jeudi 29 novembre 2018

Méandres


Méandres
© Rigaud Yannick, 2018

La Belgique est confrontée, comme d’autres pays, au choix de signer ou non le Pacte migratoire de l’ONU. Le Premier Ministre s’y est engagé, mais depuis les nationalistes de la N-VA se posent des questions, de toute évidence à consonance électoraliste. Aujourd’hui, leur chef de groupe à la Chambre, Peter De Roover, a déclaré que « ceux qui, au sein de la majorité, prendraient la responsabilité de participer à une majorité alternative tireront la prise ». Quelle hypocrisie !

Le gouvernement s’est engagé sur ce Pacte il y a longtemps. La N-VA, soucieuse de récupérer des voix d’extrême-droite pour les élections de mai 2019, s’est soudain senti pousser des ailes de réticence, alors que les trois autres partis de la majorité affirment toujours vouloir signer. La courageuse N-VA déclare aujourd’hui que si le gouvernement venait à tomber, « ce ne serait pas nous, mais les autres » !

Soyons clairs : personnellement, si ce gouvernement venait à tomber, je ne serais pas mécontent. Je le serais par contre si le Premier Ministre en venait – une fois de plus ? – à renier sa parole et décidait de ne pas signer ce fameux pacte. Ce qui risque fort d’être le cas, mais attendons de voir !

Comment peut-on faire confiance à des personnes qui reportent sur les autres la responsabilité des conséquences de leurs propres prises de position ? Quand on prend une décision, voire simplement une position, le minimum est de l’assumer, même si elle n’est pas aussi populaire qu’on le voudrait.

C’est vrai au niveau national ou international, mais aussi au niveau local, même si ça se décline autrement. Dans ma belle commune de Grez-Doiceau, nous vivons une situation relativement inédite : à la suite des élections du 14 octobre 2018, deux projets de pacte de majorité ont été signés. Ils concernent tous les partis représentés au conseil communal, avec la liste Écolo présente dans les deux projets ! À noter qu’il aurait pu en réalité y avoir un troisième projet de pacte : les deux listes principales auraient pu vouloir s’associer, sans Écolo cette fois…

Nous devrions savoir ce week-end le dénouement de cet imbroglio. La situation n’est pas idéale, mais les écologistes assument leur positionnement. Leur erreur est sans doute de s’être embarqués un peu rapidement – la nuit même des élections – dans un premier projet. Ce n’est qu’après qu’ils ont commencé à négocier. Leur Assemblée générale s’est ensuite posé quelques questions importantes quant aux résultats de ces négociations et a décidé d’ouvrir le jeu : pourquoi ne pas négocier avec les autres ? Étonnant ? Oui, mais cohérent. Ce qui ne le serait pas serait de s’engager pour six ans sans y croire. Au jour d’aujourd’hui, on ne connaît pas encore la décision finale.

La situation n’est pas confortable, mais elle est assumée. Quelle qu’en soit l’issue, il y aura des mécontents. Ils s’exprimeront. Ils s’expriment d’ailleurs déjà : certains ont proposé une « grande coalition » réunissant tous les partis. En temps de crise, les gouvernements d’union nationale peuvent avoir du sens. D’un point de vue démocratique, l’idée en a aussi. Mais quel peut bien être le projet et/ou la vision politique d’une telle « coalition » ? Et pourquoi passer par des élections si c’est pour réunir tout le monde ? Le plus étonnant est – selon moi – que les auteurs de la proposition la formulent de telle sorte que si les Écolos n’y souscrivaient pas, ils seraient inévitablement les mauvais… En termes de respect de la démocratie représentative, il y a mieux ! On me dira que cela fait partie du jeu ! Justement, ce n’est pas un jeu. Mais des méandres…

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