On parlera sans doute plus des Bolt, Gay et autre Powell. Mais pour moi, les images essentielles de ces Mondiaux d’athlétisme de Berlin seront celles-là.
10 000 mètres féminin. En l’absence de la championne olympique d'origine éthiopienne Tirunesh Dibaba, blessure au pied, la victoire devait se jouer entre ses compatriotes Meselech Melkamu et Meseret Defar. Celle-ci s’est plantée. À 50 mètres de l’arrivée, Melkamu dépasse une autre éthiopienne, Grace Kwamboka Momanyi, qui semble soudain clouée sur place. Melkamu a course gagnée et lève les bras triomphante. Mais à sa droite, la jeune kenyane Linet Masai, 19 ans, fait un sprint éblouissant et remonte ses adversaires dans les derniers mètres. Ce n’est que sur la ligne que Melkamu s’en rend compte et prend conscience qu’elle n’est que deuxième.
Bel épisode sportif, qui – mine de rien – est porteur de sens. L’éthiopienne Melkamu a fait une course splendide. Que de travail pour arriver là. En dépassant Momanyi, elle se dit qu’elle y est arrivée. Championne du monde. Elle y a cru, jusqu’au bout. Rien ne pouvait lui arriver désormais.
Sauf que, venue de nulle part, Masai y a encore cru plus qu’elle. Dans l’insolence de sa jeunesse, elle y a cru encore plus fort. Elle s’est lancée à corps perdu. Magistrale. Sublime. Aérienne. À ce moment, c’est son mental qui a gagné. Elle voyait encore ses adversaires, alors que Melkamu les avait oubliées.
Dans la vie, il faut sans doute y croire jusqu’au bout. Mais sans oublier les autres. On ne construit sa vie qu’avec les autres.
Superbe leçon !
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