vendredi 2 novembre 2007

Timgad, ville ensevelie

FMG © 2007

De passage en Algérie, dans la région de Batna, j’ai eu l’occasion de visiter les vestiges de la ville romaine de Timgad. Assez impressionnant : plus de 12 hectares de ruines. Fondée par l’empereur Trajan, à la fin du 1er siècle de notre ère, cette ville a – semble-t-il – été surtout une immense maison de repos pour les militaires retraités. Elle en a en tout cas l’aspect rigoureux : rues bien droites et bien larges, laissant peu de place aux méandres de ruelles qui risqueraient d’apporter désordre et rêverie. Ce qui n’a pas empêché quelqu’un de graver sur une pierre du forum cette inscription célèbre : « Venari, lavari, ludere, ridere, occ est vivere ». Chasser, aller au bain, jouer, rire, ça c’est vivre !

Ces vestiges à perte de vue sont en soi impressionnants. Mais j’avoue avoir plus encore été impressionné par la fin de cette ville, dont on connaît peu de choses mais qui interpelle. Lorsque la ville fut redécouverte, en 1765 pour la première fois puis à partir de 1851 pour des fouilles plus systématiques, elle était entièrement recouverte. Des colonnes majestueuses du Capitole, seuls deux ou trois mètres émergeaient. Il faut être sur place pour se rendre compte de ce que cela signifie. Ces colonnes ont plus de 10 mètres de hauteur ! En d’autres mots, cette ville a un certain moment été rayée de la carte et recouverte d’une couche de plus de 5 mètres. De quoi était composée cette couche ? Sans doute des ruines de la ville elle-même. À la question que je lui posais, le guide qui nous accompagnait a été des plus évasifs : il y aurait eu un ou deux tremblements de terre… C’est fort vraisemblable. La terre tremble, les constructions s’effondrent, la vie et la ville disparaissent, et petit à petit sans doute, le vent transporte du sable et de petites pierres qui viennent recouvrir de leur chape ces vestiges qui finissent par ne plus exister. Possible ! Il apparaît en tout cas que l'histoire de l’abandon complet de cette ville ne peut actuellement pas être écrite faute de source historique ou archéologique. On ne peut dès lors que fantasmer sur la manière dont une immense cité est recouverte d’une couche de silence qui la fait disparaître pendant des siècles.

En réalité, cette ville risque bien à nouveau de disparaître. Le site, bien que classé au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO en 1982, n’en finit pas de se détériorer… comme si l’histoire était vraiment un éternel recommencement.

Une morale à tout cela ? Oui, bien sûr : nous sommes bien peu de choses. Toute une ville peut disparaître, sans qu’on sache pourquoi. Volonté des dieux ? Volonté de quelques hommes ? Volonté d’un peuple ? Allez savoir ! Les hommes disparaissent, au gré du vent et du sable. Qui sont-ils, que sommes-nous, au bout du compte ?

2 commentaires:

  1. Je ne connaissais pas Timgad, cette ville me fait penser à NY en négatif avec ses seules tours jumelles rescapées ou relevées.

    Et oui, on efface tout et on recommence... depuis la nuit des temps.

    Béa

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  2. Moi non plus, je ne connaissais pas.

    C'est vraiment impressionnant!

    Merci FMG!

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