Allumeur de réverbères
Qu'y a-t-il de plus beau sur terre
Que de faire naître la lumière
Là où c'est nécessaire ?
dimanche 12 août 2007
Pousse-pousse
Antsirabe, août 2007. En Europe, c’est l’été, même s’il pleut ou s’il vente. Mais à Madagascar, Hémisphère Sud, c’est l’hiver. Et à Antsirabe, en août 2007, il faisait froid. La nuit surtout. Le jour, le soleil réchauffe un peu les corps et les cœurs.
À Antsirabe, il n’y a pas de taxi. Comme dans beaucoup de villes asiatiques – et Madagascar a sa part asiatique – le pousse-pousse est roi. Amusant d’ailleurs cette appellation « pousse-pousse » pour un moyen de locomotion qui consiste pour celui qui l’utilise à être tiré. Tiré par un homme.
Tant qu’on est sur le plat, voire en descente, cela a un certain charme. On avance à allure humaine, à l’air libre, dans une certaine insouciance. Mais après la descente d’Antsirabe, il y a la montée. Le rythme se fait – nettement – moins rapide. L’homme qui tire commence à peiner. Ses pieds, nus pour la plupart, s’accrochent sur le sol pour tirer cet autre homme assis confortablement (enfin, plus ou moins), bien plus lourd que lui en ce qui me concerne. À ce moment, on a juste envie de lui dire « arrête-toi, je vais tirer avec toi… ». On se sent un peu esclavagiste. Un peu honteux de l’effort fourni par cet homme, alors qu’on pourrait tout aussi bien marcher avec lui. Ou à sa place…
C’est le genre de situation délicate. On est mal à l’aise, et pourtant, cette course matinale permet à notre homme de bien commencer sa journée, à défaut de faire son bonheur. Les habitants du cru paient la course de pousse-pousse 250 Ariary. Nous en payions 1000 (0,40 €). La plupart du temps, l’homme n’est pas propriétaire de son pousse-pousse. Il le loue lui-même, 1000 Ariary la journée. Notre course matinale, dans le froid du jour, permettaient à nos « tireurs » d’apurer le compte. Toute autre course du jour serait un bénéfice. Cela n’enlève pas les scrupules ni les questions… Mais il fallait voir leur empressement à être choisi pour la course pour savoir qu’ils étaient en train de faire une bonne affaire. Tant mieux pour eux. Et tant mieux pour nous qui pouvions nous réveiller plus en douceur…
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Je te dis pas s'il avait du me tirer, moi !
RépondreSupprimerPlus sérieusement, je comprends tout à fait ton malaise... D'une part se dire se dire que l'on "contribue" aux coutumes locales et à la maigre rétribution qui en découle, si insultante pour nous mais vitale pour eux...
Et d'autre part, se dire que finalement, le pousse pousse est aussi archaïque que la forme d'esclavage auquel il renvoie... dans des pays où, pour sortir du marasme économique, beaucoup de choses restent à faire, et qui ne vont pas forcément, malheureusement, dans le sens des libertés au sens noble du terme.
Cette réflexion me rappelle une fameuse soirée de discussion, très animée, entre copines étudiantes, sur le thème : les sherpas sont-ils exploités ?..
RépondreSupprimerAu bout de la nuit... la question n'était pas résolue.
Le débat reste ouvert !