mercredi 30 juin 2010

Ma non-coupe du monde

Moi aussi, je joue au football. Enfin, j’ai joué. La dernière fois que j’ai participé à un match, c’était exactement il y a 20 ans, le 30 juin 1990 ! Je m’en souviens très bien.

J’appartenais à l’équipe des « profs ». Nous étions opposés à l’équipe des « élèves ». Comme toujours, j’occupais le poste de gardien de but. En deuxième mi-temps, une balle haute est arrivée. J’ai sauté pour la repousser et j’y suis arrivé ! En même temps, j’ai senti une douleur vive dans le mollet et je suis retombé sur le dos. En me relevant, j’ai dû me rendre à l’évidence : mon pied gauche balançait lamentablement au bas de ma jambe sans que je n’en ai plus le moindre contrôle. Rupture totale du tendon d’Achille.

Les semaines qui suivirent furent encore moins glorieuses. Il y eut une hernie discale, avec immobilisation sous traction pendant une semaine et finalement une opération. Je fis une « pneumonie » qui n’était rien d’autre qu’une petite embolie pulmonaire annonciatrice d’une thrombophlébite. Six mois d’interruption de travail avant d’hériter d’une invalidité professionnelle.

Tout cela aurait pu me couper du monde ! Eh bien non, que du contraire. Cet accident dont je garde bien sûr des séquelles a accéléré ma reconversion professionnelle. Il n’en est pas seul responsable, loin de là, mais il y a certainement contribué. Alors que j’aurais pu passer le reste de ma carrière à être un (bon) prof devant sa classe, jouant par ci par là un match de foot, je me suis retrouvé dans un job beaucoup plus ouvert qui m’a fait courir le monde à défaut de courir les terrains : Canada, France, Hongrie, Luxembourg, Moldavie, Pays-Bas, Portugal, Roumanie, Suède, Algérie, Burkina Faso, Burundi, Comores, Congo (RDC), Djibouti, Gabon, Madagascar, Maroc, Île Maurice (Rodrigues), Mauritanie, Sénégal, Tunisie, Hong-Kong, Liban, Thaïlande, Vietnam ! Voilà les pays où m’a amené ce match de football raté ! J’ai du mal à comprendre qu’en France, on en fasse une affaire d’État !

Finalement, dans tous les cas, l’important, c’est de se relever !

dimanche 27 juin 2010

Surprenant et… déplorable !

Ainsi donc, ce brave Pape Benoît XVI s’est fendu aujourd’hui d’un télégramme de soutien à son copain Mgr André Joseph Léonard. Il y exprime « sa proximité et sa solidarité en ce moment de tristesse, dans lequel, avec certaines modalités surprenantes et déplorables, des perquisitions ont été menées » par la Police belge pour instruire les affaires de pédophilie qui – malheureusement – touchent l’Église belge.

C’est vrai que ces perquisitions sont surprenantes. L’Église belge, comme d’autres, se sait confrontée à une difficulté qui, si elle n’est pas l’apanage du clergé, montre toute sa faiblesse. Elle a désormais décidé de voir la réalité en face et avait instauré en son sein une commission chargée de traiter les plaintes de victimes d'abus sexuels.

Je ne suis pas dans le secret des dieux () et ne suis donc pas à même de juger si cette commission faisait son travail avec tout le sérieux et la célérité nécessaires. Par contre, si la Justice belge a décidé à un moment de faire des perquisitions de la manière dont elle l’a fait, je suis enclin à penser que ce n’est pas pour persécuter l’Église, mais parce qu’elle avait de bonnes raisons de le faire.

En tant que citoyen belge, je ne peux accepter que le Pape du haut de sa très grande sainteté exprime un tel jugement sur la manière dont la Justice belge mène son enquête. Il n’a absolument rien à dire à ce propos.

En tant que « chrétien », je m’offusque encore plus. Que les choses soient claires : aujourd’hui encore, je me déclare « chrétien », car Jésus-Christ et son message restent pour moi des références exemplaires fondées sur l’Amour, la Vérité, la Charité et le Respect. Mais il y a longtemps que je ne me sens plus « catholique ». L’Église qui porte ce qualificatif me semble totalement à côté de la plaque – car elle s’éloigne sans cesse du message chrétien – et je n’ai plus de liens avec elle. Une fois de plus, je vois que le « chef » de cette confrérie s’immisce dans un domaine qui n’est pas le sien en émettant de plus des jugements péremptoires. J’allais ajouter « sans balayer devant sa propre maison », mais ce serait injuste. Je crois que l’Église a – enfin ! – pris conscience de l’immensité du désastre et qu’elle essaie de s’en sortir. Ce n’est malheureusement pas en diffusant de tels communiqués qu’elle y arrivera.

La vertu première de l’Amour, de la Vérité, de la Charité et du Respect est l’humilité. Cela, l’Église ne me semble pas encore l’avoir compris ! Et tant qu’elle ne le comprend pas, elle crucifie un peu plus le Christ ! C’est surprenant, tout autant que déplorable.

samedi 19 juin 2010

Lost, définitivement disparus

Voilà donc Lost définitivement disparue des écrans de télévision belge. La sixième saison s’est terminée hier, avec un final qui divise les foules, spécialement ceux qui ont suivi de manière très fidèle les épisodes depuis leur début.

Ce n’est pas mon cas. Je ne suis pas trop TV et encore moins « séries ». J’ai pris Lost en marche, durant la deuxième saison si ma mémoire est bonne. Puis je l’ai laissée continuer son chemin épisodique, en visionnant parfois ci et là un épisode parmi d’autres. Puis, la sixième saison m’a ramené à la série et ça m’a bien plu.

J’ai donc peu d’investissement émotionnel sur cette série. Pour moi, ce n’était qu’un divertissement comme un autre, plutôt bien fait. À vrai dire, Lost m’a rappelé une autre série mythique : Le prisonnier. Il y a beaucoup de points communs entre les deux séries. D’abord, toutes les deux ont innové dans les concepts audiovisuels. Le langage narratif a pris avec les deux séries des dimensions nouvelles, en mêlant réalité, imaginaire, surnaturel, passé, présent et avenir. Ensuite, le concept est un peu le même : il y a un prisonnier (on ne sait pas trop de quoi) ou des perdus (on ne sait pas plus de quoi ni où). Ils essaient tous de quitter le lieu béni où ils se retrouvent, sans y parvenir. Et quand ils en sortent, ils y reviennent ! Enfin, le dernier épisode des deux séries – censé amener les réponses aux nombreuses questions – n’apportent en réalité que des réponses très imparfaites et incomplètes. Au bout du compte, dans les deux séries, le message est que tout est en nous et que les mystères n’ont pas beaucoup d’importance si on peut leur apporter une réponse personnelle.

Enfin bref, la seule chose que je sais, c’est que la série est finie et que de nombreuses questions n’ont pas trouvé de réponse. J’ai le même sentiment qu’il y a plus de 40 ans lorsque la série Le prisonnier s’est terminée : le mystère plane toujours, et il faudra que je revoie ça. Ce fut le cas avec Le prisonnier : c’est la seule série dont j’ai acquis la version complète en DVD. Je l’ai regardée avec autant de passion que la première fois et avec autant de questions sans réponse à la fin… me faisant penser que je regarderai encore tout cela une prochaine fois quand j’aurai le temps, tant ces mystères sont prenants.

Lost est finie, mais il faudrait bien que j’ai les 6 saisons en DVD et qu’un jour, quand j’aurai le temps, je puisse me replonger dans ses mystères en sachant déjà qu’au bout du compte, ils resteront nombreux. Et c’est très bien ainsi : n’est-ce pas cela le véritable divertissement ?

jeudi 10 juin 2010

Vers la Wallonie française ?

Voir aussi "Non à la Wallonie française".

Au point où on en est, tout est évidemment possible. Aussi, je me garderai de dire « jamais » alors que c’est bien un des mots qu’il faut éviter en toute circonstance.

Mais enfin, quelle idée ! Parce que la Belgique vit quelques soubresauts qui ne seront sans doute qu’accentués par les résultats des élections de ce dimanche, certains s’imaginent ou rêvent de voir la Wallonie se rattacher à la France et devenir une de ses régions. Du Sud de la Belgique, la Wallonie passerait ainsi au Nord de la France. Il paraît même qu’une majorité de Français sont prêts à accueillir ces braves Wallons.

Soit. Mais qu’y gagnerait la Wallonie ? Elle deviendrait une région atypique, sans doute jamais vraiment acceptée. Les Wallons se retrouveraient dans un paysage politique où ils n’auraient pas grand chose à dire. Férus du « je fais comme j’ai envie de faire », comment pourraient-ils s’y retrouver dans un État fondé sur une centralisation à l’outrance des institutions ? Ne prenons qu’un seul exemple : imagine-t-on un seul instant les écoles wallonnes s’inscrire dans le système éducatif français ? Je sais que le surréalisme est typiquement belge, mais là on fait fort !

Je n’ai rien contre les Français, bien au contraire. Je reste cependant convaincu qu’un Wallon est plus proche d’un Flamand que d’un Français. Tout comme un Flamand est plus proche d’un Wallon que d’un Hollandais. C’est ce qu’on appelle la belgitude. On pourrait sans doute disserter sur le sujet… mais c’est ma conviction.

Les Wallons qui luttent pour le rattachement à la France – et il y en a de plus en plus apparemment – commettent selon moi une grande erreur stratégique. En réalité, le problème belge n’est pas « Wallonie contre Flandre ». Le problème, c’est Bruxelles. Si un rattachement de la Wallonie est concevable sur papier, il me semble évident qu’il se ferait sans Bruxelles, car Bruxelles est une ville (ou une région) bilingue. La minorité flamande de Bruxelles doit aussi pouvoir se retrouver dans les nouvelles structures. Comment le pourrait-elle si elle était annexée à la France ? Défendre le rattachement de la Wallonie à la France, c’est lâcher Bruxelles. Les Flamands n’attendent que ça. Or, c’est là le véritable enjeu, tout en étant d’ailleurs la véritable difficulté de la situation belge.

Ce billet n’énonce qu’un sentiment diffus. Il faudrait plus de temps pour développer les arguments. Il faudra peut-être le faire à plus ou moins court terme !

Au bout du compte, tout cela ne me regarde peut-être pas, moi qui suis un francophone vivant en Flandre. Tous les jours, je passe la « frontière linguistique » qui deviendrait de la sorte « frontière d’États ». Jusqu’à présent, je n’ai jamais très bien vu où était cette frontière (sauf à regarder le revêtement de la route). Finalement, je ne tiens pas à le voir plus !

dimanche 6 juin 2010

Ma nouvelle arme terroriste

Attention, mes amis, méfiez-vous de moi : je suis un dangereux terroriste ! D’ailleurs, il suffit de me regarder ! Ou plutôt de regarder ma petite valise de consultant qui vadrouille le monde.

Les contrôleurs burkinabés du vol Air France AF 547 Ouagadougou-Paris de ce vendredi 4 juin ne s’y sont pas trompés. Ils m’ont tout de suite reconnu ! J’étais celui qui avait déjà, à Paris, essayé de passer, en 2008, les contrôles de sécurité avec l’arme absolue : un rouleau de papier collant pour peintres ! Sans oublier bien entendu la fois où j’avais essayé de transférer dans l’avion Amsterdam-Bruxelles un précieux et dangereux élixir contenu dans une petite maison miniature qu’on m’avait offert dans l’avion New York-Amsterdam !

Les passagers du vol AF 547 (on se croirait presque dans le vol Oceanic 815 de la série Lost que je regarde actuellement) peuvent remercier ce brave contrôleur : grâce à lui, ils ne se sont pas fait crapuleusement agresser ! Avec un courage exemplaire, il a tout de suite repéré ma dernière invention terroriste : l’allonge multiprises que je trimballe avec moi un peu partout dans le monde depuis plus de vingt ans !

Ils m’ont donc enfin débusqué : de toute évidence, j’avais là une arme électrique très dangereuse. Il faut avouer que l’allonge en question était spéciale (et différente de la photo) : pour répondre aux nombreuses situations que j’ai rencontrées, elle était constituée d’un long fil brun – environ 5 mètres – à deux conducteurs. (J’en profite pour dire qu’il s’agit bien d’une allonge et non d’une rallonge : une rallonge, cela allonge quelque chose qui a déjà été allongé. La plupart du temps, j’allonge donc et je ne rallonge pas !)

Bref, mon allonge a été confisquée définitivement et les passagers du vol ont été sauvés. Enfin, ils l’ont été parce que cette confiscation m’a profondément bouleversé : il me restait dans mon sac les fils de mon chargeur d’ordinateur et dans ma valise ceux de mes hauts-parleurs portables, des chargeurs de mon téléphone portable et de mon appareil photographique. Bref, un véritable arsenal qui n’a pas eu l’air d’inquiéter le pandore en question. Il a même laissé passer une bouteille d’eau à moitié remplie !

Un drame a ainsi été épargné. De mon côté, ce n’est pas très grave : je remplacerai cette allonge indispensable pour un maximum de 5 euros. En réalité, la douleur est plutôt symbolique. J’ai fait toute ma carrière avec cette allonge. Je l’avais déjà quand j’étais instituteur, du temps d’ailleurs où un collègue avait écrit sur la multiprises le nom de ma tendre et chère. Chaque fois que je la branchais dans les hôtels qui m’hébergeaient un petit peu partout dans le monde, je pensais à elle et à ce temps où je travaillais avec des enfants !

Je suis peut-être un dangereux terroriste, mais, mine de rien, ce brave homme – qui n’a fait sans doute que son devoir – m’a volé une part de ma vie.

jeudi 3 juin 2010

S comme servage ?

FMG © 2010

Voilà quatre jours qu’en ouvrant les rideaux de ma chambre, je contemple cette piscine Splendide. Chaque matin, elle est là à me tendre la main. À midi, elle se dore toujours au soleil m’invitant à la rejoindre. Mais jusqu’à présent, j’avais résisté à ses appels. J’ai fini par craquer et j’ai bien fait. C’est très agréable !

Pourquoi ne pas l’avoir approchée plus tôt ? C’est une bonne question et la réponse est simple : parce que je travaillais. C’est d’ailleurs ce que je devrais être en train de faire maintenant, mais voilà il faut parfois un peu souffler.

Je ne l’ai pas vraiment fait depuis que je suis arrivé à Ouagadougou. À part quelques moments en fin de journée, quand la piscine était fermée.

Le travail n’est-il pas parfois un seigneur auquel on se lie dans une position de serf ? On pourrait bien sûr s’en distancer. Mais ce n’est pas toujours évident quand l’activité est intéressante, quand elle permet de découvrir des mondes insoupçonnés, quand elle offre la possibilité de se dépasser et de relever des défis. Tout cela est vrai, mais n’empêche pas de se poser des questions.

Ce n’est pas de l’esclavage, mais sans doute du servage. Ce qui lie le serf à son seigneur, c’est qu’il lui doit fidélité. Cette fidélité, comme tout lien féodal, a une contrepartie : le seigneur lui doit protection. La relation qu’on peut avoir avec son travail est de cet ordre. On y est fidèle, avec toutes les exigences que cela entraîne, mais c’est lui qui nous fournit de quoi subsister, et même de réaliser d’autres projets.

Tout à l’heure, en plongeant enfin dans la piscine, je me suis dit que j’étais bien stupide d’avoir attendu autant de temps pour le faire. Je me suis demandé pourquoi consacrer toute cette énergie au travail. En réalité, n’est-ce pas un donnant-donnant ? J’ai bien fait d’écouter enfin les voix des sirènes, mais j’ai aussi bien fait de donner un peu plus que ce que je devrais au projet sur lequel je travaille ici.