Notre monde vit quelques turbulences. Nul ne sait quand elles s’arrêteront. Il y a toutes sortes de mesures qui sont prises et qui ont certainement un effet, mais il est impossible de savoir si elles permettront de régler le problème de fond. Il est même sans doute plus opportun d’en douter que d’y croire !
Je serais bien incapable d’expliquer les tenants et les aboutissants de cette vaste affaire. La complexité économique est évidente et on ne peut pas la réduire à des explications réductrices. Néanmoins, un mécanisme semble tout aussi évident : certains ont voulu se faire de l’argent facile. On en prête, on en échange, on croit que la source en est inépuisable, surtout quand cette source est virtuelle (quand bien même ce sont au bout du compte des petites gens qui trinquent). Tant que le système fonctionne, tout va bien. Mais un jour, on se rend compte que ce qu’on prête n’est pas remboursé, que plus personne n’a rien à échanger, que la source n’est pas totalement inépuisable. Alors, la crise démarre. Ceux qui étaient riches ne le sont plus. Ou du moins, les institutions chargées de gérer les richesses ne les possèdent plus. À partir de là, le château de cartes peut commencer à s’effondrer. Il s’effondre.
Les grands argentiers nationaux et internationaux commencent alors à s’en inquiéter. En moins de temps qu’il ne faut pour le dire, des sommes colossales sont libérées pour tenter de sauver l’économie mondiale. Le discours sur la protection des petits épargnants permet de faire passer la pilule, de faire croire que les décisions prises le sont au bénéfice de la population, alors que – vraisemblablement – elles servent surtout à protéger les intérêts des puissants et des riches. Tout le monde applaudit. Pourtant, il reste des questions qui ne trouveront peut-être jamais de réponses.
Les petits épargnants sont-ils vraiment sauvés ? Pour le savoir, il n’y a qu’une seule solution : chacun devrait aller retirer ses sous confiés aux banquiers et autres financiers. Ce serait malheureusement une très mauvaise idée. S’il fallait vraiment rembourser tout le monde, le système ne pourrait que s’effondrer définitivement. Il est basé sur les échanges. Le moindre euro placé dans une banque est automatiquement « échangé » pour le faire fructifier d’une manière ou d’une autre. Si un épargnant isolé peut effectivement récupérer à tout moment ses sous, par définition il est impossible que tous les épargnants le fassent en même temps. Ce n’est donc qu’avec le temps qu’on en saura un peu plus. Ça dépend fortement de ce qui se passera dans les mois qui viennent, mais personne ne le sait.
Alors que tous les États ont actuellement des budgets limités, comment peut-on en un week-end libérer des milliards ? Peut-on expliquer que nos dirigeants ne sont jamais parvenus à régler les problèmes de famine dans le monde alors qu’il suffirait de quelques millions d’euros ou de dollars, mais qu’ils trouvent des milliards pour tenter de régler les problèmes des riches argentiers qui ont mal spéculé ? C’est évidemment une question naïve dont la réponse est complexe. Notamment parce qu’il est vrai qu’en essayant de sauver l’économie occidentale, ils permettent de ne pas sombrer dans une crise mondiale dont les premières victimes seraient inévitablement les pays les plus pauvres, et surtout les populations les plus pauvres. Il n’empêche qu’on peut se demander comment on peut trouver facilement et rapidement des milliards pour sauver un système financier quand on ne parvient pas à trouver des millions pour sauver des gens.
Tout cela a-t-il un sens, finalement ? L’économie est la gestion de la rareté. Elle est normalement au service de la collectivité, de telle sorte que tout le monde puisse bénéficier de la rareté. Elle se fonde sur des échanges dont chacun devrait profiter. N’y a-t-il pas longtemps maintenant que l’économie n’est plus cet échange équitable ? Certains n’ont-ils pas voulu créer de la richesse à partir d’une rareté inexistante (ce en quoi elle serait encore plus rare…) ?
Quoi qu’il en soit, la seule issue actuelle est de garder un minimum de confiance dans le système, sans quoi celui-ci s’effondrerait, inévitablement. Mais peut-on garder confiance ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire