vendredi 9 mai 2025

Le Service des Pensions se fout de nous

Je suis retraité depuis le 1er janvier 2016 au terme d’une carrière hybride : j’ai travaillé douze années comme enseignant dans le secteur public et vingt-cinq ans comme consultant dans le secteur privé, les deux se mélangeant parfois. Ma pension pour le secteur privé correspond à 61,78% du montant total brut alors que pour le secteur public elle ne couvre logiquement que 28,99%.

Les forts en math auront constaté que ces deux montants représentent 90,77% de ma pension totale. D'où viennent les 9,23% restants ? Bonne question !

En décembre 2021, je suis devenu veuf pour mon plus grand malheur. Brigitte, ma femme, était en passe de terminer sa carrière d’enseignante. J’ai donc eu droit à une « pension de survie » du secteur public. Lorsque j’ai obtenu cette pension de survie, le montant annoncé au départ ne fut pas le montant final, car – allez comprendre – ce nouveau montant me faisait dépasser le montant initial, ce qui mathématiquement est indubitable, mais qui légalement semblait poser quelques problèmes au fisc. Bref, au bout du compte, j’ai une « pension de survie » de 279,02 € bruts, ce qui est une belle économie pour l’État qui ne paie ainsi que même pas 10% de la pension qu’aurait eue Brigitte.

Mais l’histoire ne s’arrête pas là. En novembre 2023, j’ai été amené à devenir échevin de ma commune, jusque décembre 2024. Une petite année avec un revenu supplémentaire (taxé en bonne et due forme), pendant laquelle j’ai – logiquement – cotisé pour ma pension à concurrence d’un peu moins de 300 € chaque mois. Le job étant terminé, j’ai agi – non sans difficultés – pour obtenir cette « pension de mandataire public ». C’est maintenant chose faite : depuis le 1er janvier 2025, j’ai droit à une pension mensuelle de 145,90 € bruts pour cette charge d’échevin ! La belle affaire !

Super… sauf que ! Le fisc ne perd pas le nord. Pour des raisons que seuls les initiés comprendront, ma « pension de survie » passe dans le même temps de 272,09 € (bruts) à 126,19 €. Les forts en math feront à nouveau le calcul : cette « pension de survie » diminue ainsi de 145,90 €, ce qui correspond exactement au nouveau montant de ma « pension de mandataire », soit une baisse de 53,62% de ma « pension de survie ». Bref, rien ne se perd. Ma « nouvelle » pension aura exactement le même montant qu’avant… et le fisc aura gagné environ 3600 € (12 x 300 €) sur mon dos en même temps que la « pension de survie » due à Brigitte diminue encore de plus de 50%.

Si vous m’avez lu jusqu’ici, vous avez beaucoup de courage, mais avouez : le Service des Pensions se fout de ma – de notre – gu… !

Et pendant ce temps-là, à Gaza, c’est encore bien pire : un peuple meurt dans l’indifférence mondiale !