jeudi 25 juin 2009

Marre d'être belge…

Je râle. Y a pas d’autres mots. Je râle.

J’avais découvert il y a quelques mois le site MusicMe. C’est un site extraordinaire pour quelqu’un qui aime la musique. On peut y écouter gratuitement et entièrement des milliers de CD, dans tous les genres musicaux, y compris les dernières nouveautés. Par exemple, j’ai même pu y écouter le dernier album d’Olivia Ruiz avant qu’il ne soit sorti chez les disquaires ! Le site offre aussi la possibilité de télécharger des fichiers protégés pour autant qu’on s’abonne avec un forfait mensuel relativement modique. Et tout cela légalement.

En d’autres termes, MusicMe a conclu des accords avec les firmes productrices de disques, dans le respect fondamental des droits d’auteur.

J’ai ainsi pu écouter de nombreux disques, avant d’acheter ceux qui me semblaient intéressants (comme celui d’Olivia Ruiz par exemple).

Tout allait bien… jusqu’à cette semaine. Soudainement, le site m’est devenu inaccessible, ou plutôt inutilisable, du seul fait que je ne suis pas en France ! On est à l’ère de la toile mondiale… et voilà qu’on vient réinstaurer des frontières électroniques.

Bien sûr, je suis bien placé pour savoir que cela correspond à des accords permettant de respecter les droits d’auteur et que le respect de ceux-ci est fondamental ! N’empêche, je râle. Je ne pourrai plus écouter certains disques et décider ensuite de les acheter. Je ne pourrai plus écouter certains disques désormais introuvables dans le commerce. Je ne pourrai plus écouter des disques qui n’arrivent jamais en Belgique. Tout ça parce que je suis belge et que – assez naturellement – je vis en Belgique. Marre…

(Philippe, ne me dis pas qu'il n'y a pas de quoi râler avec ça… Je le sais, mais je râle quand même.)

mardi 23 juin 2009

Fier d'être belge…

Aujourd’hui, Mahinur Özdemir a prêté serment en tant que députée de la Région de Bruxelles-Capitale. Elle est la benjamine de la nouvelle assemblée élue le 7 juin et c’est une femme. Bref, toutes les raisons de se réjouir…

En plus, évidemment, elle porte le voile. Elle est même la première députée voilée européenne. Tant mieux pour elle. Personnellement, je ne suis pas sûr que le port du voile soit une véritable conquête pour une femme, même s’il faut bien reconnaître que Mahinur Özdemir le porte avec un certain charme. Quelque part, le voile est quand même le symbole de la soi-disant supériorité de l’homme sur la femme, de son besoin d’exercer un quelconque pouvoir limitatif sur celle qui pourtant est la mère de la vie et sans laquelle il ne serait rien ! Bref, honnêtement, je préférerais qu’elle ne porte pas le voile. Non pas parce qu’elle est députée, mais parce qu’elle est femme.

Cela dit, elle a choisi de le porter. Et visiblement, ce n’est pas une femme soumise, mais une jeune fille épanouie et fière de ce qu’elle est.

Moi, aujourd’hui, je suis fier d’être belge. Je suis fier, parce que nos institutions permettent – même si cela crée quelques remous – qu’une femme musulmane puisse se montrer telle qu’elle est et assumer des responsabilités dans notre pays, sans devoir perdre son authenticité et se mouler au tailleur serré escarpins libidineux qu’une ministre d’un pays voisin a cru bon adopter (et c’est son droit le plus strict !). Je suis fier, parce qu’un de nos Parlements (il y en a 6 en Belgique !) accueille en son sein une personne représentative d’une partie importante de notre population. Tout comme – mutatis mutandis – un certain Obama a été élu à de hautes fonctions portant tous les espoirs d’une partie importante de la société américaine qui pendant des décennies s’est faite reléguer aux rôles des sans-grade.

Il y a quelques mois, cela se passait de l’autre côté de l’Atlantique. Aujourd’hui, cela se passe dans cette « vieille Europe » dont a parlé Sa Majesté SarkozUbu. Et ça se passe ici, en Belgique. J’en suis fier.

dimanche 21 juin 2009

Pour une économie durable

La chute d'Icare © Pieter Bruegel l'Ancien 1558

Ça se passe dans un village qui vit du tourisme, sauf qu’à cause de la crise, il n’y a plus de touristes. Tout le monde emprunte à tout le monde pour survivre. Plusieurs mois passent, misérables.

Arrive enfin un touriste qui prend une chambre. Il la paie avec un billet de 100 €. Le touriste n’est pas encore monté dans sa chambre, que l’hôtelier court porter le billet chez le boucher, à qui il doit justement cent Euros. Le boucher va aussitôt porter le même billet au paysan qui l’approvisionne en viande. Le paysan, à son tour, se dépêche d’aller payer sa dette à la pute à laquelle il doit quelques passes. La pute finit la boucle en se rendant à l’hôtel pour rembourser l’hôtelier, qu’elle ne payait plus lorsqu'elle prenait une chambre à l’heure.

Comme elle dépose le billet de 100 € sur le comptoir, le touriste, qui venait dire à l’hôtelier qu’il n’aimait pas sa chambre et n’en voulait plus, ramasse son billet et disparaît. Rien n’a été dépensé, ni gagné, ni perdu. N’empêche que plus personne dans le village n’a de dettes...

N'est-ce pas ainsi qu'on est en train de résoudre la crise mondiale ?

Cette histoire a déjà fait le tour des blogs et des forums ! Elle pullule un peu partout et je devrais être gêné de la publier à mon tour. Mais que voulez-vous ? Elle a beau être composée de raccourcis simplistes sur ce qu’est l’économie, elle m’a quand même fait bien sourire !

Derrière cet « enchevêtrement de sophismes », il y a quand même quelques réalités qui interpellent. Quand on voit les grandes mesures qui sont prises pour lutter contre la crise financière, on peut se dire qu’elles reviennent à injecter de grandes sommes d’argent dans le circuit, de telle sorte que l’argent puisse être échangé et utilisé dans la consommation, avec comme résultats au bout du compte que les caisses de tout le monde se remplissent à nouveau, singulièrement les caisses de ceux qui auront injecté la première mise…

Il y a aussi l’idée d’un État providentiel qui serait la solution à tous les problèmes. Il a le pouvoir d’éteindre les dettes des banques en faisant croire que les vraies dettes disparaissent !

Ce ne sont que des illusions, telle celle qui a permis à Icare de s’envoler et puis de sombrer. Je ne dis pas que les États ne doivent pas injecter de l’argent dans le circuit ni qu’ils ne doivent pas aider les grandes entreprises, industrielles ou financières, pour garder un équilibre précaire au système.

Je dis simplement que les pauvres deviennent de plus en plus pauvres. Je dis que les mesures qui sont prises ne font que contribuer à accroître l’écart entre les pauvres et les riches, que ce soit à l’échelle nationale ou mondiale. Je dis que le système financier est de toute façon fondé sur un mensonge fondamental : celui de croire que tout repose sur les échanges financiers. Je dis qu’il devrait y avoir une économie durable… mais comme je n’ai jamais rien compris à l’économie, je finis par me taire !

vendredi 19 juin 2009

Pour une écologie durable

Lors de l’échange que j’ai eu avec mon ami à la suite de mon billet Mais d’où sort la vérité ?, outre que j’ai eu confirmation que ce qui avait motivé sa petite phrase provocatrice était le taux élevé d’abstentions, il a exprimé l’avis que l'écologie ne devrait pas être un parti politique en particulier, mais présente au sein de chaque parti.

Il a sans doute raison. Notre belle planète ne tient plus qu’à un fil, et si tout le monde ne prend pas en charge les préoccupations écologiques, on risque fort de se retrouver dans des conditions conduisant à notre disparition. Ce n’est pas une question de choix politique. C’est une absolue nécessité et à ce titre, il est inconcevable que toutes les politiques ne prennent pas en compte des mesures qui pourraient améliorer quelque peu la situation. Tout le monde politique s'en occupe-t-il ? Je n’en suis pas trop persuadé, et c’est déjà une première raison d’avoir des partis écologistes afin de stimuler les autres partis à évoluer dans la bonne direction.

Au-delà de cette évidence, et en me fondant sur ce qui se passe ici en Belgique, il me semble que les partis écologistes peuvent aussi inciter à pratiquer autrement la politique. La plupart des partis, en dehors de leur discours idéologique, me semblent avant tout être intéressés par le pouvoir. Quand ils y sont, ils mènent bien sûr globalement une politique conforme aux idées qu’ils ont avancées, mais ils jouissent surtout du pouvoir, n’hésitant pas à essayer de régner en maîtres et à transformer en système de pouvoir ce qui devrait être un service à la collectivité. Le discours écologiste et les pratiques qui l’accompagnent me semblent revenir à l’essentiel : le développement de nos sociétés, outre bien sûr celui de notre Terre. Cette visée de développement n’est pas simplement tournée vers des résultats à court terme, qui seraient profitables à ceux qui les auraient mis en place, mais prend en compte fondamentalement la durabilité.

N’est-ce pas là l’enjeu essentiel aujourd’hui et dans les années qui viennent ? Mettre en place un véritable développement durable, c’est-à-dire qui porte en lui les germes de son propre développement contribuant à un mouvement perpétuel de développement ?

Cette durabilité prendra de plus en plus d’importance, et cela dans tous les domaines. Un exemple, que je connais plus particulièrement : l’éducation. Si on voulait écrire en quelques lignes l’histoire du rapport au savoir et de l’apprentissage de celui-ci, cela donnerait quelque chose comme ça (en m’inspirant de De Ketele & Hanssens, 1999) :
  • pendant des siècles et des siècles, « savoir » a consisté à s’inspirer de la sagesse des grands auteurs, et « apprendre » à traduire et à commenter ce que ces grands auteurs avaient écrit ;
  • dans la lignée de l’encyclopédisme de Diderot et d’Alembert, on a cherché à réunir tout ce que l’on savait. « Savoir » consistait alors à pouvoir restituer ce qui était contenu dans les livres, et « apprendre » à mémoriser tout ce savoir ;
  • la révolution industrielle et scientifique amena à penser qu’il ne fallait pas simplement connaître toutes sortes de choses, mais qu’il fallait aussi « savoir faire » quelque chose. « Savoir » consista alors à pouvoir maîtriser un certain nombre de savoir-faire et « apprendre » à acquérir tous ces objectifs opérationnels ;
  • vers la fin des années 80, on s’est rendu compte que tous ces objectifs étaient très dispersés et peu en rapport avec la vie. « Savoir » consiste depuis lors à pouvoir utiliser tout ce qu’on a appris (des savoirs et des savoir-faire) de manière intégrée pour résoudre des situations complexes. « Apprendre » revient alors à devenir progressivement compétent. C’est là qu’on est actuellement dans le monde pédagogique avec l’approche par les compétences.
Assez logiquement, cette conception du savoir et donc de l’apprentissage devrait encore évoluer dans les années qui viennent. Plus j’observe le monde, plus je me dis que ce qui importera sera non seulement de pouvoir résoudre des situations complexes, mais de pouvoir le faire de manière durable. Cette dimension est relativement peu prise en compte actuellement. Quand tout va bien, on apprend à nos enfants – et c’est déjà très bien – à résoudre des situations complexes, mais la solution n’est que ponctuelle. Il me semble que petit à petit, on devra apprendre à trouver des solutions durables, c’est-à-dire des solutions qui diminuent sérieusement la probabilité de survenance des problèmes. Ça a l’air simple comme ça, mais en réalité il y a là place pour une réflexion en profondeur et une modification fondamentale des pratiques pédagogiques.

On en revient à l’idée de mon ami : l’écologie devrait être l’affaire de tous, y compris dans l’univers pédagogique. Mais en attendant, il me semble important que cette vision écologique d’un développement durable, dans quelque secteur que ce soit, soit portée par des écologistes qui permettront de faire avancer les choses dans la bonne direction. L’enjeu est immense !

dimanche 14 juin 2009

Faire de son hobby un métier…

Arriver à faire de son hobby un métier, c’est le rêve de beaucoup de personnes. Certains y réussissent. Qu’on pense aux musiciens et à tous les artistes en général, aux sportifs professionnels, à certains cuisiniers, à quelques géologues, à de nombreux informaticiens, et à des tas d’autres métiers qu’on peut pratiquer simplement parce qu’on aime ça…

Mais être passionné par la construction de maquettes ou par les trains électriques et transformer cela en un métier, c’est beaucoup plus rare. Ce n’est sans doute pas un cas isolé, mais c’est celui d'un proche !

Il exerce en réalité plusieurs métiers. À certains moments, il vend des maquettes et des trains électriques (et tout autre jouet dans le genre). À d’autres moments, il répare des maquettes et des trains électriques qui ont subi les coups de leurs propriétaires. Et puis, il construit un circuit de train électrique !

Ce n’est bien sûr pas le fait du hasard, mais il lui fallait quand même rencontrer un monsieur passionné de trains électriques, prêt à investir pas mal d’argent pour avoir un beau circuit, mais n’ayant ni les compétences ni le temps pour le construire. Mon ami avait le temps et les compétences…

Alors, depuis des années, il construit patiemment un train électrique extraordinaire. Je ne l’ai en fait jamais vu, mais un seul chiffre : il faut environ 8 minutes pour qu’un train en fasse le tour complet. Et encore, je ne suis pas sûr qu’il soit alors passé partout. Il n’y a pas que les rails, mais tous les décors, les personnages, les éclairages, etc. C’est grandiose.

Mais ce que je trouve le plus grandiose, c’est d’avoir pu transformer cette passion en un métier qui, il faut bien l’avouer, n’est pas très courant (ce qui est paradoxal pour une activité fondée sur le courant…). Bravo !

jeudi 11 juin 2009

Mais d’où sort la vérité ?

La Vérité sortant du puits © Edouard Debat-Ponsan 1898

Un ami a déclaré dernièrement, sur son statut Facebook, que la vérité n'est pas dans les urnes. C’est un ami français qui s’exprimait après les récentes élections européennes. Je ne sais pas s’il s’exprimait sur les résultats français – dont le succès écologiste me semble quand même près d’une certaine vérité – ou sur les résultats plus globaux à l’échelle européenne. C’est vrai (tiens, revoilà la vérité) que constater cette vague conservatrice et ce reflux social-démocrate dans vingt États sur vingt-sept a de quoi laisser rêveur…

Je rejoindrais aussi mon ami s’il analysait le taux d’abstention : 57 % d’abstention pour l’ensemble des Vingt-Sept et 59 % en France ! Le pourcentage en Belgique est évidemment beaucoup plus faible puisque le vote y est obligatoire, mais je ne suis pas sûr que l’intérêt pour ces élections – et donc leur validité – soit beaucoup plus grand. Quand trois personnes sur cinq décident de ne pas s’exprimer, on peut évidemment avoir quelques doutes sur la vérité qui sort des urnes. Elle est en tout cas méchamment restreinte !

Cela dit, j’ai bien peur que mon ami voulait exprimer autre chose. Derrière sa remarque, j’ai lu une déception face aux résultats qui ne correspondraient pas au vote qu’il a lui-même exprimé (en admettant qu’il a voté). Si mon interprétation est correcte, cela m’inquiéterait ! Chez nous, en Belgique, ce n’est évidemment pas difficile : tout le monde a gagné !

Peut-on dire que la vérité ne sort pas des urnes ? N’est-ce pas fondamentalement nier tout le processus démocratique ? N’est-ce pas injurier tous les peuples qui vivent dans des régimes où il n’est pas question un seul instant que leur vote puisse réellement s’exprimer ?

Par définition, dans des élections, il y en a qui perdent et d’autres qui gagnent (sauf en Belgique évidemment où tout le monde gagne). Par définition aussi, on ne peut pas toujours être du côté des gagnants. Quand c’est le cas, la « vérité » n’est-elle pour autant pas au rendez-vous ? Bien sûr, la vérité politique est bien relative. Mais la première valeur démocratique n’est-elle pas d’accepter le verdict tel qu’il est ?

Mon ami est, j’en suis sûr, un démocrate convaincu. J’ai bien peur cependant de sentir poindre dans sa remarque comme une semence de fascisme. Ce n’est certainement pas son intention, mais quand on commence à ne plus reconnaître de valeur aux élections, on peut se poser quelques questions…

samedi 6 juin 2009

Bloguer de rive en rive

Qui suis-je pour oser placer quelques mots sur la toile ?
Tant de gens, déjà, se déclinent en un sens ou en un autre. Sans message ou cent messages.
D'une rive à une autre, d'une dérive à la précédente, y a-t-il place pour les rêves, les espoirs, les souffles de vie ?
Quand un regard nous saisit, ne le laissons-nous pas nous transpercer, sans qu'il y ait moyen de le retenir ou de nous dépasser ?

C’était mon premier billet. Il y a deux ans et demi. Je parlais de « cent messages » et celui-ci en est le trois centième ! Avec plus de 20 000 visites. Qui aurait cru cela ?

Je n’ai pas de statistiques complètes, mais 57% des visiteurs arrivent sur le blog, sans préférence de message. Je n’en suis pas vraiment fier, mais 24% aboutissent directement sur un de mes trois billets consacrés à l’application Is cool de Facebook (surtout ces deux derniers jours d’ailleurs : il faut dire qu’ils affichent clairement pour la première fois qu’il y a des tricheurs… et du coup pas mal de gens cherchent à savoir comment tricher !).

Ensuite, les pourcentages diminuent rapidement : 3,3% pour mon message sur la conscience professionnelle, 2,6% pour l’arnaque Ecogle, 1,6% pour la fusée de Tintin et la vie en projet, 1,6% aussi pour la recherche du serveur SMTP partout dans le monde (ça, j’en suis fier !)…

Autour d’un pourcent, on trouve quelques pages consacrées à la musique : Ambrozijn, La ballade de nulle part de Cat & Maxim, Synanatis, le Bal des gens bien, Olivia Ruiz

Et puis quelques pages que j’apprécie : Apprendre où à l’essai, La ville de l’Ouest, La vie est une courbe, Timgad ville ensevelie, Vent de liberté, L’étoile et le cosmonaute

Au bout du compte, pourquoi bloguer ? C’est sans doute avant tout un plaisir personnel. Celui d’écrire, de formaliser, de respecter les contraintes que je me suis données dès le départ. Celui de proposer quelques idées qui me sont chères. En toute humilité. Je propose des idées, mais je n’oserais jamais prétendre qu’elles sont les seules possibles ni les meilleures. Elles sont juste des étincelles.

C’est là la deuxième raison de bloguer… Pouvoir proposer parfois une idée qui fait sourire, une idée qui illumine le cœur d’un lecteur, une idée qui peut-être en crée une autre. Je n’ai pas d’autres ambitions. Mais aujourd’hui, 300 messages après, je crois effectivement qu’il y a place pour les rêves, les espoirs, les souffles de vie…

mardi 2 juin 2009

Le groom vert-de-gris

Amateur de BD, je ne lui ai pourtant consacré que peu de billets. Je me contente la plupart du temps du véritable plaisir de toucher l’objet, de le feuilleter, de contempler l’atmosphère générale en dégustant dessins et couleurs et puis de me plonger dans l’histoire avec toujours cette curieuse impression de m’y sentir dedans.

Si je fais exception, c’est que j’ai un véritable coup de cœur ! Le plus étonnant, c’est que c’est pour un album de Spirou et Fantasio, dont je ne suis pas un fan absolu. J’ai en réalité souvent pris du plaisir à lire leurs aventures, surtout du temps de Franquin. Je n’ai cependant jamais « collectionné » des albums de Spirou.

Il se fait que j’avais bien aimé – grâce à sa parution dans le quotidien « Le Soir » - l’avant-dernier épisode « Le journal d’un ingénu », par Emile Bravo. En dehors de ce concept original de confier à des dessinateurs et scénaristes différents d'uniques nouveaux épisodes d’un héros aussi connu que Spirou, j’avais bien aimé l’idée de raconter son histoire d’avant. Découvrir d’où vient Spirou… Ça en vaut la peine.

Olivier Schwartz et Yann prolongent le concept, en plongeant Spirou et Fantasio en pleine occupation de Bruxelles par les soldats allemands. Qui plus est, de manière audacieuse : le héros Spirou se retrouve « vert-de-gris », un peu collaborateur, tout en œuvrant pour la résistance ! L’ambiguïté est travaillée tout au long de l’album. L’histoire est captivante, mais elle nous apporte bien d’autres surprises.

D’abord, Spirou et Fantasio croisent, de manière directe ou sans le savoir, d’autres monuments de la BD : Poildur, Quick et Flupke, l’agent 22, Lambic, Sidonie, le docteur Müller, Buck Danny… et même Tintin qu’on ne voit pas, mais qui est réhabilité dans le rôle joué par Hergé durant l’occupation. En réalité, l’album est truffé – peut-être un peu trop ? – de personnages et d’allusions diverses, non seulement à l’univers de la BD, mais aussi à des romans – on y voit Bill Ballantine (planche 37), de Bob Morane – mais aussi de la réalité, où on peut par exemple voir un char appelé Obama (planche 61) ou reconnaître Paul Vanden Boeynants, politicien célèbre belge qu’on retrouve ici (planche 19) en boucher, ce qui était son premier métier. Sans oublier bien sûr la statue de Franquin (planche 61).

Ensuite, la BD est profondément belge et bruxelloise. On y zwanze avec plaisir. Pas sûr que tous les français comprendront, mais ça fait du bien de lire ça !

Et puis, on y redécouvre Spirou amoureux et sexualisé… Son amour sera malheureusement impossible, mais quelle est mignonne cette « petite » Audrey.

Bref, un album très riche, dans lequel il faut se replonger encore et encore. La BD n’est plus ici un simple amusement, mais un véritable témoin d’une société dans toute sa complexité ! Une véritable réussite.

lundi 1 juin 2009

Ça ne fait rien…


Si le lecteur de musique n'apparaît pas,  cliquez d'abord sur ce lien : la page sera rechargée et le lecteur sera là !
 
Ça ne fait rien, mais
Quand un bateau se couche,
Même si l'on n'est pas dedans,
Sa mort un peu vous éclabousse,
Et vous sentez dans votre bouche
Comme un arrière-goût d'océan.

Ça ne fait rien, mais
Quand un avion tombe,
Même si l'on n'est pas dedans,
C'est un peu sur vous qu'il retombe,
Et même mort il fait une ombre
Plus sombre que celle d'avant.


Déjà tout gosse, quand j'naviguais
Sur les flaques d'eau de mon quartier
Avec mes navires en papier,
Lorsque parfois, l'un d'eux coulait,
Je le regardais s'abîmer,
A la fois triste et fasciné.
Je ne le savais pas encore,
Déjà je soupçonnais la mort,
Je ne le savais pas encore,
J'avais déjà peur de la mort.
Bien sûr, c'était l'âge sensible,
J'avais le cœur comme une cible
Bien sûr que, depuis, j'ai changé,
Il m'en faut plus pour me faire rire
Plus encore pour que je soupire,
Enfin, je ne sais plus pleurer.

Mais ça ne fait rien,
Quand un bateau se couche,
Quand un avion perd le vent,
Leurs morts un peu nous éclaboussent,
Et nous sentons dans notre bouche
Les larmes salées d'un enfant

Georges Chelon © 1969

On se dit, inévitablement, qu'on aurait pu être dedans…

Blocus

Le moment le plus pénible de l’année a commencé : le blocus ! Pas de panique : ma maison n’est pas encerclée par d’invisibles ennemis qui m’empêcheraient d’aller et venir comme je le souhaite et personne ne m’interdit d’acheter ou de vendre quoi que ce soit ! Non, je parle du « blocus estudiantin », cette période où les étudiants se préparent à passer leurs examens… Ce belgicisme dit bien ce qu’il dit, et rappelle d’ailleurs que le mot « blocus » au sens classique vient du wallon « blokehus ».

Rassurez-vous : il y a longtemps que je ne suis plus en blocus moi-même. Même si je me suis retrouvé dans la peau d’un « étudiant-adulte », il y a quand même plus de 20 ans que j’ai passé mon dernier examen.

Mais il y a encore plus insupportable que d’être en blocus soi-même : avoir ses propres enfants en blocus ! On voudrait les aider… mais ils sont seuls à vraiment pouvoir gérer cette partie importante de leur année scolaire. Seuls à pouvoir assimiler tout ce qu’ils doivent assimiler (pour en oublier une grande partie après). Seuls à pouvoir organiser leur temps, dans un difficile exercice d’équilibre entre les moments d’étude et ceux de détente (le soleil les attend ainsi que la télévision remplie de tennis et autres activités sportives). Seuls à pouvoir décider quand c’est au point ou quand il faut continuer. Seuls à affronter les moments de découragement, de doute. Seuls à se dire parfois qu’ils ne sont décidément pas faits pour ça, tout en se disant qu’après tout il faut quand même le faire…

Je l’avoue, ça me stresse et je déteste ça. Ce n’est cependant pas le plus important. Le plus important, c’est qu’ils réussissent, qu’ils conservent leurs espoirs même si ça va moins bien à un moment, qu’ils gardent leur regard tourné vers leurs objectifs, et qu’ils se rapprochent de ceux-ci, le plus possible !

Bonne chance à tous les étudiants !