dimanche 29 juin 2008

Parhélie de juin

Je n’aime pas le mois de juin. C’est un mois faux, à double facette sans qu’on sache laquelle est la bonne. Un mois de parhélie où on voit de faux soleils, où le soleil se dédouble pour faire croire qu’il offre une variété d’horizons alors qu’il n’y en a jamais qu’un seul.

Juin serait le mois des roses, où leur abondance et leur fidélité nous inviteraient à sourire, à nous attendrir, à admirer, à espérer… On peut le croire, et c’est sans doute vrai. Mais ce n’est que pour cacher la duperie du mois de juin.

Juin, c’est le bout de la fatigue. C’est la tension pour beaucoup des examens qui n’en finissent pas d’ennuyer tout le monde. C’est la dureté de l’échec quand il survient. Avec toute sa désillusion, son implacabilité inutile autant qu’absurde. C’est le jour qui en vient à son apogée pour mieux redescendre par après. C’est l’indisponibilité totale des gens. L’impossibilité du repos. L’incohérence des interprétations que chacun peut faire des événements de la vie. C’est l’attaque sournoise des pollens de la vie qui viennent glisser les larmes dans nos yeux candides et fragiles. C’est la mort qui vient surprendre et désunir quand il faudrait au contraire rassurer et rassembler.

Juin, c’est ce faux mouvement permanent, cette duplicité nauséabonde. Faire croire qu’il fait beau pour mieux provoquer l’orage. Faire briller le soleil pour mieux le cacher ou donner l’illusion qu’il se dédouble. Faire supposer qu’on peut être double, à la fois fort et faible, lumière et nuit, joie et tristesse.

Juillet ferait bien d’arriver…

lundi 23 juin 2008

Un « bac » primaire belge, quelle drôle d’idée !

Les élèves de 6e primaire de la Communauté française de Belgique sont en train de passer une épreuve externe certificative. En réalité, cette année, l’inscription des écoles à cette épreuve – quelque peu critiquée eu égard à son niveau de difficulté – est facultative et la filière dite « scolaire » d'octroi du Certificat d’Études de Base (CEB) est toujours d’usage. Cette filière « scolaire » signifie que ce sont les enseignants membres de l’équipe éducative de l’école qui décident de la réussite des élèves, sur la base des résultats des épreuves externes, mais aussi de leur propre évaluation, que celle-ci soit instrumentée ou non.

Dès 2009, l'épreuve commune constituera la seule voie d'obtention du CEB, répondant ainsi – selon le Ministère – à une nécessité : évaluer et certifier tous les élèves sur une même base.

La belle affaire ! Faut-il vraiment – et peut-on vraiment – « certifier tous les élèves sur une même base » ? Les résultats désastreux obtenus aux évaluations externes non certificatives, du type PISA, par les élèves de la Communauté française de Belgique ont été attribués en grande partie à cette spécificité belge : l’absence de toute évaluation certificative commune, de type BAC. On a pu observer que les niveaux scolaires diffèrent fortement d’école à école. Comme il n’y a pas d’évaluation commune, on en a déduit que les enseignants n’ont pas le même niveau d’exigence et patati et patata. Solution miracle : imposer une épreuve commune, sans plus trop se préoccuper du parcours scolaire de l’enfant.

En soi, il n’y a pas de mal à avoir une évaluation externe. La plupart des pays pratiquent ce genre de choses. Mais la plupart de ces pays prennent aussi du recul par rapport à ce type d’épreuves. Même un pays comme la France, où le BAC est une véritable institution de la République, n’évalue plus les études primaires par un examen terminal, et le BEPC, s’il est maintenu, n’est pas nécessaire pour le passage au lycée (ce passage se décide au vu des résultats obtenus pendant l’année de 3e). Au baccalauréat lui-même, des réformes récentes ont introduit des doses de « contrôle continu » qui amenuisent l’effet de l’examen final. Les ministres successifs ont constamment approfondi cette voie.

Mais voilà, en Belgique, on aime bien aller à l’encontre des tendances internationales et soigner sa spécificité. Alors que pendant des années, personne n’imaginait qu’on puisse confier les décisions finales à d’autres personnes que les enseignants eux-mêmes, seuls à même de connaître vraiment le niveau pédagogique de leurs élèves, il n’y a pas trop de monde aujourd’hui qui ose se lever contre cette dictature de l’évaluation externe.

Comment peut-on croire qu’un examen commun amènera tous les élèves au même niveau ? Comment peut-on accepter que le sort d’un enfant de 12 ans se joue en 4 journées sur la base d’un couperet tombant de haut, dans toute sa froideur ?

Plusieurs recherches ont montré que le meilleur prédicteur de la réussite d’un élève dans l’année suivante était l’avis subjectif des enseignants. Simplement parce qu’ils connaissent bien l’élève, qu’ils ont pu voir pendant toute une année les forces et les faiblesses de chaque enfant. Qu’on me comprenne bien : je ne suis pas du tout en train de dire qu’il suffirait de baser la réussite sur l’avis subjectif des enseignants. Ce serait évidemment bien trop dangereux, car ce serait la porte ouverte à l’arbitraire. Mais je dis que les enseignants connaissent bien leurs élèves et qu’un système éducatif gagne à s’appuyer sur cette connaissance pour prendre les bonnes décisions au terme d’un cycle primaire. Ce ne doit pas être le seul élément de décision, bien au contraire. Il est important d’évaluer à l’aide d’outils structurés, valides et fiables. Une épreuve externe commune peut être un outil précieux pour éclairer la décision. Mais cette épreuve doit-elle être la seule base de la certification ? C’est une erreur, je crois, de le penser.

Cette erreur n’est bien sûr pas très grave pour ceux qui la commettent : les responsables politiques et quelques pédagogues bien éloignés de la réalité. Mais elle est très grave pour ceux qui en seront les victimes : les élèves. Ceux qui seront confrontés à un échec abusif. Il y en aura. Peut-on sacrifier certains enfants sous le prétexte fallacieux d’améliorer tout le système ? Le système est certainement à améliorer. Il est évident que certains enfants sont actuellement victimes de ce système, parce qu’ils n’apprennent pas assez, ou pas ce qu’il faut ni ce dont ils ont besoin. Il faut améliorer le système, mais le fera-t-on en se contentant de mettre un guichet filtrant à la porte de sortie ? N’y a-t-il pas mieux à faire ? Accompagner les enseignants… Leur fournir des outils opérationnels et expérimentés qui permettent d’harmoniser les pratiques et de les rendre efficaces…

Au lieu de soigner le système, j’ai bien l’impression qu’on se contente de mettre un sparadrap !

samedi 21 juin 2008

Hugo et la boule

FMG © 2008
Hugo a quitté son étang. Après y être resté tant et tant de temps, s’y être figé dans la pierre, il a sans doute fini par se rendre compte qu’il ne restait plus d’eau dans cet espace ouvert, qu’il n’y avait plus rien à regarder, que la vie était désormais partie ailleurs.

Qu’allait alors devenir Hugo ? Il aurait pu disparaître, découvrir d’autres mondes, appartenir à d’indéfinissables étrangers.

Mais je l’ai vu, hier soir, alors que le soleil se couchait, n’éclairant plus que quelques percées d’univers. Il était là, à l’orée du bois, juste où le chemin du mystère se termine. Ou commence, c’est selon.

Hugo était là, agenouillé, attentif, émerveillé. Habillé de ce regard malicieux qui s'étonne d’exister. Nourri du bonheur de découvrir d’autres cieux, de s’y parer des éclats d’une nouvelle lumière, plus ténue peut-être, mais plus ouverte sans doute.

Hugo observait une autre Terre. Un monde où tout est à construire. Un monde qui ne connaît pas encore toutes ces guerres qui détruisent le respect. Un monde sans catastrophe, sans cataclysme, sans perturbation. Un monde où l’ordre peut exister sans qu’il y ait le pouvoir. Un monde où la couleur de la terre montre qu’il est possible d’y croire encore, d’y créer des chemins de partage, d’y bâtir l’amitié et la tendresse.

Hugo observait, avec ce regard si chaleureux, mais aussi si détaché des bassesses qui hantent notre quotidien. Hugo était là, mais je sentais bien qu’il était parti déjà, vers d’autres souffles, d’autres rêves, d’autres improbables possibles.

Je n’ai pas osé le déranger. Hugo est pourtant le signe que la vie continue, ici ou ailleurs. Sa complicité est celle de la graine qui germe et qui croît. Qui vit.

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Bon Papa Grand-Père,
Quand tu seras mort,
Au fond de la terre,
Vivras-tu encore ?

Mon petit bonhomme
Au-dessus de moi,
Plante un grain de pomme
Et il fleurira.

Raphy © 1992

jeudi 19 juin 2008

La vie est une courbe

Décidément, les campagnes publicitaires du moment m’interpellent ! Après cette marque de voiture osant le soi-disant défi de devenir père et rester homme, voici qu’une grande banque belge lance une intense campagne sur la courbe de la vie !

Tout cela est bien pensé : la campagne se fonde sur la pensée de Charles Handy, auteur du livre « The Empty Raincoat » (traduit en français sous le titre « Le temps des paradoxes »), qui le premier – c’est du moins ce que la banque prétend - releva que les choses ne restent jamais en l’état (avouons qu’on n’y aurait jamais pensé !). Or donc, l’idée est que si vous évitez de prendre des décisions, vous finirez inévitablement par vous retrouver sur une courbe descendante. Par contre, si vous prenez les bonnes décisions, vous pourrez alors redémarrer de nouvelles courbes ascendantes. Il est bien sûr entendu que les bonnes décisions sont en l’occurrence de profiter des services de ladite banque.

Peu importe cette vision commerciale à laquelle je n’accorde que peu de crédit. En soi, l’idée de concevoir la vie comme une courbe est une pensée intéressante et dynamique. Même quand on est au plus bas, on peut se dire qu’après viendront une nouvelle ascension et de meilleurs moments. Et c’est vraisemblablement avant tout une question de volonté et de bonnes décisions. Il est important de dire qu’on peut toujours s’en sortir.

Dans cette campagne publicitaire, ce qui m’intéresse le plus, c’est cependant la courbe. D’abord, parce qu’elle est rouge. La vie est sans doute plus fascinante et captivante quand elle est colorée de rouge. C’est plus vif, plus dynamique.

Au-delà de cette dimension ontologique et politique, il y a dans cette courbe un côté beaucoup plus sensuel. Comment ne pas vouloir caresser d’une douceur voluptueuse cette courbe de reins et cette rondeur callipyge ? Le dessinateur de cette courbe réalise ce prodige : faire d’un simple trait un univers de sensualité torride, comme j’avais d’ailleurs déjà pu l’observer sur deux lignes de rêve qui se croisaient.

Cette simplicité parfaite me désarme. Comment peut-on créer une telle force de vie par si peu de mouvement ? Comment un tel érotisme sybarite peut-il trouver sa source dans cette pureté naturelle ? Mystère de l’art. Et quand celui-ci s’exprime à travers la publicité, quel plaisir !

dimanche 15 juin 2008

Michel Bühler, un passant qui vaut le détour

Près de 40 ans de carrière ne font pas de Bühler, chanteur suisse (ou plutôt vaudois), un habitué du Top 50 ! Il ne doit pas s’en trouver mal pour autant. Mais Michel Bühler existe et de temps en temps sort un nouvel album.

C’est le cas en ce début du mois de juin. Pour la première fois, tant sans doute par défi que par dépit, Bühler a travaillé seul : il chante bien sûr les chansons dont il est l’auteur et compositeur, mais il est aussi responsable des arrangements, des guitares et des autres instruments. Et tant qu’à faire, il s’est occupé aussi de l’enregistrement – dans le placard à chaussures de sa maison – et du pré-mixage, avant – quand même – qu’un mixage définitif soit réalisé par un professionnel du domaine.

Cela nous vaut un CD tout en douceur et en finesse. Les « instruments » sonnent parfois un peu trop « midi », mais heureusement, ils sont discrets et harmonieux, et appuient des orchestrations qui sont au service de la chanson.

Bühler est un chanteur à textes. Ce sont ceux-ci qui donnent toute leur force à ses chansons. Depuis le début de sa carrière, Bühler développe – avec talent – quelques veines qui creusent la qualité de ses chansons et qu’on retrouve ici : la poésie de la fraîcheur de l’air (Matin d’automne), l’absurdité de l’inhumanité (Soleil de plomb, Années 30, La Boilat vivra), l’humour ironique et sarcastique (Les poissons sont des cons, La brosse à reluire, Démocratie, Coming out, Éloge des Vaudois), l’amitié universelle (Café arabe, Le Macao), la vie tout simplement (Si le temps, Gustave, Les Paisibles) et les rêves de fraternité (Je rêvais d’hommes frères). On pourrait prendre les mêmes catégories et y classer toutes les chansons de Bühler… il n’y en a pas beaucoup qui n’y trouveraient pas de place, sans pour autant que Bühler se répète d’une quelconque manière.

Enfin, Bühler, c’est aussi une voix comme on n’en fait pas d’autre. Pas celle d’un chanteur à voix, mais celle qui sent bon la vérité, la sincérité, la fraîcheur.

Bref, beaucoup de bonheur dans ce CD, d’autant plus que le précédent datait d’il y a 4 ans déjà. J’espère qu’on trouvera ce CD chez tous les disquaires, mais je ne me fais pas trop d’illusion. Alors, j’aime autant signaler qu’il est en vente sur le site de l’artiste lui-même ! Croyez-moi : ça vaut le détour !

jeudi 12 juin 2008

Une fois l’un, une fois l’autre

Par les temps qui courent, il y a beaucoup de travaux sur les routes qui nous entourent. Ces travaux provoquent des rétrécissements qui eux-mêmes créent des files. À un moment donné, il faut que les files de voitures n’en fassent plus qu’une seule, ce qui entraîne inévitablement des bouchons. Il ne reste alors qu’à prendre son mal en patience et à espérer que cela ne dure pas trop longtemps. On a mieux à faire que ça, mais on ne sait pas faire autrement.

Ça n’est jamais trop bon pour le moral, et pourtant, il y a chaque fois quasiment le même phénomène qui me pousse à me réjouir !

Même si ça prend du temps, les voitures se glissent avec une certaine logique et un certain ordre dans l’entonnoir. Je constate que la plupart des gens respectent scrupuleusement la règle tacite de laisser passer une voiture d’une file, puis une voiture de l’autre, puis une voiture de la première file, etc. Peu importe que certains soient bloqués dans une file depuis longtemps (notamment parce qu’il y a déjà eu des rétrécissements avant) et que d’autres se retrouvent dans une toute petite file (notamment parce qu’ils entrent seulement sur l’autoroute). Une fois l’un, une fois l’autre. C’est la règle, et on la respecte. En Belgique du moins.

Il existe bien quelques conducteurs qui essaient absolument de se faufiler, de forcer le passage, d’ignorer les autres… mais globalement, cela se passe dans le respect d’une convivialité élémentaire. Une fois l’un, une fois l’autre. De manière générale, je suis d’ailleurs souvent impressionné par la cordialité entre conducteurs qui en laissent passer d’autres, qui font un petit signe pour saluer ou remercier celui qui a laissé passer alors qu’il n’y était pas obligé…

Je ne suis pas naïf et je sais qu’en des tas de circonstances, de nombreux conducteurs ne pensent qu’à eux-mêmes, à leur petit confort, et créent souvent de ce fait des situations dangereuses. Mais la courtoisie et la politesse sont également des réalités sur nos routes, pas aussi rarement qu’on ne serait tenté de le croire.

Alors, merci, mesdames et messieurs. Vous montrez que vous êtes des citoyens responsables. Une fois l’un, une fois l’autre.

lundi 9 juin 2008

Devenir père, rester homme

Devenir père, rester homme… Ce slogan est celui d’une campagne publicitaire lancée le week-end de la fête des pères pour une voiture du style 4x4. En soi, la campagne est basée sur un humour coquin : elle cherche à vanter le confort de la banquette arrière de ladite auto en promettant à ceux qui auront un bébé 9 mois plus tard d'en pouvoir gagner un exemplaire !

Devenir père, rester homme… Quand on prend un peu de recul, ce slogan est méchant et dangereux ! Il signifie clairement que si on devient père (et qu’on ne roule pas dans ladite voiture), on ne reste pas un homme. Un homme perdrait donc sa virilité parce qu’il devient père ? Qu’est-ce que c’est, cette histoire ? En quoi perdrait-on quoi que ce soit en devenant père ? Au contraire, on ne fait que gagner. En fait, en devenant père, l’homme est homme plus que jamais. Il touche à l’indicible humanité, il devient pleinement lui-même. Non pas d’ailleurs qu’il ne l’était pas avant. Il ne faut pas non plus devenir père pour être un homme ! Simplement, celui qui le devient découvre en lui des secrets qu’il ne soupçonnait pas.

C’est avec des slogans pareils qu’on fait croire aux gens que s’ils veulent rester hommes (et n’ont pas les moyens de se payer ladite voiture), ils ne doivent surtout pas devenir pères. Et si par malheur, ils le deviennent, ils doivent alors ignorer ce statut ! Surtout ne pas montrer d’affection pour son enfant, mais l’ignorer, le mépriser… pour rester un homme. C’est tout à fait débile !

Au-delà de cette stupidité, le slogan et la campagne publicitaire charrient une autre imbécillité : pour rester un homme, il faut rouler dans un véhicule à la personnalité bien affirmée, telle que ladite voiture. Comme si la virilité était attachée à une voiture. Comme si le fait de rouler en grosse bagnole pétaradante attribuait au conducteur la moindre once d’humanité supplémentaire. J’ai failli écrire qu’à mon avis, c’était plutôt le contraire. Mais non, en réalité, rouler dans une voiture ou dans une autre n’a aucune influence sur ce qu’on est vraiment. Ce sont les publicités qui essaient de nous faire croire n’importe quoi. Paraître, toujours paraître… Être parce qu’on paraît !

Il y a vraiment des jours, je vous jure, où on a envie de tout faire sauter. Le message transbahuté par ce slogan est vraiment pervers, immoral, dangereux. Et pendant ce temps, la plupart des gens le lisent en souriant, en se disant « Tiens, c’est bien trouvé, ça ! ». J'vous jure…

vendredi 6 juin 2008

Cruel dilemme en l’occurrence

Imaginez-vous dans la situation de gauche. Le tram arrive et devrait partir vers la droite en écrasant les 5 travailleurs. Vous avez la possibilité de modifier l’aiguillage pour que le tram parte vers la gauche et n’écrase qu’un seul travailleur. Que faites-vous ?

Imaginez-vous maintenant dans la situation de droite. Le tram arrive et va écraser les 5 travailleurs. Vous avez la possibilité de pousser le promeneur au bas du pont. Il sera écrasé par le tram, mais vous sauverez du même coup les 5 travailleurs. Que faites-vous ?

Ce sont de toute façon deux situations atroces. A-t-on idée d’imaginer des trucs pareils ? En attendant, la présentation de ces deux situations à un large public, par un certain Greg Miller, psychologue spécialisé dans ce genre de dilemmes, montre que la plupart des gens n’hésitent pas à condamner le travailleur de gauche, mais rechignent à pousser le promeneur de droite (sans que ce soit, je crois, une question politique !). « Dans ce cas, notre émotion trompe notre logique utilitaire », note Miller (cité dans Le Soir, 5 juin 2008).

N’est-on pas là au cœur de l’humanité ? Ce qui caractérise l’être humain, n’est-ce pas cette faculté de prendre des décisions différentes en fonction de la situation ? L’équité – puisque c’est d’elle qu’il s’agit – n’est pas l’égalité. Au contraire, pour être équitable, on prendra des mesures de discrimination positive, bien connues dans le monde de l’éducation : on donne plus de moyens à des écoles qui sont confrontées à des populations plus difficiles.

Dans l’éducation familiale, c’est aussi quelque chose qui se vit fréquemment. Face à deux comportements plus ou moins semblables de deux de ses enfants, on adopte des attitudes différentes en fonction de ce qu’est chaque enfant, de ce qui nous semble bon pour lui.

Est-ce simplement une question d’émotion comme le laisse à penser les travaux de Miller ? Ou est-ce plus fondamentalement une question d’humanité, de subjectivité en tant qu’élément constitutif de l’être humain ? Dans notre culture occidentale, la subjectivité occupe une noble place : elle est fondatrice de l’individu, en liaison avec sa rationalité. Elle s’exprime dans le cogito cartésien (Je pense, donc je suis), selon lequel le sujet est celui pour qui le monde est une représentation, un tableau déployé devant le regard.

À cet égard, l’éclosion des blogs – dont celui-ci n’est qu’une parcelle infime – est un phénomène extraordinaire en soi : tout le monde peut exprimer et partager sa subjectivité et chacun s’enrichit de cette subjectivité exprimée et partagée. Quand on y pense, c’est assez exceptionnel !

jeudi 5 juin 2008

Obama, le défi du changement ?

Ainsi donc, ce sera Barack Obama qui défendra la cause démocrate aux prochaines élections présidentielles américaines. La plupart des lecteurs de ce blog ne sont pas plus concernés que moi par ces élections. Pas moins non plus. Qu’on le veuille ou non, ces élections présidentielles nous concernent tous. Selon que ce soit l’un ou l’autre qui soit président, le monde n’est pas tout à fait pareil, pour 4 ans au moins. À cet égard, l’accession – pendant 8 années – de M. Bush à cette fonction me semble plutôt désastreuse pour l’ensemble de la planète, sans expliquer cependant toutes les difficultés qu’elle rencontre !

Je l’avouerai : au départ, j’étais plutôt favorable à Mme Hillary Clinton. Non pas pour ce qu’elle disait, mais pour ce qu’elle est : une femme. J’ai toujours voté pour des femmes, exclusivement. Le système belge à la proportionnelle permet de le faire, ce qui n’est pas le cas dans les systèmes majoritaires tels qu’ils sont organisés en France ou aux USA. Je n’ai jamais dérogé à cette règle du vote féminin, car il me semble que les femmes peuvent avoir un regard plus humain sur la chose politique. Ce n’est d’ailleurs peut-être qu’une illusion, mais autant avoir celle-là plutôt qu’une autre. Le vote Hillary allait donc de soi pour moi, au même titre que celui pour Ségolène Royal… qui ne me concernait pas plus.

Ce sera M. Obama, et mes convictions s’en accommoderont fort bien. Mieux même sans doute qu’avec sa concurrente. Obama n’est pas encore élu et le chemin sera long et difficile. Mais rien que le fait d’être candidat officiel du parti démocrate est remarquable en soi. Non seulement parce qu’il s’agit du premier candidat noir (ou plutôt métis), mais surtout parce que son discours est fondé sur le changement. Et changer la « vieille » Amérique, ce n’est pas une mince affaire.

À tel point que je me pose beaucoup de questions. Est-il vraiment concevable qu’Obama – avec ce qu’il représente – devienne Président des USA ? Et s’il le devient, pourrait-il vraiment mettre en œuvre une politique de changement ? Pourrait-il lui-même prendre le recul nécessaire pour transcender la vision hégémoniste américaine ? Pourrait-il rester fidèle à ce qu’il dit être, sans résister au pouvoir phénoménal des différents lobbies américains et autres ? Pourrait-il… ?

Seul l’avenir nous l’apprendra. Mais il y a là de belles questions et de beaux espoirs. J’avoue ne pas me faire trop d’illusions. Mais j’avoue aussi garder toujours quelque part une petite flamme qui nourrit mon espoir d’un monde meilleur, plus juste, plus respectueux de l’être humain. De tout être humain, mais spécialement des plus petits et des plus défavorisés d’entre eux.

mercredi 4 juin 2008

Souffle de repos

FMG © 2007

On a beau être costaud, il y a des moments où l’on craque. Alors, il faut prendre le temps. Le temps de se reposer.

Ce n’est pas évident. On vit dans un monde où il n’est pas bon de s’avouer au bout du rouleau. Il faut lutter à tout instant, garder la tête au-dessus de l’eau, faire comme si tout allait bien même quand tout va mal. Être un winner. Pas un perdant.

Ce n’est pourtant pas une défaite de reconnaître que son corps, voire son cœur ou son esprit, ne suivent plus. Qu’on est au bout du rouleau. Et que si l’on veut continuer à surmonter les obstacles, il convient de s’arrêter quelque peu, de regarder l’eau couler, de s’y ressourcer.

J’ai mis du temps à le reconnaître. Notamment, parce qu’en fait, on peut toujours tenir. Les forces de l’homme ont des ressources insoupçonnées. Il est toujours possible d’y puiser l’énergie dont on a besoin. J’aurais pu continuer à le faire. Pour une fois, j’ai cependant écouté la voix de la sagesse. Peut-être suis-je enfin entré dans la voie de la sagesse !

La question n’est pas tant de savoir si j’ai eu raison. La question est de savoir comment profiter au mieux de ce court répit qui m’est accordé. C’est là, sans doute, une question de souffle. Pouvoir souffler. Mais surtout pouvoir se laisser emporter par le souffle du repos, le souffle du vent libre et chaud. Se laisser devenir plume, alors qu’on est enclume. Se laisser devenir poussière, alors qu’on est ornière. Se laisser devenir lumière, alors qu’on est pierre. Se laisser…

dimanche 1 juin 2008

La voix parfaite

Il paraît que des scientifiques britanniques ont mis au point une formule mathématique pour déterminer la voix idéale, en prenant en compte l’intonation, l’élocution ou encore le débit. Pour avoir la voix idéale, il suffit désormais d’appliquer la formule suivante :

Voix parfaite = ([164,2 mots par minute x 0,48 seconde de pause entre chaque phrase] Intonation retombant progressivement à la fin des phrases).

Grâce à ce message, vous pouvez tester votre voix. Après l’avoir bien compris, il suffit de le dire, comme si vous parliez normalement. Il contient 164 mots. Si vous mettez plus ou moins d’une minute pour le dire, il faudra travailler votre élocution. La voix parfaite est au bout de vos efforts et le jeu en vaut donc la chandelle.

Imaginez un seul instant tout ce que vous pourrez obtenir grâce à la perfection de votre voix : écoute, séduction, communication, compréhension… Vraiment, cette recherche va bouleverser le monde et vous serez parmi les premiers à partager l’art suprême de parler parfaitement.