Ce n’est qu’un caillou. Un vulgaire caillou. Il contient bien des reflets brillants, mais il n’a vraiment rien d’extraordinaire. De plus, il est entouré d’un béton qui, s’il est solide, ne brille pas par son esthétisme.
Ce vulgaire caillou, pourtant, je le garde précieusement depuis 20 ans. C’est un morceau du Mur de Berlin qui fut brisé le 9 novembre 1989.
J’avais vu le Mur quelques mois plus tôt, très impressionné. L’absurdité de cette séparation était alors aussi grande que son immuabilité. Il ne semblait pas possible de le faire disparaître, car il symbolisait tout un système qui, même s’il connaissait des soubresauts, était tout à fait cadenassé. Je découvrais ce Mur, ainsi que le Rideau de fer (tout aussi sinistre), en me rendant en Pologne pour y jouer de la musique avec La Mandore. L’accueil des Polonais avait été des plus chaleureux. Comment pouvions-nous être séparés par du béton et des fils de fer barbelés ?
Pourtant, l’incroyable est arrivé. Le Mur est tombé. Pour moi, une nouvelle ère a commencé. Ce qui était inimaginable était arrivé parce que des personnes comme vous et moi y avaient cru, s’étaient donné à fond pour retrouver le sens de la liberté. Le monde vacillait. Toute une idéologie autoritaire était en train de s’effondrer.
Alors, quand quelques semaines plus tard, un de mes élèves m’apporta ce morceau de caillou après un voyage express jusque Berlin, je sus que je tenais là dans mes mains un symbole extraordinaire de ce que l’homme peut faire. Ce qu’il peut faire de mal, en ayant construit ce mur, en séparant des familles et des amis, en imposant une manière de vivre. Mais aussi ce qu’il peut faire de bien, en abolissant les frontières, en refusant de se laisser dicter sa conduite, en prenant la liberté d’être libre…
Ce vulgaire caillou, j’aimerais le garder avec moi jusqu’au bout de telle sorte que personne ne puisse plus jamais l’utiliser pour construire des murs absurdes.
Il y a longtemps, je suis allée derrière le mur, à Berlin Est. J'y ai connu des amis. On s'écrit depuis. Mais le mur nous séparait. Et puis il y a 20 ans, j'ai regardé tomber le mur, en direct, en pleurant de joie. Quelque temps après, je suis retournée voir mes amis : nous sommes allés à Berlin, voir tout Berlin, libre : libres !
RépondreSupprimerLe mur était en morceaux, on en vendait partout. Nous détestions le mur... si bien qu'on n'en a même pas acheté ! Je n'en ai donc pas.
Ce n'est qu'après, que j'ai compris que ces cailloux pouvaient être aussi un symbole. Garde le tien précieusement !
Je n'ai pas connu le mur mais rien que d'en voir sa trace à Berlin m'a vraiment bouleversée !!
RépondreSupprimerJe ne savais pas que tu en avais un morceau, garde-le en effet précieusement.
Très beau texte une fois de plus...