vendredi 13 avril 2007

Être un autre

FMG © 2003, 2007

Il est des jours où l’on a envie d’être un autre. Non pas pour usurper une identité qui ne nous appartient ni pour se cacher derrière une improbable meilleure existence. Mais simplement pour être un autre.

Être un autre, c’est peut-être pouvoir montrer d’autres vérités de soi, agir avec d’autres modes, d’autres accents qui font intimement partie de nous-même, mais qui n’ont pas d’existence réelle concrète en temps ordinaire. Notre nature est si complexe que l’image qu’on en donne n’est forcément jamais complète, jamais totalement représentative de ce qu’on est au plus profond de soi. La vie – c’est-à-dire les événements qui nous arrivent, les personnes que l’on rencontre, les partages qui se réalisent… –, la vie donc fait de nous un individu extérieur en relation avec son environnement. Notre image, celle qu’on véhicule au quotidien, est un subtil mélange entre les exigences de l’environnement et les feux intérieurs qui nous nourrissent. En réalité, être soi, c’est déjà être un autre.

Alors, il suffit que l’environnement se modifie quelque peu pour que notre image adopte une autre configuration. On reste toujours soi-même, mais telle richesse ou telle autre veine enfuies au fond de notre enveloppe s’activent ou, au contraire, se désactivent. Ces changements se vivent en fait au quotidien, et la plupart du temps, on n’en a pas conscience.

Mais il est des jours où l’on a envie d’être un autre. Consciemment. Pour modifier l’image projetée hors de nous et en activer une autre. Ces changements passent la plupart du temps inaperçus. Tout simplement, parce que personne ne sait qu’il s’agit d’une autre image tant celle-ci est déjà fondue dans l’environnement.

Plus rarement, sans que l’on sache trop pourquoi, l’image détonne dans l’environnement. Et le piège se referme. Qui est-on vraiment ? Quelle image est-elle la bonne traduction de l’identité profonde ? Comment les autres perçoivent-ils cette image forcément faussée par rapport au pattern habituel ? Et comment ensuite redevenir soi sans trahir cette image qui n’était de toute façon que fugace ?

Peut-on vraiment, parfois, être un autre ?

1 commentaire:

  1. Etre un autre... le temps de se surprendre ou d'étonner, le temps d'ouvrir une porte, un nouveau possible, le temps de l'intégrer ou de le laisser... le temps de devenir un petit peu plus soi-même.

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