mercredi 30 juillet 2008

Les grandes kermesses

Marie-José Pérec © Herb Ritts

Une kermesse est une fête en plein air, avec des jeux, des stands, une buvette. Un peu partout dans le monde, il y a des kermesses, des grandes et des petites, tout au long de l’année. Elles attirent toujours beaucoup de monde. C’est l’occasion ou jamais de penser à autre chose qu’au « métro boulot dodo ».

Nous sommes pour le moment entre deux grandes kermesses mondiales. Le Tour de France s’est terminé il y a peu et les Jeux Olympiques vont bientôt commencer.

J’aime beaucoup ces grandes kermesses. Cette glorieuse incertitude qui plane, ce suspens du moment présent, ces incroyables performances de ces femmes ou ces hommes qui parviennent à transcender l’être humain. Par eux, on se rapproche de Dieu. S’ils deviennent des dieux des stades, c’est avant tout pour que le commun des mortels puisse aussi toucher du doigt et de la voix la nature divine. Ou du moins le croire.

Tout ça serait bien beau s’il n’y avait le dopage ! Nos dieux ne seraient-ils donc que des machines survitaminées à des eaux défendues ? Sans doute ! Vraisemblablement depuis que le sport existe. Comment pourrait-on imaginer atteindre cette perfection de la performance sur la seule base de ce que nous sommes ? Qui n’a jamais pris un petit remontant quelconque quand il se sentait un peu plus las ? Qui n’a jamais bénéficié d’un stimulant idoine durant une session d’examens longue et dure ? Comment pourrait-on croire qu’il en est autrement pour les sportifs de haut niveau ?

Je n’ai aucune preuve de ce que je dis. Ce ne sont que des questions fondées sur quelques doutes. Et je n’affirme pas que tous les sportifs se dopent. De quel droit le ferais-je d’ailleurs ?

Bien sûr, l’image mythique du sport propre n’arrête pas d’être égratignée à chaque découverte d’un cas de dopage. Ô, mon Dieu, comment est-ce possible ? Ce n’est pas de l’hypocrisie, même si ça y ressemble. Chaque dopé pris en flagrant délit est une atteinte au mythe. Non, ce ne sont pas des gens comme vous et moi qui réalisent ces exploits divins… Non, nous ne sommes pas, par eux, identiques aux dieux. Ce ne sont que des renégats qui se dopent ! Malheur à celui qui est pincé. Il détruit tous nos rêves et ne méritent que notre mépris. Qu’il soit abaissé au statut de limace rampante, indigne d’être divinisée.

Faudrait-il légaliser le dopage pour en sortir ? Pourquoi pas ? Tant qu’on préserve la santé, tant qu’on ne condamne pas le sportif à devenir esclave de ses produits… Qu’importe finalement s’ils sont tous à la même enseigne. Ils n’en seraient finalement que plus égaux à nous-mêmes, les petits qui ne rechignons pas à prendre un petit stimulant quand il le faut. Et puis, au moins, ils seraient tous à nouveau dans les mêmes conditions ! Sauf que, évidemment, il s’en trouvera bien toujours un qui dénichera le produit pas encore connu et non légalisé qui lui permettra d’être un peu plus, tout juste un peu, au-dessus du lot. Et tout sera à recommencer !

Pas d’issue donc. Si ce n’est celle de se résigner ? Peut-être, je ne sais pas. Ça me dépasse. Alors, tant pis. Je regarderai les belles kermesses en rêvant, en m’extasiant, en me disant que peut-être, moi aussi, je pourrais, si je le voulais… Suffirait que j’en prenne aussi un peu, non ? Quoique…

1 commentaire:

  1. Pour ma part, je préfère assister à des performances moins spectaculaires mais sans "tricherie".
    Si on légalise le dopage, quelles seraient les limites ?? Que deviendrait le goût de l'effort et du dépassement de soi propre à tout sportif digne de ce nom ?

    Nath

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