Le brouillard étend ses nappes désormais. Elles nous enlacent dans un monde où le flou se dispute au doute. Quelquefois, le soleil s’y fraie un chemin et crée des univers doux et solubles.
Quand on est sur la route, le brouillard est un adversaire redoutable. Il se permet parfois d’être plus profond, supprimant brusquement toute visibilité. Dans nos pays du nord, plus d’une voiture s’est laissée surprendre.
Mais il existe désormais des détecteurs de brouillard. Ces machines, bien placées, peuvent activer les bonnes procédures en cas de nécessité et les automobilistes peuvent être prévenus d’un brouillard qui risque de surgir, tel un chevalier aveuglant. Cela n’amène sans doute que rarement les conducteurs à ralentir leur machine, mais au moins ils sont prêts à le faire, guettant la surprise annoncée.
Le brouillard est un phénomène physique et il n’était sans doute pas trop difficile d’inventer des détecteurs de brouillard… simple question de densité de l’eau contenue dans l’air. Le brouillard des routes n’est cependant pas le seul brouillard. Dans la vie, il arrive souvent qu’on se retrouve dans le brouillard, que ce soit en amour, en amitié, en pensée, etc. Ces brouillards-là sont souvent plus denses, plus dangereux encore. Il ne semble malheureusement pas encore y avoir de détecteurs de ces brouillards sentimentaux.
Imaginez que lorsqu’un brouillard risque de surgir dans la vie d’un couple, un détecteur se mette à vibrer dans la tête de chaque partenaire. Imaginez que ce détecteur fasse comprendre à chacun qu’il y a risque de collision ou de disparition si on continue à rouler de la même manière sur l’autoroute des blessures personnelles. Imaginez que le détecteur propose de ralentir, de s’arrêter même, pour prendre le temps de regarder la route et le soleil qui luit quelque part, enrobé des méandres de l’indifférence ou du mépris.
Combien d’accidents de l’amour, de l’amitié, de la vie… seraient ainsi évités ? Pas de miracle bien sûr. Il ne suffirait pas qu’un détecteur existe et détecte le brouillard pour que celui-ci disparaisse. Ni pour que chacun change fondamentalement sa manière d’aborder l’autre. Mais cela éveillerait peut-être l’attention. Et, dans la vie, il suffit souvent de commencer à faire attention à l’autre pour pouvoir cheminer un peu plus longuement et un peu plus heureusement avec lui.
Finalement, ces détecteurs existent peut-être. Mais nous ne sommes sans doute la plupart du temps pas suffisamment sensibles aux signaux qu’ils nous envoient, nous laissant alors surprendre par nos nappes brouillardeuses. Et pourtant, le soleil est toujours derrière le brouillard !
Quelle réflexion... limpide !
RépondreSupprimerLue et relue, regardée à deux fois, malgré le sujet difficile il s'agit bien d'une "lumière" : brillante démonstration ! Et qui fait réfléchir.
Je profite d'un sujet qui s'y prête pour te dire : merci, pour les petites lucioles de ce blog.
Tout à fait d'accord avec Cath. Ce sujet magnifique, empli de poésie et d'espoir, de gravité et de tendresse, nous rappelle la richesse et la générosité du poète.
RépondreSupprimerUn grand merci pour ton blog !