mardi 4 février 2025

Pour un air de musique

Au début des années 1980, j’étais jeune instituteur, passionné par mon métier, et aussi célibataire pas si endurci qu’on ne pourrait le croire. Cette situation m’a amené à des rencontres insoupçonnées et sans soupçon. Les enfants ont – la plupart du temps – des parents, et en particulier des mamans. Les affinités, les hasards, les échanges m’ont permis trois rencontres extraordinaires qui ont joué un rôle fondamental dans ma vie de presque trentenaire.

Aujourd’hui, en quelques mois, ces trois mamans sont toutes les trois mortes et, même si je ne les voyais plus guère, cela m’affecte énormément. C’est une part de ma vie qui disparaît.

Marianne. Je n’ai jamais eu aucune de ses deux filles dans ma classe et c’est surtout avec Jean-Pierre, le papa, que j’avais sympathisé, notamment grâce à la préparation de L’ÉCHOlier, le journal de contact que nous avions créé à quelques-uns, parents et enseignants. Un magnifique projet. À force de se retrouver pour des moments de travail convivial, je me suis attardé parfois ou encore invité plus souvent qu’à mon tour. Leur maison m’était toujours ouverte, jusqu’au jour où ils ont décidé de déménager… et où nous avons convenu que j’aménagerais leur grenier. J’y ai vécu trois ans. Je me souviens d’un jour où j’y travaillais, toujours en musique. Ce jour-là, j’avais mis sur la platine « L’homme de la Mancha ». Pas trop fort, pour ne pas déranger. Jusqu’au moment où j’ai entendu, deux étages plus bas, la voix de Marianne me crier « Plus fort ! ». J’ai augmenté le volume et toute la maison a résonné des voix communes de Jacques Brel, de Marianne et de la mienne. C’était bouleversant. En novembre 1980, tout cela nous amenait sur la même scène, au Cabaret de Saint-Dominique, avec Marianne, Jean-Pierre, Marcel, Renée et Paul. Pour un air de musique…

Micheline. Elle non plus, je n’ai eu aucun de ses six enfants dans ma classe, du moins pas en tant que « titulaire ». Dans notre école, on ne se retrouvait pas toujours avec les enfants dont on était « responsable ». Je ne sais plus trop comment cela s’est passé, mais un jour Micheline m’a sans doute dit « Est-ce que tu viens manger ce soir ? Prends ta guitare… ». J’ai répondu à l’invitation… qui est devenue permanente. Quasi toutes les semaines, nous nous retrouvions… et j’amenais mon sac de linge sale que je reprenais propre et repassé la semaine suivante. Nous passions surtout de sublimes soirées « en famille ». Tous les enfants faisaient de la musique… et le piano ou les guitares nous rassemblaient. Pour un air de musique…

Anne. Sa fille Anne-Pascale était dans ma classe, pendant 2 ou 3 années scolaires. Elle venait d’une autre école qui avait déçu ses parents. Ceux-ci avaient de grandes attentes éducatives, pour une école ouverte sur la vie. Nous avons très rapidement sympathisé et notre relation devint une véritable amitié. J’ai accompagné toute la famille en vacances, en Normandie, où fut prise la photo ci-dessus. Il y avait la musique qui nous réunissait, mais aussi les enfants. Isabel, que l’on voit affairée sur ses doigts, et Jean-Christophe, né le même jour de l’année que moi. Et tou·tes les cousins et cousines de cette nombreuse famille. Je faisais un peu partie des meubles, notamment celui de l’installation stéréo pour laquelle je suis encore intervenu, il y a deux ans, à la demande d’Anne, sans vrai succès malheureusement. Quand ma rencontre avec Brigitte, qui deviendra ma femme, s’est épanouie, Anne fut la première à nous accompagner. Il faut dire qu’elles se retrouvaient dans la même chorale. Pour un air de musique…

Ces trois femmes ont contribué à embellir ma vie. Elles m’ont offert un présent inestimable : leur amitié, simple, pure et sincère. Les chemins de la vie nous ont amenés à moins nous rencontrer, et - en ces trois ou quatre derniers mois - à ne plus pouvoir nous rencontrer. Jamais. Elles sont cependant toujours à mes côtés.

En hommage à ces amies, je voudrais publier un air de musique, qui réunit un peu tous nos rêves et réalités. Cette chanson a été créée dans une animation d’enfants, où tout était permis. Elle a été enregistrée pour ma cassette Voyages « avec les moyens du bord » en 1981, dans mon grenier de la maison de Marianne et Jean-Pierre. Elle est chantée par Cécile, fille de Micheline, et par Anne-Pascale, fille d’Anne. Ma grosse voix intervient dans le dernier couplet, que j’ai écrit comme un grand enfant. J’y joue tous les instruments : guitare basse, batterie électronique, flûte à bec, xylophone, orgue, violon (seule et unique fois) et piano, qui n’est autre que celui d’Anne ! Quel souvenir !

Merci Marianne, Micheline, Anne !

Histoire d'animaux

le petit paresseux s'ennuie :
il ne veut pas faire la vaisselle
il rouspète chaque fois qu'on lui demande
et s'en va faire un petit tour
quand il revient il dit bonjour
et tombe tellement qu'il a souri
dégustant un joli moustique
qui ne veut pas se faire manger

les moustiques piquent quand on les embête
seulement en nous chatouillant le nez
ça nous fait riri-gogo-léler
et ça nous fait aussi bégayer
deux jours après, ce s'ra oublié
ils s'en iront chercher autre part
ils iront casser tous les nuages
et tout le monde sera trempé
 
un poisson rouge tourne dans son bocal
passant son temps à bulbuler
le chat tout gris dansant sur la table
espère trouver un bon poisson
le poisson rouge devenu tout gris
espère retrouver sa couleur
le chat tout triste descend de la table
car il n'y a plus de poisson rouge

les lions qui sont dans la montagne
ont bien mangé une dizaine d'oiseaux
ils digèrent bien leur p'tit déjeuner
en nageant dans l'océan indien
maintenant ils sont dans une île déserte
mangeant souris et éléphants
ils dansent avec plein de petites mouches
en les avalant toutes en même temps

un ver de terre venant du ciel
a atterri dans mon potage
j'ai retrouvé son parachute
dans les légumes et vermicelles
il a crié d'une grosse voix :
« cette soupe est bien trop salée ! »
je lui ai dit : « tu n'es qu'un ver(re)
de terre ou d'eau et je te bois ! »

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