Ces enfants constituent la classe de CM2 de l’EPP Ambohibary, de la CISCO Sohavinandriana, dans la DREN d’Itasy de la République de Madagascar. Ce jour-là, ces enfants, comme beaucoup d’autres, participaient à un CEPE à l’essai, c’est-à-dire un examen permettant théoriquement de délivrer le Certificat d’Études Primaires Élémentaires. Celui-ci n’était qu’à l’essai, car il vise à la fois à tester en temps réel la régionalisation de l’organisation de cet examen ainsi que l’introduction en son sein de l’approche par les compétences. Mais ce n’est pas ça l’important.
Il s’agit d’une école comme les autres, comme on en trouve beaucoup à Madagascar. Comme beaucoup d’autres écoles aussi, elle est enclavée. Cela signifie qu’on ne peut s’y rendre qu’à pied, ou à moto. Le 4x4 qui me conduisait d’école en école pour voir sur le terrain comment se passe ce CEPE à l’essai a abdiqué en plein milieu d’un chemin. La suite n’était plus praticable. Nous avons marché pendant 1 km sur un chemin dévasté par les orages avant d’arriver à l’école. Le site était enchanteur. Mais ce n’est pas ça l’important.
Comme dans toutes les écoles que j’ai visitées ce jour-là, les enfants étaient appliqués à répondre du mieux qu’ils pouvaient à ce CEPE à l’essai. Les autres enfants de l’école étaient en congé. Mais les privilégiés, c’étaient eux. Eux qui pouvaient être à l’école ce jour-là. Même si c’était pour faire un examen qui n’en était pas vraiment un. Ils étaient tous venus à pied parcourant entre un et cinq kilomètres. Et ils étaient heureux. Cela se voyait sur leurs sourires. Ils étaient heureux, car ils pouvaient être à l’école, et pas à la maison. C’est cela l’important.
Ils étaient heureux d’être à l’école. Ils n’y trouvent rien : pas d’ordinateurs, pas de salle de sport, pas de maîtres spéciaux, pas même d’électricité. Ils n’y trouvent que l’accès au savoir. Et les amis, bien sûr. C’est important, les amis, pour apprendre.
J’étais le deuxième vasa qui arrivait dans cette école. Comprenez le deuxième étranger, le deuxième blanc. L’accueil fut chaleureux. Simple mais chaleureux.
Alors, pourquoi ce billet figure-t-il sous un libellé « Coup de blues » ? Tout simplement parce que je ne pouvais m’empêcher de penser à nos enfants et à nos enseignants dont beaucoup demandent toujours plus de moyens, toujours plus de privilèges… Comment faire pour que nos élèves occidentaux aillent à l’école pour le simple bonheur d’apprendre accompagnés d’enseignants qui seraient animés par le simple bonheur d’enseigner ?
Madagascar est un superbe pays, mais qui respire la pauvreté. En quittant cette école d’Ambohibary, je me demandais néanmoins où se trouve la vraie pauvreté, celle de l’esprit. Et ça, c’est important.
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