samedi 30 juillet 2022

Respect, mesdames

 

Le Tour de France pour les femmes se déroule pour le moment. Sur un vrai parcours, avec des difficultés, des surprises, des exploits, de la stratégie. Bref, une course comme une autre, intéressante de bout en bout. Mais évidemment, les « mecs » de tout bord n’hésitent pas pour sortir leurs âneries de « mâle dominant ».
 
Il y en a pour tous les goûts. Déjà, c’est toujours un étonnement d’entendre les commentateurs parler des « filles ». Que je sache, c’est officiellement le « Tour de France Femmes ». Lorsque ce sont les hommes qui courent, je n’ai jamais entendu le moindre commentateur parler des « garçons ». Alors, pourquoi parler des « filles » ? Quand c’est une course d’hommes, on parle le plus souvent des « coureurs ». Le féminin « coureuse » est reconnu depuis longtemps. Mais voilà, quand il s’agit de femmes, les commentateurs préfèrent parler de « filles ». Allez savoir pourquoi…
 
Depuis le départ du Tour, il y a eu beaucoup de chutes, parfois massives. Et les déclarations ici et là vont bon train : « C’est moins dangereux de cuisiner… », « Femmes au guidon », etc. En lisant ça, on se dit que chez les hommes, les as du vélo, il n’y a jamais de chutes, et surtout jamais de chutes collectives ! Eux au moins savent tenir leur guidon.
 
Un dernier exemple. Lors de l’arrivée de la 5e étape, à Saint-Dié-des-Vosges, l'Italienne Elisa Longo Borghini s’est trompée de route, à 500 mètres de la ligne d’arrivée : elle est partie à gauche dans la voie destinée aux voitures alors qu’il fallait aller à droite. Elle le savait et a été la première à en rire tout en perdant quelques précieuses secondes. Vous imaginez les commentaires : « Mais elle ne connaît même pas l’itinéraire, c’est une faute incroyable qui a mis tout le peloton en danger (sic)… ». Lors de la course Tirreno Adriatico de cette année, Tadej Pogacar et Remco Evenepoel, en pleine contre-offensive, se sont trompés de parcours et ont perdu du temps. Je cite : « À leur décharge, la bande plastique qui avait été installée en hauteur, pour marquer le changement de tracé, n'était pas très visible. Et les trois membres de l'organisation placés sur le bas côté dont un avec un drapeau rouge, n'étaient pas très visibles non plus. ». Bref, quand deux grands champions se trompent de parcours (et sont les seuls du peloton à le faire), c’est une erreur due aux organisateurs, etc., mais quand c’est une grande championne, elle est seule responsable et doit s’affubler d’un bonnet d’âne.
 
Alors, mesdames, je vous dis « Respect ». Ce que vous faites est extraordinaire. Vous le faites avec les mêmes exigences que vos collègues masculins, le même professionnalisme, la même audace, le même engagement. Et surtout, ne vous laissez pas abattre par la stupidité de tous ces « garçons » qui se croient encore les maîtres alors que ce ne sont que des connards.

jeudi 21 juillet 2022

La fête nationale des réseaux sociaux

 

 
Hier, mon attention est attirée par une publication sur le groupe Facebook le plus vivant de ma commune : voisins d’une des bases aériennes concernées, quoi de plus normal ! Au moment où j’écris ce billet, je n’arrête pas d’ailleurs d’entendre les avions qui se préparent (alors qu’ils ne défileront que dans deux heures). Bref, presque naïvement, je me permets de poster un premier commentaire : « Ça fait combien de litres de carburant ? »
 
Je l’avoue, cette question n’est pas purement informative. Elle reflète mes préoccupations face au coût et à la rareté des énergies fossiles et surtout à l’impact de leur utilisation sur le dérèglement climatique, difficilement niable désormais. Mais enfin, ce n’est qu’une question. La première réponse que je reçois, de la part de l’auteure de la publication, est d’ailleurs du même ordre : « Beaucoup… ». Tout est dit, sans entrer dans une quelconque polémique. Celle-ci ne va pas tarder à s’inviter !
 
Le deuxième commentaire l’introduit : « On peut bien dépenser quelques litres de carburant pour mettre à l'honneur notre armée ». Fils d'un Colonel qui a passé toute sa vie professionnelle dans l’armée, notamment comme prisonnier de guerre durant 5 ans, je pense qu’on peut bien mettre à l’honneur notre armée, d’autant plus que sa dimension sociale au service des citoyens ne fait qu’augmenter au fil des années. Faut-il dépenser pour cela quelques (milliers) de litres de carburant, je n’en suis pas convaincu dans le contexte actuel. Contribuer ainsi consciemment à la crise climatique est-il vraiment en rapport avec l’hommage à rendre à nos armées, alors même que le Roi Philippe a attiré – lors de son allocution aux Belges – leur attention sur les risques que nous courons et sur la nécessité de diminuer notre empreinte écologique ? J’en doute.
 
Le troisième commentaire attise la polémique : « Ah, les membres de la secte sont de sortie… c’est vrai qu’il y a un nid dans le BW ». Ce commentaire est vraisemblablement incompréhensible pour la majorité des citoyens. Mais de quelle « secte » parle l’auteur ? S’agit-il de belgicains insensibles aux questions climatiques ? Peu vraisemblable, d’autant plus qu’on voit mal ceux-ci réunis dans une secte…
 
On trouve peut-être une réponse dans certains commentaires qui suivent (je corrige les fautes linguistiques) : « Les écolos, vont-ils bloquer le défilé, comme ils l'ont fait avec le Tour de France ? » ou encore « Pour avoir des pilotes expérimentés, il faut tout de même qu'ils volent un certain nombre d'heures. Que cela plaise ou non aux Ecolos » ! On suppose donc que la « secte » dont il est question est « Ecolo ». Ou encore ces « Écologistes confédérés pour l'organisation de luttes originales » qui depuis 1980 animent la vie politique belge, y compris en prenant leurs responsabilités dans pas moins de quatre exécutifs (sur six) que compte notre chère Belgique, sans jamais avoir remis en question l’existence de cette fête nationale. Ni du défilé, même s’ils ne l’acclament pas pour autant.
 
Cette petite polémique n’a – heureusement – pas dégénéré. Elle en est quasiment restée là. Mais elle reflète bien ce qui se passe trop souvent sur les réseaux sociaux : une banale intervention est détournée de ce qu’elle dit, en laissant libre cours à des propos qui feraient sourire s’ils n’attaquaient pas de front des citoyens qui s’engagent – comme d’autres – pour construire un monde meilleur. Quel est donc le « dieu » ou le « gourou » qui ferait du parti Ecolo une « secte » fomentant des manifestations de blocage du défilé national ou refusant que les pilotes d’aéronefs militaires fassent leur métier ? Et surtout, comment justifier qu’une banale question « Ça fait combien de litres de carburant ? » se transforme en propos (non modérés par les administrateurs du groupe) dénigrants vis-à-vis de personnes qui essayent simplement de préserver un monde vivable pour nos enfants ?
 
Belge, c’est aujourd’hui ma fête nationale. Je crois que celle-ci peut se fêter de multiples façons. Je crois aussi, comme notre Roi, que pour que ce soit vraiment la Fête, il faut que nous vivions tout cela en « cohésion » ? Cela commence peut-être sur les réseaux sociaux.

lundi 4 juillet 2022

Voler…

 

FMG©2022
 
Voler. Au fil du vent. Dans le silence. Sans rien d’autre que l’amour de ceux et de celles qui vous entourent. Dans la plénitude de l’instant, avec en permanence le souffle de celle qui nous accompagne depuis ce clocher autour duquel nous tournons, sans jamais trop s’en rapprocher mais toujours présent. Être avec elle quelques instants au paradis.
 
Mais d’abord, arriver à l’endroit du rendez-vous. Le stress et l’attente du moment décident du retard, du mauvais choix de stationnement, de la mauvaise direction prise… dans ces lieux pourtant connus sur le bout des doigts. Ouf, on se retrouve.
 
Puis, se déplacer tous ensemble dans une jeep de l’ancien temps, avec conduite à droite pour indiquer clairement que désormais tout change : on entre dans un autre monde, perdu entre le passé, le présent et le futur. Se rapprocher de cette commune désormais mienne, pour le restant du futur ?
 
S’arrêter. Au milieu d’une prairie. Ou plutôt dans un coin reculé de celle-ci. Là où l’on peut déposer la toile, l’étendre et la déployer. Pas une mince affaire. L’énorme ventilateur se met en branle et injecte ses 6000 m3 d’air encore froid. La toile se déploie, dans toute sa splendeur jaune assortie à mon polo. Tout le monde se demande si ça va vraiment nous permettre de décoller. Mais les brûleurs dégagent leur feu. La toile se redresse. Juste le temps de monter dans la nacelle. Ma famille. Mes amis. Serrés tous et toutes près des autres. Ça y est, on décolle. En douceur. Sans même s’en rendre compte. Instantanément, entrer dans un autre univers. Dans son univers.
Voler. Au fil du vent. Dans le silence. Sans rien d’autre que l’amour de ceux et de celles qui m’entourent. Dans la plénitude de l’instant, avec en permanence son souffle qui nous accompagne. À travers tous ces chemins et toutes ces rues que nous avons parcourus à deux, en vélo, jouissant de la vie quand elle était encore là. Mais surtout, dans le cœur de ceux qui sont là, à vivre la même aventure, ses enfants et mes amis qu’elle appréciait. Le paradis existe, il suffit de voler. Au fil du vent. Dans le silence. Sans rien d’autre que l’amour de ceux et de celles qui nous entourent.
 
Atterrir. Il le faut. Tout moment a une fin, aussi merveilleux soit-il. Il ne suffit pas de décider d’atterrir… Il faut trouver le bon endroit. Notre pilote fait des merveilles, même si certains trouveront stupidement à y redire. Replier. Tout le monde s’y met. Tout est replié et rangé. Mission accomplie. Un verre de mousseux pour fêter ça, quelques dernières photos. Sans elle. Mais elle est dans la tête de chacun·e.
 
Repartir des étoiles plein les yeux et la tête définitivement dans les nuages. Nous n’avons pas volé bien haut finalement. Mais c’était un sommet dans ma vie. Je ne l’oublierai jamais. Ceux et celles qui me l’ont offert l’ont fait pour transcender ce jour d’anniversaire qui n’en fut pas vraiment un. Ce fut réussi, au-delà des mots.
 
Voler. Au fil du vent. Dans le silence. Sans rien d’autre que l’amour de ceux et de celles qui m’entourent. Surtout de celle.