jeudi 29 décembre 2011

Le ciel, la mer et la plage

FMG © 2011

Le ciel, la mer et la plage sont faits pour s’entendre. Ils peuvent s’étendre à l’infini et créer une harmonie sans cesse renouvelée. C’est beau !

Parfois cependant, les éléments se déchaînent sans plus aucun contrôle. Quels sont les événements déclencheurs ? Bien malin qui pourrait le dire. Il est d’ailleurs sans doute impossible de recréer la genèse des fils tortueux de la souffrance, de la perte d’identité, du dérèglement des sens.

Lorsque la tempête est là, une seule évidence : il faut la gérer pour qu’elle ne cause pas trop de dégâts. La nécessité est évidente. Pas la gestion. Chacun fait alors comme il le peut en essayant de garder le fragile esquif au milieu des vagues dans l’attente d’une éclaircie. On a alors beau savoir qu’elle viendra, on n’y croit plus trop. Et chaque bourrasque de pluie creuse des sillons de doute et de révolte.

Pourtant, le ciel, la mer et la plage sont faits pour s’entendre. Ils peuvent s’étendre à l’infini et créer une harmonie sans cesse renouvelée. C’est beau !

samedi 24 décembre 2011

La lumière revit

FMG © 2009

Comme chaque année, à pareille époque, la lumière revit. Inéluctablement. Le monde a beau se porter vaille que vaille, les astres s’arrangent entre eux pour respecter l’ordre des choses et faire revivre la lumière. Qu’il leur soit rendu hommage.

À cette date, on n’en sent pas encore vraiment les effets. Les hommes sont encore trop tournés sur eux-mêmes et sur leurs biens matériels : à 11h42, aujourd’hui, pour la petite Belgique, 11 072 paiements électroniques ont été effectués en une minute ! Admettons une moyenne de 50 euros par transaction, cela fait 553 600 euros en une minute. 33 216 000 euros à l’heure ! Comment voulez-vous voir la lumière dans ces conditions ?

Faut dire que les changements ne sont pas encore très visibles. Entre hier et aujourd’hui, c’est à peine si on a gagné une minute d’ensoleillement. Et ce n’était même pas cette minute à 553 600 euros. Celle qu’on a gagné se situait plutôt vers 16h58 ! Pas vraiment visible d’ailleurs : pour la plupart d’entre nous, il faisait déjà noir. Mais il faut y croire : les éphémérides ne se trompent jamais !

Le solstice d’hiver est donc là pour nous ramener vers la chaleur. Quoique ! On sait d’ores et déjà que cette année belge 2011, avec ses 11,6 °C de moyenne, sera la plus chaude depuis qu’on fait des relevés de température. Peut-on faire mieux encore ? Sans doute, mais cela ne ferait qu’amplifier encore la crise !

La crise ? Quelle crise ? Pas celle de la lumière en tout cas. Celle-ci renaît inexorablement chaque année à la même période. Là, rien de changé. Pas de crise. Juste de la beauté, de la vie, de l’émerveillement, de l’espoir, du rêve ! Puissions-nous en jouir pleinement !

dimanche 18 décembre 2011

Chansons oubliées : Nine, par Jean-Claude Rémy (1977)

Jean-Claude Rémy fait partie de ces chanteurs géniaux, mais intégres ! Dans les années 1970, il se mit à écrire des chansons, sans pour autant délaisser son boulot de professeur de sciences naturelles. Il était lui-même un de ces produits de la science : un soldat français perdu au Vietnam avait rencontré une belle – on le suppose – vietnamienne et lui avait fait un enfant qu’il ramena avec lui lorsque la guerre fut finie. Bref, Rémy était en train d’enseigner à Tanger les sciences naturelles tout en jouissant des choses de la vie et en écrivant quelques chansons.

Il se décida un jour à se rendre à Paris pour présenter celles-ci et – contre toute attente – elles reçurent un accueil plutôt enthousiaste. Ce fut finalement Pierre Perret qui rafla la mise : un contrat signé sous son label « Adèle ». Il sort deux 33 tours consécutifs « À la pariade » puis « Les corniauds », dont est extraite l’adorable chanson « Nine » que je reprends ici. Le succès est immédiat, sans pour autant devenir une star médiatique.

Mais alors que le succès lui semble promis, il abandonne tout ! Sans doute surtout par amour… et puis par l’appel des Comores et de Madagascar ! C’est quelque chose que je peux parfaitement comprendre !

Bref, son passage dans la chanson française ne fut qu’un souffle de vent ! Mais quel souffle ! Chaque fois que j’entends Jean-Claude Rémy, je frémis. Il y a là de l’humour, de l’impertinence, de la chaleur, de l’authenticité… qu’on ne retrouve nulle part ailleurs ! Sa voix est unique, chaleureuse, vraie, érotique !

Je croyais qu’il était définitivement perdu pour la chanson – ne sachant pas trop pourquoi -, mais l’envie de parler de ses chansons me fit redécouvrir sa trace. Il passe apparemment du bon temps à Madagascar, à pêcher et cuire du bon poisson à l’Île aux Nattes. Faudra que j’aille lui rendre visite un jour.

Il a même un site internet sur lequel on peu non seulement télécharger ses deux 33 tours de la belle époque, mais aussi télécharger un CD inédit « Où vont les baleines ? » qui est loin d’être inintéressant même si la prise de son artisanale mériterait un travail de professionnel.

Décidément, ce gars mérite le détour, et sa chanson « Nine » ose caresser des zones de morale qui, dans ces années-là, étaient encore bien audacieuses (et le restent sans doute) ! Quelle merveille, dont l’orchestration révèle toute l’onctuosité réaliste !


Avant d'écouter "Nine", arrêtez le lecteur à droite (s'il fonctionne).

Nine Nine Nine
La mal aimée
La mal mariée
Nine Nine Nine
Bien élevée

Regarde s’assoupir le corps
De son beau gros mari qui dort
D’un pesant sommeil viscéral
Sans problème ni Gardénal
Dans le tiède lit conjugal

Ouvre le col de sa chemise
Que l’air du soir les rafraîchisse
Les gentils nénés triomphants
Les jolis doudounes assoiffants
Les petits doudounes encombrants

Trop timide pour découcher
Autrement qu’en rêves éveillés
Ce jour de discrète luxure
Les doigts volant sur la couture
De sa secrète commissure

S’emballe au bord du camélia
Se dore au soleil de ses doigts
Soleil torride et délicat
Elle frissonne là en bas
Et ses orteils griffent le drap

Pousse un soupir insatisfait
Remonte le drap sur son nez
Et s’enroulant dans son mystère
De voyageuse en solitaire
S’endort en bonne ménagère

vendredi 2 décembre 2011

Le long chemin de la démocratie

Ainsi donc, lundi prochain, près de 540 jours après les élections, la Belgique devrait disposer d’un nouveau gouvernement, issu de ces élections qui semblent bien loin.

La dernière fois que j’en avais parlé, il y a bien longtemps, c’était effectivement pour déplorer la lenteur des négociations tout en reconnaissant la complexité de la situation. S’il a fallu tant de temps, c’est que ce n’était pas simple. La question communautaire – sans doute bien futile – a encore été compliquée par la situation socio-économique.

Les accords qui doivent encore être validés par les partis et par le parlement ne sont pas les meilleurs qui soient. Il y avait certainement moyen de faire mieux encore, mais ce « mieux » dépend des options politiques que l’on défend. Personnellement, mon cœur penche plutôt du côté des soixante à quatre-vingt mille personnes qui ont défilé en ce jour, mais il faut bien se dire que les accords sont des accords… et qu’ils sont donc le fruit de compromis. Difficile d’avoir le beurre, l’argent du beurre et – pour se laisser aller à un peu de trivialité – le cul de la fermière en même temps !

Le délai qui fut nécessaire pour arriver à ces accords n’est certainement pas « normal ». Mais en soi, il est néanmoins exemplaire ! Le régime représentatif belge, fondé sur le système proportionnel, nécessite inévitablement de déboucher sur des accords où chacun lâche un peu de lest et accepte de ne pas imposer son unique solution. C’est le fameux « compromis à la belge ». Il a fallu cette fois beaucoup de temps pour y parvenir. Mais la société belge a globalement accepté de jouer le jeu. Le gouvernement en affaires courantes a géré celles-ci, parfois même un peu plus. C’est que les embûches ne manquaient pas. Il fallait les surmonter et ce gouvernement qui n’avait plus de légitimité démocratique en a trouvé cependant une de facto. La Belgique s’en est bien sortie.

Pendant tout ce temps, les négociations ont continué… avec – il faut bien l’avouer – plusieurs périodes de sur-place, quand ce n’était pas des périodes de recul. Mais tout cela s’est fait dans le respect des règles démocratiques. Personne n’a imposé par la force sa volonté aux autres. Bien sûr, les déclarations dans un sens ou dans un autre n’ont pas manqué. Bien sûr, le plus grand parti de Flandres a fini par s’isoler lui-même, incapable de se mouiller dans le jeu démocratique, mais acceptant de ne plus en être quand l’évidence fut enfin acceptée par les autres partis flamands. Les négociations ont ensuite encore duré, piétiné, patiné… Rien n’était simple et il y eut quelques moments de théâtralisation sans doute inutiles (quoique).

Mais au bout du compte, des accords et seulement des négociations qui ont duré. Pas de violence. L’année 2011 fut riche en combats pour la démocratie un peu partout dans le monde. Souvent, malheureusement, avec des victimes. Pas de ça en Belgique, ce qui ne veut pas dire pour autant que la démocratie belge soit un exemple. Il y a aussi eu des dérapages policiers lorsque certains ont voulu s’exprimer de manière alternative. Et c’est déplorable. Il n’empêche, le chemin fut long pour y arriver, mais il fut démocratique.

Que nous réserve l’avenir ? Sans doute encore des moments difficiles. La vigilance reste de mise. Mais alors que l’hiver climatique ne vient encore que commencer, on sent quand même quelques bourgeons de printemps se profiler…