Alors qu’il existe une certaine probabilité que le gouvernement belge tombe dans les jours qui viennent du fait de cette bêtise sans intérêt qu’est la scission de BHV, il s’est quand même trouvé un ministre qui s’est inquiété d’un véritable problème, qui préoccupe chaque belge : le prix du cornet de frites !
C’est vrai que lorsqu’on prend les chiffres bruts, il y a de quoi se poser des questions. L'année dernière, le prix des pommes de terre a en effet baissé de 25%, pendant que celui des frites augmentait en moyenne de 4%. Le ministre de l'Économie et de la Simplification administrative, M. Van Quickenborne, a donc diligenté une enquête pour clarifier le prix correct d’un paquet de frites, faisant ajouter par son porte-parole que la situation actuelle paraissait un peu anormale !
Comme si vendre une frite ne consistait qu’à vendre une pomme de terre ! Il faut quand même la transformer en frites. Il faut la transporter, la découper, la chauffer. Tout cela demande de l’énergie dont, on ne peut le nier, le coût a quand même augmenté. Il faut aussi, qu’on le veuille ou non, rémunérer le vendeur de frites et tous ceux qui sont intervenus dans la chaîne. Et il ne me semble pas y avoir de raison que le vendeur de frites voie ses revenus diminuer sous prétexte que le prix de la pomme de terre diminue. Bref, il ne faut pas être ministre pour comprendre qu’une baisse du prix de la matière première n’entraîne pas nécessairement une baisse du prix du produit fini.
Il y a un autre exemple qui nous concerne tous. Tout le monde constate, de toute évidence, l’augmentation du prix de l’essence. Ça fait mal au porte-monnaie… c’est trivial de le dire. Mais cette augmentation est-elle proportionnelle à celle de la matière première ? Rien n’est moins sûr.
En janvier 2006, le prix du baril de pétrole était de 65 USD. Il est aujourd’hui d’environ 119 USD, soit une augmentation de 83,1% !
En janvier 2006, le prix maximum d’un litre d’essence 95 sans plomb était, en Belgique, de 1,31 EUR. Il est pour le moment d’1,54 EUR. Cela représente une augmentation de 17,6%, bien moindre que celle du pétrole brut.
Un double mécanisme explique le phénomène : d’une part, l’évolution du cours du dollar par rapport à l’euro. En janvier 2006, 1 EUR valait 1,22 USD. Aujourd’hui, 1 EUR = 1,55 USD, soit une perte de 21,3% pour le dollar. Si pour de nombreuses entreprises européennes, cela pose problème, pour le citoyen lambda, c’est une chance. Notamment, si on convertit le prix du baril en euros : en janvier 2006, il valait 53,27 EUR alors qu’il en vaut 76,77 aujourd’hui, soit une augmentation de 44,11%. D’autre part, les mécanismes de cliquet permettent de contrôler le prix du pétrole et de réduire en tout cas son impact sur le prix de l’essence à la pompe (même s’il ne faut pas se leurrer : au passage, c’est surtout l’État qui s’enrichit grâce au montant des accises… et l’État, c’est nous !).
Que retirer de tout cela ? Évidemment, avant tout que tout augmente. On ne peut plus nier que le coût de la vie a pris une courbe ascendante… et ce sont les « pauvres » qui trinquent les premiers. Mais aussi, que les augmentations ne sont pas toujours celles qu’on croit. Enfin, que tant qu’un ministre belge se préoccupe du coût du paquet de frites, c’est que la Belgique continue à exister !
Il y a de quoi se réconcilier autour de ce coût. Ce serait le coup de la frite ! On peut aussi se réconcilier autour de la soupe, une autre spécialité belge (notamment). Un ami (il se reconnaîtra…) m’a informé qu’au Festival de la soupe qui a lieu depuis plusieurs années maintenant dans un quartier populaire de Lille à Wazemmes, des Belges y proposaient la soupe de la réconciliation. Avant cela, il y avait d’un côté une soupe flamande et de l'autre une soupe wallonne. Chacune était bonne, mais sans plus, il manquait quelque chose. En mélangeant les deux, la soupe prit une saveur inégalable ! Ah, si nos politiciens pouvaient aussi faire de la soupe belge…
Saludos du Venezuela (Mérida)
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