vendredi 18 novembre 2011

Intouchables, mais touché

Comme tous ceux qui l’ont vu – et ils sont de plus en plus nombreux – j’ai pris beaucoup de plaisir à regarder le film « Intouchables ». C’est plein d’humour et de justesse.

L’histoire est belle et les acteurs l’interprètent avec une grande qualité. Derrière l’apparente simplicité, il y a même de vraies questions qui sont posées et développées dans le respect de leur complexité. Quelle relation avoir avec l’handicap, qu’il soit physique ou social ? Quelle place pour les handicapés dans notre société ? Comment rebondir lorsqu’on se retrouve en situation d’handicap ? Peut-on s’aliéner à un autre pour l’aider à rebondir ? Des univers différents, liés à des référents culturels fondamentalement opposés, peuvent-ils se rencontrer pour sortir de l’impasse ? Peut-on sortir de l’assistanat pour se prendre pleinement en charge ? …

J’avoue que je n’ai pas été obsédé par ces questions importantes lors de la découverte du film. J’ai surtout ri, pris par le plaisir de voir ces deux handicapés à leur manière devenir intouchables par la construction d’un univers propre fondé sur la bonne humeur et le détachement de soi. Le film est vraiment bien construit. C’est du très bon cinéma… et c’est à ce niveau que je le situais.

Seulement voilà, pour moi, quelque part, ce n’était pas tout à fait du cinéma. Mon frère a passé plus de la moitié de sa vie dans sa chaise roulante de tétraplégique. Alors, quand à la fin du film, sont apparus à l’écran les vrais personnages, ceux dont l’histoire a inspiré cette comédie, l’émotion m’a submergé. Ce n’était plus du cinéma, mais la vraie réalité du handicap, du frein brutal de la vie « normale ».

Les larmes m’ont alors envahi. Et j’ai revécu ces moments où nous avons ensemble essayé de faire comme si la vie n’était pas changée. Partir en vacances en montagne, dans un chalet dont le seul accès par un escalier étroit et raide ne permettait pas d’utiliser la chaise roulante… et sur lequel j’ai trébuché un jour en portant mon frère. Partir aussi en vacances aux USA voir notre sœur en évacuant tous les petits problèmes que cela allait nous poser pour ne vivre que le plaisir du défi que cela représentait. Puis, tous ces autres petits moments quotidiens, moins spectaculaires, où nous essayions ensemble, toute la famille et tous les amis, de faire comme si… comme si – bien que fondamentalement touchés – on était effectivement intouchables !

3 commentaires:

  1. Superbe film, en effet. Les intouchables, incontournables ! Les acteurs sont extraordinaires de simplicité, de tendresse, d'humour. Une complémentarité que j'ai savourée ! Il est clair qu'Etienne était avec nous durant tout le film.

    Brigitte

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  2. Merci pour ton témoignage personnel complémentaire François-Marie !
    Je ne savais pas vraiment quel style de film j'allais voir avant de m'installer dans la salle ! à peine j'avais vu la bande annonce avant de partir ! je n'ai pas été déçue, j'ai ri, j'ai été émue ! je me suis même dit quelque fois, que je n'étais pas cool de sourire voire rire sur certaines répliques... pour finalement me dire que décidément, la "pitié" ne fait pas de mon monde, que les pointes d'humour sont souvent ravigotante pour l'être en peine et que pleurer ne changera pas la situation physique "de l'Autre". Ne pas faire et/ou dire aux autres ce que je n'aime pas qu'on me fasse et/ou dise. !

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  3. Amusée et touchée, j'ai aimé ce film ! Après tout, il abat des cloisons, qu'elles soient physiques ou mentales. Et qui n'a pas quelque cloison à abattre dans sa vie ? :)))
    Heureuse que tu en aies été touché de cette manière, avec ce film plein de belle énergie, constructive et joyeuse, faisant croire à tous les possibles. (Il y a assez de tous les autres moments de la vie pour que la réalité soit réaliste...)
    Et je suis sûre que vous avez su être aussi "intouchables" d'amour et de foi quand il le fallait. :)

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