dimanche 26 octobre 2008

Les signaux détournés (7)

(Illustration issue de la page Dormir de Facebook)

Je roulais depuis longtemps. Quelle idée de vouloir traverser tout un pays simplement pour aller voir un lever de soleil sur la mer. Mais parfois il y a des plaisirs qu’il ne faut pas se refuser. Au diable les bons penseurs qui décréteront du haut de leur savoir universel qu’il est dangereux de rouler toute une nuit sans s’arrêter (si ce n’est pour faire le plein, bien entendu).

Je roulais donc depuis longtemps. J’ai toujours aimé rouler la nuit. L’éclat des phares crée la lumière et on a l’impression d’être une flèche qui se fraie un chemin à travers l’éther. Le danger est sans doute accru du fait qu’inévitablement, on ne voit pas tout ce qui nous entoure. Mais on voit aussi les autres voitures depuis bien plus loin, grâce à leurs phares lucioles dans la nuit.

La route était longue, mais j’étais en pleine forme. J’allais enfin voir ce lever de soleil dont je rêvais depuis quelques jours. Que dis-je, quelques semaines. Il me semble que je l’avais bien mérité. Il faut toujours avoir à sa disposition un beau petit lever de soleil, surtout quand on a une certaine tendance – passagère bien sûr – à broyer du noir. Bref, plus j’avançais dans le noir, plus je me rapprochais de la lumière naissante. Quelle ivresse !

Je n’ai pas réalisé tout de suite. J’avoue que j’étais perdu un peu dans mes rêves. Mais petit à petit, je pris conscience que je croisais périodiquement un signal qu’il me semblait n’avoir jamais rencontré. Il me semblait qu’il y était fait état de zigzags. L’autoroute me semblait pourtant démesurément droite. Tellement droite qu’on finirait par s’y endormir. Je crus voir aussi le dessin d’un pont suspendu, mais je sentais bien que le délire m’envahissait.

Il faisait toujours aussi noir. Cependant, plus le temps passait, plus mon cœur gonflait de bonheur à l’idée de profiter enfin de ce lever de soleil. Petit à petit pourtant naissait aussi l’envie de plus en plus grande de dormir. Je me demandais bien pourquoi. Ce n’est quand même pas parce qu’on roule pendant toute une nuit pour aller voir un lever de soleil qu’on devrait s’endormir au volant. Quelle idée saugrenue.

Il fallait bien néanmoins me rendre à l’évidence. Mes yeux picotaient inlassablement. Encore un effort, tenir le coup. Le lever de soleil n’était plus très loin. Je ne savais plus trop où j’en étais. Je finis par regarder ma montre. Pas de problème, j’avais encore le temps. Je m’étirai progressivement. Il me semblait que mon volant n’était plus dans mes mains. N’était-ce pas plutôt un oreiller ? Brusquement, j’ouvris les yeux, sortant de la torpeur de ma nuit. Le lever de soleil était déjà passé. Ciel, ils avaient encore décidé de changer d’heure…

1 commentaire:

  1. Ciel, je ne m'attendais pas à la chute ! J'y ai pourtant pensé, je l'ai dégustée toute la journée, hier... cette heure en plus.
    Cette image me plaît : joli programme pour un début de vacances !
    ;-)

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