mardi 28 décembre 2010

Juana… et les autres

AS © 2010

Il y a bien longtemps – en 1981 – j’étais instituteur. Un métier formidable. Pour moi, l’objectif était bien sûr de favoriser l’apprentissage des matières scolaires chez chacun de mes élèves. Mais c’était aussi de semer un peu de vie. Pour cela, chanter était le moyen privilégié, mais il était tout aussi important de parler de la vie de chacun, de la respecter, de lui laisser une place inédite.

Un beau jour, ma directrice vint m’annoncer que j’allais avoir une nouvelle élève. Seul problème : elle ne parlait pas un mot de français. Juste l’espagnol et l’anglais. Moi qui n’ai jamais été doué pour les langues, ça commençait fort !

Juana est arrivée dans la classe. Elle a tout de suite été accueillie par tous et toutes. Elle ne parlait pas français, mais son sourire parlait pour elle. Elle dégageait une force tranquille extraordinaire. Par chance, il y avait dans la classe Chiara. Elle parlait espagnol et s’est très rapidement transformée en interprète.

Petit à petit, Juana a appris le français. Très rapidement en réalité. Et très bien. Ayant vécu deux années avec cette classe, Juana était au bout du compte parmi les élèves qui maîtrisaient le mieux le français. Retournée depuis dans son Argentine natale, elle en fit d’ailleurs sa profession : traductrice expert français-espagnol !

Depuis lors, beaucoup d’eau a coulé le long des berges de la Senne ou du Río de la Plata. Pour de nombreuses personnes, un outil comme Facebook a permis de belles retrouvailles, la plupart du temps virtuelles. Juana a retrouvé mon chemin, comme pas mal d’autres anciens élèves d’ailleurs.

Le destin a fait que Juana a obtenu une bourse pour se perfectionner à Paris. Elle a fini par venir faire un saut en Belgique. Et c’est là que cela devient pour moi extraordinaire. Juana aurait pu souhaiter revoir des tas d’ami(e)s de l’époque et elle l’a souhaité. Mais elle voulait aussi revoir « Monsieur Gerard » !

Nous nous sommes revus lors d’une belle soirée, grâce à Ann et avec la complicité de Sophie et de Vanessa. Ce fut un de ces moments bénis, mais au fond de moi, l’essentiel n’était pas là. Près de 30 ans après n’avoir fait que mon métier d’instituteur, je ressentais combien celui-ci a un côté magique. Il permet de faire naître des lumières, de faire briller les étoiles, au-delà du temps et de l’espace.

Allumeur de réverbères
Qu’y a-t-il de plus beau sur terre
Que de faire naître la lumière
Là où c’est nécessaire ?

Merci Juana. Merci Sophie, Chiara, Nathalie, Francesca, Marie, Geneviève, Fabienne, Olivier, Pierre, Mohamed, Bernadette, Yves, Benoît, Cyran, Thierry, Grégoire, Marina, Jean-Christophe, Marie, Ronald, Christophe, Fabienne, Hassan, Louisa, Miguel, Fatima, Alexis, Séverine, Isabelle, Anne-Pascale, Pauline, Anne, Véronique, David, Reza, Benjamin, Karim, Arnaud, Pascale, Michael, Laurence, Louise, Sarita, Anne-Sophie, Sandrine, Myriam, Violeta, Alain, Benoît, Jonathan, Stéphanie, Julie, Quentin, Edoardo, Dany, Thomas, César, Nicolas, Frédéric, Anthony, Aude, Khalid, Matthieu, Vandy, Caroline, Zosia, Camille, Louis, Vinciane, Belinda, Catherine, Emmanuelle, Florence, Ginette, John… et tous les autres !

3 commentaires:

  1. C´est très touchant Mr. Gérard...j´emporterai le souvenir de cette rencontre avec vous et les autres...et merci pour votre CD!

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