Travailler, vivre, avancer avec des êtres humains est la plus belle chose qui puisse arriver. On ne peut d’ailleurs s'en priver. Faudrait être bête comme l’homme l’est si souvent pour dire des choses aussi bêtes que de dire qu’on pourrait se passer des autres.
Mais parfois, dans ces indispensables relations, la méfiance s’installe. On se sent guetté, l’autre étant prêt à sauter sur la moindre faille, à ne plus croire qu’il est possible d’avancer. À moins que ce ne soit nous-mêmes qui regardions l’autre comme s’il était pestiféré et susceptible de nous nuire.
Cette méfiance peut s’installer partout, dans les relations de travail, dans la vie commune, dans les chemins qu’on parcourt ici et là ensemble. Une fois qu’elle est là, elle se fait tenace et mine petit à petit tout le terrain, à la manière des mines anti-personnelles. Et d’innocentes victimes explosent du fait de cette méfiance aveugle et sans fondement.
Il paraît que des biologistes danois ont génétiquement modifié une plante pour qu'elle soit capable de détecter les explosifs enfouis dans le sol, et notamment les mines anti-personnelles. L'arabette des dames détecte le dioxyde d'azote contenu dans les mines et produit un pigment rouge, alors que son stade de maturation classique la voudrait verte.
L'idée est donc de semer cette plante étonnante par hélicoptère dans les zones à risque. Le résultat serait visible 3 à 6 semaines plus tard. De plus, les chercheurs l'ont également rendue stérile pour éviter une prolifération que l'on ne pourrait contrôler.
Belle affaire, et – si c’est vrai – l’exploitation de cette technique devrait être largement promue : aujourd’hui, toutes les vingt minutes, une personne est mutilée ou tuée par une mine, et la plupart des victimes ont moins de vingt ans.
Mais nos biologistes n’ont pas encore conçu une plante susceptible d’identifier les champs de méfiance. Alors, on continue à avancer, l’âme légère et l’esprit serein, et soudain, on explose dans un champignon de méfiance. Tout est alors faussé. Tout devient abscons. Il reste à se traîner, abattu, torpillé, et à espérer un jour rencontrer à nouveau la confiance. Mais y croit-on encore ?
Sujet qui va droit au coeur et dans lequel je me retrouve énormément. La cohabitation n'est jamais simple et parfois, même armé des meilleurs intentions du monde, on en vient à se haïr, voire à se détruire...
RépondreSupprimerCe texte me touche beaucoup, beaucoup, beaucoup, même s'il renvoie à d'anciennes douleurs...
Merci Réverbères pour cette justesse dans le ton et le choix des mots !