mardi 23 juillet 2024

À quoi ça tient ?

 
Camille Nicolle©2021

À quoi ça tient la vie ? Quand commence-t-elle ? Comment ? Mes parents auraient dû se marier au début des années ’40. La guerre est passée par là, mon père s’est retrouvé quelque part en Allemagne pendant cinq ans, sans liberté. Quand il l’a retrouvée, ils se sont rapidement mariés en faisant ce qu’ils souhaitaient bien naturellement : deux enfants, un garçon et une fille. La vie a décidé de leur en apporter une en plus : un deuxième garçon s’est annoncé à l’insu de son plein gré. Mes parents n’ont pas voulu le laisser seul et ont conçu un troisième gars. C’est ce qu’on m’a raconté du moins, je n’étais pas encore là ! Mais la vie et l’amour ne maîtrisent pas tout : un jour, un racoulot – c’est le mot de ma Maman – s’est annoncé, sans coup férir. C’était moi. À quel moment ai-je commencé à vivre ? Le 12 décembre 1953, jour de ma naissance ? Neuf mois plus tôt, à l’aube d’un printemps vivifiant ? Ou quelque part un peu avant 1940 quand mes parents se sont rencontrés ? Allez savoir… à quoi ça tient ?

À quoi ça tient la création artistique ? Cadet de cinq, il me fallait trouver une place. Je n’avais pas encore cinq ans que je déclarais à qui voulait l'entendre que j'étais le génial inventeur du plan de l'Expo 58, ce plan en forme de vache ! Et qu'en passant, je n'étais pas moins que le brillant concepteur de l'Atomium, n'en déplaise à André Waterkeyn (concepteur officiel). Quelques années plus tard, j’écrivais mon premier poème, brillamment intitulé « La mort de Maman » ! Depuis lors, je n’ai jamais vraiment arrêté de « créer » : des poèmes, des chansons, des articles (parfois scientifiques), des livres (qu’ils soient scolaires, scientifiques, poétiques ou romanesques), des spectacles… Simple question de trouver sa place ? À quoi ça tient ?

À quoi ça tient la représentation ? Fondamentalement timide, incapable – sauf au prix d’immenses efforts – de rentrer en relation bilatérale avec qui que ce soit, toujours déjà ailleurs, je suis entré en représentation, sans jamais me sentir vraiment à ma place. Que ce soit dans ma vie professionnelle, amoureuse, associative, amicale, politique, artistique, familiale, intellectuelle…, je joue mon rôle, sans en avoir réellement les compétences. Touche à tout, je finis par ne toucher à rien… ou par ne rien toucher, c’est selon ! À quoi ça tient ? Tout ça.

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