samedi 31 juillet 2010

Kornati, là où le corps naquit

FMG © 2010

La Croatie est un pays aride. On peut s’y retrouver en plein désert. La pierre chaude et coupante y constitue alors la seule vérité. Pour parcourir ces collines où chaque roche arrache son authenticité, il faut s’armer de patience, croire au pas qui suit, espérer qu’après la montée il y aura une descente. Pas d’eau ici. Rien que la roche. On se demande comment quelques arbres isolés parviennent à s’épanouir. C’est le désert.

Au milieu de celui-ci, pourtant, on découvre un mur (comme celui qui se trouve sur la droite de la photo). Celui-ci crée une ligne rectiligne qui délimite deux territoires : celui où l’on peut et celui où l’on ne peut pas. Comment comprendre l’énergie qu’il a fallu pour construire ces murs faits de pierres entassées les unes sur les autres ? Pour les construire, des hommes ont dû aller chercher au fond d’eux-mêmes une détermination peu commune. Il suffit d’avoir un jour assemblé quelques pierres pour construire un bout de mur pour savoir que ces murs qui parcourent des kilomètres de désert constituent à eux seuls un véritable témoignage de la grandeur de l’humanité.

En parcourant ces territoires désertiques, en découvrant ces murets improbables dont le sens aujourd’hui semble ne plus exister, on se demande s’il est encore possible aujourd’hui de parcourir un mètre quelque part dans le monde qui n’aurait pas déjà été parcouru par quelqu’un d’autre. Cette question reste pour moi sans réponse définitive, mais elle m’obsède depuis des années.

C’est à tout cela que je rêvais lorsque j’étais confortablement assis sur ce bateau qui nous faisait découvrir les Îles Kornati. Il faut dire que pour commencer la journée, ils nous avaient gentiment offert en guise de petit-déjeuner un petit verre de snaps. Quelle bonne idée !

vendredi 30 juillet 2010

Vransko Jezero, c’est zéro !

BH © 2010

J’ai toujours aimé le vélo. C’est un sport que je comprends : on va d’un endroit et on arrive à un autre (ou au même) à l’aide d’un outil efficace propulsé par la seule énergie humaine. Plus facile à comprendre qu’un match de foot où chacun essaie d’avoir la balle pour s’en débarrasser aussitôt et la repasser à quelqu’un d’autre. Mais le propos n’est pas là.

J’ai toujours aimé le vélo et j’en ai beaucoup fait. Quand j’étais jeune. Même un peu moins jeune. Puis un jour, j’ai arrêté. En 1998. Ça fait un sacré paquet d’années.

Dès notre arrivée en Croatie, ma belle s’est enthousiasmée par la possibilité de faire le tour du Lac Vransko Jezero. Pourquoi pas ? Occasion comme une autre de retrouver le contact avec la bicyclette et aussi de découvrir de beaux paysages loin de la promiscuité touristique. Bref, je n’ai pas vraiment résisté, même si je sentais sourdre au fond de moi une profonde angoisse. Serais-je à même de parcourir ces quelques 38 kilomètres de sentiers vallonnés ?

Notre personne de référence nous avait à moitié rassurés : pour elle, des sportifs aguerris devaient faire ce tour en 4 heures environ. Nous avions toute la journée devant nous et il n’y avait donc pas de quoi s’inquiéter. Enfin ça, c’était la vision de ma belle, parce que moi, ça ne me rassurait pas du tout.

Le grand jour est arrivé. À 10 heures, nous sommes partis avec un bel enthousiasme, sous un beau soleil et sans vent apparent (ce qui n’était pas le cas les jours précédents). Nous avions décidé de faire le tour dans le sens horlogique et c’était certainement la bonne décision. Nous avons un peu perdu notre route au début, mais dès que nous sommes arrivés sur le « chemin », il n’y a plus eu de problèmes à ce niveau.

Il faut l’avouer : la première partie de cette balade nous a permis de découvrir des paysages superbes, même si le chemin n’était pas près de l’eau. S’il n’était pas près, c’est parce qu’il était dans les collines qui bordent le lac. Qui dit « colline », dit montée et descente !

Très rapidement, j’ai commencé à sentir quelques crampes au-dessus de mes genoux. Sans compter le souffle court. Ni la baisse de lucidité. Ni les douleurs dans les bras et les mains. Ni quelques vertiges insidieux. Bref, très rapidement, je n’en menais pas large… mais il n’y avait pas vraiment de possibilité d’interrompre la randonnée ni de rebrousser chemin (ce qui d’ailleurs n’aurait rien arrangé).

Nous sommes arrivés au bout de la balade. En réalité, le tour était bouclé à 14h40. Cela signifie que nous avons fait le tour en quatre heures et demie, arrêts pic-nic et repos y compris. Pour revenir au village, nous avions une dernière petite côte à franchir. Pour moi, si ce n’était pas la plus difficile, ce fut la plus dure. J’ai bien cru que mes cuisses allaient exploser. Tout se jouait sans doute dans la tête : je savais que c’était la dernière et donc elle était dure !

Je n’ai aucun regret d’avoir fait ce tour du lac à vélo. J’ai souffert, c’est une certitude. Mais je suis arrivé au bout. Au bout de quoi ? Simplement au bout d’une flânerie qui m’a demandé quelques efforts. Je ne suis pas un surhomme, loin de là. Mais j’ai fait quelque chose qui m’a demandé d’aller un peu plus loin que là où je serais allé spontanément. J’ai pu le faire.

Le bout du chemin peut parfois paraître bien loin. Croire qu’on peut y arriver permet souvent de l’atteindre.

mercredi 28 juillet 2010

Krka, la chute de Babel

FMG © 2010

Le parc national de Krka est un joyau croate. Dans un site enchanteur, on y découvre une multitude de chutes d’eau plus émouvantes les unes que les autres. On y découvre une universalité aussi : si tout le monde photographie les mêmes choses, c’est que cela doit sembler beau à tout le monde. La beauté naturelle est universelle.

Les langues le sont moins. Il doit y en avoir ici une diversité extraordinaire. J’ai rarement visité un pays où l’on voit des voitures immatriculées dans autant de pays : des danois, des hollandais (bien sûr), des belges, des français, des italiens, des suisses, des autrichiens, des allemands, des polonais, des tchèques, des slovaques, des hongrois, des slovènes… sans compter tous les touristes qui, comme nous, circulent dans une voiture immatriculée en Croatie.

Il y a quelques années encore, il semble que c’était surtout la langue allemande qui était utilisée avec tous ces touristes. Aujourd’hui, sans surprise, les choses ont changé : c’est l’anglais qui est la langue usuelle pour se faire comprendre. À tel point que les panneaux explicatifs sont rédigés en croate et en anglais, tout le monde semblant se satisfaire de cet état de fait. En réalité pourtant, il y a un paradoxe, car lorsqu’on écoute les gens parler entre eux, quasiment personne ne parle ici l’anglais ! On se retrouve donc avec une langue usuelle qui acquiert un statut d’universalité alors même que cette langue est étrangère pour tout le monde (du moins ici bien entendu).

Je suis un ardent défenseur de la langue française et je lutte au quotidien professionnel contre l’anglicisation qui s’immisce partout. Même si je suis plus mitigé face à la défense de certaines langues locales, je suis convaincu que nous sommes en très grande partie ce que notre culture est et que celle-ci dépend en grande partie de la langue (ou des langues) dans laquelle (lesquelles) elle se construit.

Mais que l’anglais devienne langue universelle pour communiquer entre gens de langues diverses, pourquoi pas ? N’est-ce pas un peu le rêve avorté de l’esperanto ? Alors, dans ces conditions, vive l’anglais !

Kamenjak, le point de vue du souvenir

FMG © 2010

C’est ce qu’on appelle un point de vue à couper le souffle. Vue sur le lac de Vransko Jezero, puis sur la Mer Adriatique et ses îles, y compris l’archipel des Kornati. Un site exceptionnel où la beauté s’étend à perte de vue. On n’en saisit qu’un instant, mais le chef d’œuvre s’étend quasiment à 360 degrés. Rien n’en altère l’éclat. La grâce pure.

Lieu chargé d’histoire pourtant. Toujours celle qui ravage. Ici, plus de cent personnes de la commune de Polace sont mortes durant la deuxième guerre mondiale. Comme si ça n’avait pas suffit, il y eut encore ici une centaine d’autres croates assassinés, sans doute pour des raisons politiques. Les exécutions sommaires semblent avoir duré jusqu’en 1971. Mais l’horreur n’en apparut qu’en 1994, quand les langues ont pu commencer à se délier. En mémoire de tous ces morts inutiles, une chapelle Sv. Sveti, toute en pierre, y fut construite en 1995.

En attendant, aujourd’hui, on se croit un peu au paradis en se disant – une fois de plus – que la beauté du monde fait toujours un peu de temps gagné sur le laid.

mardi 27 juillet 2010

Il fait froid !

BH © 2010

C’est frustrant quand même ! Il y a un soleil éclatant. Pas un nuage ne vient freiner ses rayons qui dardent tant qu’ils le peuvent. Il y a du vent, c’est vrai. Mais n’est-ce pas normal le long de la mer ? Parlons-en de celle-ci : elle est transparente, d’une évidence telle qu’elle ne fait que vous inviter à la rejoindre.

Alors, on s’y prépare. On se met en maillot. On marche – difficilement – sur les galets pas tout à fait ronds. On met le bout de ses orteils dans cette eau enchanteresse. Et c’est là qu’on déchante ! Elle est caillante ! Vraiment frigorifiante. Certaines diront « vivifiante », mais le mot me semble un peu faible. En réalité, cette eau est glaciale et je gèle rien que de penser que je vais devoir m’y jeter. Car j’ai mon honneur à sauver. Je ne vais quand même pas me dégonfler d’autant plus que je suis venu pour ça. Bref, j’avance un pied puis l’autre. Petit à petit, mes jambes s’humidifient méchamment. Et gèlent de plus en plus.

Je n’ai jamais réussi à entrer progressivement dans l’eau. En réalité, d’habitude, je plonge. Et j’en avais bien envie, car on était posé sur de superbes rochers surmontant cette eau qui invitait à s’y lancer. Certains le faisaient d’ailleurs. Mais j’avoue que j’avais senti venir les choses. Bref, je n’ai pas plongé. Mais quand l’eau est arrivé au sommet de mes jambes, je me suis dit « Mon gars, c’est maintenant ou jamais » ! Ce fut « maintenant ». Je me suis retrouvé dans l’eau, complètement immergé et totalement frigorifié.

C’est alors que je découvris le sommet de l’horreur : l’eau était salée ! Moi qui n’ai jamais compris pourquoi certains ajoutent quantité de sel dans leur potage sans même l’avoir goûté, moi qui hésite encore à m’avouer que finalement des frites sans sel, c’est pas si mal que ça… je baignais dans une eau glaciale et salée ! Je trouve qu’ils auraient pu prévenir.

Bref, ni une ni deux, je me suis empressé de sortir de l’eau. C’était vraiment trop. Te veel is te veel ! Et dire que juste avant cet acte de courage, j’avais vu ma belle faire un aller-retour vers l’île la plus proche (environ 300 mètres dans un sens). Pour me narguer, elle a encore ensuite décidé de traverser la petite baie adorable dans laquelle nous étions (environ 200 mètres dans un sens). Sortie de l’eau, elle me sortit un « On se sent vivre quand même ! ». Ouais, je n’en étais plus tout à fait sûr !

dimanche 25 juillet 2010

Un pays si proche

FMG © 2010

Il y a moins de 20 ans, ces terres étaient témoins de bombardements et autres espiègleries serbes. Les Croates avaient décidé de leur indépendance à la suite de la désintégration de la Yougoslavie de Tito. Les épisodes furent nombreux avant d’arriver au début des années 2000 à une véritable stabilisation et d’incontestables changements dans le fonctionnement de la Croatie. Aujourd’hui, c’est un des États qui devraient faire son entrée dans l’Union européenne un jour ou l’autre. Quel chemin parcouru !

Quand on survole Zadar au soleil couchant, on ne s’imagine pas vraiment cette guerre encore proche. C’est un pays magnifique où toutes les terres respirent la paix et la douceur de vivre.

Lorsqu’on atterrit, on se sent chez soi. À part la langue bien entendu. Mais l’anglais montre une fois de plus son statut de langue presque universelle. Et puis, on finit toujours par se comprendre, surtout quand les gens ne cherchent que cela.

C’est en vivant cette convivialité qu’on se demande vraiment comment parfois les êtres humains en arrivent au point de ne plus pouvoir cohabiter et à penser que le meilleur moyen est dès lors de faire taire définitivement l’autre qu’on ne supporte plus.

Cela ne se passait pas au loin, mais ici, à côté de chez nous. Dans un pays où tout convie à la joie de vivre et au bonheur d’être ensemble. C’était il y a moins de 20 ans. Comment est-ce possible ?

mercredi 14 juillet 2010

Être État

FMG © 2010

Il y a quelques centaines d’années, les Français se sont révoltés. Avec raison. Ils n’avaient pas grand chose à dire dans leur propre pays dominé par une noblesse, voire une bourgeoisie, qui ne voyai(en)t que son (leur) propre intérêt. Est-ce que depuis cet état de fait a changé, c’est une autre question que je n’aborderai pas ici.

Je me contenterai de parler d’un révolutionnaire normand, quelque peu oublié aujourd’hui, mais qui pourtant eut son heure de gloire. À l’époque, tout le monde l’appelait Yzokras. Il faut dire qu’il vivait en permanence dans un état de crasse identique quelles que soient les saisons. Mais cela n’a pas beaucoup d’importance pour la suite de l’histoire.

Toujours est-il qu’Yzokras avait une dent contre la noblesse qui gérait son pays normand. Dès qu’il eut vent de la révolution, il prit sa pioche en mains et révéla une énergie peu commune : il sculpta littéralement dans la falaise de son village cette dent qui symbolisait toute la haine qu’il avait vis-à-vis de cette noblesse arrogante.

Lorsque cette dent fut terminée, il contempla son œuvre, mais se dit qu’il manquait quelque chose pour que celle-ci soit complète. Il fallait que le nouvel État montre toute sa force et supprime d’un écrasement monumental cette dent qui n’avait plus de raison d’être.

Il se dit alors qu’il fallait faire tomber toute la falaise de telle sorte qu’elle écrase la dent sculptée par tant de rancœur. Il commença à creuser de telle sorte à déstabiliser la falaise. Petit à petit, une anse apparut ainsi. Il avait prévu de faire sauter à coups d’artifices le dernier morceau qui maintenait la falaise. Tout était prêt pour fêter le nouveau régime et être enfin un État digne de ce nom.

Il s’apprêtait à concrétiser son rêve fou lorsque le plus improbable arriva : il rencontra l’amour sous les traits de la fée Alrac. Celle-ci tomba éperdument amoureuse d’Yzocras. Il faut dire qu’à force de travailler près de la mer, il avait perdu une bonne part de la poussière qui l’habillait traditionnellement. C’est ainsi qu’il sentait désormais bon le sable chaud, même si la région n’était pourvue que de galets. Alrac tomba amoureuse d’Yzocras et celui-ci ne put résister à tant de passion. À tel point que son projet d’explosion tant étatique qu’ectasique disparut petit à petit, pendant qu'il découvrait qu’il y avait d’autres moyens de créer un État. L’amour avait vaincu.

Aujourd’hui, la plupart des gens ont oublié cette histoire abracadabrante. Je ne suis même pas sûr qu’on en trouve encore la trace quelque part. Si j’en crois celui qui me l’a racontée, autour d’un bon calva, il n’en reste qu’un véritable témoin : le nom de ce village – Étretat !

mardi 13 juillet 2010

Lumière normande

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La lumière est parfois là. On ne sait pas trop si on doit vraiment y croire en réalité. Peut-être n’est-elle qu’un rêve éveillé, peut-être est-elle la réalité rêvée ? Allez savoir.

En attendant, quand elle est là, on s’en abreuve. On en goûte chaque petite parcelle, en se disant que quelques instants plus tard, elle ne sera peut-être plus là.

Il y a des lumières qui annoncent des orages, d’autres qui conduisent vers la paix. Elles ne disent pas leur chemin. Elles illuminent, tout simplement.

Il ne faut sans doute pas trop chercher. Juste regarder. Juste jouir. Juste rêver. Derrière chaque lumière, il y a un souffle.

samedi 10 juillet 2010

Terpsichore, ou la grâce du mouvement

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Visiter Paris sans passer par Montmartre est inconcevable. Nous ne l’avons donc pas conçu. Belle visite, même si la chaleur rendait la montée vers le sommet de la butte un peu plus dure. Arrivés au sommet, on y voit des tas de choses qui remplissent les cartes postales : les escaliers, la vue sur Paris, la Basilique du Sacré-Cœur, la place du Tertre, etc. Puis, au détour d’une terrasse, l’Espace Dali.

Cet artiste m’a toujours impressionné, depuis ma tendre enfance où une petite reproduction de son œuvre Le Christ de Saint Jean de la Croix m’avait fait découvrir le monde et la religion d’une autre manière.

La visite de cet espace parisien ne m’a pas déçu, tant pour les « peintures » de Dali que pour ses sculptures. Celles-ci m’ont permis de continuer ma réflexion, d’autant plus que Dali ne s’est jamais considéré comme sculpteur. Ce n’est d’ailleurs pas lui qui modelait l’objet final. Son rôle était avant tout de créer l’idée. Il déclarait ainsi que sa « spécialité était en réalité la « transformation », c’est-à-dire l’idée surréaliste de la vision de choses nouvelles, en particulier dans des objets étranges. Pour Dali, la réalisation elle-même de l’œuvre n’est que le résultat d’une simple aptitude mécanique et ne fait pas partie du délicat processus de créativité ». Dès lors, l'artiste se contente d’avoir l’idée et de la concrétiser par une maquette originale, en deux ou trois dimensions. La réalisation finale – le moule, la fonte à la cire perdue et la patine - est confiée à des artisans.

Se dire qu’au bout du compte, l’œuvre d’art se cristallise dans l’idée transfigure celle-ci. C’est là qu’elle prend vie.

L’Hommage à Terpsichore, muse de la danse, s’inscrit bien dans cette vision. Conçue en 1977, mais réalisée quelques années plus tard, Dali oppose dans cette œuvre « deux images, confrontant la douce et charnelle muse, à l’autre sculpturale et métallique. L’absence d’information sur les deux visages souligne la signification purement symbolique de ces deux personnages. La danseuse avec sa forme classique, lisse, incarne la Grâce et l’inconscient, alors que l’autre statue, plus anguleuse, cubique, incarne la croissance et le rythme chaotique de la vie moderne. » (Commentaires affichés dans l’Espace Dali).

Quelle mystique ! Dali déclarait d’ailleurs « Ma mystique n’est pas uniquement mystique religieuse, elle est mystique nucléaire, mystique hallucinogène, mystique du cubisme gothique, mystique de l’or… ».

vendredi 9 juillet 2010

Sculptures de vie

FMG © 2010

Paris regorge de statues. Celle-ci, sise dans le Jardin des Tuileries, n’est pas plus belle que les autres, mais l’effet de lumière qu’elle me rendait possible me plaisait bien.

La sculpture est, globalement, un art qui me parle plus que la peinture. C’est sans doute lié aux contraintes. En peinture, on peut finalement tout faire : on peut jouer sur les couleurs, sur les formes, sur les profondeurs, etc. La seule contrainte, mais elle est de taille, est que la peinture ne connaît que deux dimensions. La sculpture travaille en trois dimensions, mais est soumise à beaucoup plus de contrainte : la plupart du temps, l’artiste ne travaille qu’avec une seule couleur, celle de la matière. Il y a aussi de nombreuses contraintes physiques : selon la matière utilisée, il y a des positions du sujet ou de l’objet qui ne sont pas possibles. Bref, il n’y a finalement que la troisième dimension qui apporte à la sculpture cette faculté de m’éblouir un peu plus que la peinture.

Derrière l’œuvre sculptée, je découvre souvent quelque chose qui me parle de la vie. Ce n’est pas uniquement la représentation d’une réalité humaine qui me conduit à cette découverte. J’ai ressenti les mêmes vibrations devant les œuvres modernes exposées à l’extraordinaire Storm King Art Center.

Finalement, qu’importe l’explication rationnelle de mes sentiments, car elle n’existe sans doute pas et si elle existe, elle n’est plus que vraisemblablement pas constante. N’empêche, une sculpture, n’est-ce pas souvent la vie ?

jeudi 8 juillet 2010

Lumière du Louvre

Toutes photos : FMG © 2010

Paris. La ville lumière. Elle l’est. S’y retrouver pour quelques jours alors que le soleil y brille de mille rayons, c’est une garantie absolue de bons moments. Alors, on en jouit.

Paris est loin de m’être inconnue. J’y ai fait plusieurs incursions, relativement courtes chacune, mais qui m’ont déjà permis de voir l’essentiel. Je restais néanmoins avec une frustration : je n’étais jamais entré dans le Musée du Louvre. J’avais plus d’une fois été ébloui par l’audace de cette pyramide de verre dans un site classique. La pyramide est bien sûr éminemment moderne par ses panneaux de verre, mais elle témoigne aussi de l’Antiquité la plus profonde. Une belle réussite architecturale que je n’avais jamais eu l’occasion de voir de près.

Nous en sommes à 5 minutes à pied et – lorsque nous avons terminé notre maigre installation – c’est tout naturellement que nous avons rejoint ce temple de l’art. Au départ, simplement pour voir et se promener. Mais c’était mercredi, et il y avait une nocturne. Nous n’avons pas résisté longtemps et nous avons eu bien raison.

Le Louvre, c’est immense. Tout comme les tableaux qu’on peut y voir. Tout comme le nombre de tableaux et d’œuvres qui le parsèment. Nous n’y avons passé que deux ou trois heures. Autant dire que nous n’avons rien vu, même si nous avons vu les « essentiels »… relativement décevants pour certains. La Joconde a un sourire splendide, mais cachée derrière sa vitre de verre inabordable, elle ne se laisse pas autant découvrir que sur une carte postale. Mais il faut la voir. Dans la même salle, j’ai été beaucoup plus subjugué par la beauté érotique de Flore, de Paris Bordon (1500-1571), voire par la grandeur des Noces de Cana, de Véronèse (1528-1588).


Plus loin, j’ai eu une belle émotion à voir en vrai la Vénus de Milo. Elle est si gracieuse, alors même qu’elle n’a plus que ce qu’elle a !


Mais, oserais-je l’avouer, il y en avait trop. Trop de beauté. Trop d’œuvres. Trop d’art. Alors, quand au détour d’un escalier, j’ai vu cette vitre sale laisser découvrir la beauté du soleil, de l’eau, des loisirs et de l’art, j’ai ressenti ma véritable émotion. Ce coin délaissé était d’une merveille infinie. Je l’ai saisi tel qu’il était. Simple et irréel. Je n’oublierai jamais cette lumière.