquait un jeune étudiant accusé d’avoir assassiné son père, sa mère et sa sœur. Il a également été déclaré coupable.

Dans les deux cas, outre l’horreur des crimes, il faut constater que ces deux jeunes ont été condamnés sans aucune preuve de leur culpabilité. Il existe bien sûr des indices importants dans les deux cas, mais il y a aussi de nombreuses questions qui peuvent être soulevées. Notamment en raison du fait qu’il semble que l’instruction judiciaire a été réalisée en ne privilégiant qu’une seule hypothèse : celle de la culpabilité de ceux qui sont aujourd’hui officiellement coupables, alors même que d’autres hypothèses auraient pu être investiguées.

Ces deux jeunes n’ont pas arrêté de clamer leur innocence. S’ils sont coupables, c’est qu’ils ont menti. Dans les deux cas, le mensonge semble de toute façon bien présent et pose question. Néanmoins, comment réagirions-nous - vous ou moi – si nous étions accusés d’un crime horrible dont on ne serait pas responsable alors même qu’on pourrait l’être ? Pas sûr qu’on ne glisserait pas par-ci par-là l’un ou l’autre mensonge pour essayer de s’en sortir.

La question principale est bien sûr de savoir si l’on peut déclarer quelqu’un coupable d’un meurtre sans en avoir la preuve. Moralement parlant, la réponse à cette question serait plutôt négative. Comment justifier de condamner à de lourdes peines des jeunes qui ne sont peut-être que des victimes de l’instruction ?

D’un point de vue juridique, par contre, la réponse à la question est évidemment positive. N’est-ce pas là la raison d’être du système judiciaire ? Si celui-ci se bornait à devoir constater la culpabilité attestée par des preuves (et à décider de la peine correspondante), il ne servirait pas à grand chose. À la limite, on pourrait s’en passer. Par contre, c’est dans les cas où la vérité factuelle n’existe pas qu’il est nécessaire de créer la vérité judiciaire.

Est-ce la vraie vérité ? Comment le savoir ? Pour des raisons de proximité familiale, j’aurais en tout cas préféré pour le jeune Léopold que la vérité – tant réelle que judiciaire – soit autre. Contrairement à ce que certains mettent en avant, je ne crois pas que la question soit de savoir si la vérité judiciaire émane d’un jury populaire ou d’un jury professionnel. De toute façon, elle « émane »… et elle ne sera jamais que la vérité du jury qui la construit. La société se donne le droit – sans doute avec raison – d’accorder sa confiance au jugement de ce jury.

Cela n’empêche pas la question lancinante : « Et s’ils s’étaient trompés ? ».

lundi 25 octobre 2010

Les châtaignes d’antan

Les châtaignes ne sont plus ce qu’elles étaient. Du moins celles des châtaigniers voisins. Avant, il y avait moyen de les cuire et d’obtenir un succulent fruit cuit bien ferme. Aujourd’hui, je ne parviens plus à obtenir qu’une farine de châtaigne. Qu’est-ce qui a vraiment changé ? Je n’en sais trop rien. Peut-être simplement la manière de les cuire !

Les cartes géographiques ne sont plus ce qu’elles étaient. Avant, elles plaçaient les villes et les frontières là où elles devaient se trouver. Aujourd’hui, il existe de nombreuses variantes de la carte de la Belgique, où la réalité francophone est souvent niée. La dernière en date, celle de la revue scientifique Nature, qui place l’Université (francophone) de Louvain en Flandre ! Notez, il n’y a pas qu’en Belgique que ça se passe. Une carte israélienne d’Israël a – comme par hasard – fait disparaître la Palestine !

Les politiciens flamands eux-mêmes ne sont plus ce qu’ils étaient. Avant, en commission, ils votaient comme un seul homme (y avait-il des femmes ?) la scission de l’arrondissement Bruxelles-Halle-Vilvoorde. Aujourd’hui, ils ne s’entendent même plus sur l’urgence de voter celle-ci au Parlement. Y en a-t-il parmi eux qui auraient compris qu’une solution négociée est préférable à l’épreuve de force ?

Les policiers français non plus ne sont plus ce qu’ils étaient. Avant, ils étaient d’un seul côté, clairement identifiés. Aujourd’hui, ils se glissent parmi les casseurs et les manifestants et se mettent à casser et à provoquer eux-mêmes. Il y a longtemps qu’on savait qu’ils étaient bizarres, mais enfin là, y a de quoi se poser quelques questions.

Les billets de Réverbères ne sont plus ce qu’ils étaient. Avant, ils essayaient toujours de voir quelque chose de positif, même quand il n’y avait que mélasse. Aujourd’hui, ils sont bien malheureux et se disent que décidément le monde n’est plus ce qu’il était. Quoique. Finalement, y a-t-il vraiment quelque chose de changé ?

jeudi 21 octobre 2010

Vive la technique

FMG © 2010

Nous vivons dans un monde formidable. L’éclosion des techniques a profondément modifié mon métier d’accompagnateur de projets ou de « projeteur », comme je l’ai exprimé par ailleurs il y a déjà un certain temps.

Dans le cadre de ce travail, il y a inévitablement des moments de formation et d’autres de conception des dispositifs et des outils qui permettront aux projets de se concrétiser. Pour pouvoir vivre ces moments de manière efficace, il est important de visualiser les réflexions afin de les concrétiser.

Lorsque j’ai commencé ce métier, au début des années 90, la technologie qui était à notre disposition était le rétroprojecteur et ses transparents. Comme outil de formation, je n’ai réalisé que peu de transparents manuscrits avec les feutres de couleur. L’apparition des transparents pour photocopieurs, puis pour imprimantes à jet d’encre ou laser, permit de disposer de présentations soignées et utiles. Concevoir un bon transparent obligeait à se concentrer sur l’essentiel du message à transmettre. Je me vois encore partir en mission à l’étranger avec quelques kilos de transparents ! Les transparents sont aussi un outil efficace pour concrétiser le produit d’un travail de groupe. J’écris « sont », car je les utilise encore aujourd’hui avec beaucoup d’intérêt.

Le rétroprojecteur est un bel outil, pas toujours fiable. Deux anecdotes : lors d’une formation en Tunisie, en plein été, l’appareil qui était à ma disposition fonctionnait très bien durant un quart d’heure, puis s’éteignait tout seul par surchauffe ! Après un quart d’heure de repos, il se réveillait spontanément. Surprenant au départ, mais ce rythme d’allumage fut vite intégré dans la formation ! Lors d’une autre formation, au Sénégal, nous fûmes surpris par l’éclatement de la lentille, suivi d’un éclat de rire général ! Je garde encore aujourd’hui quelque part un morceau de la lentille, souvenir d’un agréable moment au niveau de l’ambiance du groupe, mais moins agréable en termes d’efficacité !

Mais peu importe ce détour ! Aujourd’hui, les choses ont bien changé, dans le bon sens. L’ordinateur est omniprésent et – avec lui – le vidéoprojecteur. Non seulement l’ordinateur permet de transporter partout dans le monde des tas de « diapositives » d'une belle qualité pédagogique et esthétique, mais il permet aussi et surtout de dynamiser tout le processus de formation ou de conception.

Madagascar n’est pas un pays privilégié, mais – sous un climat printanier bien plaisant – nous travaillons pour le moment avec trois ordinateurs (en plus du mien). Tout le travail de conception, de révision, d’amélioration… est passé dans une autre dimension. Non seulement il est possible de critiquer et d’améliorer très facilement les productions, y compris en temps réel, mais on débouche aussi en fin de travail immédiatement sur un produit quasi fini qui peut être diffusé.

L’utilisation qui est faite des ordinateurs dans ce contexte est loin d’en exploiter toutes les possibilités. C’est même plutôt basique. Il s’agit cependant en réalité d’une véritable révolution copernicienne. Quand je vous disais que nous vivons dans un monde formidable !

mardi 19 octobre 2010

Impasses politiques

FMG © 2005

Crise en Belgique : les partis flamands et francophones ne parviennent pas à se mettre d’abord sur une nouvelle organisation du pays. Tout le monde s’accorde pour dire qu’il faut modifier les structures avec un accroissement des compétences des « entités fédérées », mais les politiciens sont incapables de trouver l’équilibre indispensable dans la nouvelle répartition.

Crise en France : le gouvernement – ou devrais-je dire « le Président » ? – veut réformer le système des retraites pour essayer de garantir la continuité de celles-ci dans l’avenir. Cela se fait en force et les travailleurs ne sont pas d’accord. Ils le font comprendre dans un vaste mouvement de contestation dont on ne sait pas trop comment il se terminera.

Crise à Madagascar : depuis bientôt deux ans, le Président élu a été destitué lors de manifestations autant populaires que sanglantes. Il a été remplacé « spontanément » par un Président de transition sans réelle légitimité. L’ancien Président avait commis quelques impairs culturels et quelques erreurs dans sa gestion de l’État, confondant parfois bien commun et bien personnel. Le nouveau Président n’a pas fait beaucoup mieux et la classe politique ne parvient pas à s’entendre sur les moyens de sortir de la crise.

Parti dimanche de Belgique pour travailler à Madagascar, en passant par la France, je ne découvre que des pays en crise ! Trois crises différentes, mais n’ont-elles pas les mêmes causes et les mêmes conséquences ?

La soif du pouvoir ne conduit-elle pas nos politiciens à oublier qu’ils sont là pour le bien du peuple ? Bien sûr, dans leurs discours, ils disent tous leur souci du service au citoyen. Sur le fond, ils ont peut-être même raison ! Les différentes communautés belges doivent sans doute mieux gérer leur propre destin, avec l’indispensable responsabilisation qui accompagne un accroissement d’autonomie. La pyramide des âges est telle qu’il serait suicidaire de ne pas prendre des mesures permettant à terme d’assurer les pensions, que ce soit en France ou ailleurs. Lorsqu’un pouvoir prend des décisions qui ne sont pas fondées sur la recherche du bien commun, il est sans doute nécessaire de modifier ce pouvoir.

Pourquoi faut-il que les politiciens cherchent à atteindre ces objectifs légitimes de manière relativement unilatérale, sans réel dialogue, notamment avec le peuple ? Au bout du compte, il n’y a de toute façon qu’une seule issue : des solutions concertées et acceptées par tous. Vouloir passer en force ne conduit qu’à des impasses. Ces trois pays qui me sont chers sont-ils arrivés devant le mur, sans issue honorable ? J’en ai bien peur et ça me fout le cafard, d’autant plus que dans ces cas-là, ce ne sont pas les politiciens qui trinquent, mais le peuple.

La vie poursuit son cours et, quelles que soient les crises politiques, les gens doivent continuer à vivre, à manger, à se déplacer, à s’habiller, à se chauffer, à penser, à échanger… Ces besoins fondamentaux peuvent-ils encore avoir droit au chapitre ?

jeudi 14 octobre 2010

Lui ! Weah !

Notre monde reste ce qu’il est, avec toutes ses misères et ses injustices. Dans cette mélasse, il y a de beaux moments. Le sauvetage des 33 mineurs chiliens bien sûr. Mais aussi la victoire de Liu Wei à l’émission « Incroyable talent » chinoise (juste au moment où son homonyme Liu Xiaobo recevait le Prix Nobel de la Paix, récompensant ainsi la Chine de sa belle politique d’ouverture et de respect des droits de l’homme).

Avec Liu Wei, on est dans un genre différent. Différent de beaucoup d’évidences. À 10 ans, il joue une belle partie de cache-cache, mais ne se cache pas au bon endroit. Il se fait électrocuter et y laisse ses deux bras. C’est pas de chance de manière générale, mais encore moins quand on se sent une âme de musicien. Pour la plupart des instruments, on utilise ces fameux bras laissés dans l’électricité.

Bref, à 18 ans, ce jeune gars prend une décision peu commune : il va apprendre le piano, en jouant avec ses doigts… de pied ! Quel pied de nez à la malchance ! Cela a quand même dû lui demander de sacrés efforts ! Mais il est arrivé à quelque chose. Quand l’émission « Incroyable talent » fait appel à des candidatures, il se dit – avec raison et à 22 ans – que son talent est quand même incroyable. Il se présente et dès sa première prestation, c’est l’émotion qui prime.

En finale, il interprète « You’re beautiful » de James Blunt, une belle chanson pleine de soleil et que Liu interprète à merveille ! Pas seulement au piano, mais avec un beau brin de voix ! Il gagne ! Quelle revanche ! You’re beautiful, Liu !

Juste pour le plaisir, je vous partage ça. Avec une pensée émue pour tous les handicapés du monde, quel que soit leur handicap. Ils ont tous une histoire à nous raconter !

dimanche 10 octobre 2010

Tour du bois

Toutes photos © FMG 2010

On n'est pas tous les jours le 10.10.10. Alors, quand ce jour s'ensoleille dans un été indien miraculeux, qu'on est forcé de se reposer, quoi de mieux qu'une ballade dans le bois. En écho à l'excellent billet de Grain de sel, je garde quelques images de cette lumière d'octobre.

Il suffit parfois de regarder le sol pour y voir perler la vie.


Il suffit aussi de lever les yeux pour s'illuminer de fontaines vivifiantes.


Il suffit de regarder devant soi pour sentir la fierté de la Terre et du Soleil.


Il suffit de se laisser aller là où la lumière nous mène pour découvrir celle de l'Homme.


Il suffit d'ouvrir les yeux pour s'emplir de la beauté du monde.