Ceux qui me connaissent, surtout professionnellement, savent que la fusée de Tintin a une certaine importance pour moi. Non seulement, mon bureau en affiche deux posters, mais surtout, lorsque je suis en costume – ce n’est pas fréquent, mais cela m’arrive – j’ai en boutonnière ladite fusée.
On m’en parle souvent, évidemment : dans le sérieux des « costards », cela fait tache ! Selon les cas, on me dit « Ah, vous montrez que vous êtes belge » ou bien « Vous aimez la BD ? ». Ces deux raisons sont correctes, mais elles ne sont pas les plus importantes.
La première raison est la beauté de l’objet. Hergé était un génie, mais il l’a été encore plus en dessinant cette fusée. Quelle ligne ! Quelle puissance ! Quelle audace dans les couleurs ! Ceux qui ont dessiné de vraies fusées n’ont pas eu autant d’imagination !
La deuxième raison, certainement la plus importante, est plus symbolique que formelle. Cette fusée représente pour moi le fait d’être en projet. N’est-ce pas là le plus incroyable projet que l’homme ait pu avoir et réaliser ? Le 21 juillet 1969, alors qu’Eddy Merckx gagnait son premier Tour de France, que l’Europe entière chantait « Daydream » de nos petits belges Wallace Collection, un être humain foulait pour la première fois officiellement le sol de la Lune (du moins, si on en croit la version officielle, ce qui est mon cas, mais pas celui de tout le monde). En réalité, 15 ans plus tôt, c’est un autre petit belge qui avait mis les pieds sur notre satellite naturel (Ardan, l’héros de Jules Verne, n’a fait – en 1865 – que voler en orbite autour de la Lune… et si Lucien de Samosate, auteur grec du IIe siècle, relate dans son Histoire véritable le périple de son héros sur la Lune, il semble que c'est plus un conte facétieux sans aucune référence scientifique).
Mais là n’est pas la question. Ce qui est extraordinaire, c’est de concevoir le projet d’aller sur la Lune et de le réaliser. Ce qui a priori est impossible devient réalisable. Nous sommes tous périodiquement confrontés à des rêves qui nous paraissent impossibles, dans quelque domaine que ce soit. Souvent, ils le restent, parce qu’on les laisse à l’état de rêve. Et ce n’est d’ailleurs parfois pas plus mal : le rêve est aussi une merveille à ne pas perdre.
Mais de nombreux rêves, ou plus simplement de nombreuses marches à franchir, peuvent devenir réalité, simplement parce qu’on les transforme en projet. Et qu’on se donne alors les moyens d’atteindre ses objectifs. Ça ne réussit pas toujours, il ne faut pas s’illusionner ! Mais en tout cas, le meilleur moyen de ne pas atteindre un but est de croire que ce n’est pas possible, alors que le meilleur moyen de l’atteindre est de se mettre en projet de l’atteindre.
Alors, la fusée de Tintin est toujours là pour me rappeler cette évidence ! Pouvoir se dire « Et pourquoi pas ? ».
C'est vrai qu'elle est superbe, et c'est un très beau symbole pour la notion de projet ! Tout y est, les couleurs toniques, l'élan (mouvement et enthousiasme), l'effort collectif, l'idée de s'élever... aux deux sens d'"élever", dans ton métier : voir plus haut, et éduquer.
RépondreSupprimerEt merci pour le lien !
;-)