Il y a un certain temps que je souhaite faire un billet sur la croissance. J’aurais dû le faire depuis longtemps, car tout le monde croira que c’est la crise financière actuelle qui m’amène sur ce terrain que je ne connais pas trop. Finalement, croyez ce que vous voulez… mais ne croyez pas trop à la croissance.
Pourtant, toute notre économie occidentale est fondée sur elle. Sans la croissance, tout irait mal, du moins si on en croit les économistes et autres argentiers. Dès que la croissance diminue, c’est comme si le ciel nous tombait sur la tête. Notre bien-être, tant individuel que collectif, lui serait intimement lié.
Il ne s’agit pourtant que d’un concept économique. Quand les biens et les services produits dans une société augmentent sur une période donnée, on dit qu’elle est en croissance. Et on postule que pour que la société soit épanouie et épanouissante, il faut qu’elle soit en croissance.
L’indicateur magique de cette croissance porte sur le produit intérieur brut. Lorsque celui-ci est exprimé par habitant, on obtient un indicateur du pouvoir d’achat. Plus on a de pouvoir d’achat, plus il y a de croissance. Et plus on achète, plus on est heureux ! Enfin, c’est du moins l’idée des défenseurs de la croissance.
Je ne suis pas économiste. Mais pas sot non plus : il ne faut pas l’être pour constater que cette croissance se fait au détriment des ressources qu’elle nécessite. Croître à tout prix, c’est remiser au frigo un développement durable.
Au-delà de ce problème – qui n’est pas le moindre – il y a lieu de s’interroger aussi sur le concept même de croissance. Le bien-être humain est-il vraiment lié à son développement économique ? Qu’on ne me fasse pas dire ce que je ne dis pas : il est évident que le développement économique est indispensable. Trop d’êtres humains n’en bénéficient pas aujourd’hui, ou en bénéficient trop peu. Mais il s’agit là d’une question d’équité, et non pas de croissance. En réalité, celle-ci ne profite la plupart du temps qu’aux plus riches.
Cette course effrénée à la croissance ne conduit nulle part. Il me semble qu’il faudrait la remplacer par une course au développement humain. L’indice de développement humain existe d’ailleurs. Il prend en compte la santé (mesurée par l’espérance de vie), le niveau d’éducation (mesuré par le taux d’alphabétisation) et le niveau de vie (mesuré bien entendu par le PIB par habitant). Ce n’est pas encore parfait, mais l’IDH met au moins l’accent sur d’autres réalités. Sans surprise, ce sont bien sûr les pays industrialisés qui ont l’IDH le plus élevé.
Il ne faut pas se faire d’illusion : la croissance a encore de beaux jours devant elle, même si elle va souffrir dans les années qui viennent. Mais si seulement on cherchait à atteindre une croissance du développement humain de tous les pays, on aurait quand même fait un pas dans la bonne direction. C’est une illusion ? Pourquoi ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire