lundi 20 septembre 2010

Non à la Wallonie française

Bien malin celui qui pourrait dire avec certitude ce que deviendront demain, après-demain, dans 10 ans, dans 50 ans, dans un siècle… la Belgique et la Wallonie. Je m’abstiendrai de faire le moindre pronostic, mais aujourd’hui, j’ai envie clairement de dire « Non à la Wallonie française » !

Ce billet est évidemment le prolongement de celui que j’ai intitulé, il y a 3 mois déjà, « Vers la Wallonie française ? ». Ce message jouit d’un certain succès depuis sa publication. Un constat néanmoins : 9 personnes sur 10 qui lisent ce billet sont… françaises ! J’ai bien l’impression que cette Wallonie française n’est qu’un fantasme de certains Français, comme le montrent d’ailleurs certaines réactions de politiciens français et non des moindres. Ah, quelle gloire cela ferait pour la France de récupérer dans son giron ces braves Wallons (qui eux au moins ne s’installeraient pas dans des camps illégaux avec leurs caravanes et leurs enfants voleurs…) !

Je le répète : je n’ai rien contre la France ni contre les Français. Au contraire, s’il y a bien un pays – autre que la Belgique – où je me sens chez moi, émerveillé par tant de beauté, c’est la France. Et mes amis français sont parmi mes meilleurs amis.

Néanmoins, je crois que la Wallonie n’a rien à faire en France. D’abord parce qu’il y a Bruxelles. Comme Claude Semal le répétait aujourd’hui encore, il ne faut pas oublier que Bruxelles(-Ville) est la capitale de la Flandre. Elle est aussi capitale de la Belgique bien sûr, tout comme elle l’est de la Communauté française de Belgique, de la Région de Bruxelles-Capitale, ainsi que de l’Europe évidemment. La présence flamande à Bruxelles est un fait, même si elle est minoritaire. La Flandre n’acceptera jamais de lâcher Bruxelles (au contraire, elle ne rêve que de l’annexer). La solution serait donc de laisser Bruxelles à la Flandre et que la Wallonie annexe la France ? Ce serait la plus grande bassesse que les Francophones belges pourraient faire à ceux qui se retrouveraient en Flandre (et je ne parle même pas de ceux qui – comme moi – habitent objectivement en Flandre d’ores et déjà).

Au-delà du problème de Bruxelles, la Wallonie n’aurait rien à gagner à se retrouver française. Sans doute gagnerait-elle une certaine viabilité économique… dont bénéficierait sans doute surtout la France ! Mais fondamentalement, il faut se rendre compte combien la mentalité belge est autre que la mentalité française. Il y a bien sûr de nombreux points communs, mais comment pourrait-on concilier un État profondément centralisateur avec une Région qui ne rêve que d’en faire à sa tête. Il serait sans doute imaginable de créer un statut particulier pour cette nouvelle Région française. Mais les Français du terroir l’accepteraient-ils ? Les Wallons s’y retrouveraient-ils ?

Un détail parmi d’autres : les élections françaises sont profondément ancrées dans un mode majoritaire à deux tours. En Belgique, c’est la proportionnelle qui compte. Les deux systèmes sont très différents. Le système majoritaire conduit à limiter drastiquement la représentativité de toutes les tendances, alors qu’elle est un fondement du système proportionnel. Cela n’est pas sans poser de problèmes, c’est vrai, en termes de gouvernance. Mais c’est une réalité profondément ancrée dans le paysage belge. Un autre exemple : pour la France, le Bac est un fondement républicain qui chaque année bloque quasiment pendant un mois toute la vie économique et sociale française. En Belgique, le certificat de l’enseignement secondaire supérieur, donnant accès à l’enseignement supérieur, est simplement délivré par un jury d’enseignants au sein même des établissements scolaires. Même si certains rêvent d’introduire une épreuve de type Bac en Belgique, on n’y est pas encore… et surtout, elle ne correspondrait pas à la culture belge.

On pourrait multiplier les exemples qui – selon moi – montrent que non seulement une Wallonie française est inutile, mais aussi qu’elle est impossible.

Quelle solution alors pour la Belgique ? Je n’en sais rien… et j’observe avec un certain scepticisme les négociations en cours. Je crois qu’on n’est pas encore en train de passer au « plan B ». Même si les négociations pour redessiner une nouvelle Belgique échouaient, il faudrait négocier pour en finir avec la Belgique… et ces négociations seraient encore plus difficiles. On verra… mais avec tout l’amour que j’ai pour la France et les Français, je me répète : « Non à la Wallonie française ! ».

3 commentaires:

  1. Je crois que beaucoup pensent comme toi. Je ne vois pas la Wallonie devenir française, ça m'étonne toujours qu'on l'envisage. Puisqu'on parle quelquefois de "divorce" entre la Flandre et la Wallonie, pourrait-elle devenir indépendante ? Mais il reste le problème de Bruxelles, entier : car Bruxelles est bien la capitale de tous les Belges ! C'est inextricable et j'espère que l'on réfléchira encore longtemps en Belgique, pour ne pas faire n'importe quoi... Les politiques et tes concitoyens dans leur ensemble auront-ils cette sagesse ? L'avenir le dira.

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  2. "...ce que deviendra demain, après-demain, dans 10 ans, dans 50 ans, dans un siècle… la Belgique et la Wallonie" ...

    Elles ne forment sans doute qu'un pour le moment, du moins à tes yeux, mais il n'empêche que dans ... "la Belgique et la Wallonie", on compte deux sujets ! Et le verbe est au ... singulier !

    Philippe et Monique

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  3. Je suis d'accord sur le faite que l'idée d'une séparation de la Belgique est peu réaliste car la question de Bruxelles rend la situation inextricalble dans la pratique. Qui serai prêt à lâcher Bruxelles, les flamands? hors de questions pour eux. Les walons? certainement pas non plus.

    Il y a une poussée d'urticaire actuellement, tout le monde a les nerfs à vif avec cette histoire: les flamands enragent de devoir payer pour des wallons "fénéants" et les wallons leur répondent qu'ils ne sont pas seuls et qu'il y a un plan B avec la France. Tout cela est tellement éxagéré! Vous verrez comme cette poussée d'urtiquaire va se calmer, et alors tout le monde va revenir les pieds sur terre et conclure au bout du compte que la seule solution réaliste c'est de maintenir l'unité dela Belgique. Comme dans un vieux couple qui s'est fâché, wallons et flamands vont mettre leurs rancoeurs mutuelles de côté et continuer ensemble. Ironiquement, ils seront alors un bel exemple à suivre pour de nombreux peuples en Europe et dans le monde. Tout cela pour dire que le rattachement à la France n'est pas pour demain à mon avis.
    Mon amitié à tous les belges.
    Mathieu

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