Amateur de BD, je ne lui ai pourtant consacré que peu de billets. Je me contente la plupart du temps du véritable plaisir de toucher l’objet, de le feuilleter, de contempler l’atmosphère générale en dégustant dessins et couleurs et puis de me plonger dans l’histoire avec toujours cette curieuse impression de m’y sentir dedans.
Si je fais exception, c’est que j’ai un véritable coup de cœur ! Le plus étonnant, c’est que c’est pour un album de Spirou et Fantasio, dont je ne suis pas un fan absolu. J’ai en réalité souvent pris du plaisir à lire leurs aventures, surtout du temps de Franquin. Je n’ai cependant jamais « collectionné » des albums de Spirou.
Il se fait que j’avais bien aimé – grâce à sa parution dans le quotidien « Le Soir » - l’avant-dernier épisode « Le journal d’un ingénu », par Emile Bravo. En dehors de ce concept original de confier à des dessinateurs et scénaristes différents d'uniques nouveaux épisodes d’un héros aussi connu que Spirou, j’avais bien aimé l’idée de raconter son histoire d’avant. Découvrir d’où vient Spirou… Ça en vaut la peine.
Olivier Schwartz et Yann prolongent le concept, en plongeant Spirou et Fantasio en pleine occupation de Bruxelles par les soldats allemands. Qui plus est, de manière audacieuse : le héros Spirou se retrouve « vert-de-gris », un peu collaborateur, tout en œuvrant pour la résistance ! L’ambiguïté est travaillée tout au long de l’album. L’histoire est captivante, mais elle nous apporte bien d’autres surprises.
D’abord, Spirou et Fantasio croisent, de manière directe ou sans le savoir, d’autres monuments de la BD : Poildur, Quick et Flupke, l’agent 22, Lambic, Sidonie, le docteur Müller, Buck Danny… et même Tintin qu’on ne voit pas, mais qui est réhabilité dans le rôle joué par Hergé durant l’occupation. En réalité, l’album est truffé – peut-être un peu trop ? – de personnages et d’allusions diverses, non seulement à l’univers de la BD, mais aussi à des romans – on y voit Bill Ballantine (planche 37), de Bob Morane – mais aussi de la réalité, où on peut par exemple voir un char appelé Obama (planche 61) ou reconnaître Paul Vanden Boeynants, politicien célèbre belge qu’on retrouve ici (planche 19) en boucher, ce qui était son premier métier. Sans oublier bien sûr la statue de Franquin (planche 61).
Ensuite, la BD est profondément belge et bruxelloise. On y zwanze avec plaisir. Pas sûr que tous les français comprendront, mais ça fait du bien de lire ça !
Et puis, on y redécouvre Spirou amoureux et sexualisé… Son amour sera malheureusement impossible, mais quelle est mignonne cette « petite » Audrey.
Bref, un album très riche, dans lequel il faut se replonger encore et encore. La BD n’est plus ici un simple amusement, mais un véritable témoin d’une société dans toute sa complexité ! Une véritable réussite.
Je l'avais lu quand il est paru dans le journal Spirou il y a quelques mois (voire même peut-être plus d'un an ?), pas mal mais pas très "Spirou-et-Fantasiotesque" !
RépondreSupprimerMais je me doute que tu as dû apprécier :-)