(Illustration issue de la gare de Warrington Bank Quay)
Nous étions à l’aube d’une longue séparation. Brigit, mon unique principe divin féminin, à la fois mère, épouse, amante, sœur et fille, allait s’en aller au Northumberland. Il y avait longtemps que nous n’avions plus été séparés aussi longtemps que ce qui nous attendait !
Bref, le vague à l’âme nous envahissait alors que nous nous dirigions vers la gare de Warrington Bank Quay, à Warrington. J’étais concentré cependant sur la route, n’ayant jamais pu me faire, après tant d’années, à la conduite à gauche.
Nous arrivâmes enfin à la gare. Enfin, je ne devrais pas dire enfin, car pour moi, cela signifiait le début du supplice. Mais avant ça, j’allais encore avoir droit à un sublime moment d’extase. Nous allions certainement, une fois de plus, échanger un de ces baisers aussi longs que fougueux, aussi tendres que profonds, aussi sensuels qu’amoureux. J’avoue que j’y avais songé pendant toute la route. Les baisers de Brigit sont, de toute évidence, la plus belle invention du monde.
J’arrivais donc à ce lieu béni des dieux, le « kiss and drive ». Quoi de plus merveilleux que cet endroit prévu pour s’embrasser avec la fougue qui nous sied ! Certains choisissent de s’effleurer à peine les lèvres quand d’autres les font devenir une et une seule. Cela ne dure jamais longtemps : on sait bien que d’autres amoureux font la file derrière pour avoir le droit de s’étreindre une dernière fois avant la séparation du voyage. Tous, heureusement, comprennent qu’un baiser dure parfois plus longtemps qu’on ne l’aurait imaginé.
Je m’apprêtais donc à enlacer ma belle pour lui témoigner tout mon amour quand je sentis peser sur nous le regard peu bienveillant d’un officier de l’ordre se caressant les moustaches. Je le regardai étonné et il me désigna ce signal inconnu mais ô combien signifiant. Quoi ! Je n’allais pas pouvoir embrasser mon aimée ! Non, ce n’était pas possible !
Et pourtant, si ! Le badinage amoureux est courant par ici, mais on ne badine pas avec le respect de l’ordre et de la loi. Le regard concupiscent du policeman ne permettait aucun doute : soit nous allions nous embrasser dans le parking temporaire à côté (mais nous n’en avions plus le temps), soit nous nous quittions ici, sans coup férir ni tirer. Nous n’avions guère le choix et j’ai vu Brigit ouvrir la porte, prendre ses affaires et s’en aller la tête basse vers cette gare maudite.
Et dire que je ne la verrais plus avant ce soir…
Brigit(te ?) comme divinité celtique, alors là, fallait le savoir ! Ca ne pouvait guère mieux tomber, je crois !
RépondreSupprimerMerci pour ce huitième volet d'une série décidément toujours aussi rafraîchissante et originale !