vendredi 9 octobre 2015

Paix à la société civile tunisienne

L’attribution du Prix Nobel de la Paix au dialogue national en Tunisie me fait particulièrement plaisir. Non seulement parce que j’ai beaucoup travaillé dans ce pays – j’y ai effectué plus de 50 missions – et qu’inévitablement j’y ai rencontré des amis, mais aussi et surtout parce que ce Nobel est la reconnaissance d’un véritable mouvement démocratique et pacifique.

Comment ne pas oublier que la Tunisie est à l’origine du « Printemps arabe », à partir de décembre 2010 ? Par un slogan clair « Dégage », ils ont réussi – quasiment sans effusion de sang – à faire fuir le « président » Zine el-Abidine Ben Ali, toujours élu – depuis 1987 – avec au moins 98% des voix ! En quelques semaines, les Tunisiens ont réussi la « Révolution de la Dignité ». Un exemple quasiment unique dans l’histoire des révolutions !

Il ne suffisait évidemment pas de faire partir ce dictateur de salon pour résoudre tous les problèmes de la société tunisienne. Ceux-ci sont d’ailleurs loin d’être résolus : pas plus tard qu’hier, jeudi 8 octobre 2015, le député Ridha Charfeddine a été visé par une tentative d'assassinat par balles. Et on ne peut évidemment pas oublier les attentats meurtriers du Bardo et de Sousse.

Malgré ces violences innommables, la Tunisie poursuit son chemin vers une démocratie civilisée, basée sur le respect de toutes les parties de la société civile. Le quartette aujourd’hui primé – l'UGTT, syndicat historique en Tunisie et fer de lance pour son indépendance, le patronat (UTICA), la Ligue tunisienne des droits de l'Homme (LTDH) et l'Ordre des avocats – s’est constitué durant l'été 2013, « à un moment où le processus de démocratisation était en danger en raison d'assassinats politiques et de vastes troubles sociaux ». Il a organisé un long et difficile « dialogue national » entre les islamistes et leurs opposants, les obligeant à s'entendre pour sortir d'une paralysie institutionnelle.

Ce Prix Nobel de la Paix récompense bien entendu avant tout tous ces Tunisiens qui ont tout fait et qui continuent à tout faire pour que la transition soit vraiment démocratique et pacifique. Mais il encourage aussi tous les peuples partout dans le monde à s’inscrire dans la voie du dialogue avec la participation active de la société civile, de tous les citoyens qui ne désirent qu’une chose : « vivre en paix » !

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