lundi 15 octobre 2007

Hugo, l’enfant de l’étang

FMG © 2007

Il y a bien longtemps, un petit garçon aimait folâtrer ici et là à la recherche du moindre signe de vie. Hugo était d’ailleurs la vie personnifiée : il n’arrêtait pas de bouger, de virevolter, de remuer, de s’activer, de frétiller, de voltiger et de cabrioler. Un vrai papillon ! Ce n’est pas qu’il était hyperkinesthésique ou quelque chose du genre. Non, simplement ce garçon aimait la vie, aimait la regarder… Et il y avait tant à voir.

Un jour, il arriva au bord d’un étang. Quoi de plus normal : s’il y a bien un milieu de vie, ce sont les étangs. Tout le monde sait cela. Mais cet étang était particulier. D’abord, il était tout petit. Aurait-il fallu parler d’une mare ? C’eût peut-être été plus correct. Et peut-être cela aurait-il changé le cours de cette histoire. Qui sait ?

Toujours est-il que dès qu’il aperçut cet étang – ou cette mare, c’est selon – il s’arrêta brusquement et s’accroupit à son bord. Il commença à fixer le centre de l’étang, sans lever les yeux, sans se laisser distraire par tout ce qui l’entourait. Que voyait-il ? Personne ne l’a jamais su. Peut-être avait-il découvert le trésor de la vie. Peut-être même était-ce tout simplement la vie qu’il scrutait ainsi, un sourire béat au coin des lèvres. On eut beau l’appeler, lui dire de revenir sur terre, rien n’y fit. Il resta là, à regarder le centre de l’étang, à moins que ce ne fut une mare. Qui sait ?

Petit à petit, à force de regarder, lui qui était si impétueux en temps normal, il se transforma, lentement mais sûrement, en statue de pierre. Figée pour l’éternité. À regarder sans discontinuer le cœur de l’étang, un sourire béat au coin des lèvres.

Depuis le temps, l’étang s’est asséché. Il n’y a plus que des herbes hautes et sauvages. Mais Hugo observe toujours, contemplant cette vie qui n’apparaît plus. Il sourit toujours. Comme s’il avait trouvé le sens de la vie. Comme si maintenant, il savait. Il savait ces choses que nous ne savons pas.

Je l’ai rencontré l’autre jour. Il était là, accroupi, heureux, à regarder fixement son invisible secret. En le voyant, je me suis demandé ce que son histoire pouvait bien nous apporter. Tout cela avait-il un sens ? Bizarrement, je me suis dit que décidément, la vie ne se laisse pas enfermer. Elle surgit toujours là où on ne l’attend pas, sous une forme étonnante, bien différente de ce qu’on imagine pour la vie. Parfois même, la vie se fige. Mais, c’est pour mieux vivre, pour mieux ensoleiller le monde. Le cœur du monde est dans un sourire.

Il y a toujours la vie quelque part.

3 commentaires:

  1. Quelle histoire, c'est une légende ?.. J'en ai les larmes aux yeux. Tu ne nous avais pas habitués à tant de poésie...
    Et cette image, d'où est-elle ?

    Mais peut-être faut-il garder tous ces mystères... mystérieux ?..

    Comme la vie.

    RépondreSupprimer
  2. Où peut on rencontrer Hugo ?
    As tu fait sa connaissance par hasard?

    Cath, je pense que toi et moi avons un petit Hugo caché dans notre coeur... mon Hugo à moi est ce soir, très loin de moi.

    Ce blog est ma foi très sympa.
    J'en félicite l'auteur que je ne connais pas...je tape l'incruste avec grand plaisir...j'ai toujours trouvé les belges très sympas

    béa

    RépondreSupprimer
  3. Je découvre que l'allumeur de réverbères connait et aime YVES SIMON. Alors là, j'en suis toute retournée....j'adore Yves Simon, il a marqué mon adolescence, à l'époque, j'en était folle.
    Tourne t il actuellement ? je ne trouve rien sur Internet, j'achète son CD demain...je savais qu'il avait fait un nouveau disque pourtant....

    béa

    RépondreSupprimer